Politique : Laloux, l'arbre qui cache la foret ?
La désignation de Frédéric Laloux, comme secrétaire d'Etat, est une erreur de casting. Alors que l'on croyait le malaise aplani depuis qu'Yves Leterme lui avait réitéré sa confiance, le choix du namurois est à nouveau remis en cause. Et les critiques émanent, cette fois, de l'intérieur même du parti, et pas d'un second rôle, mais bien du vice-président du PS, Philippe Moureaux; de quoi crisper le Boulevard de l'Empereur …
VIDEO• P. Moureaux critique E. Di Rupo à propos de F. Laloux
Au Parti Socialiste, on s'en tient pour l'instant à un No comment. Dans l'entourage d'Elio Di Rupo on ne cherche d'ailleurs pas à cacher le malaise que suscitent les propos sévères de Philippe Moureaux mardi matin dans "Le Soir". On regrette qu'il ait choisi de s'exprimer dans la presse plutôt que lors des réunions des différentes instances du parti. Donc pas question de déboulonner Fréderic Laloux, le nouveau secrétaire d'Etat à la lutte contre la pauvreté. Un secrétaire d’Etat épinglé pour l'utilisation apparemment excessive d'une carte essence de la ville de Namur, mais dont la défense a convaincu le Premier ministre et qui a produit les pièces attestant de sa bonne foi ; même si une information judiciaire est ouverte sur la base d'articles de presse. Pour le Boulevard de l'Empereur, il faut donc en rester là.
Dans le même temps, la mise en cause de la stratégie présidentielle par le N°2 du parti, dans un contexte post et pré-électoral périlleux pour les socialistes réveille un certain nombre de clivages passés, entre communautaristes et régionalistes, ou encore entre les partisans de la fermeté et les défenseurs de la présomption d'innocence que les affaires de Charleroi avaient opposés, et avant elles les affaires liégeoises. Mais le malaise révèle sans doute aussi un clivage à venir.
Par personnes interposées ,comme pour le cas Laloux, ou par dossier interposé, comme les critiques qui se multiplient dans les rangs même du PS à propos de la lois sur les armes, les tensions internes aux socialistes préfigurent aussi les rivalités qui ne manqueront sans doute pas d'apparaître entre Laurette Onkelinx et Rudy Demotte lorsque viendra le moment de la succession d'Elio Di Rupo.
"Une démarche inélégante" :
Le ministre président wallon et de la Communauté française, Rudy Demotte, juge inélégante la démarche de Philippe Moureaux. Ce genre de débat doit être mené à l'intérieur du parti et non sur la place publique dit encore Rudy Demotte
• Philippe Moureaux secoue le PS
• Malaise au parti socialiste
Laloux cumule et se met en infraction
Le Secrétaire d'Etat ne respecte pas le décret wallon de 2004 sur les mandats d'administrateur public. Il doit quitter la SWDE, les Tec Namur, le Port autonome.
Chacun porte sa croix, mais celle de Frédéric Laloux semble de plus en plus pénible à soulever. Le secrétaire d'Etat socialiste, après s'être fait "descendre" par Philippe Moureaux mardi, peut s'attendre à un comité d'accueil cinq étoiles, ce mercredi à la Chambre, alors qu'il doit présenter une note de politique générale ("La Libre" du 15/04) déjà jugée, ça et là, "évasive"...
Mardi, Frédéric Laloux a donné un coup de téléphone à Philippe Moureaux, et les deux hommes ont convenu de se rencontrer, mais lui a-t-il dit qu'il était en infraction avec un décret wallon de 2004 ? Pas certain... Secrétaire d'Etat, le Namurois est désormais en infraction avec le décret wallon du 12 février 2004 relatif au statut de l'administrateur public. Rappel, ce décret rend incompatible un mandat d'administrateur public avec un poste de secrétaire d'Etat ou de ministre. Or, Frédéric Laloux est administrateur depuis le 30 janvier 2008 de la SWDE (Société wallonne des eaux) et a d'autres mandats au Tec Namur Luxembourg et au Port autonome de Namur où il est administrateur suppléant.
Voici donc Frédéric Laloux en infraction et forcé de choisir rapidement entre son poste gouvernemental et ses mandats wallons...
Pour l'heure, Laloux conserve la confiance du Premier ministre Yves Leterme - qui, lui, se retranche derrière la confiance de Di Rupo à Laloux. Côté régional wallon, alors qu'une enquête administrative est ouverte sur l'échevin actuel (Ecolo) Arnaud Gavroy, rien en vue sur l'ancien échevin (PS) Frédéric Laloux. Y a-t-il donc du "deux poids deux mesures" chez le ministre (PS) de tutelle ? Pour s'en défendre, il suffit à Philippe Courard de rappeler que le code de démocratie locale prévoit la possibilité de procédures disciplinaires à l'égard d'un bourgmestre ou échevin en fonction, pas pour une fonction antérieure ni à l'égard d'un conseiller communal (ce qu'est aujourd'hui M. Laloux). Le député Bernard Wesphael (Ecolo) s'est dit "vraiment scié" par ce qu'il appelle des "arguties juridiques" tandis que, plus sobre, Caroline Cassart (MR) se demandait si ladite législation n'est pas "lacunaire".
"Il s'était mis en congé en temps utile"
Le secrétaire d'Etat à la Lutte contre la pauvreté a également souhaité se mettre en congé des autres mandats.
Le secrétaire d'Etat Frédéric Laloux a démissionné et s'est mis en congé en temps utile des divers mandats incompatibles avec ses nouvelles fonctions, a indiqué mercredi une porte-parole, contredisant ainsi des informations parues dans le quotidien La Libre Belgique.
M. Laloux "a pris ses renseignements sur les incompatibilités liées à sa nouvelle fonction dès son arrivée. Dès qu'il a eu confirmation de certaines incompatibilités, il a démissionné (le 9 avril dernier) de ses mandats de la SWDE et du Port autonome", a-t-elle indiqué jeudi.
Le secrétaire d'Etat à la Lutte contre la pauvreté a également souhaité se mettre en congé des autres mandats pour lesquels il n'y avait pourtant aucune incompatibilité "afin de se concentrer à 100% à sa mission", a-t-elle précisé. Concernant son mandat d'administrateur à la SWDE, Frédéric Laloux a démissionné par lettre vu l'incompatibilité avec une fonction ministérielle en vertu de la législation wallonne sur le cumul des mandats. Il s'est par ailleurs mis en congé comme membre du Conseil d'exploitation de Meuse amont.
Par ailleurs, le secrétaire d'Etat a été volontairement démis de sa fonction au Port Autonome de Namur, toujours en raison d'une incompatibilité avec une fonction ministérielle. Enfin, M. Laloux est également "président en congé" de la Joie du Foyer et administrateur en congé au "Foyer Jambois". En ce qui concerne le Tec Namur, également évoqué dans la presse, M. Laloux fait savoir qu'il n'y est plus administrateur depuis juin dernier.
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