Laloux retourne dans sa tanière
Un Namurois succède à un autre Namurois…
Frédéric Laloux a démissionné, Jean-Marc Delizée lui succède comme secrétaire d'Etat à la Lutte contre la pauvreté. Elio Di Rupo assume ses choix. Et se porte candidat à sa succession. Je refuse de participer à la Star Academy de la politique. » Le communiqué – dont la mise en page, jusqu'à la police de caractère, est en tous points identique à celle du boulevard de l'Empereur – tombe samedi, à 15 h 17. Frédéric Laloux n'en peut plus, dit-il, de la pression, il rend son tablier, moins d'un mois après l'avoir enfilé.
Vers midi, le Premier ministre a été averti. Yves Leterme s'entretient avec le Namurois par téléphone. Puis les communiqués tombent. La décision a-t-elle vraiment été prise vendredi soir, par le seul intéressé ? « Oui », jurent, en chœur, Frédéric Laloux et Elio Di Rupo. « La pression devenait insupportable pour lui, souligne le président du PS. Elle l'était déjà le week-end d'avant et ça n'a fait que s'amplifier. Vendredi soir, il a consulté des amis et les responsables namurois. Mais il a agi seul. »
« La décision avait été prise plus tôt, corrige ce ténor socialiste. Il était prévu qu'il démissionne au début de la semaine dernière. Mais la sortie de Moureaux dans Le Soir, mardi, a chamboulé la stratégie : le faire démissionner à ce moment-là, cela devenait impossible. » « Faux », dénonce la porte-parole du PS. Il semble pourtant que l'hypothèse d'une démission avait été étudiée au PS. Pendant les vacances de Pâques, lorsque Laloux faisait déjà la une des médias. « Cela aurait été injuste : rien, dans le dossier, ne le justifiait. »
Puis, la critique s'intensifie : Moureaux sort, la presse entière qui souligne sa piètre prestation à la Chambre, lorsqu'il présente sa note de politique générale et les acteurs de terrain disent avoir perdu toute confiance en lui.
La succession a été vite réglée, Elio Di Rupo ayant choisi de puiser dans le vivier parlementaire, celui-là même qui avait critiqué la désignation de Laloux. Sur ce point, la désignation de Jean-Marc Delizée, qui a prêté serment dimanche à Ciergnon, devrait calmer les esprits.
Le commentaire de Véronique Lamquin
Un coup et un quadruple gâchis
Il est des coups de poker qui s’avèrent de vrais coups de génie. Celui qu’avait cru réussir Elio Di Rupo, le 20 mars, en sortant de son chapeau présidentiel deux surprises du chef, a tourné au gâchis.
Gâchis, d’abord et avant tout, pour le principal intéressé. Propulsé du conseil communal de Namur au conseil des ministres, Frédéric Laloux aura sans doute bien du mal à se relever de pareil échec. En moins d’un mois, le Namurois aura réussi à prêter le flanc à la critique tant sur le fond (avec une note de politique générale pour le moins indigente) que sur la forme (sa communication ambiguë quant à son bureau) et sur les principes (ayant dénoncé l’usage de cartes essence chez un adversaire politique, sans être lui-même totalement transparent sur la question). Le voilà renvoyé sur ses terres avec le sentiment humiliant d’être la risée du Royaume.
Gâchis, aussi, pour la politique en général. Un secrétaire d’Etat acculé à la démission quatre semaines à peine après avoir prêté serment, voilà qui ne fait pas sérieux, surtout pour un gouvernement qu’on soupçonne provisoire et que l’on a attendu neuf mois !
Gâchis, encore, mais là on arrive dans la cuisine interne, pour le Parti socialiste. Qui tente de se relever de son échec électoral de 2007 et d’effacer les affaires, pour faire mentir les sondages… Pas sûr que c’est en occupant la scène médiatique par des erreurs aussi flagrantes de casting, dénoncées depuis l’intérieur du parti, que l’on redresse la barre.
Gâchis toujours, mais cela ne regarde que lui, pour Elio Di Rupo lui-même. Qui a usé et abusé de cette prérogative de président, celle de faire et défaire les ministres. Aujourd’hui, cette technique montre ses limites. Et, n’en déplaise au président du PS, c’est à lui seul qu’incombe l’échec.
Ce quadruple gâchis n’est pas la preuve qu’il est dur d’être « petites gens » en politique. C’est la preuve que la politique est un métier comme les autres. Qui s’apprend pas à pas. Surtout quand on n’a pas un talent incontestable.
Di Rupo tacle Moureaux
Le Montois dénonce l'attitude du Bruxellois : "incompréhensible "
Il y pensait depuis plusieurs jours déjà. Trop de pression. Crainte des conséquences sur ses enfants en bas âge. Sentiment de plomber l'image du gouvernement. Si pas celle de son parti. Et certitude, au fond de lui-même, que, quoi qu'il fasse désormais, il traînerait l'affaire de ses 300 litres d'essence comme d'autres trimbalent l'image de leur douche. Lourde. Et collante. Il s'en explique dans la page suivante.
Samedi midi donc, Frédéric Laloux (PS) a averti Elio Di Rupo de sa décision de remettre son mandat. Il l'avait déjà eu en ligne sur le même sujet quelques jours plus tôt. Le Montois lui avait réaffirmé sa confiance, l'invitant à bien réfléchir avant de prendre une quelconque décision. Elle est tombée quarante-huit heures plus tard.
Les choses, ensuite, n'ont pas traîné. À 11 h 25, ce dimanche, juste avant d'entamer son marathon télévisé, Elio Di Rupo faisait savoir le nom de son successeur par un communiqué du Palais. Plus de recherche d'effet surprise cette fois : il s'agit d'un autre Namurois, Jean-Marc Delizée. Mais surtout d'un parlementaire, à la différence de Frédéric Laloux, ce qui lui avait valu de lourds reproches en interne.
Mais c'est un Namurois, donc. Et pas un Bruxellois, comme l'aurait sans doute espéré le vice-président du PS, Philippe Moureaux, auteur d'une sortie assassine contre Laloux en début de semaine dernière. Une sortie qui visait à forcer la montée au fédéral d'un de ses protégés, Karine Lalieux ou Yvan Mayeur, ce dernier trouvant le secrétariat d'État à la Pauvreté à sa taille. Raté.
Dans l'entretien qu'il nous accorde ce dimanche, Elio Di Rupo justifie son choix. Mais surtout, il riposte sèchement à Philippe Moureaux, dont il juge l'attitude "incompréhensible" .
"Un équilibre à préserverau sein du parti"
"Nous nous en sommes expliqué tous les deux ", complète le Montois. Qui annonce : "Je serai candidat à ma propre succession à la tête du parti en 2011 ", comme pour mieux faire taire ceux qui, déjà, parient sur le départ de la présidence du PS de celui qui vient à peine d'y être réélu en juillet dernier, avec 90 % des voix.
De surcroît, Di Rupo tacle le Bruxellois et ses disciples. "Un parti, c'est un travail d'équipe. J'attends des autres qu'ils clarifient ce qu'ils font au bénéfice des gens qui les ont élus. N'inversons pas les rôles. Ce n'est pas à moi à rendre des comptes. C'est moi qui, aujourd'hui, en demande ..."
Quant au choix d'un Namurois au lieu d'un Bruxellois : "C'était incontournable. Sur nos vingt ministres, il y en a déjà sept qui sont de la capitale fédérale, depuis l'arrivée de Marie Arena. Je ne pouvais pas faire du huit/douze. J'ai donc voulu conserver un équilibre, important au sein du Parti socialiste... "
Elio Di Rupo : « Des gens se sont acharnés sur lui »
Non, il ne regrette rien. En tout cas pas d’avoir nommé Laloux. « Il faut que des petites gens, qui se sont faits tout seuls, puissent accéder aux plus hautes fonctions politiques. » Elio Di Rupo tente de faire oublier un mauvais casting et le malaise qui plane dans ses rangs en reprenant l’offensive. « Je serai candidat, en 2011, à la présidence du PS. »
2011 c’est loin… Mais quand même, un peu de renouvellement ne serait-il pas bienvenu ?
Si c’est pour un mieux, bien sûr ! Mais vous savez, Emile Vandervelde a présidé le parti fort longtemps. Et puis, j’ai été élu par 90 % des militants, c’est ça qui compte. Au PS, ce ne sont plus les barons qui font les présidents !
Digéré, l’échec de 2007, où l’on vous sentait désabusé ?
Pas désabusé, jamais… Tout simplement triste. Mais j’ai assumé.
Les difficultés, les critiques, les mauvais sondages, ça ne vous donne pas envie de raccrocher ?
Au contraire, ça me stimule. Je suis plus décidé que jamais ! Du reste, les sondages… En 2007, ils étaient bons ! Alors peut-être que cette fois, ce sera le contraire. En tout cas, cela montre qu’on doit se serrer les coudes, entre socialistes, et œuvrer en faveur des citoyens.
Vous êtes au gouvernement fédéral… Vous avez une marge de manœuvre suffisante pour imprimer votre marque ?
Nous sommes le seul parti progressiste au pouvoir… Nous assumons nos responsabilités. Nous sommes là pour préserver les allocations familiales, les pensions, les revenus des travailleurs…
Des priorités répétées inlassablement… Pourtant, en interne, on vous reproche de ne pas imprimer une ligne claire au parti.
C’est tout le contraire. Après les élections, nous avons tiré les leçons de l’échec. Nous avons rédigé une note de stratégie. A charge pour chaque fédération de revenir vers nous avec des actions concrètes, de voir comment on peut mettre en exergue des gens de qualité, quelle attitude adopter par rapport à certaines catégories de la population…
L’échec vient de ce que vous vous êtes coupés de certains groupes d’électeurs ?
Nous avons évoqué tout ça longuement en interne. Je ne suis pas là pour le dire publiquement.
Philippe Moureaux a lavé du linge sale dans nos colonnes…
Son attitude est incompréhensible. Il s’en est expliqué. Mais, sur Laloux, ce n’est pas lui qui a créé le climat d’acharnement…
Qui alors ?
Des gens se sont acharnés sur lui.
En ce compris dans vos propres rangs : des parlementaires fédéraux PS ont grincé des dents.
C’est fort possible que certains n’étaient pas heureux. La plupart étaient satisfaits ou neutres.
Les critiques émises à l’égard de Laloux étaient excessives ?
Oui ! Certains devraient faire leur examen de conscience. Que lui reproche-t-on ? Ses litres d’essence ? Le dépassement est minime. Le fait qu’il ne communique pas ? Que dire, alors, d’un Premier ministre quand il confond Marseillaise et Brabançonne ?
Un Namurois succède à un Namurois… Une évidence ?
Ce n’était pas indispensable. Ma stratégie, en mars, a été de donner un poste à Namur… Je suis cohérent avec moi-même. Et puis, dans l’équilibre Wallonie-Bruxelles, je ne pouvais pas nommer un Bruxellois. Le PS a 20 ministres, secrétaires d’Etat et présidents d’assemblée, dont 7 Bruxellois.
Laloux out, Di Rupo riposte
"Peut-être, pour certains, est-ce plus important d'avoir le bon look pour pouvoir être "un bon secrétaire d'Etat". Ce n'est pas ma vision, et ce ne le sera." Frédéric Laloux est amer au moment de justifier sa démission rendue publique samedi midi.
"Des critiques injustes..."
Un arroseur tant arrosé qu'il s'est noyé
Frédéric Laloux : « Je ne suis pas un clown »
Frédéric Laloux aura été secrétaire d’Etat à la Pauvreté pendant un mois . « Un mois qui va compter dans ma vie et sur lequel je pourrais écrire un livre », nous confie celui qui va retrouver son siège de conseiller communal namurois. En attendant, il revient sur les causes de son départ.
Pourquoi avez-vous décidé de démissionner ?
Je ne suis pas parfait mais je suis honnête. Je n’aime pas le terme de démission. J’ai remis mon mandat. Et je l’ai fait parce que ce que l’on m’a fait subir nuisait à tous ceux que je devais représenter.
Votre président parle d’acharnement à votre égard…
Mais il n’y a pas d’autres termes ! Un journal m’a attaqué en affirmant que je détenais une série de mandats que j’avais pourtant expressément abandonnés. Un autre organe de presse a lancé une opération « Sauvez Laloux » avec rendez-vous sur la place d’Armes de Namur. Je ne suis pas un clown. J’ai eu une réunion vendredi soir avec les instances locales. La personne importe peu. Mais je ne peux accepter n’importe quoi. On me demandait quand tout cela allait s’arrêter. En me visant, on s’attaquait aux gens dont je suis le porte-parole. Cet acharnement à mon égard discréditait, en bout de course, tous ceux que je devais représenter.
On vous reproche de ne pas avoir brillé, lors de la présentation de votre plan, en commission des Affaires sociales…
J’ai été le seul secrétaire d’Etat à avoir bénéficié d’une telle couverture médiatique : la presse ne s’est déplacée en commission des Affaires sociales que pour me mettre à mort. Pourtant, je suis le seul à avoir fourni l’effort de présenter le rapport moitié en néerlandais, moitié en français. Mais on n’est pas venu pour cela.
Une chaîne de télévision vient encore de commettre un amalgame en annonçant que j’avais prêté ma carte d’essence à ma femme. On ne m’a pas contacté, les chiffres livrés étaient erronés, l’information n’a pas été recoupée. Si tout cela, ce n’est pas de l’acharnement… Mais il y a plus.
Au-delà des attaques personnelles, ce climat devenait intenable pour ma famille : mes gosses étaient pris à partie, vilipendés par leurs condisciples, voire par certains professeurs. Ils étaient traqués par des journalistes dont certains les prenaient en photo.
On vous a reproché de ne pas être issu du rang des parlementaires, d’avoir été parachuté.
Voilà dix-sept ans que je fais de la politique. On me connaît à Namur et on fait appel à moi pour figurer en queue de liste à la dernière suppléance, à la place de combat. Cela ne me fait pas peur. Je ne me suis jamais mis sous les feux de la rampe. Quand le PS, qui n’était pas demandeur, a obtenu deux postes de secrétaires d’Etat, il a privilégié deux personnalités de terrain confrontées aux réalités des petites gens. Mais on a voulu me salir. Cela a commencé avec Groen ! qui a réclamé ma démission.
Cette démission risque de mettre un terme à votre carrière politique…
Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Ma volonté de travailler est même décuplée par ces événements. A Namur, on va m’accueillir à bras ouverts. Les gens qui me connaissent savent combien le combat que je mène sur le terrain est important pour moi. C’est une vraie vocation.
Jean-Marc Delizée remplace Laloux
Jean-Marc Delizée (PS) a été nommé comme nouveau secrétaire d’Etat à la Lutte contre la pauvreté en remplacement de Frédéric Laloux (PS), a indiqué ce dimanche le Palais dans un communiqué. Le Palais a accepté la démission de M. Laloux.
M. Delizée prêtera serment dimanche entre les mains du roi au château de Ciergnon, en présence du premier ministre. De nombreuses critiques avaient émaillé la désignation comme secrétaire d’Etat de M. Laloux, artisan pâtissier, personnalité peu connue du sérail politique. Ancien échevin de Namur, il a également été rattrapé par une affaire de prétendue utilisation abusive de cartes essence. A l’intérieur du parti socialiste, il a été reproché au président Elio Di Rupo d’avoir quelque peu oublié, dans le choix de certains de ses représentants au gouvernement, de valoriser des parlementaires à l’expérience établie. Ces critiques ont été relayées par le vice-président du parti, Philippe Moureaux, qui a évoqué une erreur de casting. Enfin, le secrétaire d’Etat n’a pas été épargné non plus lors de l’annonce de ses engagements politiques, jugés trop faibles jusqu’au sein de sa propre formation.
Face au flot d’attaques, Frédéric Laloux a annoncé samedi qu’il démissionnerait « pour rester fidèle à ses valeurs et à son engagement politique ». Dans un communiqué, il disait aussi refuser de participer à la « Star academy » de la politique.
« La page est tournée », a indiqué dimanche sur la RTBF le président du PS, Elio Di Rupo, annonçant dans la foulée du Palais le choix de Jean-Marc Delizée pour succéder à Frédéric Laloux. Disant assumer les choix qui ont prêté le flanc à la critique, M. Di Rupo a dit vouloir aller de l’avant pour relever le pouvoir d’achat des gens et pour la stabilisation du pays à laquelle le PS a jusqu’ici contribué.
Le président du PS a cependant condamné « l’acharnement » voire « la chasse à l’homme » qui a visé Frédéric Laloux, quelqu’un « qui s’est fait tout seul ». Il s’est dit étonné du « deux poids deux mesures » consistant à condamner politiquement un homme de terrain de la trempe de M. Laloux bien plus que certains bourgmestres inculpés. « Les petites gens ont droit aussi à se trouver dans un gouvernement », a-t-il dit, relevant notamment que les notes de politique générale d’autres secrétaires d’Etat ne faisant que quelques lignes n’ont pas suscité de commentaire.
Le président Di Rupo a rejeté toute erreur de casting, niant par ailleurs qu’il prenait ses décisions seul. « Je consulte largement. Parmi ces personnes, M. Moureaux fait certainement partie de ceux qui sont consultés le plus souvent », a-t-il dit en substance.
Le PS a proposé dimanche Jean-Marc Delizée comme successeur à Frédéric Laloux. M. Delizée prêtera serment dimanche entre les mains du Roi.
Agé de 48 ans, Jean-Marc Delizée est député de la province de Namur à la Chambre des représentants depuis 1993. Il était un des plus jeunes députés à l’époque. Il est président de la Commission des affaires sociales. Bilingue, il a d’abord acquis un régendat en langues germaniques avant de décrocher un diplôme de licencié en sciences politiques et relations internationales. Il est signataire de plusieurs propositions de loi concernant, entre autres, l’augmentation des pensions, la lutte contre les pièges à l’emploi ou encore la mise en place d’une Stratégie nationale pour l’emploi.
Ancien bourgmestre de Viroinval, il y était jusqu’à ce jour échevin notamment en charge de l’emploi, la formation, les affaires économiques et agricoles, l’enseignement, la culture, l’Etat civil et la population.
Le président du parti socialiste a indiqué ne pas être déstabilisé par les événements des dernières semaines. Il s’est même dit candidat à sa succession en 2011.
Frédéric Laloux démissionne
Le secrétaire d'État à la Lutte contre la pauvreté Frédéric Laloux a décidé de remettre son mandat, « pour rester fidèle à ses valeurs et à son engagement ». Le Premier ministre Yves Leterme a accepté cette démission. Le président du parti socialiste la comprend mais la regrette. « Je refuse de participer à une sorte de Star Academy de la politique . J'ai une autre opinion de la fonction politique que celle qui consiste à critiquer pour le plaisir et sans fondements et attaquer les personnes plutôt que les actions. », explique le secrétaire d'Etat sur son site internet. « C'est pour rester fidèle à mes valeurs et à mon engagement que j'ai décidé de remettre mon poste de secrétaire d'Etat. Car dans les conditions d'animation médiatique et d'exigence de « casting », je ne pense pas sereinement pouvoir assumer une mission que j'estime pourtant essentielle : travailler à réduire les inégalités dans notre pays et lutter contre la pauvreté. », poursuit Frédéric Laloux.
Réagissant à cette démission, le Premier ministre Yves Leterme dit avoir pris acte de cette démission lors d'un entretien avec M. Laloux.
« Le Premier ministre éprouve du respect pour cette décision. Les décisions sont prises pour la succession du secrétaire d'Etat démissionnaire », conclut le bref communiqué d'Yves Leterme.
Elio Di Rupo regrette
Le président du parti socialiste Elio Di Rupo regrette la démission de Frédéric Laloux, mais comprend et respecte ses raisons. Il proposera dans les plus brefs délais le nom du candidat qui pourrait le remplacer, précise-t-il dans un communiqué.
M. Di Rupo juge que « son retrait l'honore » et souhaite que chacun puisse poursuivre son travail, « dans un climat serein et constructif en faveur de nos concitoyens ».
Des réactions sans surprise
Après celles du Premier ministre Yves Leterme et du président du PS Elio Di Rupo, la démission du secrétaire d’État Frédéric Laloux a provoqué quelques réactions dans le monde politique.
Sur les antennes de RTL-TVI, la présidente du CDH Joëlle Milquet a convenu que c’était à M.
Laloux à estimer la nécessité de cette démission et souligné que les circonstances médiatiques étaient devenues difficilement supportables pour lui. Le président du MR Didier Reynders a jugé que la position de M. Laloux devenait intenable, devant des accusations assez graves et Jean-Marc Nollet (Écolo) a dit espérer que le prochain choix sera plus judicieux.
Du côté des partis flamands, la présidente du sp.a Caroline Gennez a estimé que M. Laloux avait pris la seule décision qui s’imposait, un Secrétaire d’État, surtout s’il s’occupe de la lutte contre la pauvreté, devant se trouver au-dessus de tout soupçon.
Quant aux écologistes de Groen !, ils estiment que la démission est l’occasion de mener une politique renforcée de lutte contre la pauvreté.
Les Verts flamands avaient déjà réclamé la démission de M. Laloux lors de l’affaire de la localisation de son cabinet et s’étaient montrés très critiques envers sa déclaration de politique qui manquait, à leurs yeux, de perspectives et d’ambition.
La polémique s’est installée dès le début
Frédéric Laloux a été nommé secrétaire d’État fédéral le 20 mars, alors qu’il était conseiller communal, chef du groupe socialiste à la ville de Namur et attaché au cabinet du ministre wallon Michel Daerden. Rapidement, il a fait l’objet d’attaques concernant l’utilisation d’une carte d’essence de la ville et des mandats publics qu’il aurait continué à détenir irrégulièrement.
C’était le 20 mars 2008. Philippe Laloux prêtait serment devant le Roi. Un mois plus tard, il remet son mandat. Belga
Des critiques se sont aussi élevées dans les rangs du PS, où certains ne voyaient pas d’un bon œil la désignation par le président Elio Di Rupo d’un nouvel « inconnu » à un poste ministériel.
Affilié au parti socialiste depuis 1991, sa carrière politique a démarré en 1995, lorsqu’il devient conseiller communal à Namur. De 2001 à 2006, il a été échevin des Sports, de la Logistique et du Centre de secours. Originaire de Jambes où il vit toujours, Frédéric Laloux a une formation d’agent immobilier.
L’attention de la presse est attirée sur M. Laloux dès la déclaration gouvernementale, lorsque les journalistes constatent qu’il est le seul membre du gouvernement absent au moment où M. Leterme entame la lecture de son texte. Une première polémique éclate dès le 29 mars, lorsque le nouveau secrétaire d’État déclare qu’il n’a pas de cabinet et doit travailler dans sa voiture. Il reconnaît ensuite que des locaux lui ont bien été attribués.
Ce sont ensuite des informations de presse faisant état de pleins de carburant abusifs pour sa voiture officielle. Pour ces faits, un dossier le concernant, ainsi que l’échevin Écolo de Namur Arnaud Gavroy, est envoyé au procureur général de Liège et une information judiciaire est ouverte à propos du Secrétaire d’Etat.
Après un appel du président des socialistes bruxellois Philippe Moureaux à renvoyer M. Laloux à Namur, de nouvelles accusations le visent, concernant cette fois une incompatibilité entre ses fonctions ministérielles et des mandats publics.
Frédéric Laloux a rejeté toutes les accusations qui étaient portées contre lui. Mais il a fini par démissionner samedi, dénonçant « mensonges, critiques et amalgames » à son égard, voulant rester fidèle à son engagement et disant ne pas vouloir participer à la « Star Academy » de la politique.
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