L'ex-évêque, Fernando Lugo à la tête du Paraguay
L'ex-évêque Fernando Lugo, candidat de la coalition de gauche, a officiellement été élu dimanche président du Paraguay, mettant ainsi fin à 61 ans d'hégémonie du Parti Colorado.Selon le Tribunal électoral, Fernando Lugo a remporté l'élection présidentielle avec 40,8% des suffrages contre 30,8% pour Blanca Ovelar, sa rivale du Parti Colorado. Juan Manuel Morales, vice-président du Tribunal électoral, a précisé que le taux de participation s'était élevé à 65%. Immédiatement après l'annonce des résultats officiels, le président élu Fernando Lugo a rejoint la foule en liesse dans le centre d'Asuncion où il lui a lancé: "Nous vous demandons de ne pas nous laisser seuls, la démocratie nous la ferons ensemble ! ". Le président sortant Nicanor Duarte a reconnu la victoire de M. Lugo et s'est engagé à "collaborer activement pour une passation de pouvoir dans un contexte pacifique, de compréhension et dans un esprit de construction". M. Lugo, président élu du Paraguay, le premier à ne pas être membre du Parti Colorado qui était aux commandes du pays depuis 1947, prendra ses fonctions le 15 août prochain. Défaite d'OvelarAuparavant, Blanca Ovelar avait reconnu sa défaite dans une brève conférence de presse. "Je reconnais le triomphe de Fernando Lugo", avait déclaré Mme Ovelar en précisant "assumer avec dignité que les résultats (...) sont à ce stade irréversibles". Peu après l'annonce des projections officielles qui lui étaient favorables, M. Lugo avait, lors d'une conférence de presse, fait le voeux qu'à l'avenir "le Paraguay ne soit plus simplement connu pour sa corruption et sa pauvreté mais pour son honnêteté". Date historiqueAssurant que "ce 20 avril marque une date historique" pour le pays, M. Lugo a également souhaité "que plus jamais on ne fasse de politique fondée sur le clientélisme et la prébende, qui provoquent tant de dommages". "Si ces résultats sont ratifiés, nous serons ouverts à rencontrer tous les représentants de la communauté internationale pour travailler à l'intégration réelle de la région et du continent", avait-il alors souligné. La victoire de M. Lugo et de ses partisans confirmée, le marché commun régional du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay plus les associés Chili et Bolivie et le Venezuela en cours d'intégration) est désormais uniquement composé de gouvernements de gauche. Evêque des pauvresFernando Lugo, surnommé "l'évêque des pauvres", a renoncé à son sacerdoce en décembre 2006 pour conduire aux élections sa coalition, l'Alliance patriotique pour le changement (APC). Depuis, la popularité du candidat, qui se qualifie de "progressiste", n'avait cessé d'augmenter dans ce pays où un tiers des six millions d'habitants vit en dessous du seuil de pauvreté. Le candidat de l'Unace (droite), Lino Oviedo, général à la retraite, avait lui aussi reconnu la victoire de l'ancien évêque, un peu avant Blanca Ovelar. "En toute certitude, Lugo est le vainqueur", avait-il déclaré. CélébrationsLes partisans de M. Lugo ont commencé à célébrer sa victoire en allumant des feux d'artifice à Asuncion dès 17H00 locales (23H00 HB) et sont descendus dans les rues en dansant, en scandant le nom de Lugo, des cortèges de voitures circulaient en klaxonnant. Les rues du centre de la capitale étaient gorgées de monde et l'on pouvait à peine y circuler. Quelques heures auparavant, à son quartier général en liesse, Lugo s'était adressé à la foule de militants pour lui dire sa joie et sa reconnaissance, en évitant soigneusement toute auto-proclamation interdite par la loi paraguayenne. "Vous êtes coupables de la joie de la majorité du peuple paraguayen aujourd'hui", a-t-il d'un air manifestement heureux. "Merci de nous avoir accompagnés depuis le début de cette expérience de petits, cette humble et modeste expérience", a-t-il ajouté.
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