04 mai 2008

"En 2007, on m'a prêté quatre fiancés!"

Freya Van den Bossche, star du gouvernement Verhofstadt 2, n'a rien perdu de son mordant, ni de ses ambitions
GAND Depuis un an, Freya Van den Bossche n'avait plus donné d'interview à la presse francophone. Aujourd'hui, active dans son parti, elle est parlementaire de base, siégeant dans l'opposition. Là, elle découvre le mépris des collègues de la majorité... "Surtout, les nouveaux !"
Elle n'en a pas moins retrouvé tout son punch. La preuve par l'interview exclusive qu'elle a accordée à La Dernière Heure - Les Sports . Sans langue de bois ni tabou.
Il y a peu, la VRT a fait parler d'elle, à propos des people ? "Elle a demandé aux gens de lui envoyer, par mms, des photos de BV (Bekende Vlamingen : Flamands connus), pris en flagrant délit. Puis, elle a mis ces clichés sur un site : on m'y a vue aux côtés d'un ami avec lequel j'avais passé un week-end. Il était présenté comme mon nouvel amoureux. Voilà donc un service public, et pas un magazine people, qui fait fi de toute déontologie."
Vous vous êtes plainte ?
"Le site a été fermé, sans que je n'ai rien demandé, ni officiellement, ni officieusement. J'estimais que la décision revenait à la VRT. Le monde du show-business et des artistes est plus intervenu que les politiques."
Ce site vous choquait ? "Oui, car l'unique but de la VRT était d'attirer les gens."
Comment abordez-vous la presse people ? "En France, beaucoup de magazines publient des photos volées. En Belgique, cela ne va pas aussi loin. Si chaque fois que j'allais manger avec un ami, un journal écrivait qu'il s'agit de mon nouveau fiancé, ce serait vite insupportable. "
Pourtant, cela se passe parfois : combien de fiancés vous a-t-on prêtés ? (Elle éclate de rire) "Beaucoup ! L'année dernière, la presse m'en a découvert 4, dont l'un était de ma famille."
Comment réagissent vos deux filles, Ariane et Billie ? "L'aînée m'en parle. Même si je cachais les journaux, elle serait avertie par ses amies. Je lui explique donc que " ce n'est pas grave pour maman". Je fais tout pour que ce ne soit pas trop lourd à porter pour elle. Comme elle connaît la vérité, c'est plus facile..."
Donc, ce n'est pas grave pour maman, comme vous dites ? "Parfois, un peu ! Mais je parviens à vivre avec cela..."
Et pour vos autres proches ? "Pour eux, c'est parfois vraiment grave ! Quand ma grand-mère découvre certains magazines - chez le coiffeur -, cela la touche. Surtout quand il s'agit d'informations erronées. Elle en souffre beaucoup et cela me fait mal pour elle. Moi, j'ai choisi cette vie, pas ma grand-mère !"
En Flandre, on s'intéresse plus aux people qu'au Sud... "C'est vrai, je pars bientôt en Ardennes et je sais que je pourrai vivre en paix. Malgré tout, au Nord, cela ne va pas trop loin. Je parviens à ce qu'aucune photo de mes filles ne paraisse sans mon autorisation. Le Premier mai - pour moi, une fête plus importante que la Noël -, Ariane et Billie m'accompagnent : on est en public et il est tout à fait normal qu'on les photographie."
Vous vous méfiez de la presse ? "Elle fonctionne fort bien. Je n'ai aucune animosité à son égard. Il y en a comme Yves Leterme qui téléphone à des journalistes pour leur hurler dessus. Ce n'est pas mon genre."
Vous avez communiqué sur votre vie privée: afin d'éviter les couacs? "Je distille parfois certaines informations: assez pour que les journalistes n'écrivent pas trop sur moi. Cependant, je n'ai jamais donné d'interviews avec mon mari ou avec mes partenaires. Je reste prudente, tout en comprenant que les lecteurs aiment ce type d'articles."
D'où par exemple, le communiqué sur votre fausse couche? "C'était nécessaire. Sans cela, quelqu'un l'aurait découvert et on aurait pu sortir n'importe quoi."
Pas de regret? "A mon goût, on avait trop vite parlé de ma grossesse, après trois mois seulement. Pour ma fausse couche, cela a été mieux."
Etait-ce votre décision personnelle ou vous a-t-on suggéré de communiquer sur ce sujet douloureux? "Je ne m'en souviens pas trop: à l'époque, ce n'est pas vraiment cela qui me préoccupait..."
Et votre mariage en Thaïlande? "Il n'y avait pas beaucoup de monde: seulement ma famille et mes amis. Des journalistes ont souhaité y assister, même en payant: c'est incroyable! Cette fois, j'ai envoyé l'une ou l'autre photo."
Pourtant, on a vu des photos sur un site? "On y voyait mes enfants. J'ai été déçue".
Et votre divorce, très vite après votre mariage? "Un journaliste l'a découvert et je lui ai dit la vérité. Pour parler crûment, le timing était mauvais puisque c'était peu avant les élections. On ne choisit pas quand on divorce."
Et aujourd'hui? "Trop rapidement à mon goût après mon divorce, médiatiquement s'entend, j'ai eu un nouveau partenaire. La presse l'a révélé avant que je puisse prévenir mes proches. Mais au moins, il n'y a plus de spéculation sur ma vie amoureuse."
On vous a même prêté une aventure avec Verhofstadt... "Ah oui? On peut donc l'ajouter à la liste..."
"Mon divorce en plein contrôle budgétaire"
GAND Lors de cet entretien, l'ex-ministre semble en grande forme... "Je suis beaucoup plus calme. Après les élections, je me suis sentie fort mal. Comme j'avais dépensé énormément d'énergie durant la campagne, le réveil au soir du scrutin a été très dur. On a imputé la défaite au seul Johan Vande Lanotte. Un grand ami ! C'était si injuste que j'ai voulu assumer ma responsabilité. Avec le recul, j'ai eu raison."
Les premiers mois ont été difficiles ? "Je me suis sentie mal dans ma peau. Mon médecin m'a expliqué que c'était le manque de stress. Hé, oui ! J'ai dû m'y habituer : c'est une forme d'addiction."
Après le scrutin, vous avez refusé de devenir chef du groupe? "J'avais besoin de prendre du recul. Si je n'avais pas refusé, cela n'aurait été une bonne décision ni pour moi, ni pour ma famille, ni pour le parti."
L'ombre vous convient? "Elle ne correspond pas à mon caractère. Ceci dit, les avantages d'un ministre tels que chauffeurs ou collaborateurs, cela ne me manque pas. Un chauffeur n'appartient pas à son ministre."
Echevine sans avoir été conseillère communale, ministre sans être passée par le stade de parlementaire, puis vice-Première, très jeune: vous avez une vie politique à l'envers? "C'est exact. Par exemple, quand Johan Vande Lanotte a repris le parti, au départ de Steve Stevaert, je suis montée comme vice-Première et ministre du Budget. J'ai beaucoup bossé, ce qui était d'autant plus dur que mon mari et moi avions décidé de nous séparer. C'était la semaine du contrôle budgétaire. J'ai dû aller puiser loin dans mes forces. "
Comment avez-vous vécu votre entrée au kern? "Certains m'ont fait passer des tests pour savoir si j'étais assez forte. Je m'y attendais. Pourtant, comme j'avais décidé que j'y étais et y restais, cela ne m'a pas impressionné. Je suis restée moi-même. Peut-être, la fonction fait-elle la femme? "
Ce fut donc difficile? "Pas vraiment! Parce que je voulais réaliser des choses en lesquelles mon parti et moi croyions. De plus, pour moi, on ne "devient" pas ministre, mais on l'est avec un mandat pour les gens. Quand je dois me battre pour moi-même - lors de l'élaboration de listes -, j'ai beaucoup plus de mal, c'est vrai."
Vous avez des regrets d'avoir été trop vite? "Quand le train passe, soit on saute, soit on le rate. Même si la décision était inattendue ou atypique, il fallait la prendre. Pas de regrets, donc! Je n'aime pas revenir sur le passé."
Dans les mêmes conditions, vous le referiez? "Oui! "
Et en sachant ce que vous savez aujourd'hui? "Je serais restée échevine. J'ai pu y faire beaucoup de choses: l'enseignement gratuit, les écoles de devoir... J'adore la politique locale. "
Serez-vous candidate aux régionales? "C'est une question très délicate. Que je me présente ou non, ce sera un choix très difficile."
A.G.
© La Dernière Heure 2008
"Maman, je veux te voir!"
Pas toujours évident de concilier vie de famille et activités politiques
GAND L'ex-ministre a parfois joué de sa plastique pour se faire remarquer... notamment lors de sa première campagne électorale.
Vous avez parfois aussi eu des petits problèmes vestimentaires ? "Un jour, ma jupe s'est relevée alors que j'avais une masse de dossiers en main. Je serais bien rentrée sous terre. Surtout que j'arrivais à mon premier super-conseil des ministres : c'était sur Kyoto et j'étais ministre de l'Environnement. Pourtant, cette histoire ne m'a pas empêchée de prendre des décisions."
Beaucoup se souviennent de la photo de votre première campagne, en 2000 : elle était très sexy ?
"J'avais 25 ans et disposais de 30.000 francs pour mener une campagne dans ma ville, Gand, qui compte 225.000 habitants. Il m'a fallu opter pour la différence et j'ai joué sur mon image. Sans cela, comme 15e candidate, je n'aurais jamais été élue."
Aujourd'hui, vous avez opté pour la discrétion ?
"J'ai décidé de donner moins d'interviews et de travailler "dans les coulisses et non plus sur le podium".
Désormais, vos filles vous voient plus ?
"Durant la dernière campagne électorale, mon aînée, Ariane, est venue un jour à mon bureau. Le lendemain, j'ai trouvé un petit papier : " Maman, je veux te voir." Le temps d'un instant, je me suis demandé s'il ne valait pas mieux tout abandonner."
Et aujourd'hui ? "Si, une semaine, je suis un peu absente, elles me le font remarquer. Les politiques ne sont pourtant pas à plaindre : la vie est bien plus difficile pour une infirmière de nuit, par exemple. Surtout que c'est une profession où l'on gagne peu."

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