Kabila désigné vainqueur
L'abbé Malu Malu a proclamé mercredi soir les résultats de la présidentielle. Joseph Kabila est vainqueur avec 58,05 pc des voix. Il devra gouverner un pays dont l'est, plus peuplé, a voté pour lui et l'ouest, dont Kinshasa, contre lui.
Le plus jeune chef d'Etat africain (35 ans), désigné en 2001, a obtenu 58,05% des voix contre 41,95% à son adversaire le vice-président Jean-Pierre Bemba, avec un taux de participation de 65,36% sur 25,4 millions d'inscrits. L'écart entre les deux candidats est de 2.616.957 voix.
"Ayant recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés au second tour, est déclaré élu président de la République démocratique du Congo Kabila Kabange Joseph", a déclaré le président de la CEI, l'abbé Apollinaire Malu Malu, depuis un salon d'un grand hôtel de Kinshasa. "Les présents résultats seront publiés et transmis à la Cour suprême de justice (CSJ)", conformément à la loi électorale, a-t-il ajouté.
Si la CSJ, chargée du contentieux électoral, confirme ces résultats, Joseph Kabila, arrivé au pouvoir après l'assassinat de son père le président Laurent-Désiré Kabila, deviendra le premier président élu au suffrage universel direct de l'ex-Zaïre.
Delion Kimbulungu, le porte-parole du président de la CEI, a indiqué que Marie-Rose Mika, première vice-présidente de la Commission issue du Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, était partie avant la fin des délibérations.
Un dispositif de sécurité imposant
Un imposant dispositif de sécurité a été déployé ce mercredi à Kinshasa autour de la résidence officielle du vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, où s'est tenue une réunion en présence du chef de l'ONU et de hauts responsables de l'armée.
Participaient à la réunion, le représentant du secrétaire général de l'ONU en République démocratique du Congo William Swing, le commandant de la force de la Mission de l'ONU en RDC le général sénégalais Babacar Gaye, le ministre congolais de la Défense Tharcisse Habarugira et de hauts responsables des Forces armées de RDC (FARDC), dont la Garde républicaine (GR), a indiqué un officier de la Monuc sur les lieux.
Il était également prévu que M. Bemba prenne part à la réunion. Cette rencontre a provoqué un impressionnant déploiement de force aux abords immédiats de la résidence officielle, devant laquelle plusieurs pick-up, dans lesquels avaient pris place des dizaines d'éléments des FARDC et de la GR étaient garés.
Les Casques bleus de la Monuc étaient également déployés en nombre pour "éviter tout incident", selon l'officier de la Monuc, et interdisaient l'accès à la villa. Les différents participants ont quitté rapidement la résidence peu avant 18h30 sans faire de déclaration.
La présence d'un millier d'hommes armés fidèles à M. Bemba en plein centre-ville, dans le quartier administratif de la Gombe, théâtre d'affrontements en août et de tirs meurtriers samedi, suscite toujours l'inquiétude suite à la publication des résultats complets du second tour de la présidentielle qui a opposé le 29 octobre M. Bemba au sortant Joseph Kabila.
Le Congo va surprendre
Monsieur le Président, au lendemain de la proclamation des résultats provisoires des élections, qui annoncent votre victoire, avez-vous le sentiment d'avoir tenu les promesses faites lors de votre accession au pouvoir en 2001 ?
À l'époque, je m'étais engagé à réunifier ce pays, et c'est chose faite. J'avais promis la pacification, et c'est chose faite, même si des petits problèmes subsistent à l'est du pays. La plus grande promesse, c'était l'organisation des élections. C'était là le socle de la nouvelle République, le point de départ pour un décollage du pays. Ce processus vient de se terminer et la transition, ouverte en 1990, s'achève enfin. Maintenant on va pouvoir redémarrer la reconstruction et le développement sur la base d'un nouveau consensus. Je peux dire « mission accomplie ».
Les objectifs fixés ont été atteints et j'en suis fier. Mais, surtout, c'est de notre population que je suis fier. Elle a dû faire beaucoup de sacrifices, supporter beaucoup de bêtises, de 1990 jusqu'à ce jour. Jamais je ne dirai que cette victoire est celle de M. Kabila, ou celle de sa famille politique. C'est la victoire de tout un peuple, de toute une nation. C'est même une victoire pour le continent, car avec le Congo, le continent africain va changer, certainement... Les démons que le Congo a vaincus étaient nombreux : coups d'Etat, démons de l'instabilité politique, démons de la division, de la guerre, de la partition, du sous-développement aussi.
A titre personnel, qu'est-ce qui fut le plus pénible pour vous durant cette transition et quelles sont désormais vos priorités ?
La transition fut une épreuve et un grand défi. Le plus difficile pour moi, ce fut la souffrance de ma famille, parce que, avant d'être président je suis avant tout un être humain. J'ai vu la souffrance de ma mère, de mes soeurs, de mes frères. Moi, je pouvais supporter les critiques. Mais les calomnies, les mensonges, les contre-vérités, c'était plus difficile. Enfin, cette page est désormais tournée. L'essentiel désormais c'est l'avenir du pays, le bonheur de notre population... Mais le Congo d'aujourd'hui, ce n'est pas celui de 1960. En 1960, il y avait des infrastructures, aujourd'hui la situation est beaucoup plus morose. J'ai identifié cinq chantiers urgents : d'abord, les infrastructures - routes, rails, ponts -, il faut que les régions soient reliées les unes aux autres, que les gens puissent circuler. Ensuite, la création d'emplois, qui passe par les investissements. Aujourd'hui moins de 5 % de la population travaillent dans les secteurs formels, une partie dans l'informel et les autres sont au chômage. Troisième chantier : l'éducation. Ecoles primaires, secondaires, universités, tout est à reconstruire. Quatrième chantier : l'eau et l'électricité. Pendant la campagne, j'ai sillonné le pays et, partout, c'étaient les plus grands problèmes. Et puis, bien sûr, il y a le chantier de la santé. Voilà les priorités des priorités. Il faut évidemment insister
sur la transparence dans la gestion de la cité, des affaires de l'Etat. Bref, il faut remettre de l'ordre dans le pays.
Sur qui allez-vous compter pour réaliser cette tâche colossale ?
Nous allons compter d'abord sur nous-mêmes. Mobiliser davantage nos ressources, nos recettes. Compter aussi sur l'appui des pays amis, mais, avant tout, sur la réorganisation interne. L'objectif est de transformer la société, non pas avec des changements cosmétiques, mais par des bouleversements en profondeur.
Votre idéal de changement rejoint-il celui de vos nouveaux alliés politiques, le Palu (parti lumumbiste unifié) en l'occurrence ?
Le patriarche Gizenga avait déjà travaillé avec mon père en 1960... Avec son parti, le Palu, mais aussi avec l'Udemo de Nzanga Mobutu, nous nous sommes fixé des objectifs et nous partageons plus ou moins la même vision de ce que nous voulons pour le pays d'ici 2011. Nous allons travailler sur les mêmes chantiers... M. Gizenga attache beaucoup d'importance à la lutte contre la corruption, et je vais totalement soutenir le futur Premier ministre dans cette voie.
Durant la transition, on a souvent reproché aux autorités de ne pas juguler la corruption. Aurez-vous désormais les moyens et la volonté de changer les choses ?
Si on a demandé un mandat de cinq ans au peuple congolais ce n'est pas pour reproduire ce qu'on a vécu pendant la transition. Il faut remettre le pays sur les rails, et pouvoir sanctionner les gens. Pendant la transition, cela n'a pas été facile, parce qu'il s'agissait d'un gouvernement de compromis, sinon de compromission... J'ai dû accepter des choses qu'en d'autres circonstances, je n'aurais jamais pu laisser passer. Je savais que, si je réagissais, la transition allait voler en éclats, sinon le Congo lui-même. Mais maintenant que l'on vient de tourner la page, on va commencer à écrire en lettres d'or l'histoire du Congo...
Durant la transition, on vous a décrit comme un chef silencieux, qui acceptait beaucoup. Allez-vous vous révéler différent à l'avenir ?
Beaucoup de gens ne connaissent pas le président Kabila. Ils se trompent s'ils pensent qu'après les élections, ce sera la même chose que pendant la transition. Ce sera la rigueur, et surtout la discipline, car sans la discipline, on ne peut pas construire une nation. Et le Palu partage cette conception de la gestion de l'Etat. Ensemble, on va redresser le pays, ce sera dur pour ceux qui ont pris de mauvaises habitudes, mais c'est là le souhait de la population.
Comment ferez-vous pour être le président de tous les Congolais, vaincre le fossé Est-Ouest ?
Je vais travailler comme président de tous les Congolais, dans tout le pays. D'ailleurs, même là où nos résultats étaient moins bons, ils n'étaient jamais inférieurs à 20 % sauf dans l'Équateur. Nous veillerons à ce que le futur gouvernement soit représentatif de toutes les régions. Il ne s'agira pas de faire des gestes, de simples exercices de relations publiques, mais de mener une vraie politique de développement, très concrète. Les cinq chantiers dont j'ai parlé seront mis en oeuvre sur tout le territoire national, et pas seulement dans les provinces où l'on a voté pour moi ! La fracture Est-Ouest, c'est une idée superficielle. La réalité, c'est que la population de l'Est avait comme première exigence la paix et la sécurité, la réunification du pays. A l'Ouest, dans la partie du pays qui était sous contrôle du gouvernement, les exigences étaient plutôt de l'ordre du développement : routes, hôpitaux, ... Nous n'avons pas pu leur répondre, car le premier objectif, c'était la réunification. Désormais, le futur gouvernement va s'atteler aux vrais problèmes qui sont d'ordre social. Aujourd'hui déjà, les Congolais sont mélangés, surtout à Kinshasa, où tout le monde se retrouve.
Comment allez vous gérer la capitale, qui vous semble hostile ?
Je n'ai pas ce sentiment. Dans la ville, il y a huit millions d'habitants, 2.900.000 se sont enrôlés et ceux qui sont allés voter sont à peine deux millions. Comment peut-on dire que tous les habitants de Kin me sont hostiles ?
Il est vrai qu'il y a eu des campagnes de haine, et elles ont eu des effets négatifs sur moi. Mais surtout, la population a été intoxiquée, principalement dans la capitale. J'en conclus qu'il nous faudra encore travailler davantage... Beaucoup d'écrits ont été injustes et scandaleux, mais il faut comprendre qu'ils appartiennent à la culture de la deuxième République, qui était celle du mensonge, de la manipulation, des antivaleurs... Mes interlocuteurs de l'Union européenne ont sursauté quand j'ai prononcé ce mot, mais je le répète : il faut qu'il y ait une sorte de révolution morale dans ce pays, afin que les gens se transforment. Nous avons parlé de cela avec M. Gizenga, et nous sommes sur la même longueur d'onde.
Quel sera le statut de la future opposition ?
Nous aurons évidemment une opposition, et mon adversaire en fera partie, mais il ne sera pas le seul. D'ici peu, une loi sera adoptée par l'Assemblée nationale qui définira le statut de l'opposition en général. L'opposition va pouvoir jouer son rôle, en toute liberté. Mais nous n'allons plus accepter les débordements que nous avons connus avant et pendant la campagne électorale. Cette époque-là est révolue. Nous allons recourir aux ressources de la loi, des tribunaux. Nous avons les moyens de sévir, de remettre de l'ordre. Des évènements comme ceux de samedi dernier ne peuvent plus se reproduire car, chaque fois, il y a mort d'hommes. Ceux qui ont provoqué cela seront poursuivis par la justice. A l'avenir, s'ils essayent de recommencer, ce sera la dernière fois car ils seront désarmés et jugés. Je confirme qu'il y a effectivement des projets de déstabilisation de ce pays, à commencer par la capitale, mais nous avons les moyens de les déjouer... Je ne donnerai à personne l'occasion de jouer avec la vie, la sécurité de la population. Les lois seront appliquées et notre Constitution est claire : elle établit que la formation du futur gouvernement appartient à la majorité parlementaire. Tout est dit. Le premier ministre présentera son programme devant l'Assemblée nationale, puis il se mettra au travail. Cela n'empêche pas que des personnalités issues de l'opposition puissent être
intégrées dans le gouvernement, mais ce sera au regard d'un critère de compétence, au vu des postes à pourvoir. Le temps du « partage équitable et équilibré du pouvoir », qui définissait la transition, appartient à une époque révolue. Le temps du « partage du gâteau » c'est fini. Plus jamais ça... Attention : ceux qui entreront dans ce gouvernement avec l'idée de se faire beaucoup d'argent risquent de finir en prison. C'est clair, la justice se saisira de leur cas... Pour redresser le Congo, il faudra être sévère, et les Congolais vont être surpris. Si on me connaissait comme un homme conciliant, c'est que la transition m'imposait un tel comportement. Mais maintenant que s'ouvre le chantier de la reconstruction, ce n'est plus d'une Mercedes que l'on a besoin dans ce pays, mais d'un bulldozer.
Au cours des dernières années, le Congo a été pratiquement placé sous tutelle, et on vous a reproché d'avoir eu le soutien des Occidentaux. Avez-vous dû parfois refréner vos sentiments ?
Certainement, et ce n'était pas toujours facile. Le Comité d'accompagnement de la transition, composé d'ambassadeurs de pays amis, et qui était une institution de la transition, va se terminer avec celle-ci. Nous allons insister dorénavant sur la coopération bilatérale entre le Congo et les différents pays. Il n'est plus question d'avoir une structure au-dessus de nous tous. Je suis déterminé à reprendre à 100 % le contrôle de la situation, et ce n'est pas le CIAT qui va m'en empêcher... A certains moments les politiciens, au lieu d'aller voir le président, préféraient se rendre dans les ambassades : le pouvoir était situé ailleurs. Nous allons désormais recentrer les choses.
Comment voyez-vous l'avenir du Congo ?
Pour moi, le Congo c'est la Chine de demain : d'ici 2011, l'exemple pour moi viendra des pays asiatiques, que l'on appelle les « Dragons ». Le Congo va surprendre, car il se redressera beaucoup plus vite que prévu. A mes compatriotes de la diaspora, je dis de rentrer au pays ! Venez participer à la reconstruction, il y a de la place pour tout le monde, et la liberté d'expression, la sécurité de tous seront garanties.
Au lendemain des élections, quels sont vos projets personnels ?
Je vais avoir encore plus de travail qu'avant, car tout est à refaire. Je compte aller m'installer dans chaque province pendant un mois au moins, avec tout le gouvernement. Ce sera l'itinérance, sur toute l'étendue du territoire. Parce qu'il ne faut pas que le gouvernement soit uniquement celui de la capitale, et il faut rapprocher le pouvoir du peuple, et envoyer un message clair aux populations de l'intérieur du pays. Si j'aime particulièrement Kisangani, c'est parce que là le swahili et le lingala se mélangent sans conflits... Lorsque je serai à la retraite, c'est là que je me retirerai.
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Verhofstadt appelle au calme
Le Premier ministre belge Guy Verhosfatdt a adressé un appel au calme aux dirigeants congolais. "J'en appelle à toutes les parties concernées de respecter le verdict des urnes", a-t-il affirmé, sans citer explicitement la République démocratique du Congo dans un discours ouvrant les premières Journées européennes du Développement au Heysel à Bruxelles.
M. Verhofstadt a également salué "le formidable chemin parcouru" sur la voie de la pacification par la région des Grands Lacs qui a connu "le plus grand drame humain" de l'histoire récente, avec des victimes par millions.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, s'exprimant après M. Verhofstadt, a pour sa part assuré que l'Union européenne continuera à soutenir la RDC "tout au long du processus de transition". "Les élections ne sont pas le terme du processus démocratique, mais son commencement", a-t-il ajouté.
(D'après Belga)
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