15 octobre 2007

Forem/VDAB : le jour et la nuit

Vieux stéréotype à la peau dure, le chômeur wallon est paresseux. Soit. Autre caricature, le Flamand est plus travailleur. Re-soit. Mais pourquoi ? Serait-ce dû à une différence génétique ? A une question de culture ? Ou plus « simplement » à une différence d’infrastructure ?


Pour tenter de répondre à cette dernière probabilité, une petite comparaison entre les deux organes régionaux d’aide à l’accès à l’emploi, le VDAB (Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding, service flamand pour le placement et la formation professionnelle) et le Forem, s’impose. Les résultats sont éloquents.

Forem : 3 x plus cher !

Commençons par le commencement, le budget : le Forem fonctionne avec 900 millions € par an (chiffres 2006). Son homologue de Flandre peut compter sur 467 184 000 € annuels. Si on divise le budget par le nombre d’habitants, ça nous fait 257 €/an par Wallon et… 78 par Flamand ! Paradoxal, non ? Par contre, le nombre de fonctionnaires est sensiblement le même des deux côtés de la frontière (linguistique… pour l’instant…). Le VDAB compte 4231 employés à temps plein (0,07% de la population) pour un peu moins de 4000 côté Forem (0,11%). Alors que les Flamands sont nettement plus nombreux, ces organes qui les représentent peuvent compter sur le même effectif, à peu près… Bizarre, non ? Alors, voici la question à 1000 points : à quoi sert le Forem ? A donner du boulot à près de 4000 personnes (enfin quand on dit « boulot », lisez « place ») ? A occuper quelques dizaines de chômeurs ? A faire des concours de cartes ?

Tihange cherche historien

Le taux de chômage est plus ou moins de 4 % en République, euh pardon, en Région flamande. Il est quasi le triple chez leurs voisins. Mais ce n’est pas une nouvelle… Sur les 173 000 demandeurs d’emploi flamands, plus de la moitié (53%) suivent ou ont suivi une formation organisée par le VDAB. Les Wallons ne sont que 10% sur les 274 000 chômeurs à bénéficier du même soutien… Et encore, qui dit formation ne veut pas dire tremplin vers un emploi, faute de ciblage des profils (nous en parlerons plus bas par rapport aux offres d’emplois)… Parfois, pour ne pas dire souvent, les formations offertes aux Wallons ne sont qu’une manière de les occuper. Ou de se rappeler à eux, quitte à proposer une formation incongrue en regard du profil, du parcours du parasite, euh pardon, du demandeur d’emploi… Exemple ? Un candidat en Histoire a dernièrement reçu une proposition de formation pour devenir… infographiste à la centrale de Tihange ! Et, renseignements pris, ce n’était pas une blague… De pareils cas ne sont malheureusement pas isolés. Certains jeunes, et moins jeunes, sur le marché de l’emploi depuis deux ans, n’ont toujours pas reçus de signes de vie du Forem (à part au moment de l’inscription…).

VDAB : 11 x plus d’offres !

Sans tirer sur l’ambulance, abordons la question des offres d’emploi (car c’est une des missions principales de ces institutions, selon leurs statuts légaux). Là où le VDAB transmet plus d’un million d’offres sur une année (chiffre 2006 : 1 100 000), son pendant francophone et germanophone en est (plus ou moins hein, c’est pas l’armée ici) péniblement à 100 000… Il faut néanmoins relativiser ce chiffre (sinon on va être accusés d’apporter de l’eau au moulin des négociateurs flamingants de l’orange-bleue – qui vire au brun tellement ça fait longtemps qu’elle traîne sur la table). Le VDAB inclut dans ses chiffres flatteurs les offres émanant des agences d’intérim. Ce qui semble logique puisque le public visé s’y retrouve au final. Mais pas pour le Forem, qui veut rester l’interlocuteur unique des entreprises qui passent par lui (et parce que les entreprises wallonnes ne font pas confiance au Forem, alors que les flamandes le font au VDAB)…

Ostende : trois refus = exclusion

Le ciblage est ici encore absent du côté wallon. Au nord du « pays », un système testé entre autres à Ostende a fait ses preuves. Le demandeur d’emploi se voit offrir trois emplois correspondant à son profil. S’il n’y donne pas suite, il doit accepter le suivant, faute de quoi il perd ses allocations… Si on peut s’indigner d’un tel contrôle – la fameuse « chasse aux chômeurs » n’est pas loin – les chiffres montrent que ça marche…

Pourquoi ne pas faire la même chose au Sud ? Pourquoi les bureaux du Forem ne sont-ils accessibles que les matinées alors que les antennes locales du VDAB sont ouvertes toute la journée ? Ah oui, on oubliait les concours de cartes…

Un plan d'action remplit 2.500 jobs critiques
Des plans spéciaux de formation dans dix secteurs professionnels ont permis de trouver assez de candidats pour pourvoir 2.500 emplois vacants qualifiés de critiques en Flandre. C'est le résultat de la première année de mise en oeuvre des conventions sectorielles flamandes. Ces accords sectoriels courent sur deux ans et ont été conclus entre les pouvoirs publics et 24 secteurs d'activité. Ils contiennent des conventions de stage pour les jeunes, ainsi que des conventions de formations et de diversité.

Un an après leur mise en oeuvre, les conventions semblent être un succès dans les dix secteurs où elles ont été appliquées. Pas moins de 1.160 plans d'expérience professionnelle ont été lancés, de même que 516 stages de perfectionnement, 416 lieux de stage supplémentaires ont été trouvés et 480 formations professionnelles ont été menées dans le secteur du transport, avec en ligne de mire la mobilité des jeunes.

Tous ces efforts ont permis de pourvoir 2.500 fonctions en pénurie, allant des comptables et informaticiens aux techniciens et spécialistes du traitement du bois. De plus, 83 entreprises ont conclu un plan de diversité. Le ministre flamand de l'Emploi, Frank Vandenbroucke (sp.a), veut voir ce nombre augmenter, mais insiste sur l'approche constructive des entreprises. (belga)

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