10 octobre 2007

Tintin va marcher sur la Une

MAJ 10/10/07 20H30

Tintin ne marchera pas sur la Une
La séquence de l'émission « Questions à la une » où apparaît, en caméra cachée, Nick Rodwell, fait l'objet d'une interdiction de diffusion en référé par le tribunal de première instance de Bruxelles, a-t-on appris ce mercredi. La RTBF a décidé de ne pas diffuser l'émission dans son intégralité.




La séquence de l’émission « Questions à la une » où apparaît, en caméra cachée, Nick Rodwell, fait l’objet d’une interdiction de diffusion en référé par le tribunal de première instance de Bruxelles. La RTBF a décidé de ne pas diffuser l’émission dans son intégralité et d’introduire des recours.
Tintin a-t-il vendu son âme au diable ? » C’était la question, accrocheuse, qui servait de titre au reportage diffusé ce mercredi sur la Une dans l’émission « Questions à la une » consacré au héros et à la gestion de l'héritage d'Hergé par la Société Moulinsart. Dans son reportage, Gérald Vandenberghe a notamment solllicité une interview du patron de Moulinsart. Qu’il n’a pas obtenue. Il y est donc allé par la ruse, en s’équipant d’une caméra cachée.
Le reportage ne sera finalement pas diffusé ce soir, suite à l’interdiction du tribunal de première instance de Bruxelles de montrer la séquence. La RTBF reproche à monsieur Rodwell, administrateur-délégué de la SA Moulinsart « d’avoir obtenu une ordonnance du président du tribunal de première instance de Bruxelles rendue ce 10 octobre sans avoir entendu les arguments de la RTBF ».

Nick Rodwell, qui gère le patrimoine Tintin, reproche à l'équipe de « Questions à la Une », une caméra cachée et la communication d'un échange de courriels. La caméra cachée mettait en évidence l'existence d'une liste noire de spécialistes d'Hergé que la société Moulinsart refusait de voir figurer dans le reportage.
En conséquence, la RTBF a annoncé qu’elle « a décidé de ne pas diffuser le reportage tout en protestant vivement contre ce qui constitue une censure préalable contraire à la liberté d'informer garantie par la Constitution. »
La chaîne publique introduira, sans délai, les recours nécessaires « pour faire prévaloir la liberté d'expression et d'information et permettre à ses téléspectateurs de voir cette émission dans son intégralité. »
Seul le deuxième reportage de l'émission "Questions à la Une", à savoir "Michaël Moore est-il un manipulateur? ", sera donc diffusé. De ce fait, les émissions suivantes de la télévision publique débuteront avec une demi-heure d'avance.
La Société des journalistes de la RTBF déplore le raccourci accusant la RTBF d'une recherche de sensationnalisme. Elle estime légitime le recours à la caméra cachée pour montrer l'existence d'une liste noire de journalistes et de personnalités déclarés 'infréquentables' par la fondation Moulinsart.
Ce mercredi, le tribunal de première instance de Bruxelles a décidé d’interdire la diffusion de la séquence.
Le juge rappelle que les dispositions relatives à la liberté de presse connaissent des exceptions notamment pour respecter le droit à l’image, l’honneur et à la vie privée des personnes, ainsi que leur propore liberté d’expression.
L’interdiction était assortie d’une astreinte de 10 000 euros par infraction constatée.

« Questions à la Une » s'attaque à la galaxie Moulinsart et écorne le mythe de Tintin en s'introduisant chez Moulinsart comme des espions bordures.
Tintin a débuté sa carrière de héros comme reporter au supplément jeunesse du Vingtième Siècle. Mais depuis la mort de son auteur, en 1983, ceux qui gèrent son héritage ont régulièrement maille à partir avec les reporters du vingt et unième siècle. Dernier épisode en date : le « Questions à la Une » diffusé ce mercredi soir et consacré au mythe sous un titre de feu : « Tintin a-t-il vendu son âme au diable ? »
L'émission cherche à savoir si la popularité de Tintin est en baisse. L'enquête tente de décrypter les courbes de ventes d'albums et dresse le catalogue des objets de luxe dérivés de l'œuvre. La politique d'image contrôlée de Moulinsart conduirait-elle à enfermer Tintin dans un monde enfants non admis ?


Pour éclairer son reportage, Gérald Vandenberghe, journaliste à la RTBF, a notamment sollicité une interview du patron de Moulinsart, Nick Rodwell. Il a été prévenu par mail que celle-ci ne pourrait pas avoir lieu si « des personnalités avec lesquelles nous ne voulons pas travailler parce qu'elles ont diffamé Moulinsart » figuraient dans l'émission. Ces personnalités bien connues du monde journalistique ne sont autres que les tintinologues Benoît Peeters et Hugues Dayez ou les collectionneurs Harry Swerts et Stéphane Steeman.
Il y a quelques mois, en juin, la RTBF avait pourtant collaboré avec Moulinsart pour l'émission Quelque chose en nous de Tintin, et accepté de ne pas interviewer les « ennemis » désignés. Yves Bigot, patron de la télévision publique, s'en explique ce soir dans le reportage de Gérald Vandenberghe : « L'émission de juin était un programme de variétés. Ce n'est pas comme si la RTBF avait vendu son âme au diable. Pour parler des sujets polémiques, il y a le JT ou Questions à la Une : la preuve ! »
L'équipe de Questions à la Une s'est donc introduite aux Studios Hergé avec une caméra cachée, rappelant celle des espions du Klow dans le Sceptre d'Ottokar. A l'image, on découvre le conseiller juridique audiovisuel de Moulinsart, bientôt rejoint par Nick Rodwell, qui parle d'une « liste noire » en examinant les propositions d'interviews de la RTBF. Il précise un peu plus loin les raisons de son veto : « On a envie de contrôler l'image et envie d'éviter d'être hypocrite. So, les gens qui ont pris le temps de nous insulter, on leur dit : c'est fini ! »
Le piège bordure
Avenue Louise, on s'étonne du piège bordure de la caméra cachée : « Nous avons officiellement chargé notre avocat de prendre contact avec la RTBF. Nous regrettons cet abus de confiance de la part d'une chaîne publique. Le rendez-vous filmé était une réunion de travail et pas une interview de M. Nick Rodwell. »

« Nous avons eu recours à la caméra cachée pour ne rien dissimuler au téléspectateur des pratiques de Moulinsart, se défendait Gérald Vandenberghe à la veille de la diffusion de l'émission. Au montage, nous avons coupé les attaques personnelles. Mais nous avons gardé la révélation de l'existence d'une liste noire de personnes à ne pas interviewer. Parce que nous trouvons inacceptable de devoir soumettre un reportage à l'approbation de Moulinsart. Après le tournage de cette séquence, nous avons encore tenté, sans succès, d'obtenir une interview de Nick Rodwell. Tous nos mails et nos messages téléphoniques sont restés sans réponse. »

Questions à la Une , la Une, 20 h 20.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Scandaleux !