Affaire Cools : Castellino sera rejugé aux assises
Quinze jours de "procès-bis" sans doute en mars 2007.
Mercredi 7 janvier 2004. La cour d'assises de Liège acquitte Mauro De Santis et Silvio De Benedictis, pour l'assassinat du ministre d'Etat socialiste André Cools et pour la tentative d'assassinat contre sa compagne, Marie-Hélène Joiret, survenus le 18 juillet 1991 à Liège. Elle condamne en revanche Richard Taxquet, Pino Di Mauro, Joachino Contrino, Carlo Todarello, Cosimo Solazzo et Domenico "Mimo" Castellino à des peines de 5 à 20 ans de réclusion.
Mais les deux derniers, en fuite, étaient ainsi condamnés par défaut (à 20 ans chacun). Nul doute, disait-on déjà alors, que s'ils étaient interceptés, ils feraient opposition. Eh bien, c'est ce qui s'est produit, sans surprise, mercredi à la cour d'assises de Liège, présidée par le même Luc Lambrecht qui avait déjà conduit le premier procès à son terme. C'est que Castellino avait été arrêté le 26 mars 2006 à Rosenheim (Allemagne), à la faveur d'un contrôle routier. Et qu'il avait d'emblée annoncé vouloir faire opposition, au moment de son extradition, le 2 juin dernier.
La cour d'assises a donc rouvert le dossier pour examiner la recevabilité de cette opposition. Il faut par exemple voir où se situe, dans le cas d'espèce, la limite entre la signification du jugement et sa connaissance, Castellino ayant lui commenté, dans l'intervalle auprès de certains médias, ledit jugement dont il avait parfaitement connaissance.
Toutefois, le doute paraît faible : la défense comme le parquet général, représenté par Marianne Lejeune, et les parties civiles, représentées par Mes Jean-Louis Berwart et Georges Dehousse, estiment qu'elle est effectivement recevable. S'il reste à la cour d'en décider vraiment (l'arrêt est annoncé pour le 30 novembre), il est donc fort vraisemblable qu'elle sera dite telle.
Le conseil de Castellino, Raphaël D'Amico, a par ailleurs expliqué mercredi à l'agence Belga pourquoi, selon lui, son client ne s'était pas présenté au jury populaire : "D'une part, il avait des craintes, d'autre part, il n'avait pas réceptionné en temps opportun le document valant convocation". Des craintes qui découlent des explications détaillées qu'il avait données aux enquêteurs sur ses complices.
Exacte ou non, cette explication sera en tout cas étoffée au "procès-bis", indique l'avocat. Quant à de nouvelles révélations, annoncées par certains, on attendra le mois de mars 2007, moment où le procès sera sans doute fixé, pour voir s'il y en aura et de quelle valeur. Castellino, qui sera rejugé seul, peut cependant appeler des témoins, même nouveaux.
© La Libre Belgique 2006
Procès Cools
Le procès des assassins de l’ancien ministre André Cools a débuté le 17 octobre dernier devant la Cour d’assises de Liège. Ce procès s’annonce long et compliqué. Retour sur dix ans d’enquête à rebondissements...
18 juillet 1991, 07h25: des coups de feu claquent sur le parking d’un immeuble à Cointe, près de Liège. Un homme est tué sur le coup. Une incroyable affaire politique et judiciaire vient de commencer. En effet, la victime n’est pas n’importe qui. Il s’agit d’André Cools. Cet homme de 63 ans était ministre d’Etat, ancien ministre, patron du Parti socialiste (PS) liégeois et ancien président du même parti.
En dix ans d’enquête, des centaines de témoins ont été auditionnés et des tueurs ont été arrêtés. Aujourd’hui, il n’y a qu’une seule certitude: les auteurs du meurtre sont connus. Il s’agit de deux Tunisiens qui ont été condamnés à vingt ans de prison par la justice de leur pays. Ces tueurs pourraient être amenés en Belgique pour témoigner au procès. Mais il n’y a rien à attendre de ce qu’ils diront: après leur arrestation, ils n’ont pas pu donner d’informations sur ceux qui ont commandé cet assassinat ou sur les mobiles du crime. D’ailleurs, ces tueurs croyaient abattre un trafiquant de drogue gênant pour d’autres filières de drogue.
La cour d'assises de Liège devra juger une affaire pleine de rebondissements
Deux pistes, et la “guerre des juges”
Après l’assassinat, la juge d’instruction Véronique Ancia est chargée de l’enquête. Le 26 juillet 1991, une lettre anonyme lui parvient. Ce document met en cause Alain Van der Biest qui était alors ministre wallon des Affaires intérieures. Huit mois plus tard, Carlo Todarello, un truand italien, fait des déclarations. Il accuse Alain Van der Biest ainsi que son secrétaire particulier, Richard Taxquet. Pour Todarello, ce sont eux qui ont commandité le meurtre. Par ailleurs, il prétend aussi que Guy Mathot est impliqué dans cette affaire. Cet homme de pouvoir du Parti socialiste n’était pas du tout apprécié d’André Cools.
A Liège, la juge et les enquêteurs se méfient des accusations de Todarello. Pourquoi? Dans le même temps, cet homme est aussi inculpé par le juge Connerotte dans un dossier de titres volés. Or, toutes les personnes proches d’Alain Van der Biest citées dans l’affaire Cools se retrouvent dans ce dossier. Le juge Connerotte est donc persuadé que cette affaire de titres volés est à l’origine de l’assassinat de l’ancien ministre. Par contre, à Liège, on préfère s’intéresser aux intérêts financiers du PS. C’est ainsi que la juge Ancia mettra à jour les affaires SMAP et Agusta. La première concerne des détournements de fonds dans cette grande compagnie d’assurance. Tandis que la seconde se rapporte à des commissions versées au PS par ce constructeur italien d’hélicoptères pour décrocher une commande de l’armée belge. Depuis, les affaires SMAP et Agusta ont été jugées. Elles n’ont pas permis d’établir de lien avec le meurtre d’André Cools.
Par ailleurs, la juge Ancia a aussi enquêté sur les relations entre les dirigeants du PS ainsi que sur les pratiques financières du parti. Le 1er juin 1994, la Cour de cassation dessaisit le juge Connerotte et transfère son dossier à la juge Ancia. Depuis, l’affaire des titres volés a aussi été jugée. Presque tous les inculpés du procès Cools qui étaient concernés ont été condamnés. Mais là non plus, le lien avec l’affaire Cools n’a pas pu être prouvé.
Témoin anonyme
En juin 1996, un nouveau rebondissement très important intervient. Un homme se présente aux enquêteurs. Il affirme qu’il sait tout ou presque sur l’assassinat d’André Cools. Cependant, il veut rester anonyme et exige de l’argent. Il obtiendra 8 millions de francs et l’anonymat garanti. Ses révélations confirment la piste d’Alain Van der Biest et de ses proches. Elles permettent de retrouver les armes, les caches des tueurs, les personnes qui ont engagé les tueurs... Ce témoin accuse Pino Di Mauro, Carlo Todarello, Cosimo Solazzo, Richard Taxquet, Alain Van der Biest et Guy Mathot d’être les organisateurs de l’assassinat. Aujourd’hui, les quatre premières personnes citées par cette personne anonyme se retrouvent sur le banc des accusés. Quatre autres hommes sont aussi inculpés: Silvio De Benedictis, Domenico Castellino, Mauro De Santis et Luigi Contrino.
Le procès qui vient de s’ouvrir à Liège va-t-il permettre de répondre à la question suivante: qui a commandité l’assassinat d’André Cools et pourquoi? Rien n’est moins sûr... D’autant plus qu’un seul inculpé sur huit est passé aux aveux. Il s’agit de Domenico Castellino. Les autres nient leur rôle dans ce crime. Et puis, surtout, il y a un grand absent: Alain Van der Biest, qui s’est suicidé en 2002...
Marc Vandermeir
Domenico Castellino a été arrêté en mars en Allemagne.
Le sort de Domenico «Mimo» Castellino avait été scellé le 7 janvier 2004 par les jurés de Liège, dans l'«affaire Cools», du nom du ministre d'Etat socialiste lâchement abattu le 18 juillet 1991.
Castellino avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir activement participé au complot. Mais il l'avait été par défaut, car il avait pris la fuite avant les assises. Depuis, il était sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
Les mois puis les années n'ont pas usé la ténacité du parquet général de Liège: de relance en relance, singulièrement vers l'Italie, où il s'était caché à l'origine, et plus encore vers l'Allemagne, où il avait famille et amis, l'action judiciaire a abouti dimanche à Rosenheim, à 70 km de Munich, comme l'a confirmé lundi l'avocat général Marianne Lejeune.
Des traces de Castellino y avaient été relevées grâce à des indications de la justice liégeoise. Elles ont permis à la police des autoroutes de mettre la main sur le fuyard, sans doute alors qu'il se rendait chez l'une de ses soeurs qui résident Outre-Rhin.
Mme Lejeune dispose désormais de 40 jours pour réclamer l'extradition de Castellino. Lequel pourrait, en fonction d'une durée peu prévisible de la procédure, ne pas être de retour en Belgique avant septembre. C'est qu'il faut traduire en allemand une bonne part des dossiers où le malfrat a été condamné, afin de justifier cette extradition. Il y en a trois: hormis l'affaire Cools, Castellino a été condamné en 1996 à 18 mois avec sursis pour trafic de fausse monnaie et, en 2001, à un an ferme pour non présentation d'enfants.
Ensuite, l'intéressé fera opposition à sa condamnation pour l'affaire Cools, a indiqué son avocat Me Raphaël D'Amico. Il n'a rien à y perdre: si la loi de révision des assises de 2000 ne le prévoit pas expressément, une disposition usuelle veut qu'on ne condamne pas plus sévèrement en opposition. Si celle-ci ne vise que le plan pénal, Castellino sera seul à comparaître. Sinon, les parties civiles (la famille et l'ancienne compagne d'André Cools) pourront être présentes à la cause. Mais les cinq autres condamnés, non. Fiction? Si, à cette occasion, des éléments véritablement neufs apparaissaient, on pourrait cependant, qui sait?, y trouver motif à révision du procès tout entier.
Reste qu'un autre condamné est toujours en fuite: Cosimo Solazzo, qui avait également écopé de 20 ans. Il est aussi dans le collimateur...
© La Libre Belgique 2006
Affaire Cools: un sourire carnassier (16/10/2003)
André Cools avait une grande gueule et le coeur sur la main
Rusé, madré, capable des pires invectives et des attentions les plus délicates, vindicatif ou charmeur, jouant habilement selon les circonstances de l'un ou l'autre registre, André Cools savait aussi être tout cela à la fois.
S'il dénonçait avec la dernière virulence l'Etat-CVP (Leo Tindemans n'a rien oublié), il reconnaissait qu'il devait beaucoup à Gaston Eyskens:
«C'est lui qui m'a appris mon job de ministre».
A Louvain, en décembre '87 à l'enterrement du vieux leader social-chrétien flamand, il tenait un cordon du poêle. Il était le seul à porter des lunettes solaires. Il était rentré aux petites heures après une soirée copieusement arrosée à l'Irish coffee.
Fédéralisme, réformes de structures: c'était son credo lors de son entrée en politique. Avec trois autres rebelles, il subira le joug du parti qui leur reproche leur adhésion au Mouvement populaire wallon. Vingt ans plus tard, il présidera le Conseil régional wallon...
C'était au début des années '70. Quelques mois auparavant, il avait pris la coprésidence du PSB, Karel Van Miert était son alter ego, côté flamand.
Ce dimanche soir d'élections législatives et provinciales, il le passait à son bureau du quatrième étage du boulevard de l'Empereur. C'est là qu'au fur et à mesure de leur arrivée, il disséquait les résultats avant de rejoindre les studios de télévision où il donnerait ses premiers commentaires et affronterait ses adversaires politiques.
Cigarette au bec, moustache en bataille, café noir et boîte de pastilles Rennie à portée de la main (il aimait le café fort, mais cela lui donnait des brûlures d'estomac), il avait un oeil sur les résultats qui s'affichaient sur la télé, écoutait d'une oreille les chiffres qui tombaient à la radio et répondait continuellement à un téléphone qui n'arrêtait pas de sonner.
En raccrochant, il eut un véritable sourire de carnassier. Marcel Remacle, le président de la fédération luxembourgeoise, venait de lui annoncer que les socialistes seraient à même de mettre en place une large coalition permettant de laisser le PSC sur la touche. Il fallait pour cela intégrer le Rassemblement wallon qu'il ne portait pas dans son coeur.
Jubilatoire: «Prends-les avec. Tu te rends compte, bouter les calotins hors de la députation permanente où ils sont depuis 1830. Marcel, tu signes l'accord au plus vite et tu me rappelles. Je veux que ce soit fait aujourd'hui.»
Ce qui ne l'empêcha pas, l'instant suivant, d'admonester rudement et de renvoyer brutalement un vieux cacique, le sénateur Edmond Machtens, qui s'était imprudemment introduit dans l'antre du quatrième étage et dont les résultats électoraux peu glorieux dans son fief de Molenbeek avaient suscité une colère luciférienne.
Quelques années plus tard, à Liège, une réunion d'appareil plus mouvementée encore que d'habitude avait vu le Maître de Flémalle tancer vertement son pourtant ami, Gilbert Mottard. Le bon Gilbert avait tout le mal du monde à se remettre de cette attrapade qu'à ses yeux rien ne justifiait. Plus tard dans la soirée, alors que les esprits étaient apparemment apaisés, Mottard, penaud, tirait la gueule. «Allez, Gilbert», lui dit Cools en lui proposant de boire un verre, «si je t'engueule de temps en temps, c'est parce que je t'aime bien.» Et Mottard de répondre:
«Il y a des jours où j'aimerais que tu m'aimes un peu moins!»
A la Maison du Peuple de Flémalle, où il disait avoir été conçu, il les connaissait tous, ceux qui venaient solliciter une intervention (emploi, pension, habitations sociales,...), les appelait par leur prénom. Les p'tits, il les évoquait avec tendresse, mais n'hésitait pas à les rudoyer et houspiller, en employant un patois dur et parfois cru, pour être sûr de se faire comprendre.
Le peuple, c'était chez lui, c'était son monde à lui.
«Sauvegarder sa mémoire»
Jean-Luc Dessy, l'avocat d'Alain Van der Biest sera très attentif au procès
Depuis le début des ennuis judiciaires d'Alain Van der Biest, Me Jean-Luc Dessy s'est trouvé à ses côtés. Il a évidemment une lecture différente du dossier que celle des parties civiles.
Me Dessy, dans quel état psychologique vous trouvez-vous à l'aube du procès?
«Je ressens une certaine frustration. Puisqu'Alain Van der Biest et moi aurions pu profiter de ce procès pour publiquement défendre son innocence. Mais c'est le destin! Je me demande toujours comment nous n'avons pas vu venir cet acte désespéré.»
Un an et demi après son suicide, vous comprenez son geste?
En tout cas, je le savais usé par la procédure judiciaire. En plus, sa deuxième arrestation lui avait fait très mal. C'était vraiment un coup de bambou imprévisible à 1.000% et cela l'avait bouleversé. En plus, être associé aux autres inculpés, comparaître à côté d'eux aux assises lui était insupportable. Ajoutez à cela le décès de sa maman et vous vous retrouvez avec quelqu'un d'ébranlé.»
Assisterez-vous au procès?
«Juridiquement, je n'y ai plus ma place, du moins en tant qu'avocat d'un accusé. Mais j'y serai, du moins en partie, ne fut-ce que pour réagir à d'éventuels dérapages.»
Attendez-vous des révélations?
«Non, je connais bien le dossier et dès le départ, on l'a orienté vers Van der Biest. Mais la fourchette n'était peut-être pas assez large et je ne vois pas pourquoi on irait voir ailleurs maintenant. Mais, je ne dis pas qu'il y a des commanditaires. Il n'y a aucun élément probant ni à l'encontre de Van der Biest, ni à l'encontre de quelqu'un d'autre.»
Alain Van der Biest a donc tout dit?
«Absolument tout ce qu'il savait en tout cas! En plus on a fait des perquisitions partout où il avait des intérêts. On en a fait avant et après son décès. On n'a jamais rien trouvé!"
Vous êtes donc toujours aussi sûr de son innocence?
«Oui, sans le moindre doute! Il n'y a aucune preuve, aucun témoin fiable. Certains l'ont accusé, puis se sont rétractés. On n'a jamais trouvé quelqu'un d'indépendant qui l'accusait.»
Est-ce important de connaître l'identité du témoin anonyme?
«C'est capital! Lorsque je relis les 15 points de sa déclaration, il me semble capital de savoir dans quel contexte, il a agi et pourquoi. Il cite Van der Biest, Di Mauro, Mathot, Taxquet, Solazzo, Todaro, "Spitz". Il ne cite par contre jamais Castellino ni Contrino, alors qu'il connaît leur rôle. Pourquoi?
Betty Van der Biest n'assistera pas au procès, vous la comprenez?
«Parfaitement, elle n'arrive pas à faire son deuil. Cela va mieux, mais physiquement et moralement, elle est incapable de supporter cela. Elle ne saurait pas revivre sans lui des événements judiciaires de cet ordre. En tout cas, elle m'a donné mandat pour sauvegarder la mémoire d'Alain Van der Biest."
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Affaire Cools : le rappel des faits
L'enquête concernant l'assassinat d'André Cools a véritablement rebondi en 1996, après les déclarations d'un témoin anonyme. Entendu en juin 1996, ce témoin n'a signé le procès-verbal de ses déclarations qu'en septembre.
Le témoignage anonyme citait Alain Van der Biest comme étant le commanditaire de l'assassinat. Il évoquait aussi les noms de Cosimo Solazzo, Carlo Todarello et Richard Taxquet, "Mimo" et Calogero Todaro. Pour le témoin, l'assassinat avait été fomenté dès 1990 car André Cools gênait trop de monde.
Ces déclarations ont débouché sur les arrestations (entre septembre 1996 et avril 1997) de l'ancien ministre régional Alain Van der Biest, de son ex-secrétaire particulier Richard Taxquet, de son ancien chauffeur Pino Di Mauro, de l'oncle par alliance de Taxquet, Carlo Todarello (qui avait d'ailleurs fait des déclarations similaires à celles du témoin anonyme en 1992), du patron d'une société de nettoyage en contact avec la Région wallonne, Cosimo Solazzo, de Luigi (dit Iachino) Contrino, de Domenico (dit Mimo) Castellino, de Silvio De Benedictis et de Mauro De Santis.
Les tueurs ont quant à eux été arrêtés dans la banlieue tunisienne de Djebel Djelloud le 30 septembre 1996. Ils ont été condamnés à 25 ans de prison (peine réduite à 20 ans par la compression des peines) en juin 1998 par la cour criminelle de Tunis pour assassinat et tentative d'assassinat. Ils avaient été désignés par Carlo Todarello en 1992, par le témoin anonyme, par Castellino et par la veuve de Calogero Todaro.
Les tueurs ont reconnu les faits mais ont expliqué qu'ils croyaient abattre une personne qui gênait un trafic de drogue. Ils ont expliqué qu'ils n'avaient reçu que 8 millions de lires (4.000 euros) au lieu des quelque 3 millions d'euros prévus. C'est Ben Lamin qui a tiré pendant que son complice, également armé, faisait le guet et était chargé d'écarter les éventuels témoins.
Les deux Tunisiens ont toujours déclaré qu'ils ne savaient pas qui était le commanditaire du crime. Ils ont expliqué qu'ils avaient été recrutés par Calogero Todaro en Sicile, où ils travaillaient comme ouvriers saisonniers.
Calogero Todaro, domicilié à Canicatti (Sicile) mais ayant vécu en Allemagne, a été contacté par Domenico Castellino, via Contrino qu'il avait rencontré lors de vacances en Sicile. Le but était d'obtenir son aide afin de récupérer de l'argent versé à des tueurs siciliens domiciliés en Allemagne, partis avant l'exécution du contrat.
Todaro a effectué des repérages à Cointe. Mais il a été écarté du contrat avant le crime en raison de son caractère jugé dangereux par les autres protagonistes de l'affaire. Deux ans après l'assassinat, il a repris contact avec ses "complices". Se considérant comme le "patron des tueurs", il a réclamé de l'argent en disant qu'il connaissait la véritable personnalité de la victime (ce n'était pas un journaliste ou une personnalité du show-bizz comme il le croyait jusqu'alors). Todaro a finalement été abattu de plusieurs balles en avril 1994 devant son domicile. Le meurtrier n'a jamais été arrêté.
Ben Almi Abdelmajid Ben Lamin et Ben Brahim Abdeljelil Ben Regeb sont arrivés en Belgique le 10 juillet 1991. Ils ont été hébergés dans un studio du boulevard Emile de Laveleye, à Liège. L'appartement appartient à Cosimo Solazzo, qui dit avoir remis les clés à Domenico Castellino en ignorant qu'il s'agissait d'héberger des tueurs.
Pendant plusieurs jours, André Cools a été suivi. L'exécution aurait dû avoir lieu le 17 juillet 1991 en soirée, mais elle a été annulée parce qu'André Cools avait déjà regagné son lieu de résidence.
Le 18 juillet, les tueurs ont été conduits à Cointe par Castellino. A 7h25, André Cools et sa compagne sont sortis de l'immeuble à appartements qu'ils occupaient, 215 avenue de l'Observatoire, à Cointe. André Cools a ouvert les portières de son Audi Quattro à l'aide d'une commande à distance et Marie-Hélène Joiret s'est installée dans la voiture. André Cools a alors contourné le véhicule. C'est à ce moment que l'un des Tunisiens a tiré dans sa direction. Il a touché le ministre d'Etat mortellement à la gorge et à la tête. Il a ensuite tiré en direction de Mme Joiret qui était sortie du véhicule. Elle a été touchée à l'épaule. Pendant ce temps, le complice du tireur faisait le guet.
Après les coups de feu, les deux hommes ont pris la fuite vers le quartier des Guillemins, où les attendait Castellino. Le trio s'est alors rendu à proximité du studio et les armes ont été jetées dans l'eau. Il s'agissait de deux pistolets, un FN 125 7,65 muni d'un silencieux et un pistolet Star 7,65 muni de balles de 9 mm. Seul le premier pistolet a servi. Les Tunisiens ont déclaré que les armes leur avaient été remises par Di Mauro.
Les Tunisiens ont ensuite été reconduits en Italie par Castellino. Ce dernier a reconnu les faits. Il est le seul inculpé du dossier, outre les deux Tunisiens, à être en aveux.
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