Affichage des articles dont le libellé est médias. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est médias. Afficher tous les articles

24 décembre 2007

Le paquebot RTBF est à nouveau à flot

Le conseil d'administration a approuvé, vendredi, le projet de budget 2008 de la radio-télévision publique. Jean-Paul Philippot, patron de la RTBF, a présenté un projet à l'équilibre. L'entreprise peut ouvrir un nouveau chapitre.
entretien
Les finances de la RTBF sont à une petite marche de l'équilibre... On ose à peine y croire ! L'image du "Titanic" n'a plus de raison d'être pour qualifier le paquebot de Reyers. Financièrement parlant, le navire a retrouvé belle allure. Le plan Magellan, initié en 2003, a fait son oeuvre (avec, revers de la médaille, la mise à l'écart de plusieurs centaines de professionnels de la radio-télévision publique).
Vendredi, Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF, a fait avaliser ses comptes "à l'unanimité" du conseil d'administration. Et ils sont historiquement bons, comme il l'a détaillé à "La Libre".
Le plan Magellan prévoyait un retour à l'équilibre financier à la fin de cet exercice 2007. Ce ne sera pas tout à fait le cas. Vous avez pris du retard ?
Certainement pas. Il y a un an, j'avais déposé un projet de budget 2007 tablant sur un déficit de 759000 euros. Nous ferons mieux que prévu. On devrait se situer entre un déficit de 700000 euros et l'équilibre. C'est pas mal sur un budget de 280 millions... L'année 2007 n'a pas été simple. On a eu un premier semestre marqué par des recettes publicitaires inférieures à nos objectifs. Il a fallu, en cours d'exercice, prendre un certain nombre de mesures correctrices pour rester dans l'épure. Par contre, on connaît un quatrième trimestre très bon en termes de revenus publicitaires. Associé à un contrôle des coûts vigilant depuis avril-mai, ce regain de recettes permet à la RTBF de respecter l'objectif budgétaire. Et même mieux puisqu'on se rapproche de l'équilibre et qu'on dispose d'une bonne trésorerie.
Ces dernières semaines, des échos alarmistes avaient pourtant couru sur la situation budgétaire de la RTBF. Là, vous nous dites que tout baigne ?
A ceux qui ont pu faire courir ces bruits, j'ai répondu que nos comptes leur étaient ouverts et que le plus simple était de venir les vérifier. Personne n'est venu. Moi, je vous dis que la situation financière de la RTBF a été assainie structurellement sans faire appel à des trucs et ficelles. Que du contraire !
Comparativement à 2007, l'exercice 2008 devrait être plus facile, notamment avec les premiers effets budgétaires du nouveau contrat de gestion (2007-2011) négocié avec la Communauté française.
Le budget 2008 que j'ai déposé au conseil d'administration est à l'équilibre. On aura même un léger boni. Mais ce ne sera pas simple pour autant. On a eu les traditionnelles tensions au moment où il a fallu faire rentrer les ambitions de chacun dans les enveloppes budgétaires. C'est un budget qui a ses propres enjeux et contraintes. L'un des enjeux est la poursuite des investissements en radio et en télé, qui restent nos deux métiers de base. Ce sont les budgets qui connaîtront, en 2008, les plus fortes augmentations de moyens. C'est en outre un budget où la masse salariale augmente. Nous sommes aujourd'hui très proches de notre effectif cible (NdlR : 2 172 équivalents temps plein). En 2008, une partie importante du personnel va bénéficier des effets d'accords sectoriels signés en 2006 et 2007. Enfin, troisième élément marquant de ce projet de budget, ce sont les premières initiatives dans le cadre du développement stratégique de l'entreprise dans le domaine des nouveaux médias.
Domaine où la RTBF paraît être à la traîne face aux initiatives de la concurrence privée...
Nous restons, il est vrai, dans un cadre encore assez artisanal. On a une guerre en retard en matière de sites Internet d'informations. Il y a des initiatives à prendre et c'est pourquoi nous dégageons, pour 2008, des lignes budgétaires significatives pour investir dans les nouveaux médias.
Ce sera quoi la RTBF dans un monde de "convergence des médias" ?
C'est une entreprise qui a, et aura toujours demain, deux grandes caractéristiques. Un : une entreprise ancrée dans sa communauté. Deux : une entreprise de production de contenus. Nos médias de référence resteront la radio et la télévision. La convergence, pour nous, ira dans le sens d'un rapprochement des contenus audios et audiovisuels dans un univers qui deviendra plus interactif et mobile. Cette transition-là, nous devons évidemment en être. 2008 va être une année d'apprentissage des nouveaux outils numériques en télévision (NdlR : la RTBF a déjà investi plus de 40 millions d'euros dans la numérisation de sa chaîne de production TV). Cet apprentissage s'accompagne aussi d'une transformation des mentalités du personnel et d'une évolution des processus de travail visant à intégrer la convergence multimédia. Ce travail est en cours.

29 janvier 2007

En 2007, les pertes pourraient frôler le million d'euros

Des prêts en chute libre creusent le déficit de la Médiathèque.
Le cabinet de la Culture se penche à son chevet.


L e sous-financement chronique qui l'accable va-t-il conduire la Médiathèque de la Communauté française au bord du gouffre ? Alors qu'elle vient juste de fêter son demi-siècle d'existence, cette institution culturelle majeure est à la veille d'une crise sans précédent. Les scénarios budgétaires pour l'exercice en cours, qui se termine fin juin, laissent entrevoir une perte cumulée de 800.000 euros à 1 million.
Cette perspective tient à la conjonction de trois tendances : la diminution dramatique du nombre de prêts, qui ont chuté de 25 % en cinq ans ; une dotation publique qui n'a pas été adaptée à l'évolution du marché de la musique ; et des charges salariales qui ne cessent de s'alourdir.

Ce n'est pas la première année que la Médiathèque achèvera dans le rouge. Mais, cette fois, l'ampleur du déficit prévu est extrêmement alarmant. « Nous avions tablé sur une baisse du prêt de 9 % cette année, explique le patron de la Médiathèque, Jean-Marie Beauloye. Mais elle atteignait déjà 12 % à la fin du premier semestre. »
Les années précédentes, la Médiathèque avait déjà dû entamer ses fonds propres pour combler les déficits. Mais Jean-Marie Beauloye, qui sera reçu ce lundi au cabinet de la Culture, entend se montrer ferme : « Il n'est ni responsable ni raisonnable d'éponger chaque année les pertes en ponctionnant les réserves. Si on me demande de le faire, je dirai non ! » Car ce bas de laine est vital pour permettre à la Médiathèque d'investir dans les nouveaux médias numériques.

Le bonheur est dans le prêt, mais en ligne
Le marché du disque souffre, la Médiathèque en subit le contrecoup.
Mais son catalogue sur le Net s'étoffe de 250.000 titres.

C 'est un parfum de crise qui flotte autour des présentoirs de la Médiathèque. Si la chute effrénée du prêt de CD ou de DVD n'est pas enrayée durant les prochains mois, après un semestre précédent catastrophique, l'organisme pourrait enregistrer un déficit allant jusqu'à un million d'euros, en pertes cumulées.
Selon la direction, le budget prévisionnel pour 2006-2007, exercice qui se termine en juin, envisageait une baisse du prêt de 9 % - ce qui correspond à un déficit de plusieurs centaines de milliers d'euros. Mais les résultats désastreux enregistrés de juillet à décembre 2006 ont mis à mal ce scénario encore trop optimiste. Durant l'été dernier, la chute du prêt a parfois dépassé les 18 % par rapport à 2005. La cote d'alerte est donc atteinte pour une ASBL qui, en cinquante ans, a pu accumuler un patrimoine impressionnant de 875.000 médias, disques et films confondus.

L'an dernier, 120.000 membres sont venus y faire leurs découvertes, dans une centaine de points de prêts (une quinzaine de sites fixes et les tournées de quatre discobus). Au total, la Médiathèque a consenti 3.110.000 prêts en 2005-2006 (une baisse de 8 %). L'ASBL emploie environ 240 salariés.
La direction a - une nouvelle fois - tiré la sonnette d'alarme auprès de la ministre de la Culture, Fadila Laanan (PS). Son cabinet dispose d'un dossier étayé, détaillant notamment les fonds propres dont dispose la Médiathèque. Un calendrier de réunion est sur la table.
Dans l'entourage du comité de gestion de la Médiathèque, on laisse entendre qu'une fois que le cabinet de la Culture se sera prononcé sur le sort de l'ASBL, des négociations avec les syndicats pourraient être rapidement engagées.

Pour la Médiathèque, être contrainte d'utiliser son trésor de guerre pour combler un déficit chronique et abyssal serait suicidaire. Car le téléchargement en ligne la met face aux mêmes défis que doit relever l'industrie du disque. « Nos réserves doivent impérativement être utilisées pour des investissements structurels, tels que la plate-forme de téléchargement que nous avons lancée en novembre dernier », explique le directeur général de la Médiathèque, Jean-Marie Beauloye.
Trop timides débuts sur le Net
Depuis le 14 novembre dernier, les membres de la Médiathèque peuvent télécharger - contre paiement - quelques dizaines de milliers de morceaux au format MP3. Mais les débuts de cette plate-forme de téléchargement sont relativement timides. En cause : la difficulté de négocier les droits avec les labels et des ressources trop limitées pour réaliser les coûteux développements informatiques.
Une situation qui pourrait changer, cependant. La Médiathèque va embaucher de nouveaux informaticiens, et son catalogue de titres va s'étoffer sérieusement. « La semaine dernière, au Midem, nous avons signé les droits de 250.000 titres supplémentaires pour notre catalogue », annonce Jean-Marie Beauloye.
Mais la transition vers le numérique prendra du temps. Dans l'intervalle, sans une remise à plat de son mode de fonctionnement et de sa dotation, qui ne couvre que 40 % de ses recettes, la Médiathèque risque, à très brève échéance, d'être confrontée au spectre d'un douloureux plan social.

19 décembre 2006

L EMISSION !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

MAJ 19/12/06

Avis intéressant

Pas de sanction à la RTBF, qui estmaintenant soutenue par les internautes
16 décembre 2006 - 08:54
Le "canular" de la RTBF continue à alimenter le débat. Mais le courant change. De plus en plus de Belges réagissent à présent pour féliciter la chaîne publique et dénoncer les critiques de nos politiciens. Vendredi soir, le conseil d'administration de la RTBF a décidé de ne pas prendre de sanction à l'égard des responsables du faux JT. Même si, selon le CA, des erreurs ont été commises. Le conseil d'administration a présenté ses excuses aux téléspectateurs, et a décidé l'instauration d'un Comité de déontologie et d'éthique de l'information.

RTBF: pas de sanctionPhilippot assume le choix de la fiction 514.800 téléspectateurs pour l'émissionChoc médiatique pour la Belgique De Brigode démissionne : info ou fiction ?Interview de François De BrigodeInterview de Jean-Claude Defossé

Vous êtes nombreux depuis mercredi à régir concernant le faux flash spécial de la RTBF. Mais aujourd'hui, le ton semble avoir changé de manière assez rigoureuse. Jeudi, la plupart des hommes politiques dénoncaient cette émission, suivi par plusieurs citoyens, choqués par les méthodes de la RTBF. Aujourd'hui, par contre, la majorité des réactions que nous avons reçues sont des messages de soutien au travail qui a été réalisé par la chaîne publique. Et ce sont nos politiciens à présent qui ramassent au visage le retour de flamme.
Comment expliquer le choc du faux JT ?
Cela n'empêche : l'émission de la RTBF a été un choc. Normal. A longueur d'années, on nous agite cette menace: le pays va exploser ! C'est une source d'anxiété qu'on tait, qu'on minimise, qu'on enfouit en soi. Et puis mercredi, boum, ça y est. On vous a dit d'un coup : vous n'êtes plus Belge. C'est terminé !"
En supprimant la Belgique, on a coupé les bases sur lesquelles on est assis. "C'est quelque chose de terrible à vivre, explique Bernard Rimé, professeur de psychologie à l'UCL et spécialiste des émotions. Tout d'un coup, on a dit aux gens : "votre identité sociale n'existe plus."
L'identité sociale, c'est ce qui donne à chacun des clés pour faire face à la vie. Le sentiment d'appartenance sociale nous tient très fort à cœur, sans que nous le sachions toujours. Une Brabançonne résonne et soudain on frissonne. L'équipe belge gagne un match et on respire la joie. Un étranger critique notre pays et, nous voilà vexés. Ce sont des signes, des émotions, qui affluent parfois à la surface. Et mercredi, l'annonce en télévision de la fin de la Belgique, a joué comme un détonateur de ce sentiment d'appartenance à une nation.
Les Flamands ont une identité de rechange, la fierté d'être flamand. Pas les francophones qui sont paumés. Plus que jamais, on n'est pas fier d'être wallon, avec les "affaires" qui pourrissent le tableau.
"En fait, les gens ont été surpris de la violence de leurs propres sentiments. Ils ont perdu leurs repères. Ils en sont devenus agressifs et accusent la RTBF. C'est la vieille histoire du porteur de la mauvaise nouvelle. Qui est le coupable ? Le porteur ou la mauvaise nouvelle ?", conclut enfin Bernard Rimé.
(Catherine ERNENS)
> Les moments forts du faux flash spécial

"J'attends des sanctions fortes"


Didier Reynders (MR) ne mâche pas ses mots à l'égard du "coup" de la RTBF. Il ne comprendrait pas qu'on passe l'éponge sur cette "faute lourde".
Devoghel
En marge du conseil d'administration de la RTBF, vendredi, nous avons rencontré le président du Mouvement Réformateur (MR), Didier Reynders.
Quarante-huit heures après le "coup" de la RTBF, et les réactions virulentes de leaders politiques (vous-même, Guy Verhofstadt, Elio Di Rupo, etc.) contre le docu-fiction, quel est votre état d'esprit ?
La RTBF nous dit qu'elle a lancé un débat de fond sur l'avenir de la Belgique. Le débat qu'elle a lancé, c'est celui de la déontologie et de la crédibilité de ses journalistes et de l'information. Comment peut-on, dans un pays comme le nôtre, diffuser une fausse information à travers tous les codes de référence du Journal télévisé d'une chaîne publique ? Il est là le débat.
A travers son docu-fiction et le débat, la RTBF a mis sur la place publique des questions importantes sur l'éventualité d'une scission du pays, non ?
C'est ce que les responsables de la RTBF tentent de nous faire croire depuis 48 heures. Mais vous pensez que la population ignorait l'existence des débats institutionnels et communautaires en Belgique ? Etait-il nécessaire de balancer au grand public une fausse information pour attiser ces débats ? C'est un procédé tout à fait injurieux. Je suis, comme beaucoup d'autres, assez abasourdi qu'on utilise des moyens publics conséquents octroyés à la RTBF, pour fabriquer une fausse information. C'est irresponsable. Une faute lourde a été commise.
Par qui, précisément ?
Il faut le déterminer. J'entends l'administrateur général de la RTBF, Monsieur Philippot, dire qu'il assume tout. Les parlementaires MR ont demandé que lui et la ministre de tutelle, Fadila Laanan, soient convoqués pour expliquer leur faute. J'attends que l'audition ait lieu (NdlR : jeudi prochain), mais je ne comprendrais pas qu'on passe l'éponge.
Des têtes doivent tomber ?
Des sanctions fortes doivent être prises à l'égard de la RTBF. Je ne comprendrais pas que rien ne se passe au regard des réactions politiques fortes, tous partis confondus, dont celle de la ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan. Alors, soit des choses bougent, soit le gouvernement de la Communauté française couvre la RTBF. Mais si tel est le cas, cela signifie qu'on peut désormais tout faire et que le discours politique n'a plus le moindre contenu.
La RTBF plaide l'utilité d'un électrochoc au sein de la population pour la sensibiliser à l'avenir de la Belgique. N'est-ce pas salutaire ?
La RTBF, en fait, est parvenue a réveillé deux extrêmes : ceux qui, paniqués, sont sortis dans la rue avec un drapeau belge et l'extrême droit flamande, très satisfaite de l'émission. A ce propos, j'essaie encore de comprendre comment la RTBF est parvenue à faire jouer Filip Dewinter dans sa fiction. Je pensais qu'elle refusait de nouer des contacts directs, et c'est le cas ici, avec tout leader d'extrême droite. C'est inacceptable.
Ce qui vous gêne, c'est d'avoir été écarté du débat de la RTBF, mercredi soir ?
On ne m'a pas invité... Et je vois que depuis mercredi soir, la RTBF confisque l'antenne pour se justifier à longueur de journaux en minimisant les réactions du monde politique, dont celles du Premier ministre et du président du PS. Dans le Journal parlé de 7 heures, jeudi, pas une mention de la réaction du MR. On n'existe pas ! Le soir même, au JT, quelques réactions politiques ont été relayées vers 19h55 après un long plaidoyer de Monsieur Philippot. TF1, elle, ouvrait son "20 heures" sur les réactions politiques. Cela revient, de la part de la RTBF, à prendre les responsables politiques pour des moins que rien incapables d'expliquer aux gens la portée des débats en cours. © La Libre Belgique 2006
http://www.mr.be/News/14-12-06-MR-Didier-Reynders-RTBF-Emission-Flandre-Reactions.php

Défossé : les gens croient n'importe quoi
14 décembre 2006 - 15:14
Jean-Claude Defossé, qui a accepté d'interrompre son émission pour le faux flash spécial de François De Brigode, s'étonne de la crédulité de certains téléspectateurs. Et pourtant, il a l'habitude...
Cela vous surprend que les gens aient cru aussi vite à cette déclaration d'indépendance de la Flandre et à la fuite du Roi à l'étranger?
Que les gens puissent croire dur comme fer à cela et réagir aussi rapidement, c'est hallucinant. Le téléspectateur gobe n'importe quoi ! Notez que j'ai l'habitude. Ce sont les plus gros de mes poissons d'avril qui ont le mieux fonctionné. Par exemple : j'ai annoncé une fois que Bruxelles devenait un paradis. Et une autre fois qu'on privatisait l'armée. Nombreux sont ceux qui y ont cru et qui ont réagi vivement...
Avec le recul, que pensez-vous de cette émission?
Je suis solidaire avec toute l'équipe de la RTBF qui a monté ce projet. Et je les félicite d'ailleurs d'avoir pu garder le secret. Moi, on ne m'a mis au courant qu'il y a 15 jours. La haute direction, par contre, était au parfum depuis plus d'un an.
On a l'habitude de critiquer la RTBF en disant qu'elle est "poussiéreuse". Ici, nous avons fait l'événement ! Et pas avec n'importe quel sujet... Nous avons sensibilisé des milliers de personnes à un débat très sérieux sur le séparatisme en Belgique. Cela n'aurait certainement pas été possible sans certains artifices.
Ne trouvez-vous pourtant pas la manière critiquable?
On peut effectivement discuter de l'ambiguïté avec laquelle l'information a été présentée par un journaliste, avec les moyens et les décors du JT. Mais cela a permis d'ouvrir le débat sur quelque chose qui pourrait effectivement arriver un jour. N'oublions pas que les élections législatives sont proches.
C'est un coup médiatique?
Si c'était le cas, nous aurions fait davantage de publicité. Il n'y a d'ailleurs pas eu de pubs en plus hier soir. C'était tout sauf une pompe à fric !
(Propos recuillis : Rodolphe MAGIS)


De Brigode s'excuse
14 décembre 2006 - 12:39
François De Brigode, l'un des acteurs principaux du faux flash spécial sur l'éclatement du pays, s'excuse auprès des gens qui ont été vexés par l'émission. Il s'agissait d'une "volonté pédagogique".
François De Brigode, vous êtes étonné par l'émoi incroyable qu'a suscité votre émission fiction ?
Oui, mais je veux surtout rappeler qu'il y avait une volonté pédagogique. Le séparatisme est un débat qui existe, surtout chez les Flamands. Nous avons donc voulu sortir de la langue de bois par rapport à un sujet qui existe.
Ce qu'on reproche surtout à la RTBF, c'est la forme du programme...
C'est vrai que c'est une forme inhabituelle et que ça avait un côté provoc. Mais je crois que nous avons rempli une mission de service public et nous avons fait notre travail de journaliste à savoir, dire ce qui est une vérité (les discussions sur le séparatisme), tout en donnant aux spectateurs des explications
Mais beaucoup ont été choqués tout de même...
Sincèrement, ce n'était pas le but. Si certains ont été vexés par l'émission, on s'en excuse. Mais il faut aussi savoir que beaucoup, lors de leurs coups de fil au call center, nous ont remerciés en disant que grâce à l'émission ils avaient pris conscience de la situation.
(Propos recueillis par Martial Dumont)

Le public n'a pas sanctionné la RTBF (15/12/2006)

Lien documentaire
La RTBF présente ses excuses
Lire aussi
''Avec notre argent'' ''J'ai bien ri'' ''Je suis belge !'' ''Une blague de très mauvais goût'' ''Une caricature'', qui a suscité de vifs reproches Entre indignation et amusement Les GSM ont chauffé Philippe Geluck a été piégé Vos réactions Lendemain de panique


Le JT de jeudi n'a pas enregistré de baisse d'audience. Au contraire!
La fausse émission en entier sur le site de la VRT

Le journal télévisé de la RTBF a réalisé un "bon score" jeudi soir, attirant environ 670.000 téléspectateurs au lendemain du documentaire-fiction qui mettait en scène l'indépendance de la Flandre, a indiqué un porte-parole de la télévision publique francophone."Le bon score réalisé par la RTBF prouve que le journal télévisé et son présentateur, François De Brigode, n'ont pas perdu en crédibilité. Il n'y a pas eu de sanction de la part de notre public", a ajouté le porte-parole.Au contraire, l'édition de ce jeudi soir a fait "significativement mieux que les JT des jeudis soirs précédents, lesquels marchent traditionnellement bien ce jour de la semaine", a-t-il poursuivi. Ainsi, le journal télévisé du jeudi 7 décembre a attiré un peu moins de 500.000 téléspectateurs.Par ailleurs, 721.700 personnes (44,8 pc de parts de marché) ont regardé le journal télévisé sur RTL-TVi jeudi soir, "ce qui est dans la moyenne", selon la chaîne privée.

Le débat de fond mis en avant par la RTBF

En compagnie de l'équipe chargée de la réalisation du faux JT, l'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, a défendu hier les choix de la RTBF de diffuser cette émission-fiction sur l'indépendance de la Flandre.
Il souhaite que le débat sur la forme de l'émission-fiction diffusée mercredi n'escamote pas le vrai débat, à savoir la question de l'avenir de la Belgique. Justifiant le recours à une fiction non avouée, Jean-Paul Philippot a indiqué qu'il y avait "un choix, qui est celui de toute une équipe, et donc un risque d'opter pour une forme particulière que permet la télévision à l'heure actuelle", a-t-il justifié. "L'objectif de ce docu-fiction n'était pas de jouer sur l'émotion et j'espère maintenant que le débat de fond va reprendre le dessus" a-t-il ajouté.
Le présentateur du journal télévisé de la RTBF, François De Brigode, qui présentait également le JT factice de l'émission, a indiqué que si c'était à refaire, il n'hésiterait pas quant au fond de l'émission. Sur la forme toutefois, "on baliserait certainement au début et mieux", a-t-il précisé en s'exprimant à titre personnel. "Mais on a mis un débat important sur la table. La première partie de l'émission a certes été un peu provocatrice mais je reste fier de notre projet", a-t-il poursuivi. Interrogé sur la perte de crédibilité des journalistes que pourrait entraîner une telle mise en scène, le présentateur s'est contenté de répondre que le ton adopté dans l'émission de mercredi était particulier et différait du style propre à un réel direct. La chaîne publique a également précisé que c'était elle qui avait décidé de mettre un bandeau "Ceci est une fiction", une demi-heure après le début de l'émission.
Quant aux vives réactions adressées à la chaîne publique, Benoît Moulin, chef de la rédaction du journal télévisé à la RTBF, analyse les commentaires des spectateurs en trois temps: de l'incrédulité d'abord, de l'indignation sur les moyens ensuite et une réflexion enfin, ajoutant même que dans la matinée d'hier déjà la proportion de réactions positives était beaucoup plus importante que la veille.
En savoir plus : Un faux JT polémique

L'Association des Journalistes critique la démarche de la RTBF

Le "docu-fiction", ou plutôt la technique du "poisson d'avril" utilisée par la RTBF hier, pose de graves questions quant à la crédibilité de l'information et l'indispensable confiance du public à l'égard du travail journalistique, selon l'Association des Journalistes professionnels (AJP).
"L'absence de marquage fictionnel du JT, le dangereux mélange des genres à l'oeuvre dans le reportage, l'exploitation commerciale qui en est prévue (un livre devrait être publié par la RTBF) ne sont pas de nature à favoriser cette confiance du public", a ajouté l'AJP dans un communiqué. "Des règles journalistiques de base ont été ignorées, comme l'indication d'images d'archives ou la mention des reconstitutions. Si la démarche journalistique peut emprunter les voies de la fiction, de la reconstitution ou même de la farce, c'est à condition d'assurer, clairement et sans ambiguïté pour le grand public, la transparence du procédé", a ajouté l'association regroupant les journalistes francophones.
L'AJP a rappelé, par la voix de sa secrétaire nationale, Martine Simonis, son souhait de voir se créer un conseil de déontologie, à l'image de ce qui existe déjà en Flandre.

La Sûreté de l'Etat critique la RTBF

La Sûreté de l'Etat n'a pas été informée a priori de la diffusion du docu-fiction de la RTBF annonçant la déclaration d'indépendance de la Flandre.
"La direction de la Sûreté de l'Etat n'a été mise au courant à aucun moment et de quelque manière que ce soit de cette émission, ni de son contenu", selon un communiqué. La Sûreté de l'Etat regrette la "légèreté dont on fait part certains journalistes, à l'occasion d'un reportage-fiction, en confirmant ou en reprenant des informations fictives", souligne-t-elle encore.

Philippe Geluck a été piégé (15/12/2006)
Lire aussi
Lendemain de panique


Le papa du Chat a appris le canular par son papa de 83 ans
BRUXELLES Phillippe Geluck, qui était en France au moment des faits, a directement eu vent des événements. Il raconte :
"Mon père, qui regardait la télévision, m'a directement appelé. Il a 83 ans et était complètement secoué. Il m'a raconté que la Flandre avait voté à l'unanimité la scission de la Belgique. J'ai compris ce matin que j'avais aussi été piégé car j'ai été interviewé, il y a quelques mois, au mois de mai, sur le sujet. Je pensais à l'époque qu'il s'agissait d'une émission d'humour et cela m'est complètement sorti de l'esprit après. C'était pour cette émission... Je trouve cette blague à la limite de l'inadmissible. On utilise un instrument d'information pour donner une idée fausse au public. On brouille le code de la déontologie de l'information. On ne peut plus être crédible après cela. Ils jouent avec des choses sérieuses. Lorsque Orson Welles avait déclaré sa guerre des mondes dans les années 30, il y a eu des suicides. Je n'aurais pas aimé être dans sa peau... Je suis un ami du gag et j'aime les blagues, mais je trouve qu'il y a des sujets avec lesquels il ne faut pas jouer..."
S. Lag.
© La Dernière Heure 2006

Réaction du Palais sur l'émission-fiction
jeudi 14.12.2006,
14:45"Ce n'est pas le rôle du Palais de commenter ou de condamner des programmes TV ou des initiatives de presse. Nous constatons simplement que ce programme avait les caractéristiques d'un canular de mauvais goût", a indiqué le porte-parole du Palais en réaction à la diffusion hier soir de l'émission-fiction de la RTBF sur l'indépendance de la Flandre. Ce constat du Palais porte sur l'ensemble de l'émission et non pas uniquement sur la manière dont la famille royale a été mise en scène, a précisé le porte-parole, ajoutant également que le Palais n'avait pas "d'état d'âme particulier, ni sur le fond ni sur la forme de l'émission".

Philippot assume
jeudi 14.12.2006
, 15:50"Le choix d'une émission de fiction a été fait par l'ensemble des responsables de l'information, de la télévison, des rédactions, dans le respect de la procédure interne de la RTBF: il n'était donc pas improvisé et je l'assume", a déclaré l'administrateur général de la radio-télévision publique à la sortie de sa rencontre avec la ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan. Interrogé par les journalistes, il a aussi réitéré ses excuses "à titre personnel, par rapport à la surémotivité qu'on a pu déclencher".

L'administrateur général de la RTBF s'excuse et assume
Un faux JT de la RTBF crée l'émoi


"Le choix d'une émission de fiction a été fait par l'ensemble des responsables de l'information, de la télévision, des rédactions, dans le respect de la procédure interne de la RTBF: il n'était donc pas improvisé et je l'assume", a déclaré aujourd'hui l'administrateur général de la radio-télévision publique à la sortie de sa rencontre avec la ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan suite à la diffusion du faux JT sur le séparatisme hier soir. Il a aussi réitéré ses excuses "à titre personnel, par rapport à la surémotivité qu'on a pu déclencher".
Au cours de sa rencontre avec la ministre, Jean-Paul Philippot (accompagné du chef de l'information et de l'éthique Yves Thiran) a commencé à répondre à une série de questions de Mme Laanan sur l'émission-fiction. Il a été averti par la ministre des différentes enquêtes et informations en cours, dans l'optique des débats qui auront lieu la semaine prochaine au sein de la Commission de l'Audiovisuel du Parlement de la Communauté. Il s'attachera donc à répondre à ces questions au cours des prochains jours. "Nous n'avions pas l'intention de créer une telle émotion mais plutôt d'aborder une vraie question, qui préoccupe les citoyens dans leur attachement à la Belgique", a-t-il précisé, admettant avoir été étonné par l'ampleur de certaines réactions.
Quant à la ministre, qui avait elle-même convoqué M. Philippot à son cabinet, elle a souligné à l'issue de la rencontre qu'une série de questions se posent après les réactions, parfois de panique, déclenchées par la RTBF. Des questions qui concernent notamment le moment où la signalétique (indiquant qu'il s'agissait bien d'une fiction) est apparue à l'écran. Si ses questions ont reçu des débuts de réponses, celles-ci ne sont pas suffisantes, a-t-elle dit.

Le soir où la RTBF explosa

La RTBF a mimé l'éclatement de la Belgique en temps réel.
Extraordinaire « coup » médiatique et énorme polémique.

Le secret avait été bien gardé. Deux ans durant, une équipe de journalistes de la RTBF a travaillé sur l'idée la plus folle jamais née dans les couloirs du boulevard Reyers. Nom de code : « Karine et Rebecca », les deux gamines qui chantaient le répertoire de Saint-Nicolas...
Hier soir, à 20 h 21, les téléspectateurs viennent de regarder le JT. Ils s'apprêtent à suivre deux reportages de « Questions à la une » à forte connotation communautaire (« Va-t-on supprimer les indemnités de chômage en Wallonie ? » et « Les Flamands sont-ils plus corrompus que les Wallons ? ») puis l'émission devant présenter les résultats d'un sondage sur l'avenir du pays réalisé par Ipsos dans le prolongement de l'émission « Moi, Belgique ». Mais ils tombent de leur chaise ou sautent hors de leur canapé.
Jean-Claude Defossé introduit son émission. La mire apparaît sur l'écran. Puis c'est l'annonce d'un flash spécial présenté par François De Brigode : le Parlement flamand vient de voter la sécession de la Flandre du Royaume de Belgique. Une heure et demie durant, se succèdent, autour du présentateur du JT et d'Alain Gerlache, directeur de la télévision, des journalistes qui interviennent en direct, qui du Parlement flamand, qui du Palais royal déserté par Albert II, en fuite à l'étranger (la rumeur prétend qu'il a pris la direction de Kinshasa où l'annonce Elisabeth Burdot), qui du Parlement wallon, qui de l'Atomium où se sont réfugiés les ministres du gouvernement bruxellois.
De nombreuses réactions évidemment. Jean-Marie Dedecker, le trublion de la politique flamande, Herman De Croo, le sage président de la Chambre, Etienne Davignon, Axelle Red, Jean-Luc Fonck, José Happart, Annie Cordy, le ministre-président de la Communauté germanophone Karl-Heinz Lambertz...
Les reportages sur le terrain montrent les conséquences de la décision du Vlaams Parlement : le Ring de Bruxelles est paralysé, des trains sont bloqués à la frontière linguistique, des avions sont détournés sur Bierset, le siège de l'Otan est en état d'alerte, des scènes de joie éclatent à Anvers, des policiers inspectent la frontière linguistique à Flobecq, des militants catalans se réjouissent au Parlement européen et, cerise sur le gâteau, un tram bruxellois de la ligne 44 est bloqué au moment de quitter la Région de Bruxelles-Capitale pour Tervuren, en Flandre...
Tout ça, bien sûr, n'était qu'un gigantesque bluff, un périlleux mais tellement vraisemblable exercice de politique-fiction. Périlleux car effectué entièrement dans les conditions du direct et sans trucage. Autrement dit, tous les intervenants savaient dans quelle pièce ils jouaient. Et tous ceux arrivés pour participer à un « Mise au point » spécial étaient au parfum. Au début de la soirée, était apparue une mention précisant que l'émission pouvait très bien être une fiction. A 20 h 50, un second insert précisant qu'il ne s'agit pas de la réalité apparaît. Manifestement, c'est dû au nombre des appels - une centaine en une demi-heure. En fin de soirée, après un écroulement symbolique de la tour Reyers, un autre insert reprécisait que ceci n'était que fiction.
Réagissez sur
notre chat ainsi que sur le blog du Swarado.
Comment réagit-on au nord du pays? Le Standaard a créé
un débat sur son site.

L'idée de cette soirée événement est celle d'un membre de l'équipe de « Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) », Philippe Dutilleul. Il en a tiré un livre, Bye-Bye Belgium (Labor), qui paraîtra vendredi.


La fiction de la RTBF inquiète
La Une a interrompu ses émissions ce mercredi soir pour diffuser une émission spéciale annonçant que la Flandre avait déclaré son indépendance. Il s'agissait d'une émission fiction qui a créé l’inquiétude.

13 déc 2006 23:20
Alors que Jean-Claude Defossé introduit son émission, la mire apparaît sur l'écran avant l'annonce d'un flash spécial présenté par François De Brigode: le Parlement flamand vient de voter la sécession de la Flandre du Royaume de Belgique. Dans cette émission, il est question du roi Albert II quittant le pays pour faire part de son désaccord à l'égard de cette pseudo-décision unilatérale flamande. Le sénateur flamand Jean-Marie Dedecker a participé à cette évocation en donnant une interview, de même que le président du Parlement wallon José Happart et d'autres personnalités politiques.

Différentes personnalités politiques ont joué le jeu. En revanche, d'autres ont très vivement critiqué le concept, dont le Premier ministre Guy Verhofstadt. Le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a, en effet, qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût", a-t-il encore ajouté.

Des méthodes indignes selon Leterme
jeudi 14.12.2006, 09:23Selon le ministre-président flamand, Yves Leterme (CD&V), l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a mis en scène l'indépendance de la Flandre, constitue "une caricature d'un certain nombre d'exigences flamandes". M. Leterme y voit un jeu politique qui rend impossible un bon débat sur l'avenir de la Belgique. "C'est une manière très douteuse de soi-disant susciter le débat. Il s'agit seulement d'une recherche de sensationnalisme et d'une caricature d'un certain nombre d'exigences flamandes. J'y vois aussi une intention politique cachée", a déclaré le ministre-président flamand sur les ondes de la radio publique flamande VRT. "Ces méthodes sont indignes dans une société démocratique qui fonctionne bien", a-t-il ajouté.

Ni responsable, ni opportun selon Milquet
jeudi 14.12.2006, 00:03La présidente du cdH, Joëlle Milquet, a estimé que l'initiative de l'émission-fiction de la RTBF, diffusée mercredi soir, n'était ni responsable, ni opportune et estime qu'elle mérite des explications sans délai. On ne joue pas avec l'avenir du Pays et l'attachement des Belges à son égard, a ajouté Joëlle Milquet dans un communiqué.

Dewinter salue l'émission
jeudi 14.12.2006, 10:36Filip Dewinter, chef du groupe Vlaams Belang au Parlement flamand, a salué l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a mis en scène, la veille, l'indépendance de la Flandre. "Grâce à ce reportage, on peut désormais parler librement de l'indépendance de la Flandre et de la Wallonie", a indiqué M. Dewinter. "Grâce à ce reportage, tous les Wallons -y compris Elio Di Rupo et Laurette Onkelinx- ont désormais conscience que l'indépendance de la Flandre n'est pas une utopie romantique ou une chimère, mais un scénario réaliste qui deviendra inéluctable si la Wallonie n'est pas disposée à consentir à certaines exigences flamandes essentielles, comme une fiscalité propre, la scission de la sécurité sociale et une autonomie plus poussée pour la Flandre et la Wallonie", a-t-il relevé.

Le vice-premier ministre et président du MR, Didier Reynders, a également réagi dans le même sens que le premier ministre à l'émission-fiction. Il qualifie l'émission d'irresponsable et ajoute qu'elle décrédibilise totalement l'institution. Didier Reynders s'est dit scandalisé par le fait qu'on présente dans l'émission la fin de la Belgique au cours d'un faux journal télévisé avec des éléments comme la fuite du Roi. "On annonce aussi la réaction des présidents de parti. Je n'accepterai pas qu'on me cite dans cecontexte".

Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". "A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie", souligne M. Di Rupo.

Le ministre de la Défense, André Flahaut, se dit "scandalisé". "C'est révoltant, intolérable, inacceptable, scandaleux", a-t-il affirmé alors qu'il se trouvait à Namur pour une réunion avec les institutions wallonnes. "On ne joue pas avec les institutions", a ajouté M. Flahaut. Il a exprimé son souhait que le ministre de tutelle rappelle la chaîne publique à l'ordre.

Et c’est ce que fera la ministre de l'Audiovisuel de la Communauté française, Fadila Laanan, qui convoquera l'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, et demandera qu'une enquête interne soit effectuée au sein de la RTBF. "Je trouve le procédé tout à fait douteux", a expliqué la ministre. "Et je me pose des questions déontologiques concernant les journalistes qui ont participé à cela, car c'est contraire à la réglementation de la Communauté française."

André Antoine, vice-président du Gouvernement wallon et Ministre du Logement s'est dit surpris et choqué par l'émission de la RTBF. Il déplore le manque de précautions pris par la chaîne publique. André Antoine estime qu'il s'agit ici d'une manipulation de l'information hautement regrettable de la part d'un média public habituellement crédible.

Au boulevard Reyers, on précise que l'émission était préparée de longue date avec les hommes politiques apparus à l'écran. Ces réactions démontrent la force de la télévision et de la problématique évoquée, dit-on encore. Le chef de l'information Yves Thiran a justifié cette émission par la nécessité de lancer un débat dans l'opinion publique à propos d'un des thèmes majeurs des prochaines négociations institutionnelles, l'avenir de la Belgique.

En tout cas l’émission a marqué. De 20 heures 30 à 21 heures, la RTBF a été inondée mercredi soir d'appels téléphoniques, saturant rapidement le central. Le site Internet de la RTBF était par ailleurs inaccessible pendant une partie de la soirée en raison vraisemblablement du nombre important d'internautes essayant de se connecter. La Police a également reçu de nombreux appels de personnes inquiètes. La police de Charleroi a été débordée et à Bruxelles, le Numéro 101 a été saturé.

La RTBF fait mourir la Belgique (mourir de rire)

mercredi 13 décembre 2006, 23:20
La RTBF a mimé l'éclatement de la Belgique en temps réel, ce mercredi soir, dans une émission de Jean-Claude Defossé. N'est-ce qu'un énorme coup de bluff ou une prédiction funeste?
Le Soir de ce jeudi vous décryptera cette soirée télé hors du commun.

Le monde politique fustige la RTBF

Les téléspectateurs branchés sur la une (RTBF) pensaient vivre une soirée tranquille, mercredi. Avec un menu somme toute classique : “Questions à la une”, suivi d’un prolongement de l’émission à succès “Moi, Belgique”.
Sur le coup de 20h20, on a bien eu droit au générique de “Questions à la une”... A 20h21, l’image se brouille. On se retrouve brutalement projeté dans le studio du Journal télévisé pour une “émission spéciale”, avec un François De Brigode d’humeur grave. En prélude, une brève mention barre l’écran : “Ceci n’est peut-être pas une fiction”.
Dans un coin du même écran, les plus attentifs auront peut-être déjà flairé la supercherie en repérant le logo du magazine “Tout ça (ne nous rendra pas le Congo)”. Le présentateur du JT balance alors l’info justifiant cette interruption des programmes : "La Flandre a proclamé unilatéralement son indépendance”. En direct du Palais royal, le journaliste Frédéric Gersdoff enchaîne : le roi Albert II aurait annoncé son impossibilité de régner. Voire quitté le pays. “La Belgique a cessé d’exister”, annonce un de ses collègues depuis le Parlement flamand. Le séparatiste flamand Jean-Marie Dedecker fait des petits bonds. Le wallingant Jean-Marie Happart n’est pas en reste.
A l’écran, un numéro d’appel est incrusté. Il sera pris d’assaut durant plus d’une heure. A la rédaction de “La Libre”, des dizaines de coups de téléphones de gens ébahis. Et forcément crédules. Un forum lancé sur notre site Internet est, lui aussi, pris d’assaut. Les réactions sont très majoritairement indignées. Les premiers communiqués de presse de personnalités politiques tombent, avec la même indignation.
Peu avant 21 heures, un bandeau apparaît en bas d’écran : “Ceci est une fiction”. La rumeur parle d’une intervention du Palais; on nous assure plutôt que le Palais a été averti quelques minutes avant la diffusion de la nature du programme…
“Pas un canular”
Tout a été rondement mené. Et pour cause : l’opération, tenue secrète jusqu’à 20h21, était en préparation depuis plusieurs mois au sein de la RTBF. Sa réalisation est l’œuvre de Philippe Dutilleul, habitué de reportages dans les magazines “Strip-Tease” et “Tout ça”. “Ce n’est pas un canular mais un documentaire-fiction ayant pour but de susciter le débat”, assurera-t-il plus tard lors d’un débat. Jean-Paul Philippot, patron de la RTBF, abondera dans le même sens : “Notre travail est de décoder, montrer, donner des clés pour se faire sa propre opinion. La démarche est journalistique”. Au même moment, la ministre de l’Audiovisuel Fadila Laanan (PS) annonce la convocation de M.Philippot. La bombe ertébéenne pourrait encore faire des dégâts.

REACTIONS
Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a présenté mercredi soir l'indépendance de la Flandre, par le biais d'un communiqué de la chef de groupe du MR à la Communauté française Florence Bertiaux, et du président de la Commission "audiovisuel" de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet.
"Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse", ont-ils expliqué.
Les deux mandataires MR mettent cette émission en rapport avec les récentes discussions concernant le contrat de gestion de l'opérateur public. Cela démontre que les inquiétudes du MR étaient légitimes quant au manque de contrôle du parlement sur le contrat de gestion de la RTBF", précisent-ils.
Dès jeudi matin, le MR annonce qu'il demandera des comptes à la ministre Fadila Laanan en commission "audiovisuel" du Parlement de la Communauté française. "Pour le MR, la ministre portera toutes les conséquences politiques de cette émission", ont-ils conclu.
Interrogé, le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. "Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de télévision de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes", a-t-il commenté. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût", a-t-il encore ajouté.
Le ministre de la Défense, André Flahaut, se dit "scandalisé". "C'est révoltant, intolérable, inacceptable, scandaleux", a-t-il affirmé alors qu'il se trouvait à Namur pour une réunion avec les institutions wallonnes. "On ne joue pas avec les institutions", a ajouté M. Flahaut à l'agence BELGA, annonçant une probable réaction du Premier ministre Guy Verhofstadt. C'est triste "si la RTBF n'a rien trouvé de mieux pour faire de l'audience", a encore dit le ministre de la Défense, qui a été assailli de coups de téléphone. Il a exprimé son souhait que le ministre de tutelle rappelle la chaîne publique à l'ordre pour cette "émission spéciale" qui avait pour fil conducteur une déclaration unilatérale d'indépendance de la Flandre par le parlement flamand. Ce n'est qu'après une bonne demi-heure que la RTBF a présenté son émission comme étant une fiction, sous la forme d'un bandeau affiché dans le bas de l'écran.
Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays comme c'est le cas dans l'émission. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". "A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie", souligne M. Di Rupo.
"En agissant de la sorte, les responsables de cette émission abusent de la confiance que le citoyen accorde à la RTBF", ajoute le ministre-président wallon. "Le PS estime que les citoyens francophones ont le droit d'être informés par le service public en toute objectivité, impartialité et avec la plus grande rigueur. Les canulars de ce genre n'ont pas de place dans notre pays. Tout le monde connaît trop bien l'ampleur réelle des tensions communautaires", conclut le communiqué du président du PS.(Belga)

La ministre de l'Audiovisuel de la Communauté française, Fadila Laanan, va convoquer l'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, et demander qu'une enquête interne soit effectuée au sein de la RTBF au sujet de l'émission-fiction qui mettait en scène dans des conditions de direct l'indépendance de la Flandre, a-t-elle annoncé mercredi soir à l'agence BELGA.."Je trouve le procédé tout à fait douteux", a expliqué la ministre. "Et je me pose des questions déontologiques concernant les journalistes qui ont participé à cela, car c'est contraire à la réglementation de la Communauté française."La ministre a découvert l'émission à la suite de nombreux appels et SMS "paniqués" reçus en début de soirée. Ce n'est qu'après que la mention "Ceci est une fiction" est apparue à l'écran à la demande du cabinet de la ministre, a-t-elle précisé. "Je trouve douteux l'utilisation d'un tel procédé qui a plongé les citoyens dans une crainte incroyable", a encore déclaré la ministre.

Marc Uyttendaele qui demande des excuses à la RTBF.

Isabelle Durant se dit estomaquée
mercredi 13.12.2006, 23:44La secrétaire fédérale d'Ecolo Isabelle Durant s'est déclarée ce soir estomaquée par l'émission "Questions à la Une" de la RTBF-télé. On ne banalise pas ainsi l'avenir du pays, a-t-elle commenté. J'ai été estomaquée par cette émission et la façon dont elle a traité d'un sujet important, à savoir l'avenir du pays. Sans prévenir, on monte une fiction sur le sujet avec le risque de le banaliser", a déclaré Mme Durant. Enormément de gens y ont cru. Je comprends qu'on recherche des façons originales de présenter un sujet mais celui de l'avenir du pays mérite un autre traitement, a encore dit Mme Durant.

La RTBF inondée d'appels téléphoniques
mercredi 13.12.2006, 22:28De 20h30 à 21h00, la RTBF a été inondée ce soir d'appels téléphoniques, saturant rapidement le central, à la suite de la diffusion d'un faux JT annonçant l'indépendance de la Flandre. Le service de presse de la radio-télévison publique francophone a été débordé d'appels provenant de journaux francophones et flamands mais aussi de France et d'autres pays voisins. Au boulevard Reyers, on précise que l'émission était préparée de longue date avec les hommes politiques apparus à l'écran. Ces réactions démontrent la force de la télévision et de la problématique évoquée, dit-on encore. Le site internet de la RTBF était par ailleurs inaccessible pendant une partie de la soirée en raison vraisemblablement du nombre important d'internautes essayant de se connecter. Vers 22h00, plus de 2.600 appels téléphoniques étaient parvenus au numéro mis en place dans le cadre de cette émission suivie d'un débat.

Elio Di Rupo condamne
mercredi 13.12.2006, 22:10Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays comme c'est le cas dans l'émission "Questions à la Une" diffusée mercredi soir par la RTBF, indique-t-il dans un communiqué. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie, souligne M. Di Rupo.

Le MR consterné et indigné
mercredi 13.12.2006, 21:43Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a présenté ce soir l'indépendance de la Flandre, par le biais d'un communiqué de la chef de groupe du MR à la Communauté française Florence Bertiaux, et du président de la Commission "audiovisuel" de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet. Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse, ont-ils expliqué.

Des capitales étrangères en émoi
mercredi 13.12.2006, 21:32Des ambassadeurs étrangers envoient des télégrammes à leur capitale alors que la RTBF diffuse mercredi soir une émission spéciale fictive annonçant que la Flandre a déclaré son indépendance, selon la présidente du Sénat Anne-Marie Lizin qui parle d'émission "inadéquate". "Je demande formellement que cette émission soit remise dans un cadre plus approprié", insiste la présidente de la Haute assemblée. "Dans les capitales étrangères, l'émoi est très grand", précise Mme Lizin.

Irresponsable, dit Verhofstadt
mercredi 13.12.2006, 21:21Interrogé à propos de "Questions à la Une" diffusée ce soir par la première chaîne de la RTBF télévision, le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de télévision de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes, a-t-il commenté. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût, a-t-il encore ajouté.

Flahaut scandalisé par l'émission de la RTBF
mercredi 13.12.2006, 21:20L'émission "Questions à la Une" de La Une-télé (RTBF) présentant - sous forme de fiction - la fin de la Belgique a provoqué ce soir des réactions jusqu'au sein du gouvernement fédéral, le ministre de la Défense, André Flahaut, se disant scandalisé. C'est révoltant, intolérable, inacceptable, scandaleux, a-t-il affirmé alors qu'il se trouvait à Namur pour une réunion avec les institutions wallonnes. On ne joue pas avec les institutions, a ajouté M. Flahaut à l'agence BELGA, annonçant une probable réaction du Premier ministre Guy Verhofstadt.

Le secret avait été bien gardé. Des mois durant, une équipe de journalistes de la RTBF a travaillé sur l'idée la plus folle jamais née dans les couloirs du boulevard Reyers. Une idée portant le nom de code de « Karine et Rebecca » pour ceux qui se souviennent de ces deux gamines chantant le répertoire de Saint-Nicolas...
Et, mercredi soir, à 20h15, alors que les téléspectateurs qui venaient de regarder le JT et s'apprêtaient à suivre deux reportages de « Questions à la une » à forte connotation linguistique (« Va-t-on supprimer les indemnités de chômage en Wallonie? » et « Les Flamands sont-ils plus corrompus que les Wallons? ») puis l'émission devant présenter les résultats d'un sondage sur l'avenir du pays réalisé par Ipsos dans le prolongement de l'émission « Moi, Belgique », sont tombés de leur chaise ou ont sauté hors de leur canapé.
Alors que Jean-Claude Defossé introduit son émission, la mire apparaît sur l'écran avant l'annonce d'un flash spécial présenté par François De Brigode. C'est que l'événement est à la hauteur de l'émoi qu'allait provoquer dans le pays l'information diffusée par la RTBF: le Parlement flamand vient de voter la sécession de la Flandre du Royaume de Belgique.
Une heure et demie durant, se succèderont, autour du présentateur du JT, les journalistes intervenant en direct, qui du Parlement flamand, qui du Palais royal déserté par un Albert II en fuite à l'étranger (la rumeur prétend qu'il aurait pris la direction de Kinshasa où l'annonce Elisabeth Burdot), qui du Parlement wallon, qui de l'Atomium où se sont réfugiés les ministres du gouvernement bruxellois. De nombreuses réactions aussi, celle de Jean-Marie Dedecker, le trublion de la politique flamande, de Herman De Croo, le sage président de la Chambre, d'Etienne Davignon, d'Axelle Red, de Jean-Luc Fonck, de José Happart, d'Annie Cordy ou du ministre-président de la Communauté germanophone Karl-Heinz Lambertz.
Des reportages sur le terrain aussi, montrant les conséquences de la décision du Vlaams Parlement: le Ring de Bruxelles paralysé, des trains bloqués à la frontière linguistique, des avions détournés sur Bierset, un siège de l'OTAN en état d'alerte, des scènes de joie à Anvers, des policiers inspectant la frontière linguistique à Flobecq, des militants catalans se réjouissant au Parlement européen et, cerise sur le gâteau, un tram bruxellois de la ligne 44 bloqué au moment de quitter la Région de Bruxelles-Capitale pour Tervuren, en Flandre...
Tout ça, on l'aura compris, n'est qu'un gigantesque bluff, un périlleux mais tellement vraisemblable exercice de politique-fiction. Périlleux car effectué entièrement dans les conditions du direct et sans trucage. Autrement dit, tous les intervenants savent dans quelle pièce ils jouent. Et tous ceux qui arrivent dans la soirée à la RTBF pour participer à un « Mise au point » spécial ont été mis au parfum. Au début de la soirée, était apparue une mention précisant que l'émission pouvait très bien être En fin de soirée, après un écroulement symbolique de la tour Reyers, un autre insert dira que ceci était une fiction.
Cette idée tordue est née dans l'esprit d'un membre de l'équipe de « Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) », Philippe Dutilleul, qui en a tiré un livre, "Bye-Bye Belgium" (Labor), qui paraîtra vendredi. Reste une question: et si le scénario se répétait vraiment, mais pour de vrai cette fois?
Jean-François Lauwens


La Belgique existe toujours ! (13/12/2006)

© DE TESSIERES


La RTBF sème la panique dans le pays. Le monde politique incrimine la chaîne dont le patron est déjà convoqué chez le Ministre !BRUXELLES Il était environ 20 h 20 hier soir quand La Une a effrayé - c'est le mot - des centaines de milliers de téléspectateurs. D'autres ont ri peut-être, mais, au vu des réactions que nous avons reçues hier au sein de notre rédaction vous étiez très nombreux à vous être laissé prendre au piège. Car nous n'étions pas le 1er avril et le docu-fiction présenté par la chaîne publique était paniquant de réalisme.
Un JT spécial, François De Brigode aux commandes... En-dessous, le bandeau émission spéciale. Le téléspectateur est interpellé. En direct devant le Palais royal, un journaliste annonce la nouvelle: le Roi, choqué par la décision que vient de prendre le Parlement flamand, à savoir la séparation pure et simple de la Belgique, vient de prendre l'avion, direction on ne sait où...La Belgique est en train de vivre un moment historique. Et pourtant...
Pourtant, tout ceci n'est qu'un canular. Un canular magnifiquement monté - il faut bien l'admettre puisqu'on y a tous, ou à peu près, cru - mais qui est loin d'être du goût de tous les téléspectateurs. La RTBF, contactée par nos soins, nous a expliqué que si les réactions ont mis un peu de temps avant de parvenir jusqu'à leur standard téléphonique, en quelques minutes, ce fut le déluge (2.600 appels étaient enregistrés à 22 h )! Si bien qu'au bout de 30 minutes d'émission, la chaîne de télévision s'est sentie obligée de faire défiler un bandeau signalant qu'il s'agissait bien là d'une fiction.
Trop tard? A cette heure, vous étiez nombreux à nous avoir joint pour nous faire part de votre mécontentement. Ainsi, René n'a d'autre mot que "c'est crapuleux, scandaleux! Cela va provoquer une réaction du côté flamand!" Eric, lui, était prêt à se rendre à la RTBF qui, avec son émission-canular a fait pleurer la maman, bouleversée, du jeune homme. Jean-Louis, lui, a juré que c'était la dernière fois qu'il regardait la RTBF. "D'ailleurs, je coupe cette émission tout de suite", a-t-il dit.
La délivrance est arrivée, pour ceux qui en doutaient encore, vers 22 h 05, quand François De Brigode a clairement dit qu'il s'agissait d'une fiction et que la question méritait d'être posée. Oui, elle le méritait. La RTBF avait-elle prévu un tel chambardement chez ses téléspectateurs? Orson Welles avait déjà fait le coup, en 1938, dans une émission radio durant laquelle il avait fait croire aux Américains que les martiens débarquaient chez eux. N'est pas Orson Welles qui veut...
REACTIONS
Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a présenté mercredi soir l'indépendance de la Flandre, par le biais d'un communiqué de la chef de groupe du MR à la Communauté française Florence Bertiaux, et du président de la Commission "audiovisuel" de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet.
"Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse", ont-ils expliqué.
Les deux mandataires MR mettent cette émission en rapport avec les récentes discussions concernant le contrat de gestion de l'opérateur public. "Cela démontre que les inquiétudes du MR étaient légitimes quant au manque de contrôle du parlement sur le contrat de gestion de la RTBF", précisent-ils.
Dès jeudi matin, le MR annonce qu'il demandera des comptes à la ministre Fadila Laanan en commission "audiovisuel" du Parlement de la Communauté française. "Pour le MR, la ministre portera toutes les conséquences politiques de cette émission", ont-ils conclu.
Interrogé, le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. "Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de télévision de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes", a-t-il commenté. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût", a-t-il encore ajouté.
Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays comme c'est le cas dans l'émission. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". "A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie", souligne M. Di Rupo.
"En agissant de la sorte, les responsables de cette émission abusent de la confiance que le citoyen accorde à la RTBF", ajoute le ministre-président wallon. "Le PS estime que les citoyens francophones ont le droit d'être informés par le service public en toute objectivité, impartialité et avec la plus grande rigueur. Les canulars de ce genre n'ont pas de place dans notre pays. Tout le monde connaît trop bien l'ampleur réelle des tensions communautaires", conclut le communiqué du président du PS.
Le vice-premier ministre et président du MR, Didier Reynders, a réagi mercredi dans le même sens. Il qualifie l'émission d'irresponsable et ajoute qu'elle décrédibilise totalement l'institution. "C'est totalement irresponsable dans le contexte actuel de la part d'une chaîne publique de se lancer dans ce genre d'émission. Celle-ci a d'ailleurs provoqué beaucoup d'émoi parmi les téléspectateurs", a déclaré Didier Reynders qui a demandé à Françoise Bertieaux, chef de groupe MR au Parlement de la Communauté française, et à Pierre-Yves Jeholet, qui président la Commission de l'audiovisuel au sein de ce parlement, d'interroger le gouvernement de la Communauté française et la hiérarchie de la RTBF pour savoir s'ils cautionnent cette émission.M. Reynders s'est dit scandalisé par le fait qu'on présente dans l'émission la fin de la Belgique au cours d'un faux journal télévisé avec des éléments comme la fuite du Roi. "On annonce aussi la réaction des présidents de parti. Je n'accepterai pas qu'on me cite dans ce contexte"."Cette émission décrédibilise totalement une institution à laquelle la Communauté française consacre beaucoup de moyens. Avant de pouvoir mener un débat serein sur la question, nous devons d'abord savoir si le gouvernement de la Communauté et la hiérarchie de la RTBF cautionnent ce genre d'émission", a encore dit M. Reynders. Et d'ajouter qu'il suppose que cela doit être le cas pour la hiérarchie puisque celle-ci est déjà intervenue jadis en imposant des coupures préalables pour des émissions de la même série ce qui laisse supposer qu'elles sont visionnées avant diffusion.
Charlotte Vanbever

Alain Gerlache : « Prendre des risques pour prendre ses responsabilités »
TV 13 décembre 2006

Alain Gerlache a expliqué ce mercredi soir, à l’issue de l’émission spéciale – et fausse – annonçant la fin de la Belgique que la RTBF avait voulu poser un acte pédagogique et profiter de la puissance de la fiction pour expliquer des choses importantes. Selon lui, raconter des histoires, ça sert aussi à faire passer des messages et faire réfléchir : « Il faut parfois prendre des risques pour prendre ses responsabilités » a déclaré le directeur général de la télévision. Sur le plateau de "Mise au point" spécial, un responsable de la RTBF a expliqué sa volonté de mettre les pieds dans le plat et de vouloir susciter le débat. Jean-Paul Philippot a pour sa part expliqué que ce « scénario » avait été imaginé par l’ensemble des journalistes de la chaîne : « Le documentaire de fiction, la mise en scène d’éléments probables et réels nous permet de se projeter dans les jours d’après » a-t-il expliqué. « C’est un problème qui concerne tout le monde et c’est cela que nous voulions mettre en exergue ». Interrogé par Olivier Maroy, il a ajouté : « Il ne s’agit pas d’un canular, mais d’une fiction. Nous ne pouvons parler du futur et des conséquences d’une décision que si nous nous projetons dans le futur. Cette fiction a fait réagir vivement les citoyens. Nous nous excusons pour l’émotion de chacun. Celle-ci n’est pas perdue puisqu’elle suscite maintenant le débat ». Jean-Paul Philippot est aussi revenu sur la mise en cause par un téléspectateur de la crédibilité de la RTBF après la diffusion d’une telle émission : « Avant de lancer cette émission (2 ans de préparation), nous avons mené le débat au sein de nos rédactions pour se demander ce que nous étions en train de faire. Notre travail c’est de donner des clés à nos spectateurs. Chacun d’entre nous a fait un réel travail de journaliste ». L’administrateur délégué de la RTBF a également été interpellé à propos de l’audience… « Il ne s’agissait pas de faire de l’audience avec ce programme. Aucune annonce n’était d’ailleurs mise en place. Une certaine impertinence, une certaine audace et la volonté pour la rédaction d’apporter un débat - non pas de rédaction mais de chacun - sur le thème ‘Que va devenir la Belgique ?, c’était ça notre volonté». Ce mercredi soir, des dépêches d’agence de presse répercutaient les différentes réactions (souvent négatives) des partis politiques. Plus inquiétant, il apparaît que des ambassadeurs étrangers aient envoyé à leur capitale des télégrammes pour les avertir de la fin de la Belgique… On risque encore entendre parler de cette histoire… belge !


L’émission qui a choqué le pays (14/12/2006)

Émoi à l'étranger et en Wallonie Yves Leterme: "une caricature des exigences flamandes" L'Association des Journalistes professionnels critique La RTBF partagée De Croo: "un peu involontairement guidé"


La RTBF a frappé un grand (trop grand?) coup...

BRUXELLES Il était environ 20 h 20 hier soir quand La Une a effrayé – c’est le mot – des centaines de milliers de téléspectateurs. D’autres ont ri peut-être, mais, au vu des réactions que nous avons reçues hier au sein de notre rédaction vous étiez très nombreux à vous être laissé prendre au piège. Car nous n’étions pas le 1er avril et le docu-fiction présenté par la chaîne publique était paniquant de réalisme. Ecouter la réaction de José Happart sur les antennes de Ciel Radio.Ecouter la réaction de Didier Reynders sur les antennes de Ciel RadioUn JT spécial, François De Brigode aux commandes... En-dessous, le bandeau émission spéciale. Le téléspectateur est interpellé. En direct devant le Palais royal, un journaliste annonce la nouvelle: le Roi, choqué par la décision que vient de prendre le Parlement flamand, à savoir la séparation pure et simple de la Belgique, vient de prendre l’avion, direction on ne sait où...La Belgique est en train de vivre un moment historique. Et pourtant...Pourtant, tout ceci n’est qu’un canular. Un canular magnifiquement monté – il faut bien l’admettre puisqu’on y a tous, ou à peu près, cru – mais qui est loin d’être du goût de tous les téléspectateurs. La RTBF, contactée par nos soins, nous a expliqué que si les réactions ont mis un peu de temps avant de parvenir jusqu’à leur standard téléphonique, en quelques minutes, ce fut le déluge (2.600 appels étaient enregistrés à 22 h )! Si bien qu’au bout de 30 minutes d’émission, la chaîne de télévision s’est sentie obligée de faire défiler un bandeau signalant qu’il s’agissait bien là d’une fiction. Trop tard? A cette heure, vous étiez nombreux à nous avoir joint pour nous faire part de votre mécontentement. Ainsi, René n’a d’autre mot que “c’est crapuleux, scandaleux! Cela va provoquer une réaction du côté flamand!” Eric, lui, était prêt à se rendre à la RTBF qui, avec son émission-canular a fait pleurer la maman, bouleversée, du jeune homme. Jean-Louis, lui, a juré que c’était la dernière fois qu’il regardait la RTBF. “D’ailleurs, je coupe cette émission tout de suite”, a-t-il dit.La délivrance est arrivée, pour ceux qui en doutaient encore, vers 22 h 05, quand François De Brigode a clairement dit qu’il s’agissait d’une fiction et que la question méritait d’être posée. Oui, elle le méritait. La RTBF avait-elle prévu un tel chambardement chez ses téléspectateurs? Orson Welles avait déjà fait le coup, en 1938, dans une émission radio durant laquelle il avait fait croire aux Américains que les martiens débarquaient chez eux. N’est pas Orson Welles qui veut...
Charlotte Vanbever

Irresponsable et inacceptable!
BRUXELLES Un scandale total ! Les partis sont unanimes devant cette piètre émission de la RTBF. Le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. "Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes" . Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles ".
Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction. La chef de groupe du MR à la Communauté française, Françoise Bertiaux, et du président de la Commission audiovisuel de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet. "Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse . Cela démontre que les inquiétudes du MR étaient légitimes quant au manque de contrôle du Parlement sur le contrat de gestion de la RTBF." Dès jeudi matin, le MR annonce qu'il demandera des comptes à la ministre Fadila Laanan en commission audiovisuel. "Pour le MR, la ministre portera toutes les conséquences politiques de cette émission".
Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays. Il condamne ce type d'émission au goût plus que douteux. "À un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et qui plus est, en mettant en cause la monarchie. En agissant de la sorte, les responsables de cette émission abusent de la confiance que le citoyen accorde à la RTBF. Les canulars de ce genre n'ont pas de place dans notre pays."
Chez Ecolo, Jean-Michel Javaux trouve que le service public ferait mieux de réaliser une émission sur le réchauffement climatique.
© La Dernière Heure 2006


''Nous n'avons eu l'autorisation de diffusion que lundi'' (16/12/2006)
Lire aussi
Après le faux JT, un livre


Des réflexions plus personnelles aussi dans son livre
BRUXELLES "Ce livre, c'est aussi le récit de choses apprises dans l'enquête. J'englobe un peu le making-of de l'émission", dit Philippe Dutilleul, journaliste de son état. Et à voir son CV, on ne peut pas trop s'étonner de la polémique qu'il a créée, malgré lui (?). Striptease, Tout ça (ne nous rendra pas le Congo), autant de magazines télé qui ont, à un moment ou à un autre, interpellé.
Un coup de pub, ce livre ? Philippe Dutilleul s'en défend. "Ce n'est pas une opération commerciale. Que les gens qui donnent des conseils s'en prennent à eux-mêmes d'abord ! Quand je lis le communiqué de l'AJP, je suis scandalisé. J'étais conscient des problèmes que ça poserait. Je suis content d'avoir ouvert le débat."
Mais Dutilleul l'avoue aussi : "Je suis le premier surpris par les réactions. Mais il faut le dire : il n'y a qu'à la RTBF qu'on permet de faire ce genre de choses, dans un service public". Et de préciser : "Nous avons visionné l'émission lundi (le 11, deux jours avant sa diffusion sur La Une, NdlR) et c'est seulement lundi qu'on a eu l'autorisation de passer l'émission à l'antenne".
"On avait de toute façon décidé qu'elle serait diffusée entre les élections communales et fédérales, afin de mettre le débat sur la table. Et, c'était une volonté de ma part, je souhaitais que le livre sorte en même temps que le film."
Mais pourquoi, justement, sortir un livre ? "Parce qu'un journaliste est frustré dans un film. Il ne peut pas tout mettre. L'écrit est donc un prolongement. Dans l'enquête mais aussi dans une réflexion plus personnelle. Je donne certaines considérations. Et je dois dire que, durant tout le temps du reportage, je n'ai jamais ressenti aucune hostilité de la part des Flamands."
"Oui, j'ai eu plein de contacts avec le mouvement nationaliste, mais je ne comprendrais pas que, dans un film sur le séparatisme, il n'y ait pas de séparatistes."
Ch. V.
© La Dernière Heure 2006

16 décembre 2006

Le docu-fiction, la suite

MAJ 18/12/06

En priorité: la pétition : http://www.petitiononline.com/mod_perl/signed.cgi?rtbf1312&1
Il faut sauver l’ indépendance de l'information RTBFiène de la tentative de hold-up par nos politiciens.

Attention François, générique ! C'est parti !!

Ceci n'est pas une fiction !


''Une caricature'', qui a suscité de vifs reproches (15/12/2006)
Lire aussi
Lendemain de panique Le public n'a pas sanctionné la RTBF

Les personnalités politiques flamandes ont réagi de manière globalement négative à l'émission-fiction diffusée mercredi soir par la RTBF.
Ainsi, selon le ministre-président flamand, Yves Leterme (CD & V), ce programme constitue "une caricature d'un certain nombre d'exigences flamandes". M. Leterme y voit un jeu politique qui rend impossible "un bon débat" sur l'avenir de la Belgique." C'est une manière très douteuse de soi-disant susciter le débat. Il s'agit seulement d'une recherche de sensationnalisme. J'y vois aussi une intention politique cachée", a-t-il déclaré. "Ces méthodes sont indignes dans une société démocratique qui fonctionne bien."
Selon le porte-parole du ministre flamand des Médias Geert Bourgeois (N-VA), deux problèmes peuvent être soulevés après la diffusion cette émission : celui de la crédibilité de la RTBF, d'une part, et de l'objectivité du service public, d'autre part. "Et il va de soi que cela touche les autres médias, pas seulement dans la partie francophone du pays", a indiqué Ben Weyts. "Ce n'est pas le 1er avril." Une question d'objectivité se pose également puisqu'un "message politique est de facto apporté". Ainsi, "on crée ici un climat où les exigences légitimes de la Flandre concernant la réforme de l'État sont dépeintes comme menant à l'apocalypse. On crée une atmosphère d'intimidation et de mobilisation" qui se rapporte à une "stratégie politique perfide". Et "que se passerait-il si la VRT diffusait un reportage fictif où l'indépendance flamande serait présentée comme un bienfait ? Je pense que les francophones crieraient au scandale".
La question a été évoquée, hier, au Parlement par Paul Tant et Pieter De Crem (CD & V). Ceux-ci sont d'avis que la participation à l'émission du président de la Chambre, Herman De Croo, avait porté atteinte aux capacités de fonctionnement de l'institution. Le président de la Chambre a expliqué qu'il avait été interrogé deux mois avant l'émission sans savoir que sa réponse serait utilisée dans ce docu-fiction.
Enfin, seuls les partis extrémistes flamands ont applaudi ce qu'ils considèrent, en substance, comme le scénario le plus réaliste de l'avenir de la Belgique.
J. M.
© La Dernière Heure 2006



Un psychodramme télévisé de 48 heures
samedi 16 décembre 2006, 14:39
Mercredi, 21 h 50. L'émission brûlot n'a pas encore pris fin et déjà tous les membres du Conseil d'administration de la chaîne publique sont en ordre de bataille. La plupart des administrateurs PS font bourdonner leurs GSM. Et tombent d'accord : il ne faudra pas compter sur eux pour dégommer Jean-Paul Philippot si d'aventure la direction du Parti socialiste réclamait la tête de l'administrateur général.
Jeudi. Côté MR et CDH, on attend que l'administrateur général soit venu s'expliquer devant le conseil avant de prendre officiellement position. « Personne ne croit un seul instant que Philippot va démissionner, lance un administrateur. Mais certains verraient bien Yves Thiran jouer le rôle du fusible ». A midi, Jean-Paul Philippot rencontre sa ministre de tutelle, Fadila Laanan (PS).

Vendredi matin. Les deux commissaires du gouvernement mettent une dernière touche à leur rapport ultraconfidentiel. Un chauffeur le dépose au cabinet de Fadila Laanan à midi pile. Sa tonalité ? Mystère et boule de gomme.
Vendredi midi. Une réunion de crise à lieu au boulevard de l'Empereur en présence... de Jean-Paul Philippot mais aussi d'un administrateur, André Mordant. La vindicte socialiste sur l'émission de mercredi s'est sérieusement adoucie car sur le web, notamment, le vent a tourné. Promis, le conseil d'administration ne décapitera personne.
Vendredi, 14 h 30. Au boulevard Reyers. C'est le début d'un conseil d'administration hypertendu. « La pesanteur de l'atmosphère était palpable », confie un administrateur. « Un malaise intense et omniprésent », lâche un autre. Durant cinq heures, on va s'empoigner sur la notion de faute, sur les règles de déontologie. Les « présumés coupables » viennent s'expliquer en bloc : il y a Alain Gerlache, directeur de la télévision, Yves Thiran (info et éthique), Benoît Moulin (rédacteur en chef du JT), Pierre Marlet (éditeur de Questions à la Une), le journaliste Philippe Dutilleul et, bien sûr, François De Brigode. Durant les cinq heures, les deux commissaires du gouvernement ne pipent mot.
Vendredi soir. Un projet de communiqué est laborieusement établi. Mais le MR renâcle. Pas question de passer l'éponge à n'importe quel prix. Lors du vote, trois de leurs administrateurs rejettent le texte (Marc Weber, Clarisse Albert et Daniel Soudant). Un autre MR, Pol Jacquemart, s'abstient. Le reste du conseil approuve le texte.

Audace, oui crédibilité, oui esprit critique, oui

DELVAUX,BEATRICE
vendredi 15 décembre 2006, 09:34
L'édito de Béatrice Delvaux, rédactrice en chef.
F aut-il que l'information se transforme en fiction pour toucher le lecteur-téléspectacteur et passer la barre de l'indifférence et de la banalisation ? Non, évidemment. Se résoudre à cette équation serait suicidaire pour notre profession.
Mais faut-il pour autant fermer les yeux sur une réalité qui frappe tous les médias qui ont fait de l'information, et non de la distraction, leur métier : comment capter et conserver l'intérêt des lecteurs sur des sujets ardus, répétitifs et pourtant capitaux ? Faire la une sur les enjeux communautaires, le développement durable ou le Darfour devrait être la priorité mais, souvent, ces sujets lassent les lecteurs-téléspectateurs : trop compliqués, trop ennuyeux, trop tristes.

Pour les journalistes qui n'ont pas renoncé à traiter ces sujets qui comptent, il est devenu impératif d'explorer des voies nouvelles pour capter l'attention. C'est à ce titre que le JT-fiction de la RTBF, ovni médiatique, mérite une mention spéciale. L'audace, la créativité et le travail qui ont accompagné cette idée, sur un sujet majeur pour les prochains mois, démontrent la non-sclérose d'une profession.
Deux limites cependant doivent encadrer le chemin de l'audace journalistique. Une limite interne : les responsables de rédaction se doivent de préserver la crédibilité de leur titre et de leurs journalistes, fondement de leur existence. Le fait d'avoir mis en scène le JT, cathédrale de l'info, et d'avoir trop longtemps maintenu l'illusion de la fiction, nuit ici clairement à l'exercice.
Et si le débat sur la déontologie de la RTBF prend le pas sur l'objectif premier visé par ce JT-fiction - la conscientisation sur l'avenir de la Belgique -, la RTBF devra conclure à l'échec de son idée.
Limite externe ? Chers lecteurs-téléspectateurs, non l'information ne va pas uniquement de pair avec consommation, émotion et réaction. Elle rime aussi avec raison. Et esprit critique.
Recouper l'information, multiplier les sources ne sont pas des exercices réservés aux seuls journalistes. C'est même une manière extrêmement riche de mener son chemin dans la société. Et de stimuler l'information à être meilleure, en se montrant insatiable et exigeant à son égard.

Un mea-culpa, mais pas de sanctions
samedi 16 décembre 2006, 11:22
Après avoir entendu son administrateur général Jean-Paul Philippot et les responsables du "faux JT" sur le séparatisme, le Conseil d'administration de la RTBF n'a pas pris de sanctions. Il a toutefois décidé la mise en place de nouvelles structures de contrôle interne.

e Conseil d'administration de la RTBF a reconnu des erreurs importantes à l'occasion de la diffusion mercredi soir du vrai-faux journal annonçant l'indépendance de la Flandre, mais a confirmé sa confiance dans l'équipe dirigeante.
Dès le début de l'émission, une signalétique plus claire aurait dû avertir le téléspectateur qu'il s'agissait d'une fiction, ce qui a été insuffisamment et trop tardivement établi, regrette le CA de la RTBF dans un communiqué à l'issue d'une réunion extraordinaire vendredi soir. Présentant ses excuses aux téléspectateurs qui se sont sentis choqués et abusés, le conseil demande la mise sur pied rapide d'un comité de déontologie à la RTBF et une réglementation stricte sur la présence de journalistes dans ce genre d'émissions.
Le Conseil estime que l'objectif poursuivi de diffuser une émission d'information sur l'avenir de la Belgique et l'analyse d'un scénario de séparatisme était légitime. La volonté de provoquer la réflexion et le questionnement du téléspectateur sur une problématique importante de notre société répond à une mission caractéristique du service public, souligne le communiqué publié à l'issue de la réunion.
Rechercher la manière de sensibiliser la plus grande partie de nos concitoyens à un débat aussi essentiel que l'avenir de notre pays, est un devoir pour une télévision de service public comme la RTBF, ajoute le Conseil, réafirmant son attachement à une information interpellante, dérangeante, objective, impartiale et audacieuse.
Interrompant mercredi soir ses programmes à une heure de grande écoute, la RTBF a annoncé que la Flandre avait fait sécession et que le roi avait pris la fuite en direction de Kinshasa, capitale de l'ex-Congo belge. Beaucoup de personnes se sont laissées prendre par le réalisme d'un programme multipliant les directs, les analyses et les reportages.
L'impact émotionnel a été énorme, les téléspectateurs inquiets alertant leurs proches par SMS et submergeant d'appels l'ensemble des médias. Si la classe politique a unanimement condamné ce procédé, les sondages ont montré que les Belges étaient plus partagés. Cependant, le conseil d'administration juge légitime l'objectif poursuivi, à savoir un débat sur l'avenir de la Belgique et tient à confirmer sa confiance aux journalistes, hiérarchie et équipe dirigeante, pour tirer les leçons de la soirée de mercredi.
Ce texte n'a pas été approuvé par les membres du parti libéral francophone (MR), qui réclamaient des sanctions fortes contre l'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot. Le conseil d'administration de la RTBF est composé des représentants des partis politiques francophones, proportionnellement à leur poids au parlement.
Le long communiqué du Conseil d'administration note encore que la responsabilité et la crédibilité de la RTBF sont maintenant clairement engagées: il importe aujourd'hui que les équipes de l'information fassent le meilleur usage de l'attention et de l'émotion qu'elles ont suscitées auprès de leur public.
Le véritable défi que la RTBF s'est lancé, au-delà de l'expérience délicate de mercredi soir, est d'utiliser tout son savoir-faire pédagogique pour éclairer les grands enjeux, bien réels ceux-là, des débats institutionnels des prochains mois. Et ce avec le souci de favoriser le dialogue et la compréhension entre les différentes communautés du pays. C'est par ce biais, principalement, qu'elle fera la démonstration des qualités uniques de l'ensemble des ses journalistes et de la spécificité du service public, conclut le communiqué.
(avec Belga et AFP)

L'article du Standaard: Nous en avons marre
samedi 16 décembre 2006, 09:31
Vendredi, le Standaard publiait un texte de son rédacteur en chef, Peter Vandermeersch. En voici l'essentiel.
Le 10 novembre 1929, notre journal publiait à la une un article pleine page intitulé ,,Aux catholiques wallons''. Toute la page était rédigée en français. C'était en réaction aux ,,fausses représentations qui étaient débitées par les fransquillons aux Wallons'' par une ,,presse fransquillonne... aux forces unies dans une effervescence disproportionnée''.
Près de quatre-vingts ans plus tard il est temps de dire tout haut : "we zijn het beu", nous en avons marre. Nous en avons marre en Flandre du fait que la presse francophone ne fasse pas son travail comme elle le devrait. Et sans se donner la peine de présenter un portrait nuancé de ce qui se vit en Flandre. L',,édition spéciale'' de la chaîne de télévision publique RTBF et les réactions qu'il a suscitées, hier, dans quelques journaux francophones, en disent long à cet égard.


Pour commencer, ce coup de pub déplacé peut s'avérer mortel pour la crédibilité des médias. On ne parle pas d'un groupe d'étudiants de première année en communication qui chercheraient à démontrer la puissance des médias. Il s'agit de la télévision publique, qui a soigneusement préparé l'émission après l'avoir planifiée depuis deux ans. (...)
Mais le plus enrageant dans toute cette affaire est le grand retour des clichés. La Flandre, chers compatriotes francophones, est donc peuplée de porte-drapeaux qui hurlent des cris sauvages. La Flandre possède un parlement super-puissant où les francophones ne peuvent même pas entrer. La Flandre sort à coups de pieds les braves usagers de leur tram lorsque celui-ci atteint les riches abords de la flamande Tervuren. La Flandre est contente de soi et égoïste. (...)
Cette caricature a eu hier quelques suites dans une partie de la presse francophone. Pour La Libre Belgique, ce genre d'émission a le mérite de ,,porter le débat sur la place publique". Mais pas un mot sur l'approche unilatérale et mesquine du ,,débat'' en question.
,,On vous explique ce qui pourrait se passer'', affirme très sérieusement un éminent commentaire en page 3 du journal Le Soir. ,,Le fantasme flamand'' est aussitôt bombardé scénario crédible, y compris les trams retenus à la frontière. Et le quotidien bruxellois de poursuivre sur l'élan de la RTBF en assénant la vision des hôpitaux francophones grevés de dettes, des médecins quittant le pays et bientôt du ,,Sud qui bascule dans la précarité''. Et tout ça à cause des flamands. (..)
Et maintenant ? La télévision publique et les médias francophones comptent-ils persévérer dans leur sotte vérité caricaturale pleine de porte-drapeaux ? Ou alors sont-ils prêts à mettre en place le personnel et les moyens nécessaires à un journalisme en profondeur ? Si c'est le cas ils découvriront sans aucun doute une autre Flandre, bien plus nuancée. Qu'un débat sérieux puisse commencer. Pas sur,,les obsédés de l'indépendance'' mais sur l'organisation compétente et efficace d'un état belge fédéral. Pas sur la fermeture des vannes financières mais sur une solidarité transparente. Si l'édition spéciale de mercredi soir insuffle cet esprit dans la conscience des rédacteurs en chef des médias francophones, alors ce coup de pub aura peut-être eu un effet positif.
Traduction Daniel Berkenbaum

débriefing
Les journalistes se divisent, la ministre écoute



Réunion de la SDJ de la RTBF, réunion des députés francophones, entrevue entre Laanan et Philippot. Ambiance !
On s'est beaucoup parlé, interpellé, écouté, parfois même querellé, tout au long de la journée de jeudi. Autour d'une seule et même question : la RTBF a-t-elle dérapé, mercredi, à l'occasion de la diffusion de son "émission spéciale" sur le pseudo-éclatement de la Belgique ?
Le sujet a notamment mobilisé la Société des journalistes (SDJ) de la RTBF. Sur le coup de 13 heures, une cinquantaine d'entre eux était réunie à Reyers. Certains, l'esprit échaudé, avaient préalablement lancé des appels rageurs envers Yves Thiran, directeur de l'information et de l'éthique. Au terme de plus d'une heure de débat, la SDJ est sortie divisée. Certes, sur le fond, l'unanimité s'est faite sur la nécessité de pouvoir informer "autrement". Sur la forme, en revanche, deux clans se sont affrontés. D'une part, ceux qui jugent que le jeu en valait la chandelle. D'autre part, ceux qui estiment que la RTBF a joué avec des allumettes... Un point d'accord, tout de même : l'exigence d'un débat rapide avec la direction de l'information.
Le sujet était aussi au centre des discussions au Parlement de la Communauté française, jeudi matin, l'ordre du jour de la Commission Culture ayant été modifié à la demande de son président Pierre-Yves Jeholet (MR). Un docu-fiction "irresponsable", a jugé le député libéral, "qui porte atteinte aux institutions, au Roi, aux francophones en général, au gouvernement et au Parlement de la Communauté française en particulier".
La ministre Laanan (PS) n'aura donc pas été interpellée en séance, hier matin. Elle a demandé dès hier un rapport circonstancié aux deux commissaires du gouvernement, Henri Ingberg et Jean Leblon, qui siègent au conseil d'administration de la chaîne publique; elle a aussi saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour entamer une procédure d'instruction; enfin, à 13 heures, Fadila Laanan s'est entretenue durant plus d'une heure avec Jean-Paul Philippot.
Après cette rencontre, à laquelle participait Yves Thiran, la ministre socialiste a répété qu'il était trop tôt pour parler de sanction (d'autant que s'il devait y en avoir, elle serait du ressort du conseil d'administration) mais que, "sur base de pièces utiles", elle "prendra ses responsabilités". "Le choix d'une émission de fiction a été fait par l'ensemble des responsables de l'information, de la télévision, et des rédactions, dans le respect de la procédure interne de la RTBF : il n'était donc pas improvisé et je l'assume", a pour sa part déclaré M.Philippot.
et P.-F.L. © La Libre Belgique 2006


Après l'émission de sécession-fiction belge...
Publié le 15/12 à 17:54
Jacques Chirac s'est exprimé vendredi sur l'émission de la RTBF annonçant la sécession de la Flandre

De nombreux Belges ont vraiment cru à une sécession de la Flandre.
Mercredi à 20h15, heure de grande audience, la chaîne publique a abordé de la plus fracassante des manières l'un des sujets les plus brûlants du pays, provoquant un immense émoi dans la population et l'indignation de la classe politique belge.Vendredi, Jacques Chirac a qualifié le coup d'éclat de la RTBF de "canular de mauvais goût".
Interrogé sur cette émission lors d'une conférence de presse à la fin du sommet de l'Union européenne à Bruxelles, le Président français a juste répondu: "Je n'ai aucun commentaire à faire sur un canular de mauvais goût."Si le directeur de la chaîne RTBF Alain Gerlache s'est justifié en expliquant avoir amené sur la place publique un débat important, beaucoup de politiques ont condamné une attitude jugée irresponsable.
Au sommaire
Une émission spéciale Des réactions outrées dans la classe politique

Une émission spéciale
Par souci de réalisme, la RTBF a fait mine d'interrompre un programme en cours pour diffuser une émission spéciale annonçant: "La Flandre a proclamé son indépendance!", ou encore "la Belgique n'existe plus!" L'émission a duré près de deux heures.Un seul élément, quelque peu ambigu, permettait au téléspectateur vigilant de comprendre qu'il s'agissait d'un canular, la diffusion, avant l'émission et l'espace de quelques secondes d'un message indiquant: "Ceci n'est peut-être pas une fiction...", par référence au tableau du peintre belge Magritte représentant une pipe, mais intitulé : Ceci n'est pas une pipe.Le réalisme allait très loin, plusieurs politiques s'étant prêtés au jeu, donnant de fausses interviews sur le sujet d'une partition belge irréelle. A la fin de l'émission, la RTBF a appelé les téléspectateurs à lui envoyer un SMS indiquant s'ils avaient été abusés ou non par la fiction, 6% ont déclaré y avoir cru jusqu'au bout, 89% y avoir cru au début, et 5% seulement ne pas y avoir cru du tout. A en croire la présidente du Sénat belge, certains ambassadeurs à Bruxelles eux-mêmes ont été abusés et ont envoyé des messages dans leur capitale...Le nombre de crédules aurait pu être plus nombreux encore si la ministre de l'Audivisuel de la Communauté francophone, Fadila Laanan, n'avait demandé l'affichage d'une mention "ceci est une fiction", et n'avait été exaucée.


Des réactions outrées dans la classe politique
L'intervention de la ministre, assortie de ce commentaire: "Je trouve honteux l'utilisation d'un tel procédé qui a plongé les citoyens dans une telle crainte", est un bon exemple de l'indignation qu'a exprimée un grand nombre d'hommes et de femmes politiques belges.Elio di Rupo, membre du parti socialiste belge, a condamné une émission "au goût douteux", ajoutant encore : "des canulars de ce type n'ont pas de place dans ce pays." Lui a fait écho la réaction du ministre de la Défense, André Flahaut, membre du PS, qui, s'exprimant à titre personnel, a déclaré: "On ne joue pas avec les institutions."Le Mouvement Réformateur (MR) a réagi dans le même sens que le PS, se disant "consterné et indigné", les Libéraux demandent des comptes à la ministre de l'Audiovisuel de la communauté francophone.Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt lui-même s'est indigné, qualifiant l'émission de "très mauvais Orson Welles", en référence au feuilleton américain La Guerre des mondes, qui avait fait croire à des milliers d'Américains que les extra-terrestres débarquaient aux Etats-Unis.Côté flamand, les condamnations sont moins unanimes: Filip Dewinter, chef du groupe Vlaams Belang au Parlement flamand, qui milite pour une sécession flamande, était ravi de l'émission, qui permet, selon lui de "parler librement de l'indépendance de la Flandre et de la Wallonie". Yves Leterme, vice-président flamand a quant à lui évoqué une blague de mauvais goût.Pour se justifier, le directeur de la chaîne, Alain Gerlache a avancé que l'émission avait permis que le débat sur une scission belge "soit réapproprié par la population". Il a encore expliqué que ce programme était dans la tradition la plus pure de la RTBF: "Dans les années 60, on disait que l'on faisait de l'information dérangeante à la RTBF, eh bien, nous sommes fidèles à nous-mêmes."


Lettre ouverte au Roi
Le 15 décembre 2006
Sire,
Voici dix ans, notre collège a décidé de créer dans les deux classes supérieures un cours de citoyenneté. Je dois Vous avouer que la tâche n'est pas toujours facile d'intéresser les jeunes de 17 ans à la politique. Quoi qu'il en soit, nous avons toujours tenu bon. Nous complétons ces cours par des invitations d'hommes politiques, de magistrats, de chefs d'entreprises,...
Ces derniers temps, les divers scandales politiques ont encore compliqué notre mission, allant jusqu'à semer le doute non seulement chez les jeunes mais en moi-même également... « A quoi bon... ? »
Un des grands reproches des élèves à ce que je résumerai par « la politique » est son caractère parfois ésotérique et confidentiel. Tous ces grands débats sont, pour eux, réservés à un groupe fermé constitué d'hommes politiques et d'intellectuels : la politique, ils la voient au travers de débats souvent stériles, pour ne pas dire ridicules, présentés le dimanche midi. Nous n'avons pas les guignols de l'info mais chez nous, la réalité dépasse souvent la fiction.
Nos jeunes pensent souvent à leur « petit » présent égoïste, à leurs difficultés familiales, à leurs sorties mais - je Vous l'assure - ils rêvent aussi à un avenir meilleur, à un idéal aussi élevé que leurs parents ou grands-parents. Et de quoi leur parle-t-on ? De l'arrondissement BHV, des facilités dans telle ou telle commune, d'une circulaire Peeters. Et lorsqu'on évoque ces problèmes ou d'autres, c'est souvent dans un langage compliqué et dans des discussions techniques. MAIS « ils devraient s'intéresser à la politique ».
Dans les cours, on leur parle de tolérance, d'humanisme, de fraternité. Spontanément, ils rêvent de rencontres, de découverte de l'autre. Pour eux, du moins la majorité, ce que certains s'obstinent à appeler les « querelles communautaires » sont des inventions de cénacles qui en ont fait leur fonds de commerce.
Ce mercredi 13 décembre, une émission de la RTBF a sorti la population de sa léthargie. Oui, la Belgique « a vécu ». Soudain, des dizaines de milliers de gens se sont sentis concernés par la Politique. Très tard, pendant l'émission, j'ai reçu des mails de mes élèves pour me demander ce que j'en pensais. Ce matin, malgré l'examen de math, la plupart des élèves commentaient l'événement, non seulement sa forme mais aussi son contenu... Un cours improvisé se créait dans le hall...
Les journalistes de la RTBF ont réussi à ce que des citoyens ordinaires, dont des jeunes, se réapproprient la Politique. L'émotion a bien sûr joué mais que serait la vie sans l'émotion ?
Un autre « docu-fiction » a été réalisé en 1993. Votre Majesté voudra bien m'excuser pour mon audace, particulièrement pour un événement qui La touche intimement. Le 31 juillet, l'impensable était arrivé : le Roi était décédé. Des centaines de milliers de Belges - j'en étais - se sont précipités pour rendre un dernier hommage au Souverain mais aussi, à travers lui, à la Belgique. Durant les quelques années précédentes, « on » avait tenté de décrédibiliser la Belgique et également son soutien : la Monarchie (affaire de l'avortement). Ce 31 juillet, les citoyens se réappropriaient la Politique, en affirmant leur soutien à l'Essentiel : « Vivre ensemble malgré les difficultés. »
Au lendemain de l'émission de la RTBF, la majorité des hommes et femmes politiques condamnent les journalistes et déclarent que la Politique n'est pas une comédie - certains s'y connaissent évidemment bien en la matière - tout en admettant que le sujet est important. Ils me semblent réagir comme des enfants à qui on vient de prendre leur jouet. « Portons l'attention sur la forme plutôt que sur le fond. » Peut-être parviendra-t-on une fois de plus à noyer le poisson... Et dire que mes élèves qui suivent majoritairement un cours de théâtre pensent que la politique belge n'est qu'une comédie !
Sire, en m'adressant à Vous, par cette lettre ouverte, j'espère toucher tous les responsables politiques de ce pays. Depuis des années, nous entendons régulièrement « cette fois nous avons entendu le signal des citoyens » ou « les électeurs ont parlé : entendu cinq sur cinq »... Ce fut aux premiers progrès de l'extrême droite, puis aux multiples suivants, ce fut lors du drame des enfants assassinés, ce fut lors des scandales de Charleroi, ce fut....
Et à quel titre j'ose le faire ? Celui d'un simple citoyen, qui a pour mission d'en former d'autres, qui depuis quelque temps s'interrogeait sur l'opportunité de celle-ci mais qui depuis hier a pris la résolution de se réapproprier la Politique et d'inciter ses élèves à l'imiter.
Dans l'espoir que Votre Majesté accueillera avec intérêt cette lettre ouverte, je La prie de croire en mon profond respect.
Philippe Van Malder
Professeur au Collège Pie X Châtelineau

Lettre à nos amis flamands
DELVAUX,BEATRICE
samedi 16 décembre 2006, 09:42
Beste vrienden, Vous vous insurgez à grands cris contre l'image caricaturale qu'a donnée de la Flandre la fiction de la RTBF sur la mort de la Belgique. Vous nous accusez même d'être tous complices, nous les journalistes francophones.
Caricaturale, l'émission ? Elle l'était. C'est le genre imposé d'une telle fiction. Si la scission devait devenir un jour réalité, sachez qu'elle aurait aussi, dans la vie des gens, un impact caricatural. Mais de là à prétendre que les francophones vous ignorent, vous caricaturent systématiquement, non ! C'est faux et c'est injurieux à notre égard. Non, nous ne vous dépeignons pas qu'à coups de clichés. Oui, nous dirigeons nos enquêtes, nos reportages, nos analyses vers ce qu'on vit et ce qu'on dit en Flandre.
Interrogez-vous. Pourquoi pensez-vous que l'immense majorité des téléspectateurs y a cru, à l'indépendance de la Flandre, à la mort de la Belgique ? Parce que quand vous dites « confédéralisme », les francophones comprennent « séparatisme ». Serions-nous moins intelligents ? Non. Au contraire, nous sommes, sans cesse, à votre écoute. Nous nous efforçons de décoder l'ambiguïté de certains discours. Quand votre ministre-président, Yves Leterme, dit que la Belgique n'a pas de valeur ajoutée, nous, francophones, en déduisons qu'il la rejette. Quand le cartel flamand CD&V/N-VA, première force politique de Flandre, annonce, pas plus tard que mardi, qu'il exige l'autonomie dans tous les domaines, des soins de santé à l'emploi, de la fiscalité à la SNCB, de la Justice à la police, nous comprenons, nous francophones, que vous ne voulez plus rien gérer avec nous. Quand vous parlez de confédéralisme, nous y voyons une coquille vide. Quand vous dites aspirer à un Etat plus efficace, nous craignons que vous souhaitiez surtout réduire les transferts de la solidarité. Nous ne sommes pas naïfs.

« Nous en avons marre », écrivait vendredi le rédacteur en chef du Standaard (lire page 2).
Cher Peter Vandermeersch, sachez que nous aussi, nous en avons parfois marre de vos clichés. Marre d'être décrits comme des paresseux, des chômeurs qui refusent de travailler. Marre d'être dépeints comme des assistés, qui se plairaient à vivre aux crochets des Flamands travailleurs. Marre d'entendre dire que nous sommes intellectuellement incapables d'apprendre le néerlandais.
La caricature ne fait pas progresser le débat. Elle le tue. Le Soir a depuis longtemps investi temps et espace dans l'enquête et la rencontre avec la Flandre. Ne citons que les exemples récents : Bénédicte Vaes a séjourné dans la rédaction de la Gazet van Antwerpen avant les élections communales, nous avons échangé avec De Morgen nos pages opinion et nos critiques théâtrales, publié un éditorial commun en français à l'occasion du festival « Toernee general » et d'autres projets uniront en 2007, Morgen, KVS, Soir et Théâtre national. Nous consacrons chaque lundi une revue de presse aux journaux néerlandophones. Nous publions des sondages reprenant les résultats pour l'ensemble du pays là où celui du Standaard se contente de suivre la Flandre et ses Bekende Vlamingen.
Alors, cher Peter Vandermeersch, Le Soir vous fait cette proposition : nos deux journaux ont des liens proches, mais nos positions éditoriales divergent souvent sur les enjeux communautaires. Mettons dès lors nos esprits critiques et notre professionnalisme en commun au service d'une grande enquête sur la Belgique et ses régions, que nous publierons avant les élections. Le devenir de la Belgique mérite mieux que des humeurs, il impose la rigueur.
Vous êtes partant ?
"Une caricature des exigences flamandes", selon Leterme
Selon le ministre-président flamand, Yves Leterme (CD&V), l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a mis en scène, mercredi, l'indépendance de la Flandre, constitue "une caricature d'un certain nombre d'exigences flamandes".M. Leterme y voit un jeu politique qui rend impossible un bon débat sur l'avenir de la Belgique. "C'est une manière très douteuse de soi-disant susciter le débat. Il s'agit seulement d'une recherche de sensationnalisme et d'une caricature d'un certain nombre d'exigences flamandes. J'y vois aussi une intention politique cachée", a déclaré jeudi le ministre-président flamand sur les ondes de la radio publique flamande VRT. "Ces méthodes sont indignes dans une société démocratique qui fonctionne bien", a-t-il ajouté.

Di Rupo prône l'union des francophones

samedi 16 décembre 2006, 10:01
Di Rupo tire les leçons du reportage RTBF : le risque de la scission du pays, la prise de conscience francophone... Le président du PS vise au Nord le cartel CD&V/N-VA, et le Belang


Le président du PS tire les leçons du docu-fiction de la RTBF et convoque maintenant les francophones...
Mercredi soir, les politiques ont réagi durement à l'émission de la RTBF. Trop durement ?
Parce que le moment était grave. Une partie de la population, surtout les gens plus vulnérables, étaient en panique, et nous avions donc un double devoir : les rassurer, et défendre les institutions. A commencer par le Premier ministre.
« Défendre les institutions »... Quoi, elles étaient en danger ?
L'image que l'on en donnait à l'écran pouvait laisser penser à un danger soudain. Il nous fallait recréer de la « stabilité ».
Le rôle que l'on a fait jouer au Roi dans le scénario RTBF, en fuite, pitoyable donc, n'est-ce pas cela qui a poussé les politiques à réagir aussi vigoureusement ?
Pas impossible.
N'était-ce pas là, au fond, le problème, le vrai ?
Ce fut, en effet, un élément clé de l'émission. Présenter le Roi comme un déserteur, cela a dû créer une peur, une profonde incompréhension dans une très grande partie de la population.
Imaginons que, dans le docu-fiction, le Roi soit resté au pays pour s'adresser à la nation...
... Si le scénario de la scission devait se produire réellement, le Roi, certainement, se dresserait contre cet état de fait, s'adresserait à l'opinion publique, rassemblerait les corps constitués.
Ce qui aurait modifié la perception du reportage...
Vraisemblablement. Au moins, tout cela a montré à quel point nos concitoyens sont attachés à notre pays. En fait, il faut distinguer plusieurs choses. Quant à la forme de l'émission : utiliser des journalistes pour une fiction reste pour moi un gros sujet d'interrogation. Ajoutez, on l'a dit, le sort fait au Roi. Et la confusion entre réalité et fiction. Mais par-delà la forme, essayons de transformer cet événement en une opportunité. Pour les francophones, et pour la stabilité du pays.
L'émission met en scène un scénario catastrophe montrant à quel point l'on pourrait arriver si les thèses de certains responsables politiques flamands, notamment du CD&V/ N-VA (et je pense surtout à la N-VA) ou du Vlaams Belang, devaient triompher.
En cela, l'émission a permis une prise de conscience forte.
Les thèses du cartel CD&V/N-VA conduisent à la scission ?
Je suis formel : celles répétées après le remariage l'autre jour du CD&V et de la N-VA, exigeant la régionalisation de l'emploi et des soins de santé entre autres, ces thèses, oui, conduiraient, dans la durée, à la scission. Attention, ne mélangeons pas : ce n'est pas la Flandre, ce ne sont pas les Flamands, ce ne sont pas tous les partis flamands... C'est fondamental. Et je soutiens qu'il faut un dialogue des cultures avec la Flandre, du respect mutuel, participer à la négociation gouvernementale de 2007 en se respectant les uns les autres, en essayant de voir comment on peut avoir des avantages partagés... Mais la manière outrancière avec laquelle un Yves Leterme s'exprime vis-à-vis du PS, ça, je ne l'accepte pas.
Justement, il vous attaque dans le « Morgen » de vendredi : le PS caricature les positions flamandes, c'est lui qui déstabilise l'Etat, sa gestion de la Wallonie est une catastrophe...
Alors là !... J'affirme que le PS, qui a partagé le pouvoir tantôt avec le MR, tantôt avec le CDH, est vraisemblablement le parti qui a permis à la Wallonie de rester debout alors qu'elle a connu un cataclysme social, une hécatombe ! Si aujourd'hui, malgré les difficultés, il y a encore énormément de lieux où il fait bon vivre en Wallonie, un espoir qui renaît, les universités parmi les meilleures au monde, un potentiel culturel exceptionnel, un territoire parmi les plus beaux d'Europe, des villes rénovées comme rarement ailleurs... Tout cela, on le doit « aussi » aux socialistes !
Leterme déplore les « affaires » à répétition...
Mais quand il y a eu des « affaires » au Nord, nous n'avons pas dit que la Flandre était pourrie à cause du CVP de l'époque ! La tactique de Leterme est simple, et les francophones doivent faire bloc : il dit que l'ennemi est à l'extérieur pour faire valoir ses arguments auprès de son opinion publique. C'est tactique, politicien. En face, je plaide un militantisme d'union des francophones : défendre ensemble nos intérêts. J'en reviens à l'émission de la RTBF, à la prise de conscience...
Yves Leterme reste malgré tout un interlocuteur ?
Comme tout démocrate. Mais sa manière d'attaquer le PS montre bien que si nous étions affaiblis, alors, sa thèse, celle du confédéralisme, antichambre du séparatisme, aurait des chances d'aboutir.
Oui, mais : les poches de chômage en Wallonie, à Charleroi...
Arrêtez !... Je voudrais que dans la presse, on dise que la Wallonie, c'est autre chose que les « poches de chômage » ! C'est normal d'avoir écrit et montré tout ce qu'on a écrit et montré sur les « affaires » ; des gens doivent être jugés s'il le faut, et sanctionnés. Mais ce PS n'est pas le mien. Et la Wallonie c'est une terre de talents ! Bon sang !
Expliquez ça à Charles Michel...
Dans l'opposition en Wallonie, le MR croit que le seul moyen de revenir au pouvoir, c'est de détruire. La galaxie des Michel est marquée par la rancoeur, la rancune. Cela dit, même s'il y a eu des excès de langage de part et d'autre, je ressens plus de modération quand on discute avec M. Reynders qu'avec certains lieutenants.
L'union francophone...
J'ai lancé les invitations aux présidents du MR, du CDH et d'Ecolo. Nous nous rencontrerons la semaine prochaine. Je n'en dis pas plus. On ne dévoile pas ses plans à l'adversaire...
Ce secret renforce l'idée qu'il se passe quelque chose de grave... De fait : on veut nous conduire vers la division du pays. L'attitude de certains Flamands pourrait conduire le pays à la crise, à la scission, je vous l'ai dit. En face, notre attitude sera celle-ci : lorsque les néerlandophones viendront avec leur liste d'exigences, notre réponse sera proportionnée. Nous avons en réserve une série d'idées, comme l'extension de la Région bruxelloise, avec un lien territorial avec la Wallonie.
« Réponse proportionnée », cela signifie qu'on pourrait, par exemple, échanger l'emploi contre l'élargissement de Bruxelles ?
Allons ! Il y a des éléments fondamentaux et intangibles. Nous n'entrerons dans aucune négociation qui pourrait conduire à la destruction du pays, dans aucune discussion qui pourrait conduire à la déstructuration de la sécurité sociale.
Ils veulent tous scinder l'emploi : Leterme, Vande Lanotte...
Si l'idée est d'adapter les politiques à des réalités régionales, eh bien, faisons-le, mais dans le cadre fédéral. Sans régionaliser.
Les marchés du travail sont trop différents, disent-ils...
Une économie en restructuration et l'autre florissante, ce n'est pas tout à fait la même chose, en effet, mais ce n'est pas du tout une raison pour régionaliser. Quand on a une blessure à une jambe, on coupe la jambe ? On la soigne. Cherchons ensemble des solutions intelligentes pour chacun. Scinder la concertation sociale, scinder les conventions collectives, c'est totalement inacceptable. On n'en discute pas.
Alors, la marge de négociation est infime...
Non. La négociation à laquelle je pense est très vaste : que fait-on des nouveaux besoins sociaux, comment va-t-on financer la Sécu, quelles mesures prendre pour rendre notre pays plus compétitif, comme innover davantage, que fait-on contre le réchauffement climatique, comment réagit-on à la mondialisation, à l'essor de la Chine ?
Toutes ces choses concrètes, stratégiques pour nos sociétés, seront sur la table de la négociation gouvernementale en 2007. Voilà, pour moi, la négociation utile.
Il peut y avoir du répondant du côté flamand ?
Il le faut. Nos concitoyens ont montré leur attachement au pays. Alors, on s'y consacre, oui ou non ?
Aux fêtes de Wallonie, vous aviez lancé que les francophones pouvaient vivre ensemble, seuls, sans la Flandre.
Les francophones ne sont pas dans cet état d'esprit. Pas de fuite en avant. Aux fêtes de Wallonie, j'avais voulu tirer la sonnette d'alarme, montrer le danger que nous courons. Cela n'avait pas eu le même écho que l'émission de la RTBF, voilà. Maintenant, oui, il y a une prise de conscience.

La fiction continue, dit Reynders

Le président du MR Didier Reynders s'étonne, dans une réaction à l'Agence BELGA, de lire dans Le Soir que le président du PS Elio Di Rupo aurait convoqué les francophones pour évoquer l'avenir du pays après le faux JT de la RTBF mercredi.
Il s'agit-là du deuxième épisode de la fiction RTBF-Le Soir, on aura peut-être un coffret pour les fêtes, s'étonne Didier Reynders. Selon le président du MR, Elio Di Rupo lui a adressé le 29 novembre dernier, une invitation à se réunir le 20 décembre à 10 heures dans les locaux du Parlement de la Communauté française pour préparer une position francophone pour l'échéance institutionnelle de 2007.
Je n'ai pas à être convoqué mais je suis prêt à répondre à une invitation, dit-il. Je suis sidéré de lire comment Le Soir présente les choses. Je ne sais pas si c'est leur initiative ou celle d'un président de parti, souligne-t-il.

Didier Reynders réfute le scénario retenu par le quotidien vespéral selon lequel la réunion entre francophones se tiendrait à la suite du faux JT de la RTBF. Le président du MR a refusé samedi de s'exprimer sur la radio-télévision de service public. Je ne veux pas participer à cette tentative d'instrumentalisation, justifie-t-il.
Didier Reynders rappelle par ailleurs que le MR est demandeur, outre de la détermination d'une position francophone face aux revendications flamandes, de certaines exigences concernant l'organisation dans le sud du pays.
Il s'agit de demander une meilleure gouvernance, une meilleure gestion des budgets, mais aussi de tirer les leçons de ce qui s'est passé à la société wallonne du logement, à l'Agence Wallonne pour l'Intégration des Personnes Handicapées (AWIPH), ainsi que des événements récents à la RTBF, cela en vue de valoriser l'image francophone avant de rencontrer les Flamands, précise le président du MR.

Reynders veut des sanctions
La fiction diffusée mercredi soir par la RTBF, relative à une proclamation d'indépendance de la Flandre, continue à susciter la polémique. Le président du MR, Didier Reynders, ne se satisfait pas de la position prise par le Conseil d'administration de la RTBF.

Source:Info radio - 16 déc 2006 18:28

VIDEO• Elio Di Rupo réagit à l'émission de la RTBF • Pétition de soutient à la RTBF
ARTICLES• RTBF: erreur mais pas faute• Vifs débats autour de la RTBF• Le patron de la RTBF s'explique
Didier Reynders, interviewé dans la Libre Belgique ce samedi matin et qui refuse pour le moment de donner toute interview à la RTBF, n'est pas loin de voir dans tout cela la main du PS. En tout état de cause, il ne se satisfait pas de l'absolution offerte vendredi par le Conseil d'administration de la RTBF. Didier Reynders veut des sanctions fortes.

Le président des libéraux, comme d'ailleurs les administrateurs libéraux du Conseil d'administration de la RTBF, estime qu'il y a eu une faute lourde et pas seulement des erreurs d'appréciation. Didier Reynders veut donc des sanctions. Pour lui, «l'affaire ne s'arrêtera pas là». Il y a d'ailleurs encore le rapport des commissaires du gouvernement à attendre et les auditions la semaine prochaine au Parlement de la Communauté française.

Et puis, il relève les contradictions des autres partis, essentiellement le parti socialiste, dont le président, Elio Di Rupo, la ministre responsable, Fadila Laanan, et la ministre Onkelinx ont eu des mots très durs et scandalisés à l'égard de l'émission et qui, aujourd'hui, passent l'éponge en effectuant une curieuse courbe rentrante.

Et puis Didier Reynders, qui refuse toute interview à la RTBF, s'interroge sur le fait que, comme par hasard, le PS médiatise ce samedi matin dans le journal Le Soir une réunion des présidents de parti prévue de longue date dans le cadre de la préparation des futures négociations communautaires.

Bref, à quoi rime ce show, nous dit-il. Le PS devait être au courant des dessous de l'émission. Une émission dont les vertus citoyennes sont loin de le convaincre, comme d'ailleurs les administrateurs MR de la RTBF. Elle aura plus alimenté la caricature et les extrémismes, estiment-ils, en jouant essentiellement sur le registre de l'émotion.

La vraie victime de la fausse scission ?


Jean-Paul Philippot assume l'émission déjà historique de mercredi soir. Il risque d'en faire les frais. Injustement ?
Parallèlement, Philippe Dutilleul, réalisateur de l'émission-fiction en cause a présenté son ouvrage "Bye-Bye Belgium", comme une prolongation à l'émission.
A u fur et à mesure de la soirée de mercredi, ceux qui le connaissent bien ont vu, devant la proportion prise par les événements, Jean-Paul Philippot commencer à blêmir. Au point que certains ont imaginé la tête de l'administrateur général de la RTBF sur le billot.
Et notamment en entendant Laurette Onkelinx, vice-Première ministre PS, déclarer l'émission « inacceptable » - parce que la RTBF aurait rompu le cordon sanitaire réduisant l'extrême droite au silence sur les antennes du service public. Une attaque que rejette catégoriquement le patron de la RTBF : « Je m'insurge contre toute récupération des événements par l'extrême droite. Nous n'avons en rien enfreint les réglementations internes de la RTBF vis-à-vis de l'extrême droite. Le code de déontologie prévoit que l'extrême droite n'a pas voix au chapitre chez nous dans des émissions en direct, dans des débats par exemple, où elle peut être incontrôlable. La réaction de Filip Dewinter était enregistrée et donc encadrée comme l'étaient les paroles des représentants du Vlaams Belang ou du Front national dans les reportages de Jean-Claude Defossé. »



C'est ce type d'éclaircissements que souhaite avoir la ministre de l'Audiovisuel de la Communauté française, Fadila Laanan (PS), qui a convoqué, hier, Philippot et le directeur de l'information et de l'éthique de la RTBF, Yves Thiran. Réponses, écrites, attendues pour lundi. La ministre a par ailleurs demandé rapport à ses deux commissaires du gouvernement auprès du Conseil d'administration de la RTBF.
Suffisant pour calmer les esprits et faire retomber le soufflé ? Ou bien, dans le « contexte actuel », comme dit Verhofstadt, les tensions politiques pourraient-elles mener à des sanctions vis-à-vis de la hiérarchie de la RTBF, voire actionner l'un ou l'autre fusible, fût-ce Philippot, pour assouvir une soif du politique de punir cet acte « irresponsable » ? Trop tôt pour le dire.
Les discussions sur le contrat de gestion ont montré l'énorme enjeu politique que revêtait la RTBF, régulièrement présentée comme un suppôt du PS par le MR. Or, les choses ne sont pas si simples. Que l'administrateur général de la RTBF soit étiqueté PS est une évidence. Qu'il soit aux ordres du parti est loin d'en être une autre.
Quelles qu'aient été les « affaires » auxquelles l'info estampillée RTBF a été confrontée ces derniers mois (la diffusion du film « Vlaamse Choc » de Peter Boeckx, le MR Alain Destexhe s'estimant « censuré » dans un reportage de « Questions à la une » sur le plan Marshall, la révélation de plusieurs affaires carolos par la RTBF et le « Pétasses » lancé par Jean-Claude Van Cauwenberghe à des journalistes de la maison...), Jean-Paul Philippot a, comme le faisait son lointain et brillant prédécesseur Robert Wangermée, toujours défendu ses troupes face au pouvoir politique, à son CA et aux pressions qui pesaient sur ses épaules. L'ancien rédacteur en chef du JT, Pierre Delrock, disait qu'« une chose est de subir des pressions, une autre est de savoir ce qu'on en fait ». Philippot n'y a jamais donné suite. Comme le résume, Jean Libon, producteur de « Tout ça », « dès mercredi soir, j'ai vu certains ouvrir leur parapluie mais, moi qui ne suis jamais le dernier à critiquer la hiérarchie de cette maison, je peux dire que Philippot assume les événements d'une façon exemplaire ». Une « indiscipline » qui force le respect. Sauf à accréditer la thèse de partis politiques qui rêveraient peut-être d'un retour à un ministère de l'Information, prévenu du contenu des émissions et ayant un pouvoir de contrôle avant leur diffusion.

Le Prince Philippe a douté

D'après le journal télévisé de RTL-TVi, le Prince Philippe en mission économique en Bulgarie serait apparu "légèrement paniqué" mercredi soir. Selon plusieurs témoins, le Prince aurait vécu quelques minutes de doutes. Alors que le contexte est actuellement explosif pour la famille royale belge, l'émission de la RTBF affirmait en effet que le Roi avait fui à l'étranger. Quelques minutes d'incompréhension et de panique tranquille ont traversé la pièce réunissant ministres belges et bulgares ainsi que le Prince. Apprenant qu'il ne s'agissait que d'une fiction, les travaux ont repris, non sans un parfum d'angoisse surréaliste. "Ce n'est pas le rôle du Palais de commenter ou de condamner des programmes TV ou des initiatives de presse. Nous constatons simplement que ce programme avait les caractéristiques d'un canular de mauvais goût", a indiqué ce jeudi le porte-parole du Palais.Ce constat du Palais porte sur l'ensemble de l'émission et non pas uniquement sur la manière dont la famille royale a été mise en scène, a précisé le porte-parole, ajoutant également que le Palais n'avait pas "d'état d'âme particulier, ni sur le fond ni sur la forme de l'émission"