28 novembre 2006

Tribunal pénal international

Vojislav Seselj est jugé malgré tout

Pressentant une manoeuvre, les juges du TPI lui retirent le droit de se défendre seul. Des avocats ont été nommés d'office. Nationaliste populaire en Serbie, il est poursuivi pour crimes de guerre.

Passant outre l'absence de Vojislav Seselj, en grève de la faim dans sa prison à La Haye depuis le 10 novembre, le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye a commencé lundi le procès pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité du leader ultranationaliste serbe.
Les juges ont décidé, conformément à un cas de figure prévu, de demander à la défense commise d'office contre le gré de l'inculpé de le remplacer.
Seselj, âgé de 52 ans, préside toujours le Parti radical serbe (SRS), première formation du parlement serbe, bien qu'il se soit rendu au TPI en 2003.
Des avocats d'office
Celui que l'accusation a décrit lundi comme un "maître de la manipulation politique" a obtenu de la Cour le droit de se défendre lui-même, mais des avocats lui ont été adjoints pour le cas où il perturberait le procès comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises pendant des audiences de procédures. "Apparemment, l'accusé veut exercer des pressions pour que l'on réponde favorablement aux exigences qu'il formule en refusant de prendre la nourriture offerte par le centre de détention des Nations unies", a expliqué le président de la chambre, le juge néerlandais Alphons Orie.
"L'absence de l'accusé est ainsi provoquée, sinon par une décision consciente de ne pas se présenter, du moins par un affaiblissement physique qu'il a provoqué lui-même, ce qui ne peut être accepté comme une raison pour retarder le début de son procès ", a-t-il ajouté.
M. Seselj, qui ne reconnaît pas le TPI, a déjà tenté à plusieurs reprises de perturber la procédure, d'une manière qui n'est pas sans rappeler les tentatives de son ancien allié Slobodan Milosevic, mort en détention à La Haye en mars dernier. Un avocat britannique, David Hooper, lui a été adjoint d'office, mais l'accusé a refusé tout contact avec son équipe, "d es espions" au service de l'accusation, selon lui.
Vojislav Seselj, un ultranationaliste qui a séduit l'électeur serbe, est accusé d'avoir formé entre 1991 et 1993 une "entreprise criminelle conjointe" avec Slobodan Milosevic et l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, lui-même un fugitif du TPI.
Selon l'accusation, leur but était la création d'une Grande Serbie ethniquement pure, en chassant les Croates, les Musulmans et autre non-Serbes de territoires de Croatie, de Bosnie et du nord de la Serbie. Ce que l'on a appelé "purification ethnique" utilisait le meurtre, la torture, le viol ou la destruction des villages.
Dans sa déclaration liminaire, le procureur Hildegard Uertz-Retzlaff a décrit M. Seselj comme un "maître de la manipulation politique masquée par la rhétorique patriotique", chef incontesté du SRS et de sa branche armée.
Un acteur de la guerre
Ses discours enflammés ont incité des milliers de volontaires serbes à s'enrôler et à participer aux guerres de Croatie (1991-1995) et de Bosnie (1992-1995), selon le procureur. "Ce procès n'est pas seulement celui des mots de l'accusé. L'accusé [...] a pris part au financement, à la fourniture, au transfert et à la direction des actions des volontaires participant avec les autres forces serbes à la persécution des non-Serbes", a-t-elle ajouté.
Vojislav Seselj est sous le coup de trois chefs d'inculpation pour crimes contre l'humanité et six chefs d'inculpation pour crimes de guerre. Plusieurs de ces chefs d'inculpation sont semblables à ceux qui visaient Milosevic.
M. Seselj a déjà prétendu que ses juges voulaient le contaminer avec des maladies mortelles et qu'ils se livraient à des" rituels sataniques" à son encontre. Il manie allégrement l'insulte, a révélé des noms de témoins protégés, et a comparé les robes des juges à celles des inquisiteurs et aux vêtements que portaient les membres de la Gestapo.
Son parti s'est porté à son secours, lundi. "Son procès a été ouvert comme si de rien n'était. Nous pouvons conclure que le droit international est mort à La Haye", a déclaré, selon l'agence Tanjug, Bozidar Delic, membre de la direction du SRS.
(AFP) © La Libre Belgique 2006

Mladic caché à Belgrade


L'une des onze personnes jugées depuis septembre devant un tribunal de Belgrade pour soutien présumé à l'ancien chef militaire bosno-serbe Ratko Mladic a reconnu lundi avoir caché le fugitif en 2002. Les onze personnes, parmi lesquelles d'anciens officiers et trois membres d'une même famille de Belgrade, sont accusées d'avoir aidé le général Mladic à se cacher dans divers appartements de la capitale serbe de l'été 2002 à janvier 2006.
Marko Lugonja, un ancien officier bosno-serbe, a déclaré devant le tribunal que Zdravko Tolimir, un autre chef militaire recherché par le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), lui avait demandé de cacher Mladic. "J'ai accepté d'accueillir Mladic et un homme qui l'accompagnait dans ma maison sans avoir subi de pression et de mon propre chef", a déclaré Lugonja, cité par l'agence de presse Tanjug. Il a dit au tribunal qu'il savait que Mladic avait été inculpé par le TPYI. "Mais il était mon supérieur et je voulais l'aider", a-t-il expliqué.
Aucune des dix autres personnes qui comparaissent devant le tribunal n'a pour l'instant reconnu avoir aidé ou caché Mladic. De fortes pressions sont exercées sur la Serbie pour qu'elle retrouve l'ancien général bosno-serbe, inculpé de deux chefs d'accusation de génocide par le Tribunal pénal international de La Haye. L'Union européenne a fait de son transfert à La Haye la condition préalable au resserrement des liens avec Belgrade, gelés en mai. Mladic et l'ancien dirigeant politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, sont recherchés pour génocide en raison de leur rôle dans le massacre de 8 000 Musulmans en 1995 à Srebrenica, et le siège de Sarajevo, qui a fait 10 000 morts.
(Reuters) © La Libre Belgique 2006

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