Marcourt : « Les Régions, c’est l’avenir »
Le socialiste fait son « coming out » institutionnel
LES RÉGIONS sont, selon le ministre wallon de l’Economie, « les trois piliers de l’Etat fédéral ». La Communauté ? Un simple pont entre les francophones. Elle doit réduire la voilure.
Il a participé activement à la dernière grande réforme de l’Etat. Il est un des gros bras socialistes. Il a l’oreille « rénovée » d’Elio Di Rupo. Il est le seul ministre wallon (Economie et Emploi) membre effectif de l’Octopus, ce groupe chargé de préparer l’avenir institutionnel du pays. Jean-Claude Marcourt sort enfin de sa réserve. Et assène un discours politique que ne renierait pas le plus fervent des régionalistes wallons.
Comment interprétez-vous la double casquette ministre-présidentielle Région-Communauté de Rudy Demotte ?
Ce qui est fondamental, c’est que, tout de suite après cette désignation, on a eu droit à une déclaration d’Ecolo et du MR demandant où étaient les Bruxellois à la Communauté française. Cette réaction illustre bien le fait que la Communauté n’est que l’expression des Régions et pas autre chose. Ça, c’est tout à fait neuf dans le discours politique.
Seriez-vous devenu le défenseur des régionalistes wallons ?
On a toujours prétendu que les régionalistes prônaient le repli. Non ! La Région, c’est une émancipation collective, c’est l’ouverture. Faisons en sorte que la Wallonie s’ouvre sur le monde et son partenaire naturel qui est Bruxelles. C’est le sens du plan Marshall, plan de développement socio-économique que sous-tend la lutte contre le sous-régionalisme.
C’est peut-être une volonté mais on ne la voit pas vraiment se concrétiser…
Ce n’est pas parce que le chemin est long et difficile qu’il ne faut pas l’emprunter.
Ce type de plaidoyer régionaliste n’est pas vraiment ce que l’on entend au sein des états-majors des partis francophones, singulièrement au PS où le discours est très communautariste…
Il faut sortir de cette notion de nation francophone au sens strict. La Communauté française est une passerelle francophone, mais nous avons surtout deux Régions. La Wallonie est une réalité institutionnelle, Bruxelles l’est aussi. Aujourd’hui, les trois piliers de l’état fédéral, ce sont les trois Régions. Et je crois que ce discours est mieux admis aujourd’hui qu’il ne l’était encore il y a quelques mois.
Il n’empêche, le discours régionaliste n’est plus très en vogue. Le débat institutionnel qui s’annonce peut-il lui être profitable ?
Il n’est plus très en vogue parce que, fondamentalement, les régionalistes des années 1980 ont obtenu ce qu’ils voulaient. Depuis lors, on « tourne autour ». Cela dit, chaque réforme institutionnelle oblige chacun à se positionner.
Pour incarner le régionalisme wallon, ne manque-t-il pas un vrai projet politique mobilisateur ?
Pour moi, le projet politique fondamental, c’est l’émergence socio-économique de la Wallonie. Nous avons été trop longtemps focalisés sur l’architecture institutionnelle, en disant que c’était essentiel. Non ! Le vrai projet, c’est l’amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens ! Il faut rendre confiance aux Wallonnes et aux Wallons, leur dire qu’ils ont la capacité de gérer leur destin.
Quelles compétences pourraient être transférées à la Région wallonne ?
Ce qui est fondamental, c’est que toutes les compétences qui pourraient être transférées du fédéral soient prioritairement transférées à la Région. On pourrait ensuite réduire la voilure de la Communauté française.
Réduire la voilure de la Communauté, c’est-à-dire ?
Je pense qu’en termes de culture, il faudrait un exercice plus fort au niveau des Régions. Au niveau de l’enseignement supérieur et universitaire, les normes de financement sont similaires, on pourrait dès lors se dire que la Communauté n’exercerait plus le pouvoir organisateur. Enfin, si le patrimoine mobilier passait de la Communauté à la Région, cela simplifierait les choses.
Ecolo dit qu’il veut bien ouvrir la discussion avec les régionalistes wallons, mais pose deux conditions : un débat sur une circonscription électorale wallonne unique pour un certain nombre de parlementaires, et la fin des Provinces, qu’en pensez-vous ?
On ne va quand même pas ramener les problèmes des gens à de l’institutionnel pur. Oui, on peut parler d’une circonscription électorale unique – why not ? – mais pour moi c’est marginal. Ce qui m’intéresse, c’est le projet collectif. Ce que je veux fondamentalement, c’est lutter contre le sous-régionalisme. Faut-il supprimer les Provinces pour y parvenir ? Je ne pense pas, même si on peut toujours « faire mieux ». Aujourd’hui, on est dans le simplisme absolu, on dit : « Moins il y a de structures de pouvoir, mieux c’est. » Pour moi, c’est du populisme.
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