24 novembre 2006

Immigration: Européens et Africains d'accord sur une approche globale

Les pays africains et européens se sont mis d'accord ce jeudi à Tripoli sur une approche globale de l'immigration en adoptant un pacte inédit combinant sécurité et développement, lors d'une conférence sur l'immigration et le développement.

"La migration illégale ou irrégulière ne doit pas être abordée uniquement sous
l'angle de la sécurité"
, conviennent-ils dans une déclaration finale. Ils y évoquent "une perspective plus vaste du développement" et insistent sur une intégration de la migration dans les stratégies de développement des pays d'orgine des flux migratoires.La déclaration prévoit "un partenariat entre pays d'origine, de transit et de destination, pour mieux gérer la migration d'une manière globale".

Ce "partenariat authentique" est censé "garantir l'éradication de la pauvreté, du chômage et des maladies afin de réaliser un développement global et durable", selon la déclaration. Elle met aussi l'accent sur le besoin de "protéger les droits de l'Homme de tous les migrants, en particulier ceux des femmes et des enfants", de garantir une "protection efficace des réfugiés et des personnes déplacées" et de créer des "conditions favorables à leur retour volontaire chez eux".
La déclaration ne fait aucune mention des mesures sécuritaires mais souligne l'engagement des Etats européens et africains à "trouver des solutions concrètes" aux problèmes posés par les flux migratoires illégaux et irréguliers. L'Union européenne s'est engagée à mettre en oeuvre une augmentation de l'aide aux pays en développement de 0,56% du PIB en 2010 et de 0,7% en 2015, réservant au continent africain au moins 50% de cette augmentation. Ses représentants à Tripoli se sont en revanche opposés à la création d'un fonds spécial de développement réclamé par les Africains. Le Commissaire européen au développement, Louis Michel, a exclu la création d'un nouveau mécanisme de financement, estimant qu'il ne ferait que réduire les ressources destinées aux politiques de développement en Afrique. Il a indiqué que la Commission européenne pourrait donner son accord à un fonds de financements additionnels, mais pas "aux dépens de ceux consacrés à l'aide au développement". S
elon leur déclaration finale, les participants ont décidé de confier l'examen de ce dossier à un groupe de travail mixte euro-africain. L'UE a en outre proposé un système de quotas de migrants tenant compte des besoins des marchés de travail de chaque pays européen. Le vice-président de la Commission européenne, Franco Frattini, a annoncé qu'il allait soumettre aux pays membres de l'UE le projet d'une agence européenne d'immigration, un projet permettant notamment de fixer les besoins européens en matière de main d'oeuvre et de veiller à la formation linguistique des candidats, a-t-il précisé.La conférence de Tripoli, ouverte mercredi, permettra à la Commission européenne d'arrêter sa stratégie sur la migration en vue de son adoption par le Conseil de l'UE en décembre prochain. "Nous confirmerons que l'approche globale est adoptée par tous les pays membres", a M. Frattini. "C'est une réussite", a déclaré de son côté Serigne Diop, ministre d'Etat sénégalais, ajoutant que "les pays européens ont enfin reconnu que l'approche sécuritaire ne suffisait pas pour éradiquer l'immigration clandestine". La création d'un fonds spécial pour financer des projets de développement est néanmoins souhaitable, a-t-il estimé.La conférence de Tripoli a aussi adopté un plan d'action UA-UE pour lutter contre la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants, victimes de filières et réseaux clandestins. (afp)

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