08 avril 2008

Demotte ouvert à un débat institutionnel serein

Les Francophones sont ouverts aux débats institutionnels, pour autant qu’ils soient dépassionnés, a prévenu mardi le nouveau ministre-président de la Communauté française, dans la Déclaration de politique de l’équipe gouvernementale remaniée.

Devant le parlement communautaire, Rudy Demotte a toutefois appelé la Flandre à revoir ses politiques lorsqu’elles interpellent les institutions internationales et l’a avertie de l’intangibilité de la solidarité Wallonie-Bruxelles.
Le renforcement de la collaboration entre Communauté française, Région wallonne et Région bruxelloise au profit d’une meilleure gouvernance francophone a constitué le fil rouge de la Déclaration du chef de file de la Communauté française et de la Région wallonne devant un hémicycle loin d’avoir fait salle comble.
Désormais, les compétences de la Communauté devront être mobilisées pour soutenir le développement des deux Régions et amplifier tant le plan Marshall en Wallonie que le Contrat pour l’emploi et l’économie à Bruxelles, a expliqué M. Demotte, annonçant des gouvernements conjoints avec la Région wallonne et la Cocof à Bruxelles à intervalles réguliers, dès le 18 avril. Tout cela augure d’un schéma qui pourrait s’imposer à l’avenir, a-t-il dit, faisant aussi référence aux travaux du Groupe Wallonie-Bruxelles.
Le ministre-président s’est dit heureux du débat institutionnel qui s’ouvre, mais en avoir « assez » des attitudes frileuses : les Francopones sont prêts au débat rationnel et respectueux mais dans l’intérêt de tous, a-t-il souligné. Il a demandé à la Flandre de revoir dans un esprit d’ouverture certaines décisions, critiquées par les institutions internationales, plutôt que dans une attitude de repli sur soi. Rudy Demotte a aussi averti : Bruxelles doit être renforcé et si les Francophones étaient seuls dans ce combat, « chacun devrait alors réfléchir à ce qui est vraiment sa capitale ».
Abordant les dossiers concrets, il a parlé des réalisations de Marie Arena mais aussi des chantiers qui doivent être achevés ; c’est ainsi qu’il a confirmé que son équipe déterminera un dispositif « alternatif » permettant d’éviter les files lors des inscriptions dans les écoles secondaires.
En matière de culture aussi, des chantiers sont ouverts, pour mieux coordonner les initiatives de l’Etat fédéral, des Communautés et Régions en faveur du cinéma notamment. Il a également évoqué les 6 millions que le gouvernement consacrera à l’équipement des écoles techniques et marqué sa volonté de voir le gouvernement approuver d’ici un mois le projet de décret permettant de lancer le partenariat public-privé au profit des bâtiments scolaires.
L’opposition MR et Ecolo a fortement insisté sur le manque de représentation bruxelloise au sein du nouvel éxécutif. Au nom des réformateurs, Françoise Bertieaux a aussi largement décrié l’action de Marie Arena, à laquelle succède M. Demotte, et incité le nouveau ministre de l’Enseignement Christian Dupont à redresser la barre.
Pour Ecolo, Marcel Cheron a souhaité que le gouvernement retrouve la confiance du monde de l’enseignement.

Manque de représentativité pour l’opposition bruxelloise
L’opposition MR et Écolo a fortement insisté sur le manque de représentation bruxelloise au sein du nouvel exécutif de la Communauté française.
Au nom des réformateurs, Françoise Bertieaux a qualifié la « double casquette » de M. Demotte de « tuyau supplémentaire » reliant la Communauté à la Région wallonne. Mais elle souhaite un « pipeline » pour joindre Bruxelles et la Communauté et regrette l’isolement bruxellois au sein du gouvernement de la Communauté.
La chef de file réformatrice a appelé MM. Demotte et Dupont, ces « deux Anciens sérieux » à siffler la fin de la récréation, pour un gouvernement qui riait bien trop sous l’ère Arena.
Continuant à brosser un tableau particulièrement noir de l’ex-ministre présidente, Mme Bertieaux a réclamé une énième fois l’abrogation du décret « Inscriptions », mettant en garde Christian Dupont sur l’erreur qui consisterait à rajouter une couche aux deux décrets précédents, comme on le ferait pour confectionner un Mille-feuilles.
Elle veut aussi que le ministre-président amène le ministre du Budget Michel Daerden à se pencher sur le désendettement de la Communauté et à voir ce qu’il a fait du fonds Ecureuil « par amour pour Fadila ».
Poursuivant dans l’ironie, Mme Bertieaux a encore proposé son aide au CDH qui, au sein de la majorité, devra supporter le poids renforcé du PS.
Pour Écolo, Marcel Cheron a préféré parler de « Bruxelles et Wallonie », plutôt que de Communauté française ; fonder une Communauté sur une langue ne correspond pas à la réalité, estime-t-il.
Il a qualifié la double désignation de M. Demotte de « coup de tonnerre » qui s’est abattu sur la langueur hivernale des travaux du Groupe Wallonie-Bruxelles. « Didier voulait le faire en 2009 mais Elio l’a fait avant », s’est exclamé le député Écolo. Mais pour lui, l’oeuvre présidentielle est inachevée car la ministre Fadila Laanan ne possède pas le talent de dédoublement de la personnalité que l’on a lorsqu’on siège dans deux gouvernements.
Il a aussi souhaité que le gouvernement retrouve la confiance du monde de l’enseignement.
Sur les bancs de la majorité, Léon Walry a souligné que 80 % des mesures du Contrat pour l’école de Marie Arena avaient été mises en oeuvre. Cet hommage rendu à l’ex-ministre-président ne l’empêche pas d’accueillir « avec enthousiasme » son successeur à l’Enseignement, Christian Dupont.
La composition du nouveau gouvernement emporte son soutien total : « ne sommes-nous pas déjà avec cette nouvelle architecture dans la voie la plus sage ? », a-t-il demandé.
Un langage « défaitiste et caricatural »
Au CDH, Anne-Marie Corbisier a épinglé un langage « défaitiste et caricatural » qui n’a jamais rien arrangé, même quand on se dit prêt à collaborer avec la majorité. A titre personnel, elle a souhaité que l’on profite du moment pour aller « plus loin dans la représentation des Régions et pas seulement la Wallonie ». Ce serait un retour au gouvernement d’il y a 5 ans, un système que la majorité précédente a patiemment détricoté, a-t-elle dit.
Caroline Persoons (MR-FDF) a fait remarquer que le rapprochement politique et institutionnel Wallonie-Bruxelles avait servi régulièrement d’effet d’annonce aux précédents gouvernements de la Communauté. Willy Borsus (MR) a demandé, sans obtenir de réponse, si bientôt, outre un nouveau ministre « double casquette » bruxellois, il n’y aurait pas aussi une nouvelle double casquette wallonne.

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