La commune et la Région attaquées en justice
Les plaies du Midi se referment mal
Nouveau soubresaut de quinze années de mauvaise gestion de la SA « Bruxelles-Midi ».
Comme un boulet. La rénovation du quartier du Midi, à Saint-Gilles, est bien difficile à porter. Elle se traîne. Alors que les projets éclosent et laissent enfin entrevoir le renouveau du quartier, les erreurs et atermoiements du passé éclaboussent le présent. Dernier avatar, révélé par l'hebdomadaire Trends-Tendances : 11 propriétaires du quartier Midi (sur les 22 restants) attaquent en justice la commune de Saint-Gilles et la Région de Bruxelles-Capitale. Ils vivent depuis plus de seize ans sous la menace d'une expropriation en extrême urgence et demandent réparation pour les dommages subis.
En 1992, la Région de Charles Picqué et la commune de Saint-Gilles ont lancé la rénovation complète du quartier du Midi, dans le sillage du TGV. Projet porteur. Les autorités publiques ne voulaient pas laisser la bride sur le cou du privé. Ils créèrent un outil public, la .S.A. Bruxelles-Midi, dont la principale mission était le rachat des maisons par expropriations et mise au pas du privé afin d'éviter les dérives constatées dans le quartier Nord.
Hélas, aux yeux des petits propriétaires du quartier, les promoteurs privés aux dents longues ne furent que roupie de sansonnet face à la « rapacité de Bruxelles-Midi ». Le problème ? Le sous-financement flagrant de Bruxelles-Midi, alors que les prix de l'immobilier explosaient. Résultat ? Des tentatives d'expropriations, des achats au rabais dans un climat exécrable. Des propriétaires ont vécu ce climat d'insécurité mentale pendant quinze ans, à la merci d'une « décision immanente » qui ne venait pas. Face à cette insécurité, ils n'ont plus investi, n'ont plus géré leurs biens.
Voici deux ans, le juge de paix de Saint-Gilles a donné raison à un propriétaire en colère. Evénement déclencheur d'une prise de conscience dans le quartier, encadré par l'ASBL Quartier Midi. Cette fois, annonce l'association, ce sont vingt-cinq habitants (dont 11 propriétaires) du quartier Midi qui ont introduit une procédure en dommages et intérêts devant le tribunal de première instance de Bruxelles.
Les plaignants réclament des indemnités pour troubles de jouissance, chômage locatif et dommage moral. La procédure est en cours depuis quelques mois et l'affaire sera plaidée fin 2008. Le jugement devrait être prononcé en décembre.
Des cas classiques selon l'association : « Menacés depuis 1992 d'une expropriation en extrême urgence, ils vivent depuis lors dans des conditions de précarité et d'incertitude et dans un environnement de plus en plus dégradé et dangereux, tandis que leur bien se dévalue. Les autorités ne leur ont jamais communiqué le moindre planning, si ce n'est d'innombrables effets d'annonce et arrêtés annonçant perpétuellement l'urgence et l'imminence de la chose ».
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