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11 mai 2008

La Serbie entre l'honneur perdu et l'UE

Christophe Lamfalussy
Mis en ligne le 10/05/2008
Des législatives cruciales ont lieu dimanche en Serbie. Les électeurs vont-ils se replier sur eux-mêmes ou parier sur l'Europe qui a reconnu le Kosovo ? Vojislav Kostunica pourrait à nouveau jouer le rôle du troisième homme.
A cause de la crise ouverte par la déclaration d'indépendance du Kosovo en février, la Serbie se retrouve à nouveau à la croisée des chemins, ce dimanche, à l'occasion de législatives cruciales pour le pays et pour l'ensemble de la région.
Une partie de la Serbie - qui s'est toujours considérée même sous Milosevic comme ayant à jouer un rôle européen - tourne le dos à cette Europe qui a reconnu, par dix-neuf Etats sur 27, l'indépendance du Kosovo. Elle penche pour des liens avec d'autres grandes puissances, dont la Russie et la Chine.
L'autre espère de l'Union européenne qu'elle sortira le pays du marasme et offrira aux jeunes Serbes des emplois et un peu de liberté financière. Elle n'appuie pas pour autant l'indépendance du Kosovo.
Deux hommes symbolisent cet affrontement très caricatural. Tomislav Nikolic, 56 ans, le chef du parti radical (SRS) symbolise la voie nationaliste et l'ouverture aux pays non-européens. Boris Tadic, 50 ans, le président serbe, emmène le camp des proeuropéens, à la tête du Parti démocrate (DS). Cent dix mille voix seulement séparaient les deux hommes au second tour des présidentielles de février qui donna un léger avantage à Tadic.
Mais c'était avant la reconnaissance du Kosovo. Et depuis, une véritable campagne antieuropéenne s'est enclenchée en Serbie, s'opposant au déploiement d'Eulex au Kosovo et, surtout, à la signature précipitée par Boris Tadic d'un préaccord de stabilité et d'association (Asa) avec l'Union, le 29 avril à Luxembourg.
Depuis cette signature, Tadic a reçu des menaces de mort. Des affiches placardées l'accusent d'être un "traître à la patrie". "C'est une nouvelle chasse aux sorcières, similaire à l'époque Milosevic, quand les opposants politiques pouvaient recevoir une balle dans la tête", a dénoncé le ministre de la Défense et responsable du parti de Tadic, Dragan Sutanovac.
Une partie serrée
Selon les sondages, la partie est à nouveau serrée ente les deux courants. Pour Strategic Marketing, Nikolic obtiendrait 33,2 pc des intentions de votre contre 31,5 pc à l'alliance conduite par le président Tadic. Plus de 6,7 millions de Serbes sont appelés à voter dans ces élections qui seront aussi municipales. Ce sera le dernier scrutin avant plusieurs années - sauf crise.
Dans ce jeu, le Premier ministre sortant Vojislav Kostunica, 64 ans, joue à nouveau le rôle d'outsider. Sa formation, le Parti démocratique de Serbie (DSS), est créditée de 13,8 pc des voix, ce qui donnerait à nouveau la possibilité à ce parti de plus en plus populiste et antiaméricain de participer à un gouvernement de coalition. Kostunica a fait campagne contre la signature par Tadic de l'accord avec l'UE. Il estime que cette "trahison" revient à accepter de facto l'indépendance du Kosovo, ce qui est faux, puisque la reconnaissance du Kosovo est un acte bilatéral. Seuls 39 pays au monde ont reconnu la souveraineté kosovare. Parmi eux figurent Nauru et le Liechtenstein... mais pas l'Inde, la Russie ou la Chine.
Des visas gratuits
Les diplomates européens ont déployé des trésors d'imagination pour consolider les chances de Boris Tadic. Il y a eu tout d'abord la signature sous conditions de l'accord à Luxembourg. Ensuite dix-sept pays européens (mais pas la Belgique) ont décidé d'offrir la gratuité des visas aux Serbes dans l'espoir que cette mesure donne une meilleure image de l'Europe aux jeunes électeurs. Pour le moment, un visa européen coûte cher - 35 euros pièce - et les files sont longues.

24 juillet 2007

Dernière chance aux négociations au Kosovo

MAJ le 24/07/2007

Les 27 veulent éviter les divisions après l'échec des efforts de l'ONU. Javier Solana a lancé un appel à la "responsabilité" de Belgrade et de Pristina. Quatre mois de négociations diplomatiques serrées s'engagent.
Evidemment tout était plus compliqué depuis le rejet de la cinquième version d'une proposition de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU présentée par les Américains et les Européens. Celle-ci devait permettre de résoudre l'épineuse question du statut du Kosovo mais elle a été une nouvelle fois repoussée vendredi dernier par la Russie. Cette impuissance du Conseil de sécurité avait pour effet de renvoyer la "patate chaude" dans le camp du groupe de contact composé des Etats-Unis, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Italie et de la Russie, alliée objective de la Serbie dans cette affaire. Autre conséquence prévisible : un rôle plus important pour les 27... qui se réunissaient hier à Bruxelles.
Un avenir compliquéSans résolution de l'ONU, la position des Européens est plus délicate d'autant que les dissensions entre les chancelleries du Vieux Continent affleurent. Plusieurs ministres européens des Affaires étrangères ont d'ailleurs appelé hier à éviter les "divisions inutiles" sur le statut de la province indépendantiste serbe. "Maintenir l'unité de l'UE est primordial pour notre crédibilité dans les Balkans et ailleurs" , a déclaré le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dès son arrivée à Bruxelles. Son nouvel homologue britannique, David Miliband, a lui aussi jugé "important d'être clairs sur le besoin d'un leadership et d'une unité forte de l'Euro pe dans ce domaine".
M. Bildt a aussi appelé les 27 à garder l'esprit "ouvert" à la veille de nouvelles négociations entre Serbes et Kosovars, qui doivent être menées pendant quatre mois non plus sous l'égide du médiateur de l'ONU Martti Ahtisaari mais sous celle du Groupe de contact sur le Kosovo.
Quatre mois de négociationsEuropéens et Américains estiment "qu'il n'y a pas d'autre solution à long terme que l'indépendance du Kosovo" , toujours rejetée jusqu'ici par les Serbes et les Russes. "Nous savons grosso modo vers où nous allons, mais la façon dont nous y arriverons est aussi extrêmement importante pour préserver la stabilité des Balkans, la stabilité de la solution et l'applicabilité de cette solution. Tout cela va nécessiter une période de diplomatie" , a souligné M. Bildt.
Son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, a indiqué qu'il espérait que ces nouvelles négociations entre Serbes et Kosovars seraient supervisées conjointement par une "troïka" composée d'un Russe, d'un Américain et un Européen.
A l'issue de la réunion des 27, Javier Solana a lancé " un appel à la responsabilité de Belgrade et de Pristina". "Il ne faut certes pas aller trop vite en besogne mais nous attendons des résultats concrets" ,
Donner du temps au temps c'est aussi le point de vue de Bernard Kouchner, qui a souligné que "120 jours constituent une base de travail, pas une fin en soi".
De son côté, Karel De Gucht, s'est distancié de son approche légaliste sur le statut du Kosovo, sans cacher son irritation envers Moscou. Il entrevoit même une "unanimité sans la Russie". "Le Kosovo se trouve au milieu de l'Europe, pas au milieu de la Russie",
Les 27 ont par ailleurs aussi abordé les questions du Darfour - feu vert pour la préparation d'une mission de maintien de la Paix au Tchad chargée d'encadrer les camps de réfugiés au Darfour voisin -, des derniers développements de la Procédure de Paix dans le Moyen-Orient après la réunion du Quartette à Lisbonne et de la situation au Liban.
© La Libre Belgique 2007