La flamme olympique sent le soufre
Un barnum pour des manifs qualifiées d'« incidents »
LA FLAMME olympique, qui passera par Paris ce lundi après-midi, sera protégée « comme pour Bush ». Les manifestants se sentent traités comme des « criminels ».
La flamme sent le soufre. Pour sa parade parisienne, ce lundi après-midi, la torche VIP bénéficie d'un dispositif « un peu comme celui que l'on consacre à George Bush », selon la préfecture de police. Cela se traduit dans les faits par 3.000 policiers, dont 500 dédiés à sa protection, trois brigades fluviales et un hélicoptère. Quant aux 80 porteurs qui vont se relayer sur 28 kilomètres, de la tour Eiffel au stade Charléty, ils auront 32 véhicules de CRS collés à leurs baskets, des pompiers joggeurs, des policiers à rollers et des gardes républicains à cheval. Tandis qu'une quinzaine de motards vont ouvrir et fermer la voie, suivis par deux colonnes de huit véhicules de police. La préfecture parle d'une « bulle étanche » de 200 mètres de long autour du porteur.
Ce barnum sécuritaire est destiné à éviter tout « incident », un terme qui semble reléguer les manifestations de soutien au Tibet et autres marques de dénonciation du bafouement des droits de l'homme par la Chine au rang d'actes subversifs. Reporter sans frontières (RSF) s'étonne de la mise en place d'un tel cordon sécuritaire : « C'est le monde à l'envers. Nous sommes traités comme des criminels », a réagi Vincent Bossel, responsable du bureau Asie-Pacifique, dans le Journal du dimanche.
Côté manifs, RSF donne rendez-vous sous la tour Eiffel pour mener des actions, mais dans le respect des JO et des porteurs de la flamme. « On avait prévu d'intervenir sur le parcours, mais on ne le fera pas. On ne veut pas qu'un geste puisse être mal interprété et que l'on puisse dire que la violence est de notre côté », explique Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Les associations France-Tibet et Solidarité Tibet proposent un rassemblement au Trocadéro, sur le parvis des Droits de l'Homme, en présence de personnalités, dont Jane Birkin. Et les 143 parlementaires du groupe d'études sur le Tibet ont appelé les politiques à sortir l'écharpe tricolore pour le passage de la flamme devant l'Assemblée nationale, en soutien au peuple tibétain.
Extincteurs à Londres
Quant au gouvernement, il s'exprime de façon dissonante : la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade, est revenue sur ses propos dans Le Monde de ce week-end, où elle déclarait que la présence de Nicolas Sarkozy à Pékin pour l'ouverture des JO était soumise à trois « conditions », dont la fin des violences et le dialogue avec le dalaï-lama. Elle a ensuite démenti avoir parlé de « conditions », et expliqué qu'il s'agissait de « souhaits ». « Le président a gardé les options ouvertes », déclare Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie, dans le JDD.
La flamme est arrivée à Roissy dimanche soir, après avoir eu chaud à Londres : deux personnes ont notamment été interpellées pour avoir tenté de l'éteindre au moyen d'extincteurs. Au total, 35 protestataires étaient déjà arrêtés en milieu d'après-midi par Scotland Yard, qui avait mobilisé 2.000 policiers.
En Belgique, le ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht, a déclaré dimanche, sur RTL-TVI : « Je suis totalement convaincu que si maintenant, on boycottait les JO de Pékin, ça ne contribuerait pas du tout à la protection des droits de l'homme, bien au contraire (…). Je pense qu'il faut essayer d'influencer les Chinois, d'avoir des pourparlers avec eux. »
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