« Le haut-fourneau est en infraction »
Le collectif HF6 a mené des parlementaires dans la poussière et le bruit. « Le permis doit être respecté ! »
Un gros tas de charbon en bord de Meuse, à deux pas des habitations de la rue Ferrer. Sec et battu par le vent doux du printemps. « Quand les bulldozers attaquent le tas pour charger les camions, de gros nuages de poussières s'envolent jusqu'aux maisons », explique le président du collectif HF6 Stany Goffin aux trois parlementaires wallons (la MR Christine Defraigne, le PS Alain Onkelinx et l'écolo Bernard Wesphael) qui ont accepté un parcours dans les « crasses » du fond de Seraing. « Selon le permis accordé à ArcelorMittal, les tas doivent être arrosés et recouverts si c'est possible, affirme Fabian Culot (MR) membre du collectif HF6. C'est une première infraction. Mais il nous faut un rapport de la police de l'environnement pour que l'on intente une action », poursuit le juriste de formation.
Le collectif ne décolère pas
Plus de deux mois après la relance du haut-fourneau de Seraing, les riverains réunis au sien du collectif HF6 ne décolèrent pas. « Contrairement à d'autres permis d'environnement, celui du haut-fourneau prévoit des mesures de contrôle des nuisances a posteriori dans un délai de six mois à deux ans. Une disposition que l'on aurait pu attaquer », déclare Catherine Maas (Ecolo), vice-présidente du collectif. « On ne l'a pas fait pour privilégier l'emploi, poursuit Fabian Culot. Mais nous attendons à présent d'être entendus tant par la Ville et qu'ArcelorMittal. »
Rue Ferrer. Face aux maisons couvertes de suie, le bruit de la bande transporteuse couvre les paroles des parlementaires. « Dans le permis, il est reconnu que le haut-fourneau provoque une augmentation de bruit de 15 dB et dépasse largement les valeurs admises », déclare Fabian Culot. « ArcelorMittal dispose d'un an pour étudier le phénomène et réduire le bruit. Nous voulons que cela soit lancé dès maintenant », déclare Catherine Maas. « Le danger, intervient Christine Defraigne, c'est qu'ArcelorMittal attend le délai maximal de deux ans pour se décider à agir ». « La Région a aidé l'entreprise en payant une partie de ses quotas CO2, elle peut bien aider les riverains en matière de réduction de nuisances », déclare Stany Goffin. « Est-ce que les Serésiens peuvent toujours consommer les légumes de leur potager ? Ne faudrait-il pas une étude de veille sanitaire », poursuit Lucien Delchambre (CDH).
La troupe monte vers le quartier du Molinay. Une sombre tour aux vitres cassées et au bardage rouillé trône au milieu des habitations. Loin d'être abandonné, le site est occupé par l'entreprise Boma qui récupère et valorise des réfractaires et des galets de carbone. « Regardez la poussière de graphite et la limaille de fer qui arrive sur notre seuil, lance Sylvain Nega qui montre aux parlementaires un film réalisé les jours de grands rejets. « Qu'on nous donne la possibilité de nous protéger », tempête Stany Goffin qui attend beaucoup du comité d'accompagnement du HF6 qui vient à peine d'être constitué.
S'ensuit un débat au collège Saint-Martin avec une centaine de riverains. Alain Onkelinx n'est pas partisan d'une étude générale sur la santé, Bernard Wesphael défend l'idée d'un « Bierset bis » pour Seraing : « La Région pourrait utiliser les lois d'expansion économiques pour indemniser les riverains qui subissent des nuisances ».
« Irréaliste », lance un riverain. Pour sa première réunion, le comité d'accompagnement aura du pain sur la planche.
Par temps sec, poussière à gogo
La Ville de Seraing, via le conseiller en prévention, suit de près les entreprises polluantes sur le territoire serésien. Par temps sec, le problème des poussières est particulièrement criant.
Le haut-fourneau. « Des études sont en cours pour atténuer les nuisances (bruit et poussières) du haut-fourneau sur les habitations proches », déclare-t-on au sein d’ArcelorMittal qui réserve la primeur des investissements à la première réunion d’accompagnement.
La cokerie. ArcelorMittal en convient, il y a en ce moment un problème au niveau du défournement des fours à coke. Par temps sec, la poussière noire est plus volatile et s’en va vers Tilleur et Cointe. Solutions : aspirer les fumées et faire en sorte que toutes les portes des fours soient étanches. Un premier chantier de réfection des deux batteries de fours est en train de s’achever côté ville. Le chantier des deux batteries côté Meuse doit démarrer fin de l’année.
Quant à la révision des portes des fours, elle est en cours.
Boma. L’entreprise installée dans le périmètre du haut-fourneau est citée devant le tribunal correctionnel par la police de l’environnement. Elle vient de remettre un plan de réhabilitation en trois phases à la Ville.
Dans les trois mois, nettoyage et mise en couleurs des abords, changement des clôtures et remplacement des vitres brisées.
Dans les six mois, mise en place d’un système d’aspiration des poussières à la source et « ensachement » de la production. Dans les douze mois, solutions négociées avec la Ville pour refaire le bardage de la tour.
Le transport par camion. Bon nombre de camions ne respectent pas l’obligation de bâcher leur benne pour traverser Seraing ce qui provoque des rejets de poussières. La Ville affirme avoir pris le problème en main, en demandant à sa police de verbaliser.
Le transport par bateau. La Ville de Seraing a récemment refusé une nouvelle aire de dépôt à charbon en bord de Meuse devant la cokerie.
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