23 octobre 2007

La bourgmestre de Rhode lézarde le front francophone

Une minorité à protéger en signe de confiance

Soirée tendue, hier soir, dans la périphérie bruxelloise. Trois bourgmestres francophones de communes à facilités (Crainhem, Linkebeek et Wezembeek-Oppem) ont fait voter une motion. Objectif ? Réclamer leur nomination – toujours pas entérinée par la tutelle flamande –, le rattachement à la Région bruxelloise et le droit de parler français au conseil communal.Une mise en garde aux négociateurs de l'Orange bleue. Une « provocation » aux yeux des nationalistes flamands – mais la vraie provocation ne vient-elle pas de ces hordes extrémistes venues de la Flandre profonde qui manifestent aux portes des conseils ?
Quelques réalités méritent d'être rappelées. Premièrement, en 1963, des facilités ont été octroyées à la minorité francophone dans six communes à facilités de la périphérie bruxelloise. C'était un compromis accepté par tous, au moment de la fixation de la frontière linguistique. Depuis, les francophones ont dû en payer une nouvelle fois le prix pour les bétonner dans la Constitution. Il n'est plus question de remettre cela en cause dans un nouveau donnant-donnant communautaire.
Deux : les bourgmestres et présidents de CPAS qui n'ont pas encore été nommés doivent l'être sans délai. Si leur seul « crime » consiste à avoir envoyé des convocations électorales en français, il ne peut se payer d'une exclusion démocratique qui dure depuis bien trop longtemps.
Enfin, gardons la tête froide à l'heure où les négociations gouvernementales vont aborder le noyau dur institutionnel. Dont le fameux symbole de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde. Au-delà des invectives, une seule ligne de conduite doit guider les partis francophones : les droits individuels des habitants ne peuvent être entachés. Voter, être jugé, avoir accès à des associations culturelles, suivre un enseignement Une minorité doit être protégée, a fortiori dans son propre pays. Un élargissement de la Région bilingue de Bruxelles en serait le meilleur garant. Onbespreekbaar ? Aux partis flamands, alors, de donner des gages aux plus de cent mille habitants inquiets dans la périphérie. Les formules existent : circonscription fédérale, accords de coopération La confiance communautaire sera à ce prix.


Trois communes à facilités défient la Flandre

Dramatisation en périphérie, autour d'une motion en faveur du français et de l'intégration à la Région bruxelloise. Les conseils communaux extraordinaires de Wezembeek-Oppem, de Crainhem et de Linkebeek ont été chahutés lundi soir.


Trois communes à facilités se rebellent

Les Conseils communaux de Crainhem, Wezembeek-Oppem et Linkebeek vont voter ce lundi soir une motion exigeant la nomination de leurs bourgmestres et présidents de CPAS, l'adhésion de ces communes à Bruxelles et le droit de parler le français pendant les séances des Conseils communaux.
Trois pavés d’un coup dans la mare communautaire. Dans la périphérie bruxelloise, Wezembeek-Oppem, Linkebeek et Crainhem réunissent ce lundi soir, à 20 heures, leurs conseils communaux pour y soumettre au vote une motion exigeant la nomination de leurs bourgmestres et présidents de CPAS, leur adhésion à la Région bilingue de Bruxelles-Capitale, et le droit de parler le français pendant les séances du conseil communal…
Une vraie motion de défiance à l’égard d’un Leterme Ier toujours en gestation, incapable jusqu’à présent (après plus de quatre mois de crise) de s’entendre sur l’institutionnel.

Et la pression, là encore, de la part du MR-FDF, où sont affiliés les trois bourgmestres qui se rebiffent, soit François van Hoobrouck pour Wezembeek, Damien Thierry à Linkebeek, Arnold D’Oreye à Crainhem. Tous recalés jusqu’à présent par l’autorité de tutelle flamande, au prétexte qu’ils auraient envoyé des convocations électorales en français (celles adressées aux habitants francophones) lors des communales d’octobre 2006, alors que la Flandre exige qu’elles soient rédigées en néerlandais.
Les trois bourgmestres, qui peuvent compter sur l’appui de l’ensemble des francophones dans leurs communes, de tous les partis, sont relayés de près par leur président, Olivier Maingain, celui-ci nous expliquant (lire ci-dessus) qu’il refusera d’entamer de réelles négociations institutionnelles au sein de l’Orange bleue tant que le pouvoir public flamand n’aura pas régularisé la situation des trois mandataires.
Des manifestants extrémistes flamands sont attendus ce soir dans la périphérie bruxelloise, ceux du Taal Aktie Komitee (TAK) et du Voorpost. Ce qui laisse craindre des incidents. Mais ne dissuade pas les bourgmestres de revendiquer leur « bon droit »…
« Il est minuit moins cinq »
François van Hoobrouck nous explique : « C’est bien le moment de sortir du bois, quand on va parler de BHV autour de Leterme. Il est minuit moins cinq pour nous. Les bourgmestres flamands de la périphérie ont, à maintes reprises, proclamé leur exigence : scinder BHV, sans conditions. Ce qui nous isolerait en Région flamande, briserait les liens entre Bruxelles et la Wallonie. Il est grand temps que nous affirmions que nous voulons le rattachement à Bruxelles. Quant à notre nomination, c’est incroyable de voir les autorités flamandes violer les règles de notre démocratie, alors que nous avons été élus largement en 2006, dans le respect strict des règles de notre Etat de droit. »

La bourgmestre de Rhode-Saint-Genèse a décidé de ne pas associer le conseil communal de sa commune aux élus francophones de trois autres communes à facilités, qui ont déposé des propositions de motion visant à mieux asseoir les intérêts des francophones de la périphérie.
Les motions demandent la nomination de bourgmestres francophones des communes à facilités qui est restée en suspens depuis janvier dernier, le droit pour les conseillers communaux de s'exprimer en français et le rattachement à la Région bruxelloise.

La bourgmestre de Rhode-Saint-Genèse, Myriam Delacroix (cdH), jette les francophones de cette commune à facilités dans les griffes de la Région flamande, a accusé ce lundi l'échevin et secrétaire général du FDF Eric Libert. Celui-ci a tenu à "prendre clairement ses distances" par rapport à sa bourgmestre, à qui il a reproché de ne pas avoir emboîté le pas aux élus francophones de trois autres communes à facilités. Ceux-ci ont déposé des propositions de motion visant à mieux asseoir les intérêts des francophones de la périphérie bruxelloise.Ces motions, considérées comme des provocations dans les milieux flamingants seront à l'ordre du jour des conseils communaux de Linkebeek, Wezembeek-Oppem et Kraainem, ce lundi soir. Elles demandent la nomination de bourgmestres francophones des communes à facilités qui est restée en suspens depuis janvier dernier, le droit pour les conseillers communaux de s'exprimer en français et le rattachement à la Région bruxelloise.
La bourgmestre de Rhode-Saint-Genèse a décidé de ne pas associer le conseil communal de sa commune à cette initiative, au grand dam de l'échevin et secrétaire général du FDF Eric Libert, qui a décidé de ne pas participer à la conférence de presse que celle-ci organise cet après-midi. Pour lui, à l'heure où il est fondamental pour les francophones de prendre une position très claire, Myriam Delacroix "a pris option sur la Région flamande".
Le conseil communal de Rhode-Saint-Genèse est composé de 7 cdH, 4 MR-FDF, 3 MR-libéraux et 3 indépendants.De son côté, le bureau du MR bruxellois a apporté ce lundi son soutien "sans réserve" aux mandataires francophones de la périphérie qui ont décidé la tenue de conseils communaux ce soir. Il a invité ses parlementaires, mandataires, membres et sympathisants, à y faire acte de présence. Pour le Bureau du MR bruxellois, le refus du gouvernement flamand de nommer des bourgmestres plébiscités par leurs électeurs aux élections communales d'octobre 2006 est inacceptable. Le MR bruxellois considère que leur nomination est un préalable à toute négociation sur l'avenir de Bruxelles-Hal-Vilvorde.Il a également rappelé l'exigence du retrait des circulaires du gouvernement flamand qui "cherchent à nier" les droits des francophones de la périphérie. Il a enfin redit sa détermination à obtenir l'élargissement de la Région de Bruxelles si les partis flamands veulent imposer la scission de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde. (belga)

EN SAVOIR PLUS: Action du Vlaams Belang et du Voorpost à Wezembeek

Aucun commentaire: