Microsoft en péril à l’école
Les écoles wallonnes pourraient recaler « Office »
Office, la suite bureautique de Microsoft, pourrait ne pas se retrouver dans les 40.000 nouveaux ordinateurs qui doivent équiper les écoles wallonnes. Quatre sociétés sont en lice pour remporter le contrat. Vont-elles adopter les logiciels libres ?
Microsoft pourrait-il être « busé » dès la rentrée dans les écoles wallonnes ? Ce n’est pas à exclure. Alors que l’administration régionale poursuit son appel d’offres pour désigner le fournisseur des quarante mille nouveaux ordinateurs qui doivent équiper les écoles du primaire et du secondaire, il nous revient que plusieurs des quatre offres encore en lice seraient financièrement attractives parce qu’elles n’intègrent pas les logiciels de bureautique de Microsoft pour équiper les ordinateurs, et en particulier sa très populaire suite bureautique Office.
« Le cahier des charges de la Région n’impose aucune contrainte pour le choix des logiciels utilisés sur les ordinateurs, note un proche du dossier. Cela n’a pas échappé aux soumissionnaires. Car malgré des prix réellement écrasés, le paquet de licences que Microsoft a proposé aux fournisseurs d’ordinateurs dans le cadre de l’appel d’offres s’élève néanmoins à une centaine d’euros ».
Et une centaine d’euros épargnés sur chacun des quarante mille postes, cela permet de rentrer une offre beaucoup plus attrayante, dans un marché estimé à trente millions d’euros. D’autant que, selon des bruits de couloirs, trois des quatre sociétés qui ont remis offre (Systemat, Econocom, Computerland et Priminfo) se tiendraient dans un mouchoir de poche alors que la procédure négociée est toujours en cours.
Si l’une de ces offres sans Office devait l’emporter, ce serait un coup dur pour la firme de Bill Gates mais surtout une opportunité inespérée pour les tenants des logiciels libres de mieux faire connaître l’informatique ouverte et « communautaire » : ces ordinateurs seront en effet utilisés par les 580.000 élèves de l’enseignement wallon ainsi que par leurs enseignants.
Hasard du calendrier, la Région bruxelloise pourrait prendre le même tournant d’ici l’été : l’appel d’offres qui vise à renouveler le parc informatique des écoles secondaires bruxelloises prévoit que les directeurs qui choisiront les solutions libres plutôt que celles de Microsoft recevront plus d’ordinateurs, grâce aux économies sur le prix des licences.
Le débat entre partisans des logiciels libres et ceux de Microsoft risque donc d’être relancé dans les prochaines semaines. Les supporters du géant américain du logiciel font valoir qu’il est absurde de faire travailler les élèves sur des systèmes différents de ceux qu’ils rencontreront ensuite dans la plupart des entreprises qui les emploieront. Ils font également remarquer que les enseignants utilisent le plus souvent les logiciels de Microsoft à domicile et qu’ils risquent donc d’être dépaysés lorsqu’ils seront confrontés au nouveau matériel scolaire.
Ces arguments paraissent cependant un peu datés. Openffice.org, la suite bureautique libre qui fait concurrence à Microsoft partout dans le monde a fait la preuve d’une réelle compatibilité avec Office. « Le seul bémol c’est que l’on n’a pas aujourd’hui la certitude qu’OpenOffice sera parfaitement stable sur les ordinateurs d’Apple, note un proche du dossier. Or, l’appel d’offres prévoit que les écoles doivent pouvoir choisir librement entre des PC ou des Mac ». Depuis février, la Région organise une formation pour les directeurs d’écoles afin de leur donner l’information nécessaire pour faire leur choix.
Au cabinet du ministre wallon de la Formation, Marc Tarabella (PS), qui devra faire atterrir d’ici l’été ce dossier épineux, on se refuse à tout commentaire sur l’appel d’offres en cours, précisant simplement que l’administration négocie toujours avec les soumissionnaires et que l’on espère tenir le calendrier prévu, soit un déploiement des ordinateurs dès la rentrée de septembre.
Le ministre Tarabella sait qu’il marche sur des œufs. Propulsé à Namur, l’an dernier, il a hérité d’un dossier miné. Une première salve d’offres avaient été déclarées irrégulières par le Conseil d’État. Un an avant les élections régionales, il ne peut à aucun prix décevoir les milliers d’enseignants qui se demandent si la Région sera capable de mettre un terme à la sous-informatisation des écoles, où les trop rares ordinateurs disponibles ont été livrés il y a dix ans.
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