15 avril 2008

Coup de froid sur le "printemps"

Coup d'envoi du "printemps de l'environnement" par le ministre Magnette (PS). Les critiques pleuvent: Ecolo, CDH, MR se montrent (très) circonspects.

Le T-Rex, les iguanodons et autres dinos du musée des Sciences naturelles n'ont qu'à bien se tenir. Car, ce mardi, le ministre du Climat Paul Magnette (PS) lancera "son" printemps de l'environnement - le "plus grand processus participatif, politique et décisionnel belge lié à l'environnement", excusez du peu - depuis le musée belge des Sciences naturelles.
Le Premier Yves Leterme (CD & V) sera présent, les ministres régionaux en charge de l'Environnement Hilde Crevits (CD & V) et Evelyne Huytebroeck (Ecolo) également. Mais pas le Wallon Benoît Lutgen (CDH).

L'humaniste est retenu en commission à Namur où un décret wallon doit être voté : voilà le mot d'excuse officiel. Officieusement, la faiblesse du programme de ce "printemps" agace les partenaires du socialiste. "Ce printemps de l'environnement, c'est une remise à niveau de Paul Magnette", dit un acteur clé du secteur environnemental.
Un autre : "Le flou méthodologique autour de ce projet est hallucinant. La seule chose claire, c'est le déroulement de la conférence de presse". Lundi, Ecolo a fait part de ses réserves - budgétaires, surtout - quant à l'exercice lancé par le socialiste. "Le printemps de l'environnement doit survivre à l'hiver budgétaire", avertissent Jean-Michel Javaux et Isabelle Durant.

Il apparaît ce mardi, qu'outre Ecolo, le CDH émet (aussi) des réserves sur la démarche de Paul Magnette. Concrètement, la frilosité du projet de Magnette concernant la question de la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires gène les humanistes. Rappel, ceux-ci s'étaient entendus, avec les trois autres partis de l'orange bleue, pour abroger la loi de sortie du nucléaire. Mais le retour du PS dans la partie, une formation divisée sur cette question, a fait exploser ce projet : une étude a été commandée sur la question du nucléaire à des experts par Verhofstadt III.

Bernard Clerfayt pas invité
Aucun "atelier" - parmi les quatre que va lancer Paul Magnette - ne devrait aborder frontalement la question des centrales nucléaires : celle-ci sera (éventuellement) abordée par l'"atelier Energie/Climat". Selon le CDH, la prolongation de la durée des vies des centrales nucléaires est une condition sine qua non en vue d'attaquer sérieusement la réduction des émissions de CO2. Le MR partage cette position.
Les libéraux, eux, n'ont pas vu venir d'invitation à participer au "printemps". C'est qu'aucun "atelier" n'est dévolu à la fiscalité environnementale - malgré les demandes répétées des ministres régionaux. La fiscalité verte, un outil capital à l'heure d'orienter les comportements vers la consommation "durable", sera traitée dans différents "ateliers". Nul besoin, donc, d'embarquer le MR Didier Reynders, ou son secrétaire d'Etat aux Finances Bernard Clerfayt, dans l'aventure du "printemps". "Je suis prêt à rendre compte à M. Magnette des très bonnes initiatives qui ont déjà été prises par Verhofstadt II en matière de fiscalité durable", avance Bernard Clerfayt. Le secrétaire d'Etat annonce, en outre, qu'il détaillera prochainement les nouvelles pistes "ecofiscales" du gouvernement.

"Procès d'intention"
Retour au "printemps" : à côté de l'"atelier Energie/Climat", trois autres "workshops" seront installés : "Mobilité", "Environnement/Santé" et "Produits durables" (normes de qualité environnementale,...). Les participants à ces groupes de travail (et sous-groupes) ne sont pas encore connus : ils seront issus de la sphère politique, associative environnementale, syndicale, patronale et scientifique. Et seront répartis à part égale entre les différents "ateliers". Le calendrier de travail doit (lui aussi) être finalisé par le ministre Paul Magnette. Une date est acquise : le 15 juillet. Là, des propositions concrètes devront être formulées par les groupes de travail. "Il flotte sur ce printemps de l'environnement comme un petit air de commission Wallonie-Bruxelles, s'amuse un participant du show médiatico-environnemental. "Beaucoup de bruit au départ et un enterrement de première classe à l'arrivée." Un autre : "On va participer au "printemps" car on ne veut pas faire de procès d'intention. Mais si les attentes sont déçues, l'effet négatif sera décuplé par le battage médiatique fait autour de ce projet".

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