Immo Congo ou l'ombre de Van Cau
MAJ 10/11/2006 - Immo Congo à l'instruction
Daniel Lebrun, un proche de Van Cau, emporté dans la tourmente judiciaire
La juge d'instruction carolo France Baeckeland est passée à la vitesse supérieure, hier, dans le dossier Immo Congo, un dossier qui concerne une opération immobilière douteuse menée par la Région wallonne et la Communauté française à Kinshasa. L'affaire remonte à début 2004, peu avant la fin du gouvernement arc-en-ciel wallon régi par le ministre-président Jean-Claude Van Cauwenberghe.
À l'époque, la représentation de la Wallonie et de Bruxelles se retrouve sans bâtiment. On cherche donc une nouvelle implantation.
Des sociétés immobilières belges planchent sur le dossier : Congo Walloninvest, Intelligence et Communication (IC) et Immocita. IC remporte le marché, achète le Gennaro et le rénove pour 3 millions d'euros. Le bâtiment est ensuite reloué pour 270.000 euros par an à la Région wallonne et à la Communauté française. Premier élément troublant : un bail de 20 ans, dans un pays instable comme le Congo, est pour le moins étonnant. D'autant qu'on apprend que le contrat oblige les deux instances à payer la location, quoi qu'il arrive au Gennaro . Passons...
Deuxième élément troublant : le coût de la location (270.000 euros) paraît élevé, vu l'état du bâtiment congolais. Un conseiller financier de la Région wallonne avait d'ailleurs fixé celui-ci à 180.000 euros maximum. "Cela ne paraît pas être la meilleure affaire que l'on puisse réaliser" , déclarait à ce propos le procureur du Roi, Christian De Valkeneer.
Troisième élément troublant : trois semaines après l'avoir choisie, le gouvernement wallon décide de remplacer la société IC de Bruxelles par la firme Immo Congo de Gosselies. Or, celle-ci n'a été créée que deux jours avant d'être sélectionnée. Coïncidence ? Difficile d'y croire lorsque l'on sait que la moitié des actions d'Immo Congo sont détenues par la société Capamar, elle-même actionnaire pour moitié de Congo Walloninvest qui s'était fait souffler le marché. Pis, ces trois sociétés sont basées au 83, rue de Jumet à Gosselies, et sont toutes gérées par Sabine Gaucquier.
Et cette dame n'est autre que l'épouse de Daniel Lebrun, un réviseur d'entreprises très proche de Van Cau et dont le cabinet est installé au... 83, rue de Jumet à Gosselies. Et il s'agit du même Daniel Lebrun qui, en son temps, fut chargé d'une mission de contrôle sur les finances de la ville de Charleroi. Il n'avait rien relevé d'anormal. Evincé au départ, le couple Lebrun-Gaucquier s'est donc retrouvé gagnant dans l'affaire. Grâce à l'aide de Jean-Claude Van Cauwenberghe ? C'est la question à laquelle l'instruction ouverte pour faux, usage de faux et corruption tente de répondre.
F. D.
© La Dernière Heure 2006
+++++++++++++
Immo Congo ou l'ombre de Van Cau
Voir aussi l'article précédant sur ce site
La justice carolo s'intéresse désormais à la représentation Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. Une instruction a été ouverte pour corruption à propos d'une location. Des perquisitions ont été opérées. Comment une société de Gosselies a-t-elle été choisie ?
Un dossier s'est ajouté hier à l'impressionnante pile d'affaires que traite depuis plus d'un an la juge d'instruction France Baekeland, à Charleroi : il concerne "Immo Congo", une société qui a son siège social à Gosselies, rue de Jumet et qui, en raison de cet emplacement géographique, vient encore grossir les activités du réseau politico-judiciaire actuellement traité à Charleroi.
De quoi s'agit-il ?
D'un dossier mis à l'instruction après une information ouverte en juin dernier au parquet de Charleroi, à propos d'une opération immobilière qui, dit-on dans les milieux judiciaires carolorégiens, "pose question". Début 2004, la représentation Wallonie-Bruxelles apprend qu'elle doit quitter, pour des raisons financières, l'immeuble qu'elle occupe à Kinshasa, ce qui l'oblige à rechercher une autre implantation. Les recherches s'organisent, pour aboutir à la sélection d'un immeuble, après la mise en concurrence de trois sociétés immobilières. C'est finalement IC (Intelligence et Communication), basée à Bruxelles, qui remporte le marché, et doit faire l'objet d'un contrat de bail que devront cosigner Hervé Hasquin, alors ministre-Président de la Communauté française, et Jean-Claude Van Cauwenberghe, ministre-Président de la Région wallonne.
Un autre choixC'est alors qu'un ministre socialiste de la Communauté française fait savoir à Hervé Hasquin qu'une nouvelle donnée intervient, Jean-Claude Van Cauwenberghe semblant marquer sa préférence pour un nouveau cocontractant. Et quelques semaines plus tard, le contrat est en effet proposé, entre Région, Communauté et cette société nouvelle venue, appelée "Immo Congo", et basée à Gosselies.
Elle a été créée quelques jours plus tôt et, détail curieux, elle se situe au même endroit que CWI, candidate évincée à ce contrat de bail précédemment, et qu'une société Capamar, actionnaire de CWI et de "Immo Congo". Et, plus curieux encore, on retrouve le même nom tant dans Capamar, que dans CWI et "Immo Congo". Il s'agit d'une certaine Simone Gauquier. A quoi il faut ajouter que le même immeuble abrite également le cabinet de réviseur d'entreprise de Daniel Lebrun, époux de la même Simone Gauquier et qui fut, en son temps, chargé d'une mission d'expertise par la Région wallonne... par Jean-Claude Van Cauwenberghe.
Le contrat de bail, lui, présente des curiosités qui ont attiré l'attention du parquet de Charleroi.
Curieuses conditionsAinsi, le bail du bâtiment de Kinshasa s'étale sur vingt ans, à raison de 270 000 euros par an, ce qui, compte tenu de l'instabilité chronique du pays, témoigne d'un certain optimisme, d'autant que la location doit "tenir", que le bâtiment soit ou non occupé, pour quelque raison que ce soit : un montant surestimé, selon un conseiller financier consulté préalablement. Bref, il n'apparaît pas que ce soit une opération immobilière intéressante pour la Communauté, colocataire avec la Région de l'immeuble. Il est vrai qu'il était basé sur des expertises pratiquées sur place : on imagine que les locataires, tant à la Région qu'à la Communauté, auront estimé normal de leur faire confiance.
La question que pose aujourd'hui l'instruction ouverte à Charleroi pour faux, usage de faux et corruption semble simple : ce qui a amené la Région et la Communauté à choisir "Immo Congo", société sortie opportunément des limbes, a-t-il profité à quelqu'un ? Peut-on expliquer raisonnablement qu'un marché emporté par une firme soit finalement allé à une autre, et pour quels motifs ?
© La Libre Belgique 2006
Perquis tous azimuts (10/11/2006)
© BELGA
Immo Congo n'est qu'un des 44 dossiers en cours à CharleroiCHARLEROI La juge d'instruction carolorégienne France Baeckeland a mené de front une dizaine de perquisitions hier, mobilisant une cinquantaine d'enquêteurs de la police judiciaire fédérale. L'essentiel des descentes s'est concentré sur le dossier Immo Congo. Le siège de la société, basée au n° 83 de la rue de Jumet à Gosselies, a bien évidemment reçu la visite des enquêteurs.
On sait également que ceux-ci se sont déplacés à Bruxelles. La SA Intelligence et Communication (IC), qui avait décroché le marché immobilier kinois avant d'être remplacée par Immo Congo, a été perquisitionnée. Perquisitions également au CGRI, le Commissariat général des relations internationales, un organe qui dépend de la Communauté française. Plusieurs personnes ont été interrogées. Daniel Lebrun, proche de Van Cau, et son épouse, Sabine Gauquier, en faisaient partie.
Faisant d'une pierre deux coups, les enquêteurs ont procédé à d'autres perquisitions, dans des dossiers indépendants. On sait que l'une d'entre elles concernait les marchés publics, affaire qui a fait basculer l'ex-bourgmestre de Charleroi, Jacques Van Gompel. À Charleroi, quelque 44 dossiers politico-financiers sont en cours. Vingt-cinq sont à l'instruction, pour la plupart entre les mains de la juge France Baeckeland.
Les 19 autres restent pour l'instant à l'information. Ils peuvent toutefois être joints à des affaires en cours, ou passer à l'instruction à tout moment. Leur importance est variable. On retrouve en effet parmi ceux-ci des plaintes en diffamation et calomnie déposées par des inculpés (ex. : Jean-Pierre Declercq). Pour l'instant, 76 enquêteurs se consacrent à ces 44 dossiers. Le directeur judiciaire carolo, Jean-Pierre Doraene, a déposé un dossier sur le bureau du procureur pour obtenir des renforts.
''Van Cauwenberghe m'a téléphoné'' (10/11/2006)
Hervé Hasquin verse un élément neuf au dossier. Qui sent le soufre
BRUXELLES
Que s'est-il passé, en 2004, au sein des deux gouvernements, dans ce curieux dossier Immo Congo ? Impossible de le savoir du côté de Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS), alors patron du gouvernement wallon. Joint ce jeudi par nos soins, il s'est refusé à toute interview. "Je suis lassé de répéter sans cesse dix fois la même chose ", s'est-il contenté de déclarer. "Ce dossier est tout à fait clair, et tout s'est fait à l'époque dans la pure légalité ."
Hervé Hasquin (MR), qui dirigeait la Communauté française, a, lui, accepté de nous parler. Et il livre un élément troublant de plus : un coup de fil de Van Cau quelques minutes avant l'octroi du marché.
Pour rappel, tout s'est passé en deux temps. Le 21 avril 2004, après de multiples reports, la Communauté française accorde le marché à la S.A. Intelligence et Communication. Le gouvernement wallon en fait de même, mais huit jours plus tard : le 29 avril. Puis, quinze jours plus tard, les 12 et 13 mai, les deux mêmes équipes valident le transfert du marché à Immo Congo, société créée... le 11 mai. Et qui permet de récupérer, par la bande, la société qui avait perdu le marché, dont le principal actionnaire est M. Lebrun, réviseur proche de Van Cau .
Hasquin éclaire le dossier d'un nouvel élément.
"Le jour de notre première décision, 5 minutes avant que j'entre en séance,
un ministre socialiste me prévient que le dossier pose problème au gouvernement
wallon. Effectivement, deux minutes plus tard, mon GSM sonne. C'est Jean-Claude
Van Cauwenberghe. Il me dit qu'il préférerait qu'on fasse entrer dans le marché
un partenaire supplémentaire, pour mieux défendre les intérêts de la Wallonie,
dit-il. Je suis assez surpris. J'entre en gouvernement, mais propose de ne rien
modifier : d'octroyer le marché à la société qui a remis la meilleure offre,
soit la S.A. Intelligence et Communication. Si la Wallonie a des états d'âme, je
préfère qu'elle m'en fasse part dans un courrier officiel."
Qui était ce partenaire supplémentaire ? Déjà une société de M. Lebrun, qui était alors en passe de perdre le marché ? "À la mi-mai arrive le projet de transférer ce marché à une nouvelle société, forte de deux partenaires", poursuit Hasquin. "Je suis d'accord, mais pas question que cela coûte un franc de plus à la Communauté. À l'époque, je ne savais pas qui était ce M. Lebrun. Aujourd'hui, je ne sais toujours pas ce qui s'est passé à la Région wallonne. Tout ce que je sais, c'est que c'est à sa demande que les choses ont été modifiées... "
Christian Carpentier
© La Dernière Heure 2006
1 commentaire:
A votre avis quel est le lien entre S.Gaucquier et Van Cau, il faut chercher du côté des Wagner et vous aurez votre réponse.
Enregistrer un commentaire