17 novembre 2006

Un nom prédestiné

Christian Perpète, 41 ans, détenu à Verviers, déjà condamné pour 60 vols, 7 tentatives de vol, plusieurs incendies volontaires à 42 mois ferme, et surtout à 6 ans pour... un assassinat correctionnalisé. Rien que cela.


''Le Don Corleone du cannabis'' (17/11/2006)

L'avocate a ainsi lu une lettre de Dubois adressée à son fils où il
lui conseille de devenir gigolo "pour utiliser au mieux ce que la nature nous a donné d'essentiel : un cerveau et un morceau de chair de 20 cm" .


Assises de Bruxelles : l'un des accusés voulait que son fils soit gigolo...

Hier, les avocats des parties civiles ont poursuivi leurs plaidoiries, avec toujours autant de tranchant et de persuasion. Après Me de Cléty mercredi, c'était au tour de Me Abdelhadi Amrani, ce jeudi, de prendre le relais. À propos du troisième accusé, considéré comme le commanditaire du crime, l'avocat a déclaré : "C'est le Don Corleone du cannabis, le Pablo Escobar du shit" . On sait que l'assassinat résulte d'un règlement de comptes et que Nour Eddine Dyani est un grand parrain des trafics de haschisch entre le Maroc et l'Europe.
Me Marie-Jeanne Kayijuka a ensuite plaidé, dénonçant la perversité du premier accusé, Michel Dubois, suspecté d'être l'auteur du coup de feu unique qui a ôté la vie à Boulaich. L'avocate a ainsi lu une lettre de Dubois adressée à son fils où il lui conseille de devenir gigolo "pour utiliser au mieux ce que la nature nous a donné d'essentiel : un cerveau et un morceau de chair de 20 cm" .
On sait que Dubois a avancé comme alibi qu'il organisait une partouze dans un hôtel liégeois pour se disculper du crime. Ensuite, c'était au tour de Me Jean-Paul Dumont de prendre la parole pour la famille de la victime. Non sans afficher des portraits géants de la victime sur son pupitre, face aux jurés. "Mohamed Boulaich a eu le malheur de vouloir arrêter ses activités de trafiquant. Et ça, dans le milieu, cela ne se fait pas. C'est pour cette raison que Dyani a commandité son crime."
Ensuite, durant toute l'après-midi, pendant près de quatre heures, l'avocat général Bernard Dauchot a prononcé son réquisitoire. Après avoir salué le courage et le travail du juge d'instruction Frédéric Lugentz, l'avocat général a estimé que les trois accusés devaient être reconnus coupables d'assassinat. La veille de sa mort, la victime avait confié qu'elle avait des problèmes avec Dyani...
Et on sait que Perpète et Dyani soutiennent qu'ils se sont parlés au téléphone la veille du crime, le jour du crime et le lendemain du crime, pour négocier des ventes de poteries, de tables et de carrelages. "Sept appels pour un total de 4 minutes et 1 seconde ! C'est une négociation qui a été rondement menée !" , a conclu l'avocat général Bernard Dauchot.

Philippe Boudart
© La Dernière Heure 2006

1 commentaire:

Admin a dit…

L'accusé avoue en secret (10/11/2006)

Assises de Bruxelles : Christian Perpète était passé à table en précisant qu'il ne voulait pas que ses propos soient actés


BRUXELLES Hier, la cour d'assises de Bruxelles a entendu les enquêteurs et le juge d'instruction dans le cadre du crime de Mohamed Attar Boulaich, abattu à bout portant le 29 août 2003, à Jette.

Dans le box des accusés, on retrouve Michel Dubois, 49 ans, Nour Eddine Dyani, 46 ans, et Christian Perpète, 41 ans. Les deux premiers accusés ont toujours nié les faits mis à leur charge. Perpète, lui, a adopté la même politique, à l'exception d'un seul entretien avec le commissaire.

Hier, le commissaire a fait état de cet entretien où Perpète avoue les faits. Depuis lors, l'accusé est évidemment revenu sur ses déclarations. Le 3 juin 2004, soit presque un an après les faits, Perpète a été entendu par le commissaire. L'accusé a tenu des propos en précisant qu'il souhaitait que ceux-ci ne soient pas actés.

Au cours de cet entretien, Perpète avoue avoir été le chauffeur de Dubois le jour du crime. Initialement, l'objectif était de tirer une balle dans le genou de Boulaich pour lui faire peur.

Perpète dit être resté dans la voiture. Dubois est sorti et s'est rendu à l'Abribus où Boulaich attendait son tram. La victime s'est retournée, ce qui n'était pas prévu. Dubois a pété les plombs , selon Perpète, et a tiré dans la nuque. Boulaich s'est effondré.

Toujours au cours de cet entretien, Perpète a déclaré qu'il ne fallait pas pleurer sur le sort de la victime. Boulaich n'était pas, à ses yeux, un enfant de choeur. La victime était connue pour être un trafiquant de drogue. "Et puis, après tout ce qu'il a fait à sa femme au Maroc, l'avoir abandonnée après l'avoir mise enceinte" , a ajouté Perpète. D'ailleurs, selon Perpète toujours, sa famille n'a pas pleuré longtemps lorsqu'elle a trouvé les 14 millions que la victime avait planqués. Pour l'enquête, ces propos sont très importants car peu de personnes avaient connaissance de ces éléments.

Enfin, Perpète a signalé que Dubois s'était vanté de son curriculum vitae, en lui avouant le crime d'une femme en France et d'un homme en Espagne. Suite ce matin...

Philippe Boudart

© La Dernière Heure 2006