26 avril 2008

Les francophones sauveront-ils Leterme ?

Le Premier ministre veut convaincre les francophonesde "geler" la scission de BHV. Les partis francophones refusent et demandent(toujours) une "solution négociée" : est-ce tenable ? La N-VA accentuela pression sur Leterme.


Question : "M. Leterme, comprenez-vous l'inquiétude des francophones alors que des députés de votre parti veulent voter la scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde "en force" dès la semaine prochaine ?"
- Réponse : "Je prends acte."
- Question : "Pouvez-vous les rassurer ?"
- Réponse : "Je prends des contacts. Mais le Parlement est souverain pour fixer son ordre du jour. Je vous rappelle l'indépendance des pouvoirs exécutif et législatif."
Cela se passait vendredi matin, à l'issue du Conseil des ministres. Ce samedi, Yves Leterme rencontrera les présidents de trois partis francophones de la majorité (MR, PS, CDH) avec pour objectif de faire diminuer le voltage de la ligne à haute tension BHV. Yves Leterme, qui "a pris acte" de la décision des quatre partis francophones (ajoutez Ecolo aux trois précités) de ne pas activer de nouvelle procédure en "conflit d'intérêt", aimerait les faire revenir sur cette décision. Rappel, déclencher une procédure de "conflit d'intérêt" permet de paralyser le parcours législatif de la proposition de loi flamande de scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde. La décision de porter la proposition de scission à l'ordre du jour de la Chambre sera prise mardi prochain. Et le vote "Flamands contre francophones" aurait théoriquement lieu, dans la foulée, lors de la séance plénière du 8 mai. Ce qui ferait (probablement) tomber le gouvernement Leterme Ier.
"Retenez-moi !"
D'ici mardi, les francophones ne devraient pas bouger d'un iota. Ce qui amuse les libéraux flamands : "Mais que croyait-il, Leterme ?, Que les francophones allaient éternellement le dépanner pour ses "cinq minutes de courage politique" ? C'est très naïf." Au sein de quatre formations politiques francophones la rengaine est (presque) la même. "C'est un peu "retenez-moi où je fais un malheur !" ce que sont occupés de faire les partis flamands , a souligné Didier Reynders (MR) interrogé vendredi matin par un auditeur de "La Première". "Ça n'a pas beaucoup de sens de dire qu'on va vous mettre une gifle, de vous prévenir, et de vous demander de vous protéger..."
Du côté d'Elio Di Rupo, on dit : "Nous ne déclencherons pas de procédure en conflit d'intérêt. Nous aviserons mardi si la scission est effectivement mise à l'ordre du jour du Parlement. On est dans une logique de solution négociée et pas dans une logique de conflit." Au CDH, Joëlle Milquet (lire l'interview en pp. 6-7) dit attendre "un geste" de la part des Flamands : "Mais si les intérêts des francophones sont menacés , souligne-t-elle, il faudra bien déclencher une procédure de conflit d'intérêt." Quant à Ecolo : "Il est hors de question que nous mettions un genou à terre, s'enflamme un responsable du parti. Non, non et non ! Si le CD&V veut faire tomber Leterme, c'est son problème. Mais nous ne participerons pas à une procédure de conflit d'intérêt. Un peu de dignité, SVP !"...
La charnière CD&V/N-VA
Du reste, il apparaît peu probable que le président de la Chambre, Herman Van Rompuy (CD&V), se prête à des manoeuvres de retardement de la mise à l'ordre du jour de la scission. Elu de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (à Rhode-Saint-Genèse), le président de la Chambre n'a, dit-on au sein du cartel CD&V/N-VA, que peu (ou pas) l'intention d'aider le Premier ministre. La mauvaise relation qu'entretiennent Leterme et Van Rompuy est de notoriété publique : "Quel intérêt aurait-il à se voir pointer du doigt et assimilé à un grand défenseur des francophones ?" , s'interroge-t-on dans la famille politique d'Yves Leterme.
Ainsi le Premier ministre aurait-il sous-estimé l'importance de la défunte charnière N-VA/CD&V incarnée par Bart De Wever et Jo Vandeurzen. Ces deux-là s'entendaient comme larrons en foire - ce qui permit, à plusieurs reprises, au CD&V de "tempérer" l'ardeur communautaire de la N-VA. Aujourd'hui, Bart De Wever est un électron libre, pas ou très peu consulté par Yves Leterme. Ah si !, une consultation intracartel est programmée ce lundi. Pour rire ? C'est que, dès jeudi passé, Bart De Wever a annoncé que les députés N-VA voteraient la scission de BHV si les francophones n'activaient pas une procédure en conflit d'intérêt.
Chaud (show) devant.

Aucun commentaire: