18 avril 2008

Yves Leterme : « fermeté, sang-froid et confiance »

« L’évolution économique requiert de la fermeté, du sang-froid, sans céder à la panique », a déclaré le Premier ministre à l’occasion du renouvellement de la présidence de la Fédération des entreprises de Belgique.


Le vieillissement de la population, la position concurrentielle de la Belgique, la hausse des prix de l’énergie représentent autant de défis à relever alors que le contexte économique s’est considérablement dégradé ces derniers mois, a déclaré le premier ministre Yves Leterme, jeudi, à l’occasion du renouvellement de la présidence de la FEB.
Concernant la situation économique, Yves Leterme a insisté sur la mauvaise conjoncture actuelle, évoquant le fait que le Fond monétaire international venait de diminuer de 0,2 % ses estimations de croissance pour la Belgique, tandis que l’inflation est au plus haut (4,4 %) depuis le mois de mars. « L’évolution économique requiert de la fermeté, du sang-froid, sans céder à la panique », a déclaré le Premier ministre.
Selon Yves Leterme, « chaque décennie connaît des défis socio-économiques qui lui sont propres. Les années quatre-vingt ont essentiellement été placées sous le signe du rétablissement de la compétitivité des entreprises. Les années nonante ont apporté un rétablissement de l’équilibre budgétaire et l’introduction de l’euro. La première décennie du 21e siècle met la pression sur notre système socio-économique, le modèle dit rhénan ».
Le Premier ministre s’est toutefois déclaré confiant dans la capacité des partenaires sociaux à mener à bien la concertation sociale en Belgique et à parvenir à concilier les impératifs de croissance économique et de viabilité de l’Etat-providence. « Nous devrons être sélectifs, tant à l’égard des demandes de réductions des charges que des demandes d’augmentation des allocations », a ajouté Yves Leterme, en s’adressant aux partenaires sociaux. La concertation sociale « est nécessaire et un consensus social est plus qu’indispensable. Je souhaite dès lors utiliser les prochains mois pour créer un climat de confiance », a-t-il encore averti.
À l’attention du futur président de la FEB, Thomas Leysen, par ailleurs issu de la même promotion que lui, Yves Leterme a souligné « la mission difficile mais extrêmement passionnante » qui attend le patron de la société Umicore en tant que président du « groupe des 10 » dans le cadre de la négociation de l’accord interprofessionnel. Yves Leterme a également salué l’engagement de Jean-Claude Daoust, le « patron des patrons » sortant, qui s’est vu remettre la distinction honorifique de « Commandeur de l’Ordre de Léopold ».

Leysen est le nouveau président de la FEB
Thomas Leysen, le patron d’Umicore, est devenu officiellement jeudi le nouveau président de la Fédération des entreprises de Belgique, succédant à Jean-Claude Daoust. L’écologie et le développement durable mais aussi les négociations en vue de la conclusion du prochain accord interprofessionnel figurent au menu de sa présidence. BelgaNé en 1960, ce qui en fait le deuxième plus jeune président de la FEB, juriste de formation, Thomas Leysen entame un mandat de trois ans à la présidence de la FEB et suit par la même occasion les traces de son père, André Leysen, lui-même ancien président de la fédération patronale.Lors de son discours d’intronisation, le nouveau « patron des patrons » a d’emblée évoqué les défis majeurs que représentent à ses yeux l’environnement et l’énergie ; le développement durable étant selon lui la seule voie pour concilier préservation de l’environnement et prospérité matérielle. « Le développement durable n’est pas, pour moi, un concept marketing à la mode mais bien une nécessité », a-t-il dit à ce sujet. Le nouveau patron de la FEB espère un changement de mentalité parmi les citoyens et une prise de responsabilité des pouvoirs publics. « Les entreprises et les entrepreneurs ont aussi un rôle à jouer. Les entreprises doivent être perçues comme une partie de la solution et non pas comme une source de problèmes », a-t-il ajouté, tout en mettant l’accent sur la nécessité de développer des innovations technologiques et sur sa volonté de faire de la FEB une organisation patronale « bright green », c’est-à-dire conscientisée à la question écologique.Concernant le domaine énergétique, Thomas Leysen a plaidé en faveur d’une combinaison entre énergies renouvelables et nucléaires. « Le défi énergétique est à mes yeux le plus important. On voit déjà les limites aujourd’hui de l’approvisionnement en pétrole. Il n’y a pas une solution magique mais une série de réponses », a-t-il martelé. « Tant que les énergies renouvelables ne donnent pas leur plein potentiel, il faut garder le nucléaire plutôt que d’avoir recours à des sources d’énergie émettant plus de CO2. Le nucléaire n’est pas une solution idéale, étant donné le problème des déchets, mais c’est la solution la plus gérable à moyen terme. Il faut prolonger la durée de vie des centrales nucléaires en Belgique et construire en Europe des centrales de la troisième génération ».« Les négociations sociales ne s’annoncent pas faciles »Le nouveau président de la FEB est également revenu sur la crise politique qu’a traversée la Belgique en 2007. Une crise qui n’a pas fait de bien « à l’image de la Belgique et à celle de ma région, la Flandre », a-t-il concédé. S’agissant de la concertation sociale en Belgique, à laquelle il dit croire, Thomas Leysen a également reconnu qu’en raison d’un contexte de ralentissement économique, « les négociations professionnelles ne s’annonçaient pas faciles ». Selon lui, « l’objectif majeur de la prochaine négociation interprofessionnelle doit être la création de 500.000 emplois d’ici 2020 afin d’atteindre un taux d’activité en Belgique proche de 70 % ». Le nouveau président de la FEB a en outre souligné l’importance du respect de la paix sociale par les organisations syndicales, « sous peine de compromettre la légitimité de la concertation sociale ».Thomas Leysen a enfin fait part de la nécessité, selon lui, d’une meilleure efficacité des autorités publiques en Belgique. Comparant la situation belge (18,2 % des travailleurs sont occupés dans le secteur public), à la situation néerlandaise (13,8 %) et finlandaise (12,4 %), il s’est exprimé en faveur de mesures destinées à augmenter l’efficacité et à réduire les coûts des pouvoirs publics. « Il faut avoir le courage de s’attaquer à ce problème », a-t-il conclu.

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