07 novembre 2006

La Sabena disparaissait il y a 5 ans

Cinquième anniversaire de la faillite de la Sabena -Une page noire de l'histoire sociale belge s’ouvrait il y a cinq ans : la Sabena disparaissait. Il s'agit de l'une des plus importantes faillites qu'ait connu le pays.
Cela fait cinq ans que la Sabena n'existe plus. La faillite de la compagnie aérienne nationale a été prononcée le 7 novembre 2001. Au total, 7.678 travailleurs ont perdu leur emploi à la suite de cette "journée noire" de l'histoire sociale belge. Même si la plupart des anciens employés ont reçu leurs indemnités, la reconversion a été dure et, aujourd'hui, de nombreux ex-Sabéniens sont toujours dans le besoin. De plus, pour l'instant, l'heure est toujours au remboursement des créanciers de la Sabena.Plombée par des pertes colossales et en l'absence de toute perspective de recapitalisation, le conseil d'administration de la compagnie décidait, le 6 novembre 2001, de demander dès le lendemain la faillite de la Sabena auprès du tribunal de commerce de Bruxelles. Néanmoins, le jour même, le principe de créer une nouvelle compagnie, plus petite, au départ de la filiale régionale de Sabena (la DAT ) est acquis.


Détail :

Le 7 novembre, le gouvernement annonce qu'une quinzaine d'investisseurs ont accepté de mettre 200 millions d'euros sur la table, dont 45 millions en provenance des régions (la région flamande se retirera finalement du projet), à quoi il faut ajouter un crédit-pont de 120 millions d'euros, accordé en son temps à la Sabena et transféré à la DAT. Ce même jour, à 11h35, le dernier avion de la compagnie, en provenance de Cotonou (Benin), atterrit sur le tarmac de Zaventem.
Le 8 novembre, le gouvernement présente un accord de plan social avec les syndicats. Celui-ci table sur le licenciement de 5.000 travailleurs, pour un budget total de 390 millions d'euros. Selon le ministère flamand de l'Emploi, 7.361 salariés de l'ex-Sabena étaient sans emploi fin 2001, dont 53 pc en Flandre (3.941), 24,17 pc à Bruxelles (1.779) et 22,24 pc en Wallonie (1.637).
Le 10 novembre, la DAT, rebaptisée "SN Brussels Airlines" le 15 février 2002, redémarre ses opérations avec un premier vol en direction de Genève. Si SN Brussels Airlines (filiale régionale de la Sabena) semble avoir choisi un modèle de développement viable, la Sobelair (ex-filiale charter reprise par les hommes d'affaires Aldo Vastapane et Luc Mellaerts) a connu d'importantes difficultés financières. Elle a été déclarée en faillite par le tribunal de commerce de Bruxelles le 19 janvier 2004, même si quelques mois plus tard la cour d'appel de Bruxelles estimera qu'elle aurait plutôt dû être l'objet d'une liquidation.
Plusieurs affaires judiciaires liées à la faillite de la Sabena ne sont pas encore clôturées. La Cour du travail de Bruxelles procède ainsi à l'examen de la plainte déposée par 31 anciens salariés de la Sabena, qui réclament plusieurs millions d'anciens francs dans le cadre de la mise en oeuvre du plan social, adopté par l'Etat belge à l'époque de la faillite. L'arrêt de la Cour n'est pas attendu avant l'année prochaine.
Par ailleurs, le tribunal de commerce de Nivelles a récemment confirmé la curatelle de la Sabena, emmenée par l'avocat Christian Van Buggenhout. Le 6 juin dernier, le tribunal bruxellois avait pourtant décidé de relever celui-ci et son équipe de leur fonction de curateur. Le juge reprochait notamment au curateur de s'être octroyé des honoraires exorbitants. Il reste à déterminer si le suivi de la faillite de la Sabena continuera sous la gestion du tribunal de Nivelles ou retournera à Bruxelles.

Aujourd’hui

Aujourd'hui, une nouvelle compagnie aérienne belge est sur le point de s'envoler. Née de la fusion des compagnies SN Brussels Airlines et Virgin Express, cette compagnie suscite de nombreuses rumeurs quant à son nom ou son logo. Dans le courant de la semaine dernière, plusieurs noms ont circulé dans la Presse : "Sabena", "Brussels Airlines" ou encore "SNV Airlines". Toutes ces hypothèses ont été rejetées par les deux sociétés
La nouvelle compagnie aérienne belge née de la fusion entre SN Brussels Airlines (SNBA) et Virgin Express s'appelle bien "Brussels Airlines".

Last Minute: Vol à risques pour Brussels Airlines


Pour vivre, le transporteur issu de la fusion de SN Brussels et Virgin devra résoudre des problèmes cruciaux. Décollage prévu en avril. Check list.
C e mardi, un premier Airbus arborera les couleurs de Brussels Airlines. Tel est le nouveau nom choisi pour la compagnie issue du rapprochement de SN Brussels Airlines et Virgin Express, qui doit être bouclé en avril. La date du baptême est d'autant plus symbolique qu'elle intervient cinq ans, jour pour jour, après le sinistre 7 novembre 2001, qui a vu s'éteindre la Sabena.
Depuis, SN Brussels Airlines a pris le relais, laissant entendre qu'il y avait une place pour une compagnie importante en Belgique. Mais la démonstration n'est pas achevée. Malgré la fusion avec Virgin et le changement de patronyme, les défis restent nombreux.
D'abord, il faudra prouver que cette fusion entre une compagnie à bas tarifs avec une marque forte (Virgin) et un transporteur à service étendu (SN Brussels Airlines) se justifie et ne crée pas la confusion dans l'esprit des clients.
Ensuite, la nouvelle entité devra se montrer plus rentable que Virgin Express, qui battait de l'aile, et que SN Brussels Airlines, dont le réseau européen est déficitaire. Enfin, il faudra trouver les moyens de renouveler la flotte.
Ce n'est qu'après cela que le maudit 7 novembre 2001 sera définitivement oublié.
Christoph Müller , dernier patron de la Sabena

Ce n'est un secret pour personne : je ne suis pas un partisan d'une collaboration entre Virgin Express et SN Brussels Airlines. Quand je dirigeais encore la Sabena (de fin 2000 au 7 novembre 2001, NDLR), j'ai souvent discuté avec Richard Branson, le patron du groupe Virgin. Je ne vois guère de synergies entre les deux compagnies aériennes : leurs appareils sont différents (Virgin Express opère sur des Boeing tandis que SN Brussels Airlines exploite des Airbus et des Avro, NDLR) comme leur modèle d'entreprise. Cela fait cinq ans qu'on parle de cette collaboration entre Virgin Express et SN Brussels Airlines. Je n'ai jamais entendu une réponse claire à la question de savoir ce qu'une telle alliance apportera aux deux partenaires. C'est par ailleurs un pacte défensif qui diminue la pression concurrentielle sur le marché bruxellois mais ce n'est pas plus que cela. Le moment de vérité viendra lorsque la flotte devra être rénouvelée. (Extrait d'un entretien paru dans le supplément Weekend du quotidien De Tijd du samedi 4 novembre dernier).

Ce n'est un secret pour personne : je ne suis pas un partisan d'une collaboration entre Virgin Express et SN Brussels Airlines. Quand je dirigeais encore la Sabena (de fin 2000 au 7 novembre 2001, NDLR), j'ai souvent discuté avec Richard Branson, le patron du groupe Virgin. Je ne vois guère de synergies entre les deux compagnies aériennes : leurs appareils sont différents (Virgin Express opère sur des Boeing tandis que SN Brussels Airlines exploite des Airbus et des Avro, NDLR) comme leur modèle d'entreprise. Cela fait cinq ans qu'on parle de cette collaboration entre Virgin Express et SN Brussels Airlines. Je n'ai jamais entendu une réponse claire à la question de savoir ce qu'une telle alliance apportera aux deux partenaires. C'est par ailleurs un pacte défensif qui diminue la pression concurrentielle sur le marché bruxellois mais ce n'est pas plus que cela. Le moment de vérité viendra lorsque la flotte devra être rénouvelée. (Extrait d'un entretien paru dans le supplément Weekend du quotidien De Tijd du samedi 4 novembre dernier).

2 commentaires:

Anonyme a dit…

André Clodong, consultant en aviation


Sur le marché belge, un transporteur aérien, c'est suffisant. La taille du marché ne semble pas pouvoir en absorber deux. Mais les obstacles restent nombreux : la sous-capitalisation du nouvel ensemble, les différences de culture d'entreprise, la différence de flottes. J'ai du mal à comprendre les pratiques commerciales de la nouvelle compagnie, soit ces deux classes fort différentes. Surtout que la tendance, sur les vols européens, est plutôt à une classe unique. L'utilisation d'internet est radicalement différente dans les deux compagnies : Virgin ne vend plus que par ce biais, SN Brussels Airlines pas. On comprend la logique stratégique de la fusion mais je suis assez pessimiste. Le processus de fusion a d'ailleurs pris beaucoup de temps. Le test sera aussi lorsque les actuels actionnaires décideront de sortir de la compagnie : SN Brussels Airlines pourra-t-elle affronter les marchés financiers ? L'avantage, c'est que le marché est en croissance mais quelle sera la part que la compagnie sera capable de prendre dans cette croissance. Il y a un énorme effort collectif à fournir ?
Sur le marché belge, un transporteur aérien, c'est suffisant. La taille du marché ne semble pas pouvoir en absorber deux. Mais les obstacles restent nombreux : la sous-capitalisation du nouvel ensemble, les différences de culture d'entreprise, la différence de flottes. J'ai du mal à comprendre les pratiques commerciales de la nouvelle compagnie, soit ces deux classes fort différentes. Surtout que la tendance, sur les vols européens, est plutôt à une classe unique. L'utilisation d'internet est radicalement différente dans les deux compagnies : Virgin ne vend plus que par ce biais, SN Brussels Airlines pas. On comprend la logique stratégique de la fusion mais je suis assez pessimiste. Le processus de fusion a d'ailleurs pris beaucoup de temps. Le test sera aussi lorsque les actuels actionnaires décideront de sortir de la compagnie : SN Brussels Airlines pourra-t-elle affronter les marchés financiers ? L'avantage, c'est que le marché est en croissance mais quelle sera la part que la compagnie sera capable de prendre dans cette croissance. Il y a un énorme effort collectif à fournir ?
http://www.lesoir.be/actualite/economie/2006/11/07/article_hermes_491778.shtml

Anonyme a dit…

http://www.rtbf.be/info/belgique/ARTICLE_050595#

La Compagnie, c'était 11 millions de passagers transportés et 107 destinations dans 48 pays. Mais la Sabena c'était aussi un endettement de 2 milliards d'euros et des dizaines d'exercices financiers sans le moindre bénéfice. Mais ce que les commissions d'enquête parlementaire et les procédures judiciaires en cours chez nous et à l'étranger ont montré depuis, c'est que l'alliance avec Swissair notamment a sonné le glas de la Compagnie.

Avec la faillite de la compagnie nationale, 7.678 travailleurs perdent directement leur emploi. On parle par ailleurs de 10 à 30.000 emplois indirect. Bref, la "journée la plus noire" de l'histoire sociale belge. La Sabena, c'était la seconde plus ancienne compagnie aérienne européenne après KLM.

Historique de la Sabena

Le 23 mai 1923, une poignée d'hommes d'affaire fondent la Société Belge d'Exploitation de la Navigation Aérienne. L'Etat, qui en est l’actionnaire majoritaire, couvre les emprunts, subsidie, mais laisse la gestion au privé. La Compagnie vole alors vers Paris, Londres et Amsterdam, mais l'Europe n'étant pas rentable, la Sabena mise sur le Congo. Le 3 avril 1925, un biplan sortit des usines SABCA de Haren atterrit à Léopoldville, l'actuel Kinshasa, après 51 jours de voyage.

Dix ans plus tard, en 1935, la Ligne intercontinentale régulière (tous les 15 jours) Bruxelles-Léopoldville est ouverte, le personnel augmente peu à peu, 33 membres en 1923, 10 000 en 1957, 12 000 à la fin, faisant de Sabena le principal employeur du pays. La première hôtesse apparaît en 1946. Et les bénéfices sont là, grâce à l'Afrique et à un réseau étendu à l'Amérique (New York depuis 1947) au Proche-Orient et à l'Asie.

A la pointe du progrès, Sabena est la première à se doter de Boeings en 1959, mais le rouge sera bientôt la dominante des comptes. La Sabena transporte un million de passagers en 1960, deux en 1970, onze en 2000. Mais elle perd de l'argent. Le manque de vision stratégique de l'Etat qui a repris le contrôle, les mariages ratés avec KLM, British Airways, Air-France puis Swissair n'arrangent rien.

Manque de capitaux, choc pétrolier, endettement croissant… Deux milliards d'euros à la fin. Des plans de restructuration se succèdent. Le dernier bénéfice affiché en 1998 n'y changera rien. La Compagnie financièrement exsangue disparaît le 7 novembre 2001.