Leterme Ier sans le sou
Marges budgétaires réduites, rentrées fiscales très insuffisantes, pouvoir d'achat attaqué, index en question. La rentrée sera placée sous le signe de l'économique pour le gouvernement Leterme Ier.
Son devoir institutionnel toujours intact (la fameuse « seconde phase » de la réforme de l'Etat), le gouvernement Leterme Ier, constitué à la veille de Pâques, effectue ce lundi sa rentrée tout imprégné d'une autre tâche : soutenir le pouvoir d'achat. Mission délicate pour un exécutif qui dispose de marges budgétaires extrafines (320 millions en tout, pour la hausse des pensions, des allocations familiales, le relèvement de la quotité exemptée d'impôt, la réduction de la facture énergie des ménages), qui plus est sous la menace de prévisions pessimistes en termes de taux de croissance économique : 1,6 % ou 1,7 %, au lieu du 1,9 % prévu. Différence : 250 à 500 millions d'euros. Circonstance aggravante, les recettes fiscales sont mauvaises, plus que d'habitude en début d'année : moins 2,64 % en janvier-février par rapport à 2007. Ajoutez le taux d'inflation. Le contrôle budgétaire de juin sera « problématique ».
Quadrature du cercle : composé de cinq partis, Leterme Ier est menacé de céder au saupoudrage de ses maigres deniers. Dans le Standaard de samedi, Bart Somers, président du VLD, résumait : « Si le gouvernement ne se prononce pas sur un projet, il sera un navire à la dérive. Notre accord de gouvernement est un catalogue Ikea où nous devons choisir quelle chambre à coucher, quel salon, quelle cuisine nous voulons. Il faudra trancher. »
Derrière, le souci pour le pouvoir d'achat grandit, générateur de tensions. En témoignent les échanges ce week-end autour de l'index après que Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque centrale européenne, eut critiqué le mécanisme en vigueur chez nous et au Luxembourg.
Elio Di Rupo (PS) a dénoncé la « vision ultralibérale » de l'économie. Didier Reynders (MR) a relativisé en rappelant que les produits pétroliers, le tabac et l'alcool n'entrent pas dans l'indice santé. Enfin, Guy Quaden, gouverneur de la Banque nationale, auquel on avait reproché son propos : « 2008 sera l'année de la vérité pour l'index », nous a précisé : « Je ne mets pas en cause notre index. M. Trichet parle de l'indexation générale des salaires, mais chez nous, le système a été réformé : on utilise l'indice santé, duquel on a retiré la plupart des produits pétroliers importés, sauf le mazout de chauffage. De plus, l'indexation est couplée à la norme de compétitivité, négociée tous les deux ans par les patrons et les syndicats. Notre système a bien contenu les prix et les coûts ces quinze dernières années. Voyons quels effets il aura en 2008 dans un contexte plus difficile. Mais je fais confiance aux partenaires sociaux, et je continue à défendre notre système. »
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