03 avril 2008

Pour une réforme de l’assurance-dépendance

Vandenbroucke livre sa vision de l’autonomie flamande, et sa conception de l’assurance-dépendance

Vice-président du gouvernement flamand, où il détient le portefeuille du travail, de l’éducation et de la formation, Frank Vandenbroucke (SP.A) revendique tout à la fois une réforme de l’assurance-dépendance et une conception forte de l’autonomie flamande…


Pas démontés par l’arrêt de la Cour européenne de justice relatif au régime d’assurance-dépendance (Le Soir de mercredi), les politiques flamands se réjouissent que leur compétence dans cette matière – l’aide aux personnes – soit confirmée au passage. Vice-président (SP.A) du gouvernement flamand, où il détient le portefeuille du travail, de l’éducation et de la formation, Frank Vandenbroucke revendique tout à la fois une réforme de l’assurance-dépendance et une conception forte de l’autonomie flamande…
L’arrêt de la Cour, quelle importance ?
Il n’est pas très significatif. Il dit qu’il faut adapter notre système aux règles européennes, ce que l’on pressentait. Plus intéressant : le fait que la compétence du gouvernement flamand dans ce domaine soit confirmée. Il n’y a plus de doute. Même si je considère que notre système d’assurance-dépendance, mis au point en 2001, n’est pas bon, et qu’il doit être réformé. Pauvres et riches paient la même cotisation, on ne tient pas compte des besoins réels des gens, etc. Je presse pour modifier les choses. Moi, quant à l’aide aux personnes, je suis favorable au mécanisme du « maximum à facturer » en soins de santé, que j’avais promu lorsque j’étais ministre des Affaires sociales au fédéral, et auquel ont travaillé ensuite mes successeurs, Rudy Demotte, Laurette Onkelinx. Je vais mettre cela sur la table du gouvernement flamand.
L’assurance-dépendance fut créée avant tout parce que cela avait une valeur symbolique pour la Flandre, son autonomie ?
Oui. On voulait un régime identifiable en tant que tel, avec sa propre cotisation, etc. Je vous ai dit ce que j’en pense, et le besoin de réformer tout cela. J’en profite pour dire qu’il faut arrêter avec ces options « symboliques » mais difficiles à appliquer, au Nord comme au Sud du pays. Et ne pas aborder les négociations pour la réforme de l’État dans cet esprit.
Dans quel esprit alors ?
Celui d’une réforme de l’État pour plus d’efficacité, une réforme « sociale », dirais-je, dont l’objet principal doit être de consolider les capacités de financement de l’État fédéral afin qu’il puisse mieux assumer ses tâches, pour les pensions, les soins de santé, les allocations familiales, comme dans les domaines de la Justice, de l’Intérieur, etc. Pour le reste, il est nécessaire de responsabiliser davantage les Régions et les Communautés dans leurs politiques d’emploi. Enfin, laissons-leur la possibilité de développer leurs propres outils pour faire face aux réalités nouvelles de nos sociétés et de nos économies. L’assurance-dépendance est un exemple.
Vous n’imaginez donc pas de
refédéraliser ce système.
Non. La compétence est bien à sa place. En plus, le fédéral n’a pas les moyens aujourd’hui d’organiser seul une nouvelle branche de la sécurité sociale.
Votre vision de la réforme de l’État n’est pas forcément celle qui domine dans le monde politique flamand…
Car le discours sur la réforme de l’État a été porté par la droite flamande. La gauche a délaissé le sujet. Alors que l’avenir de l’État, son organisation, cela la regarde, typiquement.
Au titre de l’enseignement, vous êtes en charge notamment de la périphérie bruxelloise, où vous poursuivez une entreprise de flamandisation mal perçue du côté francophone…
Flamandisation » !, c’est un terme ethnique, qui ne correspond pas du tout à mes vues. Moi, je veux une Flandre ouverte et généreuse. Mais la défense de notre langue est importante. Protéger et promouvoir sa langue sur son territoire, c’est une entreprise légitime, et des philosophes comme Van Parys du côté francophone abondent. On ne peut former une société que si l’on peut communiquer. En plus, le néerlandais n’est pas diffusé dans le monde, et doit donc faire l’objet d’une grande attention. Cela dit, il faut décrisper les rapports en périphérie, et on n ’y arrivera pas tant qu’on n’aura pas réglé politiquement le problème BHV, une priorité.

Pour les thèses et analyses du ministre flamand : www.vandenbroucke.com

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