Kris Peeters demande de l'espace et du temps
Leterme exclut démission et remaniement
Le Premier ministre a refusé de démissionner dimanche, malgré les pressions des plus hauts responsables du CD&V qui voulaient préserver le cartel avec la N-VA. De même, il exclut tout remaniement. Crise politique majeure oblige, Yves Leterme n’ira pas à l’assemblée générale des Nations unies à New York ce mardi.
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Jambon : « Leterme a perdu sa crédibilité
« Notre but est la réforme de l’Etat, le cartel n’est qu’un moyen d’y parvenir », a déclaré mardi matin Jan Jambon, chef de file de la N-VA à la Chambre, sur les ondes de Bel-RTL, confirmant par ailleurs l’intention de radicalisation du petit parti nationaliste.
« Ce n’est pas dans notre nature de nous calmer, on veut arriver à nos fins et si une réforme de l’Etat devait se mettre en place sans nous, nous la soutiendrions depuis l’opposition. Mais nous n’y croyons absolument pas », a déclaré le député fédéral, ajoutant qu’Yves Leterme aurait dû démissionner de son poste de Premier ministre car il a perdu toute crédibilité.
Interrogé sur les applaudissements nourris des députés N-VA lundi suite aux propos de Filip De Winter, le chef du groupe du Vlaams Belang au parlement flamand, Jan Jambon n’y voit rien de significatif. « C’est un jeu parlementaire de soutenir ses partenaires de l’opposition mais cela n’augure d’aucun rapprochement. Si tout est fini avec le CD&V, nous irons seuls devant les électeurs ».
Jan Jambon précise enfin que si tout le monde pointe le parti du doigt, tout ne sera pas plus facile sans la N-VA. « Plusieurs projets discutés au niveau fédéral tels que les questions de régularisation n’ont pas été bloqués par nous, et dans les négociations communautaires, il n’y a pas une proposition que nous avons été les seuls à rejeter. Le CD&V et l’Open VLD s’y opposaient aussi. C’est un peu facile maintenant de dire que tout est de la faute de la N-VA », a ajouté le parlementaire qui ne voit qu’une très mince chance de maintenir le cartel avec le parti d’Yves Leterme. « Il faut voir comment certains ténors au sein du parti peuvent encore influencer la position du CD&V ».
(Belga)
Le Premier ministre Yves Leterme a annulé son voyage à New York, a annoncé son porte-parole mardi. Il devait se rendre à l’assemblée générale des Nations unies flanqué de Karel De Gucht et de Charles Michel. La Belgique est actuellement membre du Conseil de sécurité de l’ONU.
Mais le parti nationaliste flamand NVA, qui jusque-là formait un "cartel" avec les chrétiens-démocrates flamands d'Yves Leterme, lui ayant retiré dimanche son soutien, le Premier ministre a préféré rester en Belgique, a expliqué son porte-parole, Peter Poulussen.
M. Leterme "doit préparer la déclaration de politique générale du gouvernement qu'il va présenter au Parlement le 14 octobre", qui comprend des chapitres difficiles à boucler tels que le budget ou la politique d'asile, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre fédéral va aussi examiner la "nouvelle situation politique" créée par la défection de la NVA, mais il n'est "pas question" pour lui de démissionner ou de remanier son gouvernement, a souligné Peter Poulussen.
Les pressions du CD&V
Le Premier ministre a refusé de démissionner dimanche, malgré les pressions en ce sens des plus hauts responsables du CD&V qui voulaient préserver le cartel avec la N-VA, selon plusieurs médias mardi. Le vice-Premier Jo Vandeurzen, le ministre-président flamand Kris Peeters et la présidente du CD&V Marianne Thyssen ne voyaient dimanche après-midi qu’une solution à la crise : que le Premier ministre remette sa démission au roi.
« Ce scénario, ce sera sans moi ! Si je dois à nouveau démissionner, je suis politiquement mort. Et je préfère alors quitter le parti », leur a répondu Yves Leterme.
Le « G4 » du CD&V, les quatre plus hauts responsables du parti, ont alors tenté d’échafauder des solutions alternatives qui ont été présentées dimanche soir lors de la réunion du groupe de réflexion CD&V/N-VA. Parmi celles-ci, celle d’un gouvernement de transition avec maintien du cartel.
Ce gouvernement de transition aurait dû se charger des dossiers socio-économiques, en attendant les élections de juin 2009. Parallèlement, des négociations informelles sur la réforme de l’Etat étaient prévues en coulisses. Les résultats auraient été formalisés devant tous les parlements, y compris donc le Sénat et la Chambre, après les élections de 2009. Mais la N-VA a refusé.
Le CD&V a alors décidé de laisser tomber la N-VA et d’opter pour le dialogue communautaire sous la houlette de Kris Peeters.
Equilibre modifié au Parlement
A la Chambre des députés, le passage des six élus de la N-VA dans l'opposition a modifié l'équilibre au sein de la majorité, les libéraux des deux communautés linguistiques comptant désormais plus de sièges que les chrétiens-démocrates dont est issu M. Leterme. Autre paradoxe, 53 députés francophones soutiennent à présent le gouvernement d'un Premier ministre flamand, contre seulement 42 députés néerlandophones.
Cependant, "aucun partenaire de la majorité n'a demandé une réorganisation" du gouvernement, a insisté M. Poulussen.
A l'issue d'un week-end à rebondissements, le gouvernement flamand s'est prononcé lundi pour des négociations avec les francophones sur la réforme du système fédéral, se dissociant des nationalistes de la NVA.
Si cette décision a levé un des grands obstacles à ces discussions que les partis belges n'arrivaient pas à lancer depuis les élections de juin 2007, elle a dans le même temps fragilisé la position du Premier ministre, "père" du cartel avec la NVA.
Le ministre-président flamand est revenu sur ses commentaires concernant la délégation francophone en vue du dialogue communautaire.
Le ministre-président flamand Kris Peeters (CD&V) a souligné mardi, lors d'un cours à l'université de Gand, la nécessité de "créer de l'espace et du temps" pour en arriver à une grande réforme de l'Etat.
Kris Peeters était l'invité du professeur Carl Devos pour la leçon d'ouverture de la première année du baccalauréat en sciences politiques et sociales de l'université de Gand. Evoquant en fin de cours la réforme de l'Etat, il a dressé un parallèle avec les négociations avec les Pays-Bas sur l'approfondissement de l'Escaut, relevant notamment la nécessité de donner de l'espace et du temps aux négociations. "Les Néerlandais disaient aussi: ce n'est pas dans notre intérêt, donc pourquoi répondrions-nous à votre souhait ? Pourtant, en créant de l'espace et du temps, on constate que quatre traités de l'Escaut ont depuis été ratifiés", a-t-il indiqué.
Cette création d'espace et de temps pour le dialogue s'avère également nécessaire aujourd'hui pour parvenir à une grande réforme de l'Etat, a-t-il ajouté. "Si nous, Flamands, nous considérons comme des adultes, nous devons avoir le courage de dire que nous entamons le débat. Nous ne devons pas laisser cela à un autre (le niveau fédéral, ndlr) pour dégager une solution", a-t-il indiqué. Le ministre-président flamand est par ailleurs revenu sur ses commentaires concernant la délégation francophone en vue du dialogue communautaire, qu'il avait qualifiée d'équipe B.
"La partie wallonne du pays possède une autre culture; là, ce sont les présidents de partis politiques qui ont à dire ceci et cela. Mais qui suis-je pour leur dire qui ils doivent prendre dans leur équipe? ", a-t-il indiqué. Il s'est irrité de ceux qui jugent peu élevées les chances de réussite du dialogue communautaire, "avant même son commencement". "Quelle est l'alternative à des discussions entre gouvernements des entités fédérées ? (...) J'ai constaté chez les Francophones une volonté de négocier, et j'imagine que je serai jugé là-dessus si cela échoue", a-t-il dit.
Kris Peeters s'est en revanche montré peu disert sur l'avenir du cartel avec la N-VA, soulignant que ce dernier était encore aux affaires dans nombre de villes et communes.
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