Câble wallon: le statut d'expert de Van Cau dénoncé
La télédistribution est un enjeu important de pouvoir en Wallonie. Le Carolo Jean-Claude Van Cauwenberghe, dépourvu de mandat officiel après les communales de 2006, y règne encore au titre d’expert rémunéré pour Brutélé et le groupement d’intérêt économique (GIE), qui joue un rôle majeur dans la réorganisation de la télédistribution dans le sud du pays. Une tâche qu’il facture à hauteur d’environ 31.000 euros en 2007 au GIE, selon le journal Le Soir.
Même s’il a dû renoncer à ses mandats d’administrateur, dans les faits, son empreinte est donc toujours palpable. Une situation pointée du doigt. Le collège communal de Charleroi dénonce "une affaire de pouvoir et de gros sous" existant entre l'ancien ministre-président de la Région wallonne et l'association liégeoise d'électricité (ALE) dans le cadre de la fusion toujours en cours d'ALE-Télédis et de Brutélé qui a donné naissance, après la reprise des autres intercommunales de télédistribution wallonnes, à Voo, selon Vivacité.
Les actionnaires bruxellois et carolos de Brutélé se sentiraient menacés par une alliance jugée étonnante entre Jean-Claude Van Cauwenberghe et les actionnaires liégeois d'ALE.
Jean-Claude Van Cauwenberghe, qui dispose donc d'un rôle d'expert destiné à réaliser au mieux l'intégration d'ALE et de Brutélé, se serait fait nommer expert "par simple intérêt financier personnel" et négocierait la fusion "à sa manière, en conservant ainsi pour lui, son fils et ses amis de beaux revenus".
Les responsables bruxellois de Brutélé auraient rencontré le collège communal de Charleroi pour exiger qu'un cabinet d'avocats indépendants "étudie les meilleures pistes pour une saine fusion".
De son côté, le Carolo fait mine de ne pas comprendre les tensions existantes dans le paysage des "câblos": "On me fait une guerre personnelle à laquelle je dois résister depuis plus d'un an", explique-t-il au Soir.
Van Cau s’accroche au câble wallon
Quel est le rôle exact joué par Jean-Claude Van Cauwenberghe dans la gestion du câble wallon ? Officiellement, aucun. Faute de mandat, après les communales de 2006, il a dû démissionner du conseil de Brutélé, ainsi que de la vice-présidence du GIE. Ce groupement d’intérêt économique a été créé il y a trois ans pour piloter la fusion par absorption de Brutélé par Tecteo, l’intercommunale liégeoise spécialisée dans l’énergie, les télécoms et les finances. L’accord du GIE prévoit que dans l’entité fusionnée, Brutélé pèsera environ 15 % des parts du groupe.
Même s’il a dû renoncer à ses mandats d’administrateur, dans les faits, l’empreinte de Van Cau est encore très sensible. Au conseil bruxellois de Brutélé, sa présence comme observateur avait été refusée par les nouveaux administrateurs nommés après les élections.
Mais en revanche, il ne manque aucune réunion du conseil wallon de Brutélé, qui couvre la région de Charleroi. Selon plusieurs sources, il participerait même activement à ces réunions.
À quel titre ? Depuis janvier 2007, Jean-Claude Van Cauwenberghe a été désigné comme expert pour le GIE. Pour l’année passée, il a d’ailleurs adressé au groupement d’intérêt économique quatre factures, pour un montant de plus de 31.000 euros. Elles concernent des présences aux réunions, des contacts avec les milieux politiques, la presse ou encore des responsables de chaînes de télévision.
Mais il y a plus étonnant encore : les administrateurs bruxellois de Brutélé ont fait appel au cabinet d’avocats Clifford Chance pour les conseiller lors de la procédure de fusion avec Tecteo. Or, après avoir refusé de s’associer à cette initiative, le conseil wallon de Brutélé a finalement choisi de s’y ranger, en confiant le rôle d’interlocuteur avec Clifford Chance à… Van Cau.
Une situation qui irrite plusieurs responsables bruxellois de Brutélé. Ils ont adressé des demandes d’explications au président du GIE, André Gilles, qui préside aussi l’intercommunale liégeoise Tecteo. « Nous avons demandé à plusieurs reprises à André Gilles de nous fournir la copie du contrat passé avec Jean-Claude Van Cauwenberghe, de même que ses rapports d’activités, note-t-on dans l’entourage de Brutélé. À ce jour, nous n’avons pas reçu le moindre élément de réponse. Ce manque de transparence ne peut qu’inutilement créer un climat de suspicion ». Des déclarations contestées par le président du GIE. « Toutes ces questions ont été évoquées à de multiples reprises lors des réunions du GIE », rétorque André Gilles. Un vrai dialogue de sourds au moment où les langues se délient dans l’entourage des câblos. Il se murmure que le soutien appuyé de Tecteo à Jean-Claude Van Cauwenberghe s’explique par des accords tacites remontant à la création du GIE, en 2005, dont l’ex-ministre président carolo était vice-président. D’aucuns rappellent que le poids politique de Van Cau a été déterminant pour convaincre Brutélé de se laisser absorber par son puissant voisin liégeois et que celui-ci paie aujourd’hui sa dette à son partenaire carolo.
« On me fait une guerre personnelle à laquelle je dois résister depuis plus d’un an, réplique Jean-Claude Van Cauwenberghe. J’ai mené cette longue négociation qui a conduit au projet de fusion entre Brutélé et Tecteo. Comme je n’ai plus de mandat local, le GIE a décidé de me nommer expert. À chaque réunion, je fais rapport aux administrateurs sur mes activités, comme l’analyse des décisions du conseil de la concurrence. Et l’on semble très satisfait d’un travail qui justifie largement ce que je facture ».
Une analyse que ne partagent pas tous les actionnaires de Brutélé. « Que Jean-Claude Van Cauwenberghe dispose d’une expertise sur le câble, soit, note Jean-Jacques Viseur (CDH) le bourgmestre de Charleroi, actionnaire le plus important de Brutélé. Mais ce poste ne pouvait en aucun cas venir en compensation de ce qu’il n’est plus administrateur ».
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