07 avril 2008

Hervé Hasquin fait sa « révolution » à l'Académie

Hervé Hasquin nous annonce un successeur au Centre Jean Gol et une « révolution » à l'Académie royale de Belgique.

à la rue Ducale, au premier étage du Palais des Académies, le Secrétaire perpétuel livre son plan de relance de l’institution créée en 1772. Il veut notamment créer un Collège Belgique, sur le modèle
Hervé Hasquin rompt le cordon qui le reliait encore à la vie politique active : après trois années à la direction du bureau d'études du Mouvement réformateur, le Centre Jean Gol (sa création en 2005), il cédera le témoin dans quelques jours à Arthur Baudson, recteur honoraire de l'Université de Liège, pour se consacrer pleinement à sa nouvelle mission de Secrétaire perpétuel de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. « Au fond, j'ai toujours été un académique qui faisait de la politique », se rassure l'historien (à l'ULB), ex-ministre et figure de premier plan de la famille libérale francophone, 65 ans en décembre. Qui prend d'assaut le Palais des académies comme on part en campagne, ou comme on imprime sa marque à un gouvernement : « Je vais entreprendre une vraie révolution », nous explique-t-il. Secouer la prestigieuse institution née en 1772 sous l'impératrice Marie-Thérèse (« Avant la Belgique, et je ferai en sorte qu'elle lui survive ! »), implantée rue Ducale avec vue imprenable sur le Palais royal, le Parc de Bruxelles, la rue de la Loi, employant une trentaine de personnes et accueillant 150 académiciens, scientifiques, savants, professeurs, artistes…
Au premier étage, le Secrétaire perpétuel (« Vous ne trouvez pas que je devrais changer le nom ? ») nous dévoile son plan de bataille : « Je veux une Académie citoyenne, mieux en phase avec les structures politiques régionales de notre pays, en prise avec les réalités de notre temps, qui crée des liens avec le monde économique, social. »
Sa « révolution » passera par la création d'une quatrième « classe » à l'Académie, qui s'ajoutera aux sections « Sciences », « Lettres, Sciences morales et politiques », et « Beaux-Arts » qui la composent historiquement. « Je lancerai une classe dévolue aux technologies, à la recherche et développement », qui aura un rôle d'« évaluation » des politiques mises en œuvre aux différents niveaux de pouvoir (« J'en ai parlé aux ministres ») et conçue par ailleurs pour explorer les sujets d'avant-garde, comme celui du développement durable. « Il y aura des ingénieurs, des philosophes, des spécialistes en sciences humaines, il faut mélanger, travailler ensemble. »
Acte II : créer un « Collège Belgique ». Sur le modèle du Collège de France. Avec un cycle de cours et de conférences dans toutes les disciplines, grandes ouvertes au public. « Cela se passera au Palais des Académies, mais également sur les campus universitaires en Wallonie et à Bruxelles. Le Collège Belgique devrait aussi combler un vide : celui des écoles doctorales des universités. Je peux vous annoncer que le président du Collège sera Jean-Marie André, un grand chimiste, professeur à l'Université de Namur. »
Troisièmement : le nouveau Secrétaire perpétuel lancera un « Collège des alumnis », rassemblant les pupilles de l'Académie, artistes, scientifiques et savants « de moins de 40 ans, les plus talentueux ». Ce sera, dit Hasquin, « une façon encore d'assurer un avenir à notre Académie, de travailler tout spécialement avec les générations montantes ». Avec une cure de rajeunissement à la clé : pour rejoindre « confrères » et « consœurs » (le nom des élus à l'Académie), il faudra avoir moins de 60 ans à l'avenir.
Quatre : l'Académie s'est adjoint les services des « meilleurs sur le marché » pour confectionner son site internet : « Nous avons une telle richesse en documents et livres anciens ici, tout sera mis à disposition. »
Cinq : il faut plus de « décorum ». « L'Académie a délaissé les cérémonies, les réceptions, les manifestations publiques. Cela va changer. Nous programmons une grande soirée d'ouverture le 24 avril, avec Giscard d'Estaing, qui livrera un grand discours sur le thème : ''Serons-nous un jour des citoyens européens ?''. »
Le 16 mai, Hasquin réunira toutes les « classes » pour une soirée interdisciplinaire : « Des artistes s'exprimeront devant les scientifiques et inversement. Il faut communiquer. » Soyons « modernes ». Le décorum en plus : « Je veux réhabiliter le port de la toge à l'Académie ! »
Il veut aller vite. Sa « révolution » sera exécutée en quelques mois, avant 2009. Entre-temps, il aura laissé les clés du Centre Jean Gol, avenue de la Toison d'Or, à Arthur Baudson, qui hérite d'un bureau d'études ressuscité il y a 3 ans (le Centre Pol Hymans avait rendu l'âme depuis longtemps), foyer d'une nouvelle production intellectuelle autour de la famille libérale, une clé de la réussite en politique, ce dont le MR semble s'être convaincu.

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