Une banderole anti-Ch'tis
Une banderole stigmatisant les habitants du Nord et déployée samedi au Stade de France en finale de la Coupe de la Ligue PSG-Lens (2-1) a soulevé une vague d'indignations dimanche, qui se traduira notamment par les plaintes de la Ligue et du député-maire de Lens Guy Delcourt. La banderole proclamait: "Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Cht'is", en référence au film à succès de Dany Boon.
Plainte contre X"Je porte plainte contre X au Tribunal de grande instance de Béthune comme maire de Lens et au Tribunal de grande instance de Paris comme député", a dit M. Delcourt en précisant qu'il allait aussi saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). L'élu PS a assuré que le président de la République Nicolas Sarkozy, présent en tribune officielle, avait "réagi très vite" et "exigé que la banderole soit retirée". M. Delcourt a d'ailleurs demandé la citation comme témoins du chef de l'Etat, de la ministre de la Justice Rachida Dati et du secrétaire d'Etat aux Sports Bernard Laporte.Agissements imbécilesLe maire de Paris, Bertrand Delanoë, a souhaité que "la lumière soit faite sans délai sur ces agissements imbéciles afin que leurs auteurs soient sanctionnés comme il se doit". La Ligue de football professionnel (LFP) a également annoncé son intention de porter plainte, dès lundi, pour "incitation à la haine et à la violence", plainte à laquelle "s'associeront" les deux clubs finalistes.Fait isoléImplicitement visés, les supporteurs parisiens de la tribune Boulogne ont "condamné les propos des banderoles" et se sont "désolidarisés de ce fait isolé de quelques individus", a indiqué le porte-parole de cette tribune sulfureuse du Parc des Princes, Philippe Pereira.Interdiction de stadeLe président du PSG avait présenté en milieu de journée sur France 2 ses "excuses officielles" aux Lensois. "Cette banderole ignoble hier soir m'a personnellement gâché mon lendemain de victoire", a aussi déclaré Alain Cayzac. Bernard Laporte a, lui, condamné "les agissements inadmissibles de quelques supporters" et a demandé "la plus grande fermeté", tout en insistant sur le "dispositif d'interdiction administrative de stade encore insuffisamment appliqué en France".Sanction sévère nécessaireDès l'issue du match, l'entraîneur nordiste Jean-Pierre Papin avait estimé qu'il fallait "juger Paris sévèrement", puisqu'"on a jugé Metz sévèrement" (un point retiré, un match à huis clos) dans l'affaire Ouaddou, du nom du capitaine marocain de Valenciennes qui avait essuyé des insultes racistes à Metz le 16 février de la part d'un supporteur lorrain.Rejouer le matchSur le plan sportif, M. Delcourt voudrait "faire rejouer le match car il s'agit d'une Coupe", rejoint en ce sens par le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, qui estime que "l'élégance de ce geste viendrait laver l'honneur du PSG bafoué par cette minorité". Le règlement de la LFP ne prévoit cependant pas l'hypothèse de rejouer un match qui s'est achevé, quel que soit le litige. Il reviendra à la commission de discipline de la Ligue, qui s'est saisie de l'affaire, d'infliger d'éventuelles sanctions.Fait de sociétéFrédéric Thiriez, le président de la LFP, a en tout cas souligné que "la sévérité dont a su faire preuve la Ligue dans ce domaine vaudra pour tout le monde", en référence aux sanctions prises contre Metz. Les acteurs du football restent toutefois réservés sur les sanctions sportives, à l'image de Jean-Michel Aulas, président de Lyon: "Nous ne sommes pas responsables des faits de la société. C'est un problème politique". Le Parisien Jérôme Rothen va dans le même sens: "Une sanction financière pour le club, je suis d'accord, mais il ne faut pas aller au-delà, ne pas tomber dans l'exagération, a-t-il estimé. J'espère qu'on va trouver une solution, mais sanctionner sportivement un club ne sert à rien."Arroseur arroséLa question porte désormais aussi sur d'autres responsabilités éventuelles. M. Aulas a d'ailleurs relevé que "l'organisateur est la Ligue. Elle va être très embêtée car comme la Fédération met la responsabilité sur l'organisateur, c'est un peu l'arroseur arrosé".Auteurs identifiés via la vidéoLes présidents lensois et parisiens ont ensemble misé sur le vidéo-surveillance pour confondre les auteurs des banderoles. Selon une source proche du dossier, un millier de supporteurs parisiens ont provoqué des échauffourées avec les forces de l'ordre quelques minutes avant le début du match afin de faire diversion et de permettre ainsi le passage de la banderole et des fumigènes. (afp/7sur7)
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