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24 septembre 2008

Kris Peeters demande de l'espace et du temps

Leterme exclut démission et remaniement

Le Premier ministre a refusé de démissionner dimanche, malgré les pressions des plus hauts responsables du CD&V qui voulaient préserver le cartel avec la N-VA. De même, il exclut tout remaniement. Crise politique majeure oblige, Yves Leterme n’ira pas à l’assemblée générale des Nations unies à New York ce mardi.
Lire aussi l'édito de Beatrice Delvaux, du Standaard, du Laatste Nieuws, du Morgen.
Lire aussi "Un cartel moribond".

Jambon : « Leterme a perdu sa crédibilité
« Notre but est la réforme de l’Etat, le cartel n’est qu’un moyen d’y parvenir », a déclaré mardi matin Jan Jambon, chef de file de la N-VA à la Chambre, sur les ondes de Bel-RTL, confirmant par ailleurs l’intention de radicalisation du petit parti nationaliste.
« Ce n’est pas dans notre nature de nous calmer, on veut arriver à nos fins et si une réforme de l’Etat devait se mettre en place sans nous, nous la soutiendrions depuis l’opposition. Mais nous n’y croyons absolument pas », a déclaré le député fédéral, ajoutant qu’Yves Leterme aurait dû démissionner de son poste de Premier ministre car il a perdu toute crédibilité.
Interrogé sur les applaudissements nourris des députés N-VA lundi suite aux propos de Filip De Winter, le chef du groupe du Vlaams Belang au parlement flamand, Jan Jambon n’y voit rien de significatif. « C’est un jeu parlementaire de soutenir ses partenaires de l’opposition mais cela n’augure d’aucun rapprochement. Si tout est fini avec le CD&V, nous irons seuls devant les électeurs ».
Jan Jambon précise enfin que si tout le monde pointe le parti du doigt, tout ne sera pas plus facile sans la N-VA. « Plusieurs projets discutés au niveau fédéral tels que les questions de régularisation n’ont pas été bloqués par nous, et dans les négociations communautaires, il n’y a pas une proposition que nous avons été les seuls à rejeter. Le CD&V et l’Open VLD s’y opposaient aussi. C’est un peu facile maintenant de dire que tout est de la faute de la N-VA », a ajouté le parlementaire qui ne voit qu’une très mince chance de maintenir le cartel avec le parti d’Yves Leterme. « Il faut voir comment certains ténors au sein du parti peuvent encore influencer la position du CD&V ».
(Belga)
Le Premier ministre Yves Leterme a annulé son voyage à New York, a annoncé son porte-parole mardi. Il devait se rendre à l’assemblée générale des Nations unies flanqué de Karel De Gucht et de Charles Michel. La Belgique est actuellement membre du Conseil de sécurité de l’ONU.
Mais le parti nationaliste flamand NVA, qui jusque-là formait un "cartel" avec les chrétiens-démocrates flamands d'Yves Leterme, lui ayant retiré dimanche son soutien, le Premier ministre a préféré rester en Belgique, a expliqué son porte-parole, Peter Poulussen.
M. Leterme "doit préparer la déclaration de politique générale du gouvernement qu'il va présenter au Parlement le 14 octobre", qui comprend des chapitres difficiles à boucler tels que le budget ou la politique d'asile, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre fédéral va aussi examiner la "nouvelle situation politique" créée par la défection de la NVA, mais il n'est "pas question" pour lui de démissionner ou de remanier son gouvernement, a souligné Peter Poulussen.
Les pressions du CD&V
Le Premier ministre a refusé de démissionner dimanche, malgré les pressions en ce sens des plus hauts responsables du CD&V qui voulaient préserver le cartel avec la N-VA, selon plusieurs médias mardi. Le vice-Premier Jo Vandeurzen, le ministre-président flamand Kris Peeters et la présidente du CD&V Marianne Thyssen ne voyaient dimanche après-midi qu’une solution à la crise : que le Premier ministre remette sa démission au roi.
« Ce scénario, ce sera sans moi ! Si je dois à nouveau démissionner, je suis politiquement mort. Et je préfère alors quitter le parti », leur a répondu Yves Leterme.
Le « G4 » du CD&V, les quatre plus hauts responsables du parti, ont alors tenté d’échafauder des solutions alternatives qui ont été présentées dimanche soir lors de la réunion du groupe de réflexion CD&V/N-VA. Parmi celles-ci, celle d’un gouvernement de transition avec maintien du cartel.
Ce gouvernement de transition aurait dû se charger des dossiers socio-économiques, en attendant les élections de juin 2009. Parallèlement, des négociations informelles sur la réforme de l’Etat étaient prévues en coulisses. Les résultats auraient été formalisés devant tous les parlements, y compris donc le Sénat et la Chambre, après les élections de 2009. Mais la N-VA a refusé.
Le CD&V a alors décidé de laisser tomber la N-VA et d’opter pour le dialogue communautaire sous la houlette de Kris Peeters.
Equilibre modifié au Parlement
A la Chambre des députés, le passage des six élus de la N-VA dans l'opposition a modifié l'équilibre au sein de la majorité, les libéraux des deux communautés linguistiques comptant désormais plus de sièges que les chrétiens-démocrates dont est issu M. Leterme. Autre paradoxe, 53 députés francophones soutiennent à présent le gouvernement d'un Premier ministre flamand, contre seulement 42 députés néerlandophones.
Cependant, "aucun partenaire de la majorité n'a demandé une réorganisation" du gouvernement, a insisté M. Poulussen.
A l'issue d'un week-end à rebondissements, le gouvernement flamand s'est prononcé lundi pour des négociations avec les francophones sur la réforme du système fédéral, se dissociant des nationalistes de la NVA.
Si cette décision a levé un des grands obstacles à ces discussions que les partis belges n'arrivaient pas à lancer depuis les élections de juin 2007, elle a dans le même temps fragilisé la position du Premier ministre, "père" du cartel avec la NVA.

Le ministre-président flamand est revenu sur ses commentaires concernant la délégation francophone en vue du dialogue communautaire.
Le ministre-président flamand Kris Peeters (CD&V) a souligné mardi, lors d'un cours à l'université de Gand, la nécessité de "créer de l'espace et du temps" pour en arriver à une grande réforme de l'Etat.
Kris Peeters était l'invité du professeur Carl Devos pour la leçon d'ouverture de la première année du baccalauréat en sciences politiques et sociales de l'université de Gand. Evoquant en fin de cours la réforme de l'Etat, il a dressé un parallèle avec les négociations avec les Pays-Bas sur l'approfondissement de l'Escaut, relevant notamment la nécessité de donner de l'espace et du temps aux négociations. "Les Néerlandais disaient aussi: ce n'est pas dans notre intérêt, donc pourquoi répondrions-nous à votre souhait ? Pourtant, en créant de l'espace et du temps, on constate que quatre traités de l'Escaut ont depuis été ratifiés", a-t-il indiqué.
Cette création d'espace et de temps pour le dialogue s'avère également nécessaire aujourd'hui pour parvenir à une grande réforme de l'Etat, a-t-il ajouté. "Si nous, Flamands, nous considérons comme des adultes, nous devons avoir le courage de dire que nous entamons le débat. Nous ne devons pas laisser cela à un autre (le niveau fédéral, ndlr) pour dégager une solution", a-t-il indiqué. Le ministre-président flamand est par ailleurs revenu sur ses commentaires concernant la délégation francophone en vue du dialogue communautaire, qu'il avait qualifiée d'équipe B.
"La partie wallonne du pays possède une autre culture; là, ce sont les présidents de partis politiques qui ont à dire ceci et cela. Mais qui suis-je pour leur dire qui ils doivent prendre dans leur équipe? ", a-t-il indiqué. Il s'est irrité de ceux qui jugent peu élevées les chances de réussite du dialogue communautaire, "avant même son commencement". "Quelle est l'alternative à des discussions entre gouvernements des entités fédérées ? (...) J'ai constaté chez les Francophones une volonté de négocier, et j'imagine que je serai jugé là-dessus si cela échoue", a-t-il dit.
Kris Peeters s'est en revanche montré peu disert sur l'avenir du cartel avec la N-VA, soulignant que ce dernier était encore aux affaires dans nombre de villes et communes.

Groen ne se dit pas enclin à dépanner Leterme I
Leterme annule son voyage à New York

31 août 2008

« Que les Flamands nous lâchent les baskets »

Lors de l'Université d'été organisée par le MR bruxellois, le vice-Premier ministre et président du MR Didier Reynders répond aux dernières déclarations du ministre-président Kris Peeters à Bruxelles.
"Que les Flamands cessent de nous dire comment nous devons gérer Bruxelles. Qu'ils nous lâchent un peu les baskets", a lancé samedi le vice-Premier ministre et président du MR, Didier Reynders, à l'occasion de la première université d'été organisée par le MR Bruxelles. Il répondait ainsi aux dernières déclarations du ministre-président flamand Kris Peeters (CD&V) qui parle dans une interview au Soir de Bruxelles comme d'un "Région spéciale et spécifique".

"Pour nous, Bruxelles est une Région à part entière et pas entièrement à part", a dit M. Reynders. Et d'ajouter: "En tant que confédéraliste, que M. Peeters s'occupe de sa Région et qu'ils laisse aux autres le soin de gérer la leur. Qu'il continue à gérer sa merveilleuse Région mais qu'il cesse de nous dire comment nous devons gérer la nôtre. Qu'il nous lâche un peu les baskets".

M. Reynders a rappelé que son parti était ouvert à la négociation communautaire. "Nous sommes prêts à nous mettre à table mais dans une telle négociation il faut que chacun manifeste du respect pour l'autre", a-t-il ajouté.

Avant lui, la présidente des libéraux bruxellois Françoise Bertieaux avait qualifié les déclarations de M. Peeters de "réductrices". "Pour le dire comme les jeunes, il nous nie", a-t-elle dit.

M. Reynders a aussi été très ferme sur le dossier de l'immigration.

"J'entends certains dire qu'on est proche d'un accord. Ce n'est pas vrai. Il n'y aura pas d'accord si le résultat ne nous convient pas tout à fait et pour cela il faudra accepter de parler de l'immigration économique", a-t-il dit soulignant que sur ce point le MR est "sur la même longueur d'ondes" que l'Open Vld et le CD&V. "En attendant, a-t-il encore ajouté, il est faux de dire que le dossier n'est pas géré. "Il existe une législation qu'on applique et tous les jours il y a des régularisations, des refus et des expulsions".

"La question n'est pas de savoir si on régularise quelqu'un qui monte sur une grue ou quelqu'un dont l'avocat parle tous les jours à la radio ou à la TV. Le vrai débat que nous devons avoir aujourd'hui est celui de l'immigration économique.

Va-t-on continuer à fermer nos frontières à certains européens et veut-on que les Polonais continuent à être obligés de venir travailler chez nous clandestinement ou va-t-on enfin leur permettre de venir officiellement? Pourquoi ne pas ouvrir nos frontières pour les métiers en pénurie et permettre bien sûr à ceux qui sont déjà chez nous et qui peuvent travailler dans ces secteur de rester? ", a encore dit le président.

Le thème de cette première université d'été du MR bruxellois était "les conditions d'une croissance économique à Bruxelles".

"En parlant de la formation, de l'entreprenariat et de l'emploi des jeunes, vous avez remis au centre des préoccupations les vrais défis de l'avenir", a encore dit M. Reynders qui a répété les critiques de son parti à l'égard de la politique en matière d'enseignement et de formation en Communauté française et en Région bruxelloise. "Si l'Orbem avait été efficace on n'aurait pas changé son nom en Actiris", a-t-il dit.

A propos du travail des femmes, il a souligné qu'il fallait certes favoriser l'adéquation entre travail et vie familiale sans toutefois trop négliger le premier élément de cette équation. Pour lui, il faut être attentif à ce point. "Il faut aussi insister sur les contraintes du travail. Il y a une telle accumulation de possibilités de congé que certaines entreprises finissent par hésiter à engager une femme".

30 août 2008

« Bruxelles, Région spéciale et spécifique »

« Peeters rompt le pacte des Belges »

Les propos du ministre-président flamand Kris Peeters faisant de la Région bruxelloise une institution « spéciale » non directement associable au dialogue de communauté à communauté constituent une « rupture du pacte entre les Belges », réagit le ministre-président de la Région-capitale Charles Picqué.


Le ministre-président flamand Kris Peeters a répété samedi dans le quotidien Le Soir qu'il était prêt à représenter la Flandre dans un dialogue de communauté à communauté en vue d'une réforme de l'Etat, rappelant qu'à ses yeux la Région bruxelloise ne pouvait y être directement représentée, car elle constitue une entité « spécifique » voire « spéciale ».
Il s'agit à cet égard d'une « rupture du pacte entre les Belges », a indiqué dimanche le ministre-président bruxellois, Charles Picqué, interrogé par l'agence BELGA.
« Les Bruxellois ont obtenu la reconnaissance de leur Région il y a maintenant vingt ans », a rappelé M. Picqué. « Le fait de ne pas vouloir associer Bruxelles aux discussions sur l'avenir des Belges, c'est faire montre d'un mépris qui devient totalement intolérable », a-t-il ajouté, soulignant que la proposition de M. Peeters visait « la négation d'un million de Belges pourtant intéressés par le sort qu'on entend leur réserver ».
Le ministre-président Picqué a par ailleurs indiqué que la prise de position de son alter ego flamand était aussi intolérable « pour les Flamands de Bruxelles ». Il constate à cet égard que la bonne entente qui caractérise le dialogue entre Wallons et Bruxellois n'est pas de mise entre institutions bruxelloise et flamande. Selon lui, cela s'explique par le fait que « d'un côté, on est traité d'égal à égal, de l'autre, on entend s'occuper des Bruxellois mais sans eux ».

Kris Peeters, Comment voyez-vous Bruxelles ?

A mes yeux, Bruxelles est une Région à la fois spécifique et spéciale, dans le sens positif du terme. Spéciale, parce que c’est la capitale de la Belgique, de la Flandre, de l’Europe. Et spéciale, aussi, parce que c’est une grande ville multiculturelle. J’espère que nous pourrons parler de l’avenir de Bruxelles. Qui peut du reste légitimement dire qu’elle a un problème de financement. Les transferts filent vers la Wallonie en passant au-dessus de la tête de Bruxelles, qui n’a pas son dû.

Bruxelles peut-elle être présente à la table des négociations ?

Nous n’excluons pas Bruxelles du dialogue. Dans l’accord de gouvernement flamand, on précise que la Belgique est constituée de deux entités fédérées, avec une approche spécifique pour Bruxelles et la communauté germanophone. Les francophones disent que Bruxelles est une Région comme la Wallonie ou la Flandre. Je trouve ça un peu étrange, car c’est notre capitale et c’est par définition un statut spécifique. Bruxelles a un potentiel énorme et nous devons l’aider à se développer. Bien sûr, cela concerne les Bruxellois mais aussi les Flamands et Wallons. Parce que c’est notre capitale. Les efforts en matière de financement, nous devons les faire ensemble. Et nous ne pouvons pas, avant même que le dialogue ne soit lancé, apporter une réponse à la question de son statut.


Mais pour les francophones, la présence de Bruxelles à la table, d’entrée de jeu, est essentielle…

Je n’ai pas de problème à impliquer Bruxelles surtout quand on discute de questions bruxelloises. Comme on le fera avec le fédéral. La vraie question, c’est comment et quand. C’est à cela que travaillent les médiateurs. Mais un dialogue de Communauté à Communauté, ça se fait à deux.


Quel statut devrait, selon vous, avoir Bruxelles ?

L’accord du gouvernement flamand précise que Bruxelles doit être une Ville-Région. Je pense que nous avons commis l’erreur, en Flandre, d’avoir des relations difficiles avec Bruxelles, de ne pas y investir assez. Par certaines positions, nous la poussons dans les bras de nos amis wallons. Or, il y a des Flamands qui vivent à Bruxelles. Il faut donc discuter, en toute transparence, dans la confiance, de l’avenir de Bruxelles. Et Bruxelles ne peut pas dire « donnez-nous de l’argent et c’est tout, pour le reste, ne vous mêlez pas de nos affaires ». C’est trop facile et ce n’est pas une attitude très positive.


La crainte du côté francophone, c’est que la Flandre rêve d’une cogestion de Bruxelles par les deux communautés. Fondée ?

Il y a des craintes des deux côtés : en Flandre, on a peur du corridor. On craint que Bruxelles soit annexée par la Wallonie. Pour que le dialogue soit un succès, il faut oublier les peurs et discuter. Pour le reste, je ne vais pas anticiper le débat.

19 août 2008

L'emploi des langues à Bruxelles

Il y a trop de fonctionnaires néerlandophones à Bruxelles, proportionnellement au nombre d'habitants flamands
Depuis plusieurs jours, on peut lire dans la presse des propositions polémiques sur l'emploi des langues à Bruxelles. Celle de Jean-Marie Dedecker, par exemple, qui propose de revoir le nombre de néerlandophones au Parlement Bruxellois. "Il est anormal que 60.000 électeurs flamands valent 17 sièges au parlement régional et la moitié des ministres. C'est antidémocratique", déclare Jean-Marie Dedecker. "Etre ministre bruxellois flamand, c'est un boulot à vie. Jos Chabert a été ministre pendant 27 ans... Discutons-en!", dit-il. Le SP-A Pascal Smet répond: "il faut surtout diminuer le nombre d'élus dans les communes".
Aujourd'hui c’est Bernard Clerfayt qui réplique: "les néerlandophones sont trop nombreux au sein des administrations communales de Bruxelles ».
Bernard Clerfayt est Secrétaire d'Etat, mais il est aussi bourgmestre de Schaerbeek et FDF. Il a son idée sur l'usage des langues dans les communes de bruxelles. La loi dit que tous les fonctionnaires communaux doivent être bilingues. Bernard Clerfayt estime que des guichets unilingues pourraient apparaître parce qu’on a parfois du mal à se faire comprendre par l’un ou l’autre fonctionnaire. La loi précise aussi que dans les communes de Bruxelles, il faut un quart de personnel néerlandophone. C’est trop, au vu de la population néerlandophone de Bruxelles. Il faut aller dans d’autres provinces pour trouver des fonctionnaires néerlandophones. Cette sortie fera peut-être débat mais un autre débat s'invite dans les salles des guichets bruxellois: de plus en plus d'habitants maîtrisent le turc, l'arabe ou l'anglais mieux que les langues officielles. Que faire pour aider l'employé au guichet, qu'il soit francophone ou neerlandophone ?

28 juillet 2008

Un seul point les sépare : la manière de désenclaver Bruxelles

Bruxelles peut/doit-elle s’asseoir à la table des négociations institutionnelles, au même titre que la Flandre et la Wallonie ?
Charles Picqué. Oui. D’abord parce que cela fait partie du contrat fédéral belge. Ensuite parce que ce n’est pas mauvais pour la négociation, vu que Bruxelles est un élément d’apaisement ou fédérateur. Enfin, l’importance de Bruxelles sur le plan économique et international justifie pleinement sa place aux côtés des autres.
Ce n’est pas du nombrilisme, c’est le bon sens. Et la simple reconnaissance d’une situation de fait : la Région bruxelloise existe.
Guy Vanhengel. Bruxelles, c’est la Belgique en miniature. Il faut nous reconnaître, voire s’inspirer du fonctionnement de Bruxelles. Depuis que la Région existe et malgré toutes les tensions communautaires, nous parvenons à maintenir un équilibre. Pourtant, il n’y aurait rien de plus facile que de faire monter la pression communautaire à Bruxelles. Eh bien, avec notre gouvernement, nous sommes parvenus à démontrer qu’il y a moyen de gérer Bruxelles correctement.
Ch. P. Il faut se projeter dans l’avenir. Quelle que soit la configuration institutionnelle de la Belgique de demain ou de ce qu’il en restera, il faudra coopérer. Or, on ne coopérera pas bien s’il n’y a pas un respect mutuel. Ecarter Bruxelles, c’est créer un manque de confiance et mettre en péril la coopération. Par ailleurs, le statut international de Bruxelles ne s’accommodera pas d’une crise dont Bruxelles serait le centre sur fond de nationalisme et d’intolérance belgo-belges.
G. V. C’est aussi une méconnaissance des Bruxellois en tant que tels. Ecarter Bruxelles, c’est mener une négociation de Communauté à Communauté, de Flamands à francophones. C’est progresser vers la sous-nationalité. Et ça, c’est tout le contraire de ce qu’est devenu le Bruxellois.
Une grande partie des ménages bruxellois sont mixtes, avec des composantes du nord et du sud ou de pays lointains. Vouloir imposer un choix aux Bruxellois, celui d’être uniquement flamand ou francophone, c’est contraire à la réalité.
C’est la méconnaissance de l’identité multiple. C’est pousser vers l’identité unique.
Peut-on revendiquer cette identité multiple et être à la fois francophone ou néerlandophone ?
Ch. P. Au début des années 90, quand j’expliquais ma conception de Bruxelles, je parlais de double loyauté : à l’égard de notre Région et de la Communauté dont nous faisons partie. Ce n’est pas contradictoire. On peut vivre avec cette double loyauté.
Une loyauté prime sur l’autre ?
Ch. P. Non.
G. V. Non, non. La bonne gestion politique, c’est de chercher les synergies et non la concurrence entre loyautés. C’est un exercice auquel nous devons nous appliquer chaque jour à Bruxelles.
La réforme de l’Etat va renforcer l’autonomie des entités fédérées, Région ou Communauté. Comment va-t-on procéder à Bruxelles ? Par exemple en matière de soins de santé ?
Ch. P. On ne peut pas créer deux régimes de santé, un francophone et un flamand. Je ne peux pas concevoir que Bruxelles devienne le symbole d’une discrimination entre individus.
Imaginez-vous que nous gérions demain une ville dont certains citoyens auraient plus d’avantages que d’autres ? Bruxelles doit rester le symbole de la solidarité entre personnes. La sous-nationalité renvoie à une conception des rapports sociaux qui est contraire à ce que Bruxelles incarne.
La Flandre accuse les Bruxellois de mal gérer leur ville.
G. V. Je vous défie de trouver, ces dernières années, une déclaration du VLD qui ose dire que Bruxelles est mal gérée. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas moyen de faire mieux. Je pense à la relation entre les communes et la Région. Nous avons calqué le modèle bruxellois sur le modèle de Flandre ou de Wallonie.
Or, nous avons un territoire spécifique, totalement urbanisé, où le transport en commun, l’aménagement du territoire doivent se faire avec une très grande cohérence. Progressivement, en devenant adulte, la Région et les communes doivent pouvoir négocier entre elles une meilleure répartition des tâches. On progresse déjà au niveau de la fiscalité ou du stationnement. Je supporte de moins en moins qu’on nous fasse la leçon de l’extérieur. La mauvaise gestion de Bruxelles, on l’a connue quand elle était gérée par le fédéral. C’est depuis qu’on a pris les choses en main nous-mêmes, qu’on a fait progresser spectaculairement cette ville en 20 ans.
Ch. P. Le procès en mauvaise gestion de Bruxelles n’est étayé par aucun argument, par aucun chiffre. Nous nous trouvions devant trois défis majeurs à la création de la Région, nous les avons relevés. D’abord, l’internationalisation : en 20 ans, Bruxelles a confirmé son statut international. Ensuite, Bruxelles a confirmé son rôle de place économique. Enfin, nous devions lutter contre la dégradation de certains quartiers. C’est en bonne voie, même si le travail n’est pas fini. Le procès fait à Bruxelles est très injuste d’autant que nous avons relevé un quatrième défi : faire fonctionner les institutions bruxelloises malgré leur immense complexité. Bruxelles dérange parce que Bruxelles est la démonstration qu’avec pragmatisme et raison, on peut encore construire des choses ensemble.
Bruxelles peut-elle coopérer avec la Flandre comme elle entend le faire avec la Wallonie ?
Ch. P. La coopération indispensable passe par le respect. En 20 ans, alors qu’on voyait le souhait d’une plus grande coopération entre la Wallonie et Bruxelles, on est resté pour le moins dans l’ambiguïté avec la Flandre. C’est ça qui a amené un rapprochement, sur le plan politique, exclusivement avec la Wallonie.
Certains, en Flandre, considèrent que mettre les trois Régions à table, c’est se retrouver à deux (francophones) contre un. C’est oublier qu’on a inventé un système politique pour que Bruxelles soit bilingue, qu’on a donné du pouvoir aux Flamands, qu’on a un gouvernement paritaire. Dire que c’est deux contre un, ça signifie qu’il y a un présupposé…
G. V… que nous sommes inexistants ! D’ailleurs, la tendance séparatiste nous reproche d’être de mauvais Flamands.
Vous avez l’air d’accord sur tout. Ch. P. Bruxelles a deux problèmes sérieux. Un, le financement. Là, on est d’accord. Deux, la nécessité d’une stratégie transfrontalière avec l’hinterland. Là, on est d’accord sur le principe.
Mais pas sur les modalités…
G.V. Là, ça diverge.
Ch. P. Les réponses peuvent diverger. Je ne vais pas demander à Guy Vanhengel de réclamer l’élargissement jusqu’à Londerzeel. Il y a matière à discuter. Certains parlent élargissement, d’autres parlent communauté urbaine. Nous sommes d’accord sur le fait qu’il faut trouver une formule.
G.V. Il faut progresser sur ce qui est raisonnablement acceptable des deux côtés. Du côté néerlandophone, une extension du territoire est inimaginable. Comme, côté francophone, une simple scission de BHV. Il ne faut pas se focaliser là-dessus mais aller à la recherche des éléments qui peuvent nous rassembler.
Ch. P. C’est le seul point où, à partir d’un même constat, nous avons des réponses différentes. Quand on arrive à la conclusion qu’il n’y a qu’un sujet majeur sur lequel on peut avoir des réponses différentes et nuancées, ce n’est pas énorme…
Si Picqué et Vanhengel représentent Bruxelles dans la négociation, que va dire Bruxelles ?
Ch. P. Il faudra qu’on ait un déjeuner ensemble.

Elargir le Ring est un "must"

Le monde des entreprises et le secteur de l'automobile considèrent que l'élargissement du Ring au nord de la capitale est d'un intérêt capital. La Fédération des Entreprises de Belgique, la Fédération de Entreprises Belges des Industries de l'Automobile et du Cycle ainsi que Touring Secours ont fait part vendredi de leur soutien sans réserve à ce projet du gouvernement flamand.

Cette prise de position en faveur du projet du gouvernement flamand consistant à augmenter, à terme, le nombre de bandes circulation sur le Ring entre l'E-19 (Bruxelles-Mons) et l'E-40 (Bruxelles-Liège) est diamétralement opposée à celle de Modal shift, une plate-forme d'organisations francophones et flamandes de l'environnement et de la mobilité douce, qui a dit tout le mal qu'elle en pensait, au début de la semaine écoulée.

Pour ces associations, élargir le Ring ne résoudra pas l'équation de la mobilité à moyen et à long terme. Le moyens colossaux que la Flandre se prépare à y injecter devraient être consacrés d'emblée à de projets de transport alternatifs.

"Le transport de marchandises en particulier devrait encore s'intensifier. Il est dès lors nécessaire d'intégrer ce mode de transport dans l'ensemble des mesures envisagées dans le cadre de la mobilité et d'adapter l'infrastructure routière - qui date de plusieurs décennies déjà - aux besoins d'aujourd'hui et de demain. C'est pourquoi l'élargissement du Ring de Bruxelles est un must", ont affirmé pour leur part la FEB, la FEBIAC, et Touring Secours dans un communiqué commun diffusé vendredi.

"Certains pensent qu'on peut résoudre tous les problèmes en promouvant uniquement les transports en commun, le vélo ou les déplacements à pied. Il se font des illusions. Pour de nombreux citoyens, la voiture représente un outil indispensable à leurs déplacements dans une vie bien remplie. C'est une réalité dont les associations pour l'environnement doivent aussi tenir compte", a commenté Thierry Willemarck, administrateur délégué de Touring.

Pour Luc Bontemps, administrateur délégué de FEBIAC, il faut relativiser la crainte d'un plus grand impact sur l'environnement à cause du trafic routier car les constructeurs automobiles se livrent à une concurrence effrénée pour proposer sur le marché les voitures les plus respectueuses de l'environnement. En outre, les émissions des voitures sont au plus haut lors des embouteillages. C'est pour toutes ces raisons qu'une circulation plus fluide est nécessaire, a-t-il ajouté.

De son côté, Philippe Lambrecht, secrétaire général de la FEB, a estimé que les opposants à l'élargissement du Ring devaient être conscients des lourdes conséquences que le statu quo engendre au niveau économique et environnemental.

Plus largement, la FEB, la FEBIAC et Touring ont réagi d'une voix positive à l'annonce par les gouvernements flamand et bruxellois de leur volonté de réaliser des efforts pour mener une politique de mobilité intégrée autour de Bruxelles.

"En tant que plaque tournante du trafic national et international, notre pays a besoin d'une mobilité performante dans laquelle chaque mode de transport est exploité de la manière la plus efficace. Le projet flamand de développement économique START prévoit déjà d'importants investissements dans les transports en commun (Diabolo, RER, ...). Les efforts accrus réalisés par la SNCB, les TEC, De Lijn et la STIB dans et autour de Bruxelles sont également primordiaux. La concertation interrégionale afin de relancer l'emploi entre les régions représente aussi une bonne base afin d'améliorer la mobilité des travailleurs et l'emploi dans et autour de Bruxelles", ont-elles souligné.

A leurs yeux, il est néanmoins nécessaire d'intégrer la route, en tant que mode de transport le plus utilisé, dans l'ensemble des mesures envisagées.

09 juillet 2008

Les finances des communes bruxelloises sous contrôle en 2007 et 2008

La dégradation de la situation financière des communes bruxelloises semble s'être interrompue à partir de 2007, grâce à une évolution positive des recettes et dépenses, a annoncé mercredi le ministre-président bruxellois Charles Picqué.Ce bilan n'a cependant pas eu de répercussion significative sur leurdéficit cumulé des dernières années notamment parce que le gouvernement fédéral tarde à verser à Bruxelles sa part des recettes du précompte immobilier et de l'impôt sur les personnes physiques.Ces retards représentent au total 225 millions d'euros, soit l'équivalent de 85% de la dotation annuelle de la Région bruxelloise aux 19 communes.Pour l'avenir, rien n'est joué: l'inflation va alourdir les charges en personnel (45 pc des dépenses); l'incertitude règne quant aux tauxd'intérêts qui pourraient aggraver sensiblement l'endettement descommunes; le nombre de bénéficiaires d'allocations de CPAS n'a cesséd'augmenter depuis 2000 dans la capitale, a averti Charles Picqué.

24 juin 2008

Le parquet met le turbo pour la finance

Sabena, Dumortier, Engels, Exécutif des musulmans ? Ces quatre gros dossiers ont été bouclés tout dernièrement. Or, à la différence de ce qui se faisait au préalable, le réquisitoire sera tracé pour chacun d'eux à très bref délai. L'effet "Lifo" est en marche !
La "rapidité" passée du parquet de Bruxelles en matière financière laissait perplexe. Certes, il serait trop facile de faire peser sur ses seules épaules les retards que la commission d'enquête parlementaire examine à la Chambre depuis le 26 mai dernier. Mais du retard, il y en avait ! On songe aux 308 dossiers "lourds" (1,3 million de pages au total) recensés voici quelques semaines par le nouveau procureur du Roi arrivé l'an dernier, Bruno Bulthé. Qui a initié une gestion bien différente de ce qui se faisait, où dynamisme et gestion collégiale sont à l'ordre du jour.
Du coup, d'un contact entre le parquet, le parquet général et le ministre de la Justice, Jo Vandeurzen (CD&V), il avait été décidé de mettre en place un "plan d'appui" pour résorber l'insupportable arriéré financier (LLB 23/5). Eh bien, les temps changent désormais vraiment, comme le montrent des exemples concrets.
Là où on aurait sans doute attendu des années pour voir venir des réquisitions, voilà, en effet, que quatre gros dossiers transmis au parquet il y a peu vont, avec des dizaines d'autres de moindre envergure, être au contraire traités avec une célérité peu commune.
Paul Dhaeyer, l'un des fers de lance du parquet et chef de la section financière renforcée (renforcement qu'il voit comme une prise de conscience de cette criminalité) nous explique comment : "Le plan d'appui renverse le vieil usage. La section financière applique désormais le "LIFO", c'est-à-dire le "last in, first out" ou encore dossier "dernier arrivé, premier sorti" . D'une part, la cellule de crise instaurée par le même plan traite les anciens dossiers, ceux entrés avant le 1er janvier 2007. A ce sujet, je puis vous dire que le renfort demandé par le procureur Bulthé et annoncé par le ministre Vandeurzen s'est concrétisé. Ce mardi, par exemple, quatre nouveaux juristes sont encore nommés pour cette cellule dirigée par Jean-François Godbille, détaché du parquet général."
Mais quid des dossiers postérieurs à janvier 2007 ? "Précisément, puisqu'elle est dégagée de l'arriéré surréaliste, l'équipe financière peut suivre de très près les dossiers entrants. Pour les plus complexes, les substituts les ont déjà suivis pendant l'instruction, dans le respect du rôle de chacun." Objectif : "Ce n'est pas pour contraindre le juge, mais pour mieux cibler son instruction ou délimiter sa saisine, par exemple, ne pas poursuivre pour des préventions de faux qui se révéleraient inutiles." Question d'efficacité, donc.
Avec le corollaire, qui est aussi l'un des buts recherchés, que "cela permet un traitement très accéléré" des dossiers par la suite, car le parquet en a déjà bonne connaissance au moment où, bouclés par le juge d'instruction, ils y arrivent.
L'énorme "carrousel" bouclé
Et voici pourquoi les inculpés des dossiers "Sabena", "Dumortier", "Engels" et "Exécutif des musulmans" sauront, par exemple, d'ici quelques mois à peine au maximum - au lieu de plusieurs années -, ce que le parquet requiert à leur sujet. Pourtant, c'est début juin que le juge Van Espen a communiqué son énorme dossier Sabena; fin mai que le juge Claise en a fait autant pour l'affaire "Dumortier" (détournement à l'Orchestre royal de chambre de Wallonie); et itou pour l'énorme carrousel TVA "Engels" (30 millions récupérés, 105 véhicules de luxe saisis), apprend-on en primeur à cette occasion.
C'est vrai aussi pour le dossier "Exécutif des musulmans", tout aussi rondement mené (la rapidité du juge compte aussi) et que M. Claise a bouclé dernièrement. Le réquisitoire sera prêt avant l'automne... plutôt que l'an prochain ou l'année d'après.
"La raison pour laquelle le parquet de Bruxelles a insisté sur le "LIFO", c'est précisément que, le passé étant le passé, il faut aujourd'hui frapper les esprits en disant : surtout, ne vous imaginez pas que Bruxelles est une ville libre pour la canaille en col blanc !", achève M. Dhaeyer avec la sincérité du juste. Message transmis...

22 juin 2008

Elargir la Région bruxelloise l’enrichirait

Elargir la Région bruxelloise aux 6 communes à facilités de la périphérie engendrerait un apport de 75 millions d'euros à la Région et de 132 millions d'euros à la Communauté française, selon une étude réalisée, sur base des données officielles disponibles, par le FDF.

Les habitants de ces communes ne seraient globalement pas pénalisés dans l'opération, selon cette étude. Dans le scénario le moins optimiste, leur situation resterait fiscalement inchangée.
Pour la Communauté, l'application d'une plus juste clé linguistique de répartition de l'Impôt sur les personnes physiques (IPP) rapporterait quelque 60 millions d'euros par an en sus, ressort-il de cette étude détaillée du centre d'études Jacques Georgin.

12 juin 2008

La Flandre nie la Région bruxelloise

Les positions sur l'avenir institutionnel du pays commencent à se clarifier. En réponse au projet de fédération Wallonie/Bruxelles, Kris Peeters, le ministre-président flamand ne veut pas d'une Belgique à trois. Il l'a avoué mardi soir, lors d'un débat organisé par « Le Soir » et « De Morgen ». L'intégralité du débat / L'édito de Véronique Lamquin

Flou, l'avenir institutionnel du pays ? Vu du 16, rue de la Loi, l'image est brouillée. Vu de Namur, la perspective s'est éclaircie, avec la fédération Wallonie-Bruxelles basée sur le fait régional. Vu de Flandre, l'horizon s'est soudain éclairci : mardi soir, en plein débat sur Bruxelles, devant 600 personnes conviées par le Soir et le Morgen au Théâtre National, Kris Peeters a joué les diseurs de vérité flamande. Déterminé, le ministre-président flamand CD&V a surpris. Mais a au moins eu un mérite, celui de la clarté.
1Que dit la Flandre ? Kris Peeters était venu, a-t-il avoué, « dire qu'il allait continuer à investir à Bruxelles ». Sous-entendu de l'argent flamand pour une présence flamande. Car de l'argent qui financerait les besoins d'une capitale en termes de mobilité, d'infrastructures, de sécurité, « ce ne serait pas une réponse aux problèmes ». Mais surtout, le Premier flamand a une vision claire du pays, à court terme : une Belgique avec deux entités fédérées. Et Bruxelles ? Kris Peeters lui donne « un statut à part ». « Ce qui revient, au mieux, à un condominium cogéré par les deux autres entités ; au pire à une annexion par la Flandre », décode Rudy Demotte, ministre-président wallon et communautaire (PS).
2Peeters, porte-voix de la Flandre ou franc-tireur isolé ? En janvier, son prédécesseur place des Martyrs, un certain Yves Leterme, lâchait : « Bruxelles est une région qu'il faut respecter, qui a sa particularité, mais qui doit pouvoir discuter d'égal à égal avec les autres Régions. » Et de se dire, dans la foulée, « prêt à faire financer par d'autres des politiques bruxelloises pour l'instant à charge de la capitale ». Le CD&V dont les Dehaene et Vandenbrande (rejoints en cela par un Tobback) cachaient mal leur mépris pour la capitale, avait-il viré de bord ? Premier doute, fin avril, quand Wouter Beke lâche au Soir que non, « la Région bruxelloise n'est pas une région à part entière ». Hier soir, Kris Peeters a dissipé le doute.
Mais au fond, que veulent les Flamands pour cette ville qu'ils ont choisie comme capitale ? La question, sur fond de négociations institutionnelles, sème le trouble dans tous les états-majors. Au CD&V, on précise que la présidente Thyssen préfère ne pas s'exprimer et on renvoie, pour la position officielle du parti, aux propos de Kris Peeters…
Au SP.A et au VLD, on considère que Bruxelles est une affaire… de « Bruxellois » : on y renvoie à des mandataires de la capitale pour exprimer la position officielle du parti. Peur de dévoiler des cartes à l'aube de la grande joute institutionnelle ? Bart Somers et Caroline Gennez filent le sujet respectivement à Sven Gatz et Pascal Smet. Qui, eux, voient un fédéralisme belge à trois pattes. Avec quelques bémols quand même. « Bruxelles a un statut spécifique. Plutôt que de cogestion, je préfère parler de contractualisation avec la Flandre et la Wallonie », explique Pascal Smet qui n'a guère apprécié les propos de Louis Tobback, déchaîné, mardi soir, lors du débat, assénant sans relâche ses attaques sur la « suffisance des Bruxellois » qui pleurent pour un refinancement. « Il s'est exprimé en son nom personnel », précise Smet. Mais d'ajouter que ces propos reflètent sans doute bien ce que beaucoup de Flamands « et sans doute de Wallons » pensent de Bruxelles.
Du côté du VLD, on perçoit aussi Bruxelles comme une « Région à part ». Et on se réfère à la piste lancée par Verhoststadt sur « la communauté urbaine » impliquant le Brabant flamand et wallon. Et son financement ? « Certains Flamands restent toujours dans une logique de refus de transferts financiers en faveur de Bruxelles, regrette Sven Gatz. Pourtant la Région doit, dit-il, pouvoir bénéficier « d'un financement équitable compte tenu des charges de capitale ». Mais à une condition : une centralisation accrue de certaines compétences communales. Comme la police, les CPAS, la mobilité. Même approche au SP.A. « On est pour un refinancement mais on peut économiser par une meilleure organisation, conclut Pascal Smet. Il n'est pas question pour la Flandre de lâcher Bruxelles malgré certains propos caricaturaux. »
3Pourquoi ce grand cri flamand ? En disant qu'il ne veut pas d'une Belgique à trois, Kris Peeters ne dit pas encore quel projet il a pour Bruxlles. Tout au plus laisse-t-il sous-entendre des envies de cogestion de la capitale (sur le thème « C'est notre ville, nous avons le droit de participer à sa gestion »). « J'espère me tromper, décode Charles Picqué. Mais l'une des possibilités, c'est que la Flandre soit dans une stratégie à deux phases : d'abord on démantèle le fédéral. Puis on constate que Bruxelles ne s'en sort plus et n'a d'autre choix que de demander sa mise sous tutelle. » « La grande différence entre le projet de la Flandre et celui que j'ai avec Picqué, souligne Rudy Demotte, c'est que l'un nie la Région bruxelloise et que l'autre l'intègre pleinement. Du reste, la Flandre balance entre deux logiques : territoriale ou communautaire. Alors que nous sommes clairement dans une stratégie territoriale. » Et si, au fond, la Flandre ne savait que faire de cette capitale qu'elle a pourtant choisie ?

Un débat organisé par Le Soir et De Morgen
Trois ténors pour un débat explosif sur Bruxelles

UNE SALLE pleine à craquer, pour débattre de l'avenir de la capitale. Le public a lui aussi donné de la voix. Un débat tendu organisé mardi soir au théâtre National à Bruxelles par "Le Soir" et "De Morgen".Picqué, Demotte, Tobback et les spectateurs: les vidéos du débat.

Les Flamands la trouvent mal gérée, les francophones la disent sous-financée. Mais au fond, quel avenir pour Bruxelles ? Pour y répondre, dans la salle du Théâtre National, 600 personnes (réunies, hier soir, à l'invitation du Soir et du Morgen) et, sur scène, des ténors des 2 communautés (Demotte, Peeters) ; le gouvernement bruxellois est bien représenté (Picqué, Demotte, Vanhengel).
Sur les planches, la tension est palpable. Louis Tobback chauffe la salle, égrène ses slogans acerbes. Kris Peeters martèle la position du CD&V : pas question de lâcher Bruxelles, mais pas question non plus de lui conférer un statut digne de ce nom. Les francophones écoutent, sidérés. Tendu, le débat aura donc eu ce mérite de faire tomber les masques flamands. La salle, elle, réagit. Applaudit, murmure, s'inquiète. Qu'en retenir ? C'est ce que nous avons demandé à trois participants. Avant. Et après.

« On oublie toujours Bruxelles »

Avant : « J’espère qu’on parlera du futur de notre superbe ville. Le problème, en Belgique, c’est que l’on retrouve des extrémistes dans les deux camps et qu’on oublie toujours Bruxelles. C’est frustrant pour les Bruxellois.
Ce qui m’énerve, c’est que Wallons et Flamands prennent avec eux leurs tartines et ne participent pas vraiment à la vie de la capitale. Je m’interroge aussi sur le futur institutionnel de Bruxelles. Et sur l’avenir de la ville en termes d’urbanisme. Quelqu’un a-t-il une vision architecturale de la ville ? »
Après : « On a entendu des pistes déjà évoquées mille fois. La seule chose nouvelle dont j’ai entendu parler c’est l’euro-métropole comme elle existe à Lille. Je suis un peu déçu que l’on n’ait pas abordé la problématique de l’architecture mais je m’en doutais un peu.
J’ai à nouveau eu l’impression d’entendre des navetteurs qui ne connaissent pas beaucoup Bruxelles et ne l’apprécient guère. Même chose pour Kris Peeters (ministre-président flamand) qui ne semble pas avoir compris les frustrations des Bruxellois. Contrairement à ceux qui connaissent vraiment Bruxelles comme Vanhengel et Picqué. »

17 mai 2008

"Vous êtes demandeurs d'autonomie? Voilà le prix à payer!"

Le président du FDF, Olivier Maingain, a "exclu" ce samedi toute scission de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde sans élargir Bruxelles et sans relier la Wallonie."Il faut dire (aux Flamands): Vous êtes demandeurs d'autonomie? Voilà le prix que vous allez devoir payer: l'élargissement de Bruxelles, le rapprochement avec la Wallonie. A eux de choisir", déclare M. Maingain dans les colonnes du journal Le Soir.

"A ce moment de notre histoire, les francophones doivent, en fait, négocier une plus grande autonomie pour la Flandre contre une plus grande unité entre Bruxelles et la Wallonie, avec un lien territorial. En substance: Messieurs, vous voulez plus d'autonomie? Très bien. Mais le prix à payer, c'est que vous perdrez en influence sur Bruxelles, notamment parce que vous devrez déménager votre capitale d'Etat flamand, et que vous cesserez d'y exercer certains compétences communautaires", a-t-il précisé.
Pour le président du FDF, il faut aussi régler "la question des bourgmestres (francophones non nommés dans la périphérie, ndlr) avant de s'engager dans la négociation sur ce qui était prévu dans le "premier paquet" de la réforme de l'Etat: BHV, transfert de compétences, etc.".
Et de fustiger le CD&V qui, "comme toujours, avance masqué", et le Premier ministre Yves Leterme, issu de ce parti. "Il a dit un jour que la Belgique n'avait plus de valeur ajoutée... Autrement dit, pour lui, sa fonction de Premier ministre de l'Etat belge n'est pas une plus-value, mais il l'assume comme étant la meilleure façon pour le moment de rendre service à la Flandre dans ses projets d'autonomie. Je n'ai aucun doute là-dessus".

Lire aussi: La Flandre compte défendre la non-nomination des bourgmestres
Lire aussi: BHV: on continue comme si de rien n'était...
7S7 TV: Les francophones gèlent BHV pour 120 jours

14 mai 2008

Oui à la carte scolaire !

Le directeur coordinateur de la police fédérale de Bruxelles tire la sonnette d'alarme

Comme directeur coordinateur de la police fédérale dans l'arrondissement judiciaire de Bruxelles, le commissaire divisionnaire Jacques Deveaux tire la sonnette d'alarme. Ses chiffres sur le poids et la progression de la délinquance des mineurs d'âge dans la Région bruxelloise sont arrêtés au 31 décembre 2007. Cette délinquance a progressé de 7 % depuis 2003 (alors qu'elle ne progressait que de 3 % s'agissant de faits commis par les majeurs). En cinq ans, le nombre de faits de délinquance avec auteur mineur d'âge arrêté en région bruxelloise est passé de 5.810 en 2003 à 7.989 en 2007. Pour Deveaux, il y a urgence. Le Directeur Coordinateur de Bruxelles souhaite la mise en place pour chaque élève, d'une carte scolaire, clarifiant notamment les heures de sortie.
Jacques Deveaux se dit alarmé par le poids des moins de 18 ans dans la délinquance violente : viol, vol dans voiture et vol avec violence. En Région bruxelloise en 2007, un viol sur quatre dont l'auteur fut identifié fut commis par un mineur. Selon ses chiffres, l'âge des primodélinquants continue de baisser en Région bruxelloise. La proportion des 12 ans augmente. "Il est nécessaire que la police s'investisse différemment, qu'elle soit plus présente dans les établissements. Un contact préfet/service famille jeunesse est un minimum dans chaque école. Il faut aussi que la police modifie son approche, moins répressive, plus relais. Il me semble nécessaire qu'elle soit informée de l'absentéisme récurrent de certains élèves. De nouveau dans un but répressif : dans un but d'aide."
J. Deveaux est l'initiateur des opérations de police Fipa organisées régulièrement dans le métro, les gares, les shoppings. Le directeur coordinateur met en cause l'organisation interne des services de police. Le plan national de sécurité prévoit qu'au niveau des polices zonales, 10 % de leur capacité doivent être consacrées au judiciaire. Il constate que les polices interprètent cette exigence en intégrant les mineurs d'âge dans les 10 %.
"C'est de la facilité. La vérité, c'est qu'on est loin du compte. Si je prends la police de Bruxelles Capitale Ixelles, sur 2.400, y a-t-il seulement 50 policiers attachés à la Famille-Jeunesse ? Si je prends d'autres polices, j'ose dire qu'on est nulle part. Parfois même à moins d'1 % alors qu'on devrait arriver à au moins 5 %. Et c'est une autre erreur, dans la plupart des polices, de centraliser le service famille-jeunesse dans un commissariat. Selon moi, c'est une nécessité de décentraliser le service en charge des mineurs d'âge de façon à ce qu'il y ait des équipes au moins dans chaque commissariat."
Directeur coordinateur des services de police de l'arrondissement bruxellois, ce policier de 49 ans ne manque pas de projets concrets. Un adolescent à 15 h sur un quai de métro ? Brosse ? Heure de fourche ? Comment savoir ? Où vérifier ? "C'est le type de problème que les policiers rencontrent constamment : faut-il croire l'adolescent ?"
Dès lors, Jacques Deveaux préconise la création, et pourquoi pas dès 2008-2009 ?, d'une carte scolaire individuelle avec identité et photo mentionnant les heures de cours, les fourches, les sorties autorisées, ainsi que le téléphone de contact de la personne de référence dans l'établissement fréquenté.

10 mai 2008

Philippe Close veut "libérer les talents"

L'échevin du personnel a pour projet de "dynamiser" l'administration de la Ville de Bruxelles. Il propose des examens de sélection pour différents postes à responsabilités. "La Ville est un employeur attractif", selon l'échevin.
Il lui aura fallu un an pour la cogiter. La voici prête à être présentée au conseil communal de la Ville de Bruxelles. La réforme, tant attendue, de l'administration de Philippe Close, l'échevin bruxellois en charge du personnel, nous a été dévoilée en primeur. Une réforme destinée à "faire rentrer l'administration bruxelloise dans le XXIe siècle".
Pas une mince affaire quand on sait que la Ville compte près de 3350 fonctionnaires. "En comptant les personnes travaillant au CPAS, dans les écoles ou dans les hôpitaux, on peut dire que ce sont près de 22 000 personnes qui dépendent de près ou de loin de la Ville. Un gros paquebot." Philippe Close tient à le rappeler : cette administration a "un sens profond, celui de rendre service à la population."
Pourtant ces dernières années, la machine bruxelloise s'était mise à rouiller quelque peu. Démotivation pour certains fonctionnaires, manque de perspectives pour d'autres. "Nous avons un trou de génération", constate l'échevin. "Dans les années 90, nous n'avons plus recruté pour cause de plans d'assainissement. Or ces dernières années, nous engageons près de 370 agents chaque an, dont 170 jeunes".
Ces jeunes pousses arrivent avec leurs ambitions, mais se trouvent bien souvent stoppées par un système "figé". "J'ai constaté à mon arrivée qu'il y avait trop de cloisonnements. Qu'ils soient entre les départements ou à l'intérieur de ceux-ci. Il faut créer de la perméabilité dans l'administration." Philippe Close imagine par exemple très bien, un agent commencer sa carrière dans un département lié à la culture, et un jour se retrouver à l'urbanisme.

Appel au recrutement
La réforme de l'échevin vise aussi à "ouvrir" différents postes à un maximum de postulants. Dans cette optique, l'échevin lance un appel au recrutement extérieur pour 75 fonctions dirigeantes (directeurs ou conseillers, à partir du niveau A6). "Peu m'importe que les personnes viennent du public ou du privé. Seules la motivation et les compétences, ici surtout de management, comptent".
Un recrutement sous forme d'examen qui va faire grincer les dents de certains fonctionnaires, habitués à la promotion basée sur l'ancienneté. "J'ai conscience que cela va secouer les habitudes de quelques-uns, mais après tout ils ont aussi leur chance dans ce processus". La décision finale de la nomination d'un haut poste restera toutefois entre les mains du politique, "mais elle se décidera entre les 3 ou 4 personnes ayant obtenu les meilleurs scores aux différents examens."
Par cette réforme, Philippe Close veut aussi changer l'image de l'administration, "souvent perçue comme une entité lourde." "C'est fini le temps où l'on rentrait dans une institution à 18 ans pour en ressortir à l'âge de la retraite. Les travailleurs actuels connaissent 4 à 6 employeurs différents tout au long de leur carrière. C'est une réalité dans laquelle doit plonger l'administration bruxelloise". Et quitte à rester chez... le même employeur, l'élu socialiste veut montrer au jeune postulant à l'administration qu'il a la possibilité d'y développer une carrière "qui bouge". L'échevin en profite pour envoyer un message "clair" à l'extérieur : "Nous proposons des postes intéressants dans des domaines très variés. Et contrairement à l'idée reçue, les salaires que nous proposons sont loin d'être misérables..."
Multiplier les échanges
Pour Philippe Close, ces tests auront aussi une autre valeur. "Nous avons 3 à 4 directeurs généraux, sur les 11 existants, à remplacer cette année. Il sera intéressant de savoir qui postule pour ce genre de poste". Comme il est également important pour l'échevin que ces futurs directeurs ou conseillers puissent définir un "contrat d'objectif à remplir"."Il faut aussi clairement redéfinir toutes les fonctions". Mais le vrai changement, c'est au sein même de l'administration que Philippe Close veut l'instaurer. "Je sais que nous regorgeons d'employés de talent dans notre administration, mais il faut leur lâcher la bride, les libérer afin qu'ils puissent s'épanouir au maximum de leurs possibilités". Et pour leur permettre cet épanouissement, il faut leur offrir des outils, selon l'échevin. Celui-ci pense notamment aux formations. "A l'heure actuelle, ce sont les agents qui doivent faire la demande pour une formation. Je veux changer cela en instituant des formations régulières." Plus que des formations théoriques et trop "passives", l'élu socialiste voit de l'intérêt dans les échanges d'expérience avec les fonctionnaires provenant d'autres villes.
Avant d'imposer cette réforme, Philippe Close tient à la faire comprendre et accepter par l'ensemble de l'administration. Et par le conseil communal, dès ce soir. "Les premiers contacts sont positifs. J'espère qu'elle sera acceptée à l'unanimité, ce qui serait un signe fort." Si c'est le cas, Philippe Close se donne 18 mois pour "digérer" et "évaluer "le premier volet de sa réforme.

09 mai 2008

La commune et la Région attaquées en justice

Les plaies du Midi se referment mal

Nouveau soubresaut de quinze années de mauvaise gestion de la SA « Bruxelles-Midi ».
Comme un boulet. La rénovation du quartier du Midi, à Saint-Gilles, est bien difficile à porter. Elle se traîne. Alors que les projets éclosent et laissent enfin entrevoir le renouveau du quartier, les erreurs et atermoiements du passé éclaboussent le présent. Dernier avatar, révélé par l'hebdomadaire Trends-Tendances : 11 propriétaires du quartier Midi (sur les 22 restants) attaquent en justice la commune de Saint-Gilles et la Région de Bruxelles-Capitale. Ils vivent depuis plus de seize ans sous la menace d'une expropriation en extrême urgence et demandent réparation pour les dommages subis.
En 1992, la Région de Charles Picqué et la commune de Saint-Gilles ont lancé la rénovation complète du quartier du Midi, dans le sillage du TGV. Projet porteur. Les autorités publiques ne voulaient pas laisser la bride sur le cou du privé. Ils créèrent un outil public, la .S.A. Bruxelles-Midi, dont la principale mission était le rachat des maisons par expropriations et mise au pas du privé afin d'éviter les dérives constatées dans le quartier Nord.
Hélas, aux yeux des petits propriétaires du quartier, les promoteurs privés aux dents longues ne furent que roupie de sansonnet face à la « rapacité de Bruxelles-Midi ». Le problème ? Le sous-financement flagrant de Bruxelles-Midi, alors que les prix de l'immobilier explosaient. Résultat ? Des tentatives d'expropriations, des achats au rabais dans un climat exécrable. Des propriétaires ont vécu ce climat d'insécurité mentale pendant quinze ans, à la merci d'une « décision immanente » qui ne venait pas. Face à cette insécurité, ils n'ont plus investi, n'ont plus géré leurs biens.
Voici deux ans, le juge de paix de Saint-Gilles a donné raison à un propriétaire en colère. Evénement déclencheur d'une prise de conscience dans le quartier, encadré par l'ASBL Quartier Midi. Cette fois, annonce l'association, ce sont vingt-cinq habitants (dont 11 propriétaires) du quartier Midi qui ont introduit une procédure en dommages et intérêts devant le tribunal de première instance de Bruxelles.
Les plaignants réclament des indemnités pour troubles de jouissance, chômage locatif et dommage moral. La procédure est en cours depuis quelques mois et l'affaire sera plaidée fin 2008. Le jugement devrait être prononcé en décembre.
Des cas classiques selon l'association : « Menacés depuis 1992 d'une expropriation en extrême urgence, ils vivent depuis lors dans des conditions de précarité et d'incertitude et dans un environnement de plus en plus dégradé et dangereux, tandis que leur bien se dévalue. Les autorités ne leur ont jamais communiqué le moindre planning, si ce n'est d'innombrables effets d'annonce et arrêtés annonçant perpétuellement l'urgence et l'imminence de la chose ».

28 avril 2008

Les Flamands boudent Bruxelles malgré les primes

Les entreprises et les institutions publiques souscrivent de plus en plus aux primes pour attirer des employés vers Bruxelles, avec pour exemple le plus parlant les primes pour le personnel de la commission communautaire flamande.En pratique, ces primes d'encouragement semblent avoir peu d'effets: il y a eu à peine 9 primes au déménagement payées ces trois dernières années à des fonctionnaires flamands, écrivent lundi les journaux De Standaard, Het Volk et Het Nieuwsblad.Un fonctionnaire qui démménage à Bruxelles reçoit une prime nette de 2.480 euros. Il reçoit ensuite annuellement une prime communale pour les fonctionnaires qui vivent à Bruxelles. L'année dernière, seuls 256 des 2.000 fonctionnaires ont reçu une telle prime. Tous les autres vivent en dehors de Bruxelles. La police paye également des primes pour Bruxelles. L'allocation Région Bruxelles Capitale s'élève déjà, après un an, à 669,32 euros nets par an.Peu de candidatsLes postes vacants sont malgré tout difficilement pourvus. Des entreprises privées, comme des banques, font également appel aux primes bruxelloises. "Nous éprouvons des difficultés à trouver des collaborateurs qui souhaitent venir travailler à Bruxelles. Nous proposons une prime de 140 euros bruts par mois. Cela couvre les connaissances linguistiques spécifiques nécessaires et les problématiques de mobilité", indique-t-on du côté de KBC.Le ministre flamand de l'Education Frank Vandenbroucke lance également ce genre de primes. Pour endiguer leur retour vers la Flandre -la moitié d'entre eux ne tient pas plus de cinq ans- les enseignants qui donnent des cours à Bruxelles pendant 3 ans recevront d'ici peu 40 euros nets par mois.

27 avril 2008

Le parquet contraint de relâcher 15 mineurs

Le parquet de Bruxelles a dû relâcher pas moins de 15 mineurs depuis vendredi soir parce qu’on n’avait pas trouvé de place pour eux dans une institution fermée, a expliqué à l’Agence Belga le magistrat francophone du parquet du Bruxelles, qui qualifie la situation de « dramatique ».
Samedi déjà, le magistrat de garde avait fait savoir que neuf mineurs avaient été interpellés après une série de vols. Mais il n’a pas été possible de les placer en institution fermée, faute de place. Ils ont tous été relâchés après audition, sauf un. Dimanche, six autres mineurs ont été mis à la disposition du parquet, mais pour eux non plus, on n’a pas trouvé de places, ce qui obligera le parquet à les laisser partir dans la journée.
« Samedi, il n’y avait qu’une place disponible alors qu’il nous en fallait neuf. Dimanche, il n’y en avait que deux, et encore, dans la section ouverte de l’institution pour filles de Saint-Servais. Certains faits sont suffisamment graves pour exiger une place en institution fermée », explique la porte-parole du parquet. « Mais si nous ne trouvons pas de solution de placement dans les 24 heures, nous sommes obligés de les laisser partir », ajoute-t-elle.
« Il s’agit d’un problème récurrent, mais il est à nouveau douloureusement illustré ce week-end », poursuit la porte-parole. Il n’y a de place nulle part : ni à Everberg, ni à Fraipont, ni à Braine-le-Château.
« C’est vraiment dramatique et c’est un problème grave auquel la Communauté française doit s’attaquer de toute urgence », insiste-t-elle.
Les centres de Fraipont et Braine-le-Château sont des institutions fermées pour des délinquants juvéniles de la Communauté française.
L’institution fermée d’Everberg est fédérale et accueille des jeunes tant francophones que flamands.
Le dernier fait grave en date s’est produit samedi soir. Un garçon de 16 ans a arraché le sac d’une dame âgée de 79 ans à Rhode-Saint-Genèse. En tombant, elle s’est fracturé le poignet, l’épaule et la hanche. Le malfrat, bien connu de la justice, a été arrêté et mis à la disposition de la justice. Après son audition par le juge d’instruction, il sera vraisemblablement libéré.

15 avril 2008

A Jacqmain, on a séché le décret Arena

On ne badine pas avec le décret Arena. Eric Deguide, préfet du lycée Emile Jacqmain, école réputée de la capitale, pourrait bientôt en faire l’amère expérience. A la dernière rentrée scolaire, il a accepté la pré-inscription de 80 élèves en secondaire dans son établissement. Le préfet est donc passé outre ledit décret, qui interdit toute pré-inscription dans les écoles francophones afin de permettre une plus grande justice sociale dans l’accès à l’enseignement.
Cette décision n’a entraîné aucune plainte de parents d’élèves. Reste que la Ville de Bruxelles semble prête à entamer une procédure disciplinaire à l’encontre d’Eric Deguide. Pour faire de ce cas encore unique un exemple ?
Convoqué de façon informelle en décembre dernier par l’échevine de l’Instruction publique, Faouzia Hariche (PS), l’homme n’a pas cherché à nier des faits qu’il semble prêt à assumer, refusant même d’envisager de prendre une prépension comme certains lui auraient soufflé. Résultat, le préfet de l’école Jacqmain vient de recevoir une lettre recommandée de la ville, le convoquant au prochain conseil communal, prévu le 21 avril prochain. Ce qu’il encourt ? Peut-être une rétrogradation. Ce sera aux membres du conseil communal d’en décider.
Le lycée Jacqmain ne fait pas partie de l’enseignement organisé par la Communauté française, même si celle-ci la subventionne, au même titre que l’enseignement libre. « Seul le pouvoir organisateur, en l’occurrence, ici, la Ville de Bruxelles, est en mesure de sanctionner le fautif, explique-t-on au cabinet de Christian Dupont (PS), le ministre de l’Enseignement obligatoire de la Communauté française qui a succédé à Marie Arena, montée au fédéral. Qu’il y ait plainte ou pas ne change rien. Un pouvoir organisateur qui ne prendrait pas de mesures à l’encontre d’un chef d’établissement dépendant de son réseau ne respectant pas un décret, s’exposerait à une suppression de subsides ».
L’échevine, qui se refusait à tout commentaire lundi, met-elle un zèle particulier à faire respecter un décret pris par sa collègue socialiste ? Qu’importe, semble dire un membre du collège de la Ville de Bruxelles, qui a lui-même passé la nuit aux portes d’un établissement du même réseau pour y inscrire son fils : « Je ne suis pas complètement en phase avec le décret Arena, mais l’attitude du préfet de Jacqmain est scandaleuse par rapport à ceux qui ont suivi la règle ».
Une règle que le préfet, lui, risque de se prendre sur les doigts.

"Iris remplit sa mission de service public"

Le président du réseau Iris Yvan Mayeur (PS) dresse un état des lieux de ses trois années de présidence. Le One day clinic, les consultations et le passage aux urgences ont augmenté. Le statut des médecins sera, lui, réformé en profondeur.
C'est un Yvan Mayeur (PS) remonté et en verve qui a donné hier sa dernière conférence de presse en tant que président du réseau des hôpitaux publics bruxellois Iris. Le 23 avril prochain, il passera en effet le flambeau à son successeur. C'est Philippe Close (PS), échevin à la Ville de Bruxelles, qui est pressenti. "Je voulais que ce soit un politique de la Ville de Bruxelles pour présider aux destinées d'Iris et non un technicien avec de quelconques responsabilités", lâche tout de go Yvan Mayeur, également président du CPAS de la Ville de Bruxelles.
Cela dit, Yvan Mayeur a présenté l'évolution des activités de l'Interhospitalière régionale des infrastructures de soins (Iris) au cours de ses trois années de présidence (2005, 2006 et 2007). Globalement, le CHU Saint-Pierre et le CHU Brugmann ont vu leurs admissions augmenter. Celles de l'Institut Jules Bordet et de l'Huderf sont stables. Les admissions aux hôpitaux Iris Sud (HIS) ont, en revanche, diminué. "Ces hôpitaux doivent rester des hôpitaux de proximité, dans leur commune (Etterbeek, Ixelles, Anderlecht et Forest) mais ils ont une obligation d'identité", déclare Yvan Mayeur. "Je leur ai suggéré de développer la gériatrie mais ils n'ont pas voulu de mes propositions et je le regrette".
Tous les hôpitaux Iris affichent en outre une progression des journées en One day clinic, des consultations et des passages aux urgences. "J'étais inquiet à la vue de ces chiffres", confie Yvan Mayeur. "Mais, il n'y a pas de transfert de l'un vers l'autre. Nous n'avons pas un mauvais usage des urgences". De fait, parallèlement, "le nombre de cartes santé octroyé par le CPAS de la Ville a augmenté. Notre action a donc une utilité sociale".
"Néanmoins", enchaîne-t-il, "tout cela a un impact sur les coûts". Les hôpitaux Iris ont en effet enregistré un déficit total de 15 millions d'euros en 2005, de 23 millions en 2006 ("en raison de l'explosion du déficit du CHU Brugmann", rappelle Yvan Mayeur) et de 19 millions en 2007. Les perspectives budgétaires pour 2008 indiquent un déficit de quelque 21 millions. Yvan Mayeur pointe deux éléments qui creusent le déficit : le multisite, c'est-à-dire que "le service de proximité à la population bruxelloise implique plusieurs sites hospitaliers, ce qui engendre un coût structurel", explique-t-il; et le "non-financé" (augmentations barémiques régionales, primes linguistiques, charges des statutaires,...). Face à ses détracteurs, Yvan Mayeur défend : "un déficit de 21 millions, ce n'est pas cher payé pour les missions de service public que rend le réseau Iris". Et de décocher une flèche à l'opposition MR : "le MR veut privatiser certains hôpitaux publics. Le MR se trompe de perspective politique et de projet politique. Je les appelle à la raison, qui est le bien-être de la population".
Mono-réseau
Avant de passer la main à Philippe Close, Yvan Mayeur a entrepris une vaste réforme du statut des médecins travaillant dans les hôpitaux de la Ville de Bruxelles (CHU Saint-Pierre, Bordet, CHU Brugmann et Huderf). La 2e phase de cette réforme est sur la table. Concrètement, M. Mayeur propose d'établir le principe du mono-réseau (soit Iris, Erasme et AZ-VUB) pour les médecins avec possibilité de rapatrier leur activité privée. Objectif ? "Eviter une mise en concurrence négative du réseau privé envers le réseau public". Yvan Mayeur espère que cette mesure pourra entrer en vigueur très prochainement.
Seront aussi mis en place des contrats d'objectifs qualitatifs, financiers et dédiés à la recherche. Enfin, un fonds de promotion et une pension complémentaire pour les médecins contractuels seront mis sur pied.
Autant de dispositifs qui, selon M. Mayeur, "relèvent du bon sens afin de remettre l'accent sur la pratique de la médecine".

23 mars 2008

Les Bruxellois ont peur de la mainmise wallonne

Le CDH veut imposer Cerexhe
BRUXELLES réclame son ministre à la Communauté. Tarabella, lui, pourrait se replier à la Région.

Un Bruxellois ministre à la Communauté ? Ce sera lui.

La double casquette de Rudy Demotte ? « Cela crée un déséquilibre dans les relations intrafrancophones avec le renforcement de l’axe Wallonie-Communauté française, estime Christos Doulkeridis (Ecolo). C’est très regrettable pour la Région bruxelloise qui a besoin de synergies renforcées avec la Communauté. »
Le MR, par la voix de Françoise Bertieaux, ne dit pas autre chose. « C’est une occasion manquée de faire monter un Bruxellois au gouvernement de la Communauté, pour garantir les liens entre francophones. » Et la chef de groupe des libéraux au Parlement communautaire de proposer un nom : Benoît Cerexhe, ministre CDH (bruxellois) de l’Emploi et de l’Economie et président de la Cocof.
Celui-là même qui nous déclarait jeudi que « l’arrivée de Demotte devrait être une étape transitoire avant la généralisation des doubles casquettes pour tous les ministres régionaux, qui siégeraient aussi au gouvernement communautaire ». Toute la journée de vendredi, son nom a été cité. Pour jouer les Bruxellois de service dans le gouvernement de Rudy Demotte ? Les nombreuses sources CDH contactées nous l’ont confirmé : c’est l’hypothèse de la présidente.
Reste à convaincre le PS. Qui, par la bouche d’Elio Di Rupo, jeudi, avait dit qu’il n’était pas exclu que « d’autres changements soient opérés au sein des gouvernements régionaux et communautaire ». Boulevard de l’Empereur, pourtant, toute la journée d’hier, on démentait catégoriquement le scénario. « On ne travaille pas sur ce schéma. Fadila Laanan est Bruxelloise et a la tutelle de la Commission communautaire française. La représentativité des Bruxellois est donc assurée à la Communauté. »
Au CDH, pourtant, on insiste. « Le PS a fini par accepter, à condition qu’on n’exige pas de nouvelles compétences », souligne un(e) ministre CDH. « Ou alors, un troc : on échangerait des compétences mineures avec le PS, pour lui donner quelque chose », souligne cet(te) autre. « On envisage aussi de faire siéger Cerexhe sans compétences, souligne ce troisième. Sa seule présence assurerait le lien avec Bruxelles. » Et une quatrième source, tout aussi haut placée, de préciser : « En tout cas, on aimerait régler ça, en coulisses, avant Pâques. »
Par exemple ce samedi, dans les couloirs de la Chambre, où Elio Di Rupo, le député, croisera Joëlle Milquet, la ministre ? Peut-être… A moins que ces rumeurs concordantes ne relèvent de la pure stratégie du CDH, désireux de rétablir l’équilibre au sein du gouvernement de la Communauté où l’arrivée de Demotte et Dupont en échange du seul départ d’Arena augmente le poids socialiste ? Ce n’est pas impossible. Elio Di Rupo pourrait alors jouer sur une corde que l’on sait très sensible chez Joëlle Milquet : la loi du nombre. D’autant que le PS pourrait, lui, faire un geste en ce sens en repliant Marc Tarabella sur le gouvernement wallon, ses compétences (Jeunesse, Promotion sociale et Formation) allant à Fadila Laanan.

05 mars 2008

29 entreprises bruxelloises ont reçu un label de gestion verte

L'année 2007 a été fructueuse pour le label "Entreprise éco-dynamique" de la Région-capitale: 29 entreprises ont obtenu ce certificat bruxellois de bonne gestion environnementale octroyé pour trois ans.Parmi celles-ci, Eco-Conseil Entreprises (consultance en environnement), Groupe One (formation et coaching en entrepreneuriat responsable), le département de la Politique Scientifique fédérale et RDC Environnement (bureau de conseil et d'études en environnement) se sont vu décerner les trois étoiles (le maximum) du label. Octroyé pour trois ans, celui-ci a été décerné mardi aux lauréats de 2007 par la ministre bruxelloise de l'Environnement Evelyne Huytebroeck. Il s'agit d'entreprises au sens large, de tous les secteurs (public, privé, non-marchand, quelle que soit leur taille). On y trouve des noms connus tels que le département de la recherche et de la technologie de Solvay, deux sites de la STIB , Vivaqua, Test-achats, l'agence bruxelloise de l'Entreprise, l'Association des Villes et des Communes de la Région de Bruxelles-capitale et certaines administrations communales.La reconnaissance honorifique est exploitée par les candidats à l'effort environnemental, en termes d'image et de marketing. Elle récompense notamment une série d'actions en matière de gestion des déchets, d'économie d'énergie, de gestion des déplacements, ou encore d'utilisation des matières premières. Tout promotionnel qu'il puisse être, ce trophée du mérite écologique favorise une action dans la durée, par le biais des étoiles que les entreprises peuvent ajouter à la première, au fil des ans, et de leur degré de performance environnemental.Leur démarche volontaire en faveur de l'environnement est encadrée par Bruxelles Environnement qui apporte son aide pour planifier les mesures et efforts. Un soutien est fourni dès l'acte de candidature des entreprises à l'éco-label: formations méthodologiques et techniques pour le personnel, mise à disposition de consultants, création d'un réseau d'échanges et d'expériences sur la toile. Au terme de l'année écoulée, 92 entreprises bruxelloises disposent de cette reconnaissance décernée depuis 1999.Pour l'année 2008, la ministre Huytebroeck a proposé au jury de simplifier la procédure de candidature tout en insistant sur l'importance de la gestion de l'énergie et de la mobilité. Après une année 2007 davantage orientée vers le secteur culturel, 2008 sera davantage focalisée sur l'écolabellisation du secteur horeca, a annoncé la ministre. La remise des labels était d'ailleurs organisée à l'hôtel "Le Plaza", un des quatre hôtels bruxellois écolabellisés, qui a participé au récent audit sur les économies d'énergies potentielles dans le secteur hôtelier de la capitale. Cet audit a révélé que moyennant un investissement équivalent à un pc de leur chiffre d'affaires, les hôtels de la capitale peuvent réduire leurs consommations d'électricité et de combustible de 10 et 20 pc. Une telle opération engendrerait une réduction des émissions annuelles de CO2 comparables à celles de près de 20.000 habitants.