01 septembre 2007

Di Rupo presse l'Orange bleue

"Ressaisissez-vous!"
(03/09/2007)

FLOREFFE "Je veux être très clair. Le PS combat toutes formes d'abus et de fraude : fiscale ou sociale. Tout travail au noir doit être combattu. Il faudra d'ailleurs renforcer les moyens des pouvoirs publics pour que le contrôle de toutes formes de fraude soit réellement effectif. Pour l'heure, nous ne devons pas tomber dans le piège tendu par les acteurs de la pensée libérale : opposer les gens entre eux, opposer les travailleurs aux chômeurs, chercher des boucs émissaires. " Elio Di Rupo, lavant plus blanc que rouge, a repris le chemin du combat hier lors des Rencontres d'été du PS.
Ils étaient venus nombreux l'écouter pour un long discours dans la très belle abbaye de Floreffe. Les militants ne manquaient pas d'attendre le bon mot pour applaudir. Comme lorsque Di Rupo souligne que "84 jours ? Jules Verne serait déjà revenu de son tour du monde".
Le ton est ferme mais pas cinglant. Les armes ne sont pas vraiment dégainées. "Il faut plus de stabilité et de flexibilité dans le travail, mais pas à n'importe quel prix. On doit penser à l'avenir de nos jeunes et à leur formation."
Le PS déposera très rapidement 5 propositions de loi pour que les débats reprennent au fédéral : augmentation des salaires-poche des travailleurs, augmentation de l'allocation de rentrée scolaire conformément à la proposition Demotte 2006, + 12 % pour les pensions et suppression de la cotisation de solidarité, meilleurs remboursements de soins de santé comme les maladies chroniques, les soins dentaires et les lunettes, les coûts liés à l'hospitalisation et gratuité des appareils dentaires et des frais d'orthodontie pour les moins de 18 ans, tarif maximal pour le gaz et l'électricité.
Et l'homme de Mons de poursuivre... "Nous allons tous de l'avant. Je voudrais aussi remercier les militants. "
Sûr qu'ils sont contents. Certains en ont même profité pour prendre une fraise. Qu'on ne s'y trompe pas, la fraise, chez le dentiste, elle peut faire très mal, comme lorsqu'on aborde les discussions fédérales : "S'il y a un accord dans l'orange bleue, la droite va se lâcher".
Et s'il n'y a pas d'accord ? "Nous ne sommes pas demandeurs, mais nous savons ce que nous voulons."
Et de conclure : "Si Van Rompuy ne réussit pas, lui qui a une connaissance très fine des hommes et des femmes en place, ce sera difficile. Sans dialogue, sans solution raisonnable, il n'y aurait plus de Belgique. Il commence à y avoir urgence pour le pays".
Vraiment, noeuds papillons et roses, ce n'est plus d'époque, vous savez ! Et l'orange bleue ? Une fraise ?

Les politiciens parlent, comblant le silence de Van Rompuy

Laurette Onkelinx dit porter sur les négociations un regard inquiet et fâché. Tandis que le président du PS, Elio Di Rupo, affirme n'entretenir aucun esprit de revanche.

Pas d'esprit de revanche
Alors que le président de la Chambre Herman Van Rompuy poursuit en toute discrétion sa mission d'exploration, plusieurs figures de la politique belge se sont faits entendre dans les éditions des journaux du week-end. Dans la presse francophone, ce sont les socialistes qui ont voix au chapitre, alors que trois négociateurs Open Vld occupent les colonnes de la presse flamande. Dans La Dernière Heure, le président du PS Elio Di Rupo affirme n'entretenir aucun esprit de revanche, mais souligne que 80 jours après les élections, la formation du prochain gouvernement repart à présent de zéro, alors que les négociations de l'Orange bleue ont renforcé le terreau indépendantiste en Flandre.

Radicalisation de l'opinion publique flamande"
On n'est toujours nulle part sur le socio-économique. Mais l'antisocial de la note Leterme apparaît clairement", déclare-t-il. Il ajoute que le président de la CSC, Luc Cortebeek, partage avec lui cette vision d'une note aux "accents sociaux couverts de neige bleue". Pour le président des socialistes francophones, le divorce n'est pas consommé entre le PS et le MR. "Le renversement d'alliance de 2004 (quand le PS a lâché le MR pour le cdH dans les entités fédérées) a laissé des traces. Mais il n'y a pas de rupture. Moi, en tout cas, je n'ai pas d'exclusive". Quant aux revendications flamandes, Elio Di Rupo dit constater une "radicalisation de l'opinion publique flamande" par rapport à un "grand désir des francophones" de rester dans une Belgique fédérale. "Il existe au Nord un terreau indépendantiste que les négociations de l'Orange bleue ont accru".

"Tour du nombril en 80 jours"
Elio Di Rupo n'exclut pas non plus l'idée d'un référendum. "Si la situation doit évoluer, il faudra que les citoyens aient leur mot à dire", sous la forme "d'un référendum". "Mais la solidarité entre la Wallonie et Bruxelles demeurera indispensable, outre la coordination de tous les présidents. Mais bon, on n'en est pas là, hein...", dit-il. "J'attends de voir où ils vont. Mais on a enfoncé le pays dans la crise, et donné une piètre image de nous sur la scène internationale", condamne encore Elio Di Rupo. Dans Vers l'Avenir, la vice première ministre du gouvernement sortant Laurette Onkelinx (PS) dit porter sur les négociations un regard inquiet et fâché. Inquiet parce que "la situation aujourd'hui est pire qu'après le 10 juin" et les tensions communautaires plus fortes. Fâché parce "qu'on a eu un tour du nombril en 80 jours".

Réforme de l'Etat
Dans la presse flamande, les commentaires revenaient sur les déclarations du ministre président flamand Kris Peeters (CD&V), selon qui notamment les négociateurs doivent avant tout déterminer où ils veulent en arriver avec une réforme de l'Etat. "En fait, analyse Karel De Gucht (Open Vld) dans De Standaard, (Kris Peeters) fait référence à l'article 35 de la Constitution", qui détermine quel niveau de pouvoir est compétent en matière de compétences résiduelles. "Je ne crois pas à cette piste. Elle n'est pas praticable", répond le ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant. "La réforme de l'Etat est une donnée évolutive. Même l'article 35 n'empêcherait pas que tout change à nouveau au cours d'une période gouvernementale ultérieure", expose-t-il.Contradictions francophonesSon président de parti, Bart Somers, affirme pour sa part dans les journaux du groupe Concentra constater des contradictions dans l'attitude des francophones sur la réforme de l'Etat. "Ils disent être attachés à l'Etat fédéral, mais ils refusent tout débat. Ils disent oui à la Belgique fédérale, mais voient la fédération comme une vache à lait, et tout cela fait en sorte que cet Etat fédéral ne parvient plus à remplir convenablement ses tâches principales", affirme-t-il. Estimant qu'il est grand temps qu'un formateur se remette à l'oeuvre, Bart Somers ajoute qu'il faudra encore au moins un mois avant la formation d'un nouveau gouvernement. Dans Het Laatste Nieuws, son collègue de parti Patrick Dewael confirme son opposition à une tripartite. "Que ce soit d'un point de vue budgétaire, fiscal ou socio-économique, il est impossible avec une tripartite de mener une politique forte", déclare le ministre de l'Intérieur sortant. (belga)

" Pas de divorce avec le MR "
(01/09/2007)

Elio Di Rupo salue en Joëlle Milquet une "femme de convictions "...

Après la défaite du 10 juin, le président du PS accepte-t-il le mot échec ? "C'était pour le moins un insuccès ", sourit-il. "Je n'ai pas envie d'en détailler les causes. Mais il ne faut pas sous-estimer l'élément majeur qu'est l'affaire de Charleroi et ses semaines parsemées d'inculpations. Reste que nous conservons 20 élus, plus que CDH et Ecolo réunis."
Qu'est-ce qui fera que l'échec ne se reproduira plus dans 20 mois, aux élections régionales ?
"J'espère qu'on ne va pas arrêter les enquêtes en cours pour les reprendre dans 19 mois... Je reste serein. Nos gouvernements sont en ordre de marche. Nous engrangeons des acquis sur le chômage, les exportations... Les citoyens se rendent compte que le PS n'a pas que des défauts... "
En montant seul au fédéral, on dit le CDH craintif face à la vie dure que vous pourriez lui mener...

"C'est une analyse erronée. Joëlle Milquet est une femme de caractère, indépendante, sans complexe, de convictions. C'est vrai qu'elle s'est habituée, avec nous, à voir le CDH traité sur un pied d'égalité, même s'il représente nettement moins que nous. Nous le faisons par respect. "
Ce n'est pas vrai au fédéral ?
"Dans l'Orange bleue, les autres ont semblé croire qu'elle allait se laisser traiter comme quantité négligeable, sous prétexte qu'elle ne pèserait que dix sièges... "
Les autres ? Qui ? Le MR ?
"Non, pas que lui. Ceux qui ne la connaissant pas ont pu croire qu'elle allait se laisser faire. Mais à mon sens, elle n'a rien dit ou fait de scandaleux. Elle représente plutôt le bon sens d'une mère de famille... "
Sa position face aux demandes flamandes est-elle plus respectable que celle du MR à vos yeux ?
"Je ne suis pas là pour les diviser. Elle connaît bien les réalités régionales. Ce n'est pas parce qu'on s'oppose à un projet qu'on est contre la Flandre... "
Mais sa logique est-elle plus défendable, pour vous ?
"Je ne juge pas. Je peux comprendre une certaine euphorie vécue chez Didier Reynders au lendemain du 10 juin. C'était légitime. Il a tout de suite décrété : tout sauf les socialistes. Cela l'a-t-il conduit à être moins vigilant avec les Flamands de peur de nous voir revenir ? Peut-être... "
MR-PS, le divorce est consommé ?
"Pas du tout ! Le renversement d'alliance de 2004 a laissé des traces. Mais il n'y a pas de rupture. Moi, en tout cas, je n'ai pas d'exclusive. "


Onkelinx : «Le pays mérite mieux que ça»

Week-end de congrès au PS. Laurette Onkelinx, vice-première ministre, sort de sa réserve sur les négos. «S'ils ne se mettent pas d'accord, qu'ils arrêtent», dit-elle.

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Laurette Onkelinx, vous êtes vice-première ministre PS du gouvernement sortant. Quel regard portez-vous sur les négociations de cet été?
Un regard inquiet et fâché. Inquiet parce que la situation aujourd'hui est pire qu'après le 10juin. Les tensions communautaires sont encore plus fortes. Rien de concret ne s'est dégagé. Rien ne se fait plus pour les gens. Le 1erseptembre est là. Les prix du gaz et de l'électricité augmentent. Et aucune perspective ne se dégage.
Vous êtes donc fâchée.
Oui. Je suis fâchée. On a eu un tour du nombril en 80 jours. Je pense que le pays mérite mieux que ça. Il y a eu beaucoup d'attaques, de contre-attaques, de petites phrases assassines, de mépris croisés.
Les gens sont inquiets pour le pays, voire angoissés. On entend ça partout. Et puis, il y a le regard qu'on pose sur la Belgique au niveau international. Le Premier ministre luxembourgeois qui nous rappelle à l'ordre. Ce n'est pas bon pour nous. Ce n'est bon pour personne. Maintenant, il faut une solution. Ce n'est plus acceptable qu'on continue comme ça.
Il faut presser l'orange bleue?
On ne l'a pas fait jusqu'ici. Le PS n'a pas joué les pyromanes. On a été très calmes. On a vécu un choc après les élections.
On a accepté la sanction des électeurs. On s'est remis au travail. On a pris des mesures d'urgence à Charleroi. La présidence du parti a fait l'objet d'un vote. Très humblement, on s'est dit «comment reconquérir la confiance des électeurs?» Mais on n'a jamais voulu poser problème dans les négociations.
Le PS pourrait venir à la rescousse de ce gouvernement qui n'en sort pas? Vous l'envisagez, à ce stade?
Nous ne sommes pas demandeurs. On l'a dit depuis le début. Nos collaborateurs, petit à petit, sont engagés ailleurs. On a fermé nos caisses. On s'attendait vraiment à l'opposition. On n'est pas demandeurs. On n'est pas dans la situation d'un amoureux transi attendant sa belle. D'un autre côté, si on nous appelle, on sera là. On est un parti responsable.
Avec le PS à table, ces négociations se seraient mieux déroulées?
Je ne vais pas dire ça. La campagne électorale est terminée depuis le 10juin. Nous, on est passés à un autre chapitre. Mais soit l'orange bleue se forme vite. Elle rassure les gens sur l'avenir de notre pays. Elle est capable de proposer un programme économique, social et de développement durable. Alors, on critiquera ce qu'il faut critiquer. Et on saluera, ce qui est bien. Moi, je veux une opposition constructive. S'ils ne se mettent pas d'accord, qu'ils arrêtent. Ils auront montré alors qu'ils sont incapables de transformer leur victoire du 10juin en un gouvernement orange bleu.
Ces négociations vous irritent.
Je n'ai jamais vu ça. Après 80jours, on nous dit «on recommence à zéro avec un explorateur». Gérard Deprez (libéral, ex-président du PSC, NDLR) dit pareil. C'est une situation unique. J'en sais quelque chose. Le PS a été de toutes les négociations qui ont mené à des réformes de l'État. On a vu des délais plus longs. Chacun a en tête le démineur Dehaene disant «Sire, donnez-moi cent jours». C'était difficile mais on construisait quelque chose. Ici on a détruit. Les relations entre négociateurs et entre communautés sont mauvaises. Et au niveau économique, c'est le vide.
Vous êtes déjà en position d'opposition ou encore disponibles à revenir?
Pour le moment, en termes d'opposition, comme il n'y a rien sur la table, c'est compliqué. On peut dire qu'ils sont dans la panade et que c'est désastreux pour le pays. Ça oui. Mais en 80 jours, ils se sont mis d'accord sur trois choses. Le budget 2007 qu'on avait déjà fait. La loi sur le nucléaire qu'ils veulent changer. Et quelque chose de flou sur le fiscal. C'est tout.
Le PS fait ses rencontres d'été ce week-end à Floreffe, près de Namur. Et recentre tout sur le thème du travail. Pourquoi?
Nous sommes le parti des travailleurs. Ce sont nos origines. Je ne vais pas remonter en 1885. Mais si nous avons construit toute la sécurité sociale, c'était pour accompagner les travailleurs. Au fil des décennies, on a élargi notre combat. Mais le travail reste notre valeur fondamentale. Un travail, c'est une identité sociale. C'est participer à la richesse d'un pays. C'est un salaire. Nous ne sommes pas encore en Angleterre, où les travailleurs pauvres doivent cumuler les jobs pour faire face à la vie. Mais on n'est pas à l'abri. Nous voulons revaloriser les salaires. On veut 25% de différence entre le salaire minimum et l'allocation de chômage.
Le message et le projet du PS ont été brouillés?
Oui, brouillés. Pas seulement pas les affaires à Charleroi. Une personne au chômage qui souffre, évidemment on s'en occupe. Mais on s'occupe aussi des travailleurs, de tous les travailleurs. Nous voulons être en écoute, en soutien et au combat pour les droits des travailleurs. Le travail, une valeur en soi.

82 jours sans gouvernement.

Le président du PS s'avance. La crise a trop duré, « l'Orange bleue doit dire ce qu'elle veut », juge-t-il, alors que Van Rompuy consulte.

Le silence est d'or pour Herman Van Rompuy, qui accomplira sa mission en toute discrétion, et qui en réclame tout autant de la part de ses interlocuteurs. Pour son premier jour de consultations, l'« explorateur » désigné mercredi par le Roi a reçu hier Bart De Wever (N-Va), Bart Somers (VLD), Jo Vandeurzen (CD&V) et Joëlle Milquet (CDH) dans ses bureaux de la présidence de la Chambre.
On connaît le contexte : après l'informateur Reynders, le médiateur Dehaene, le formateur Leterme, soit 81 jours de surplace, l'expert CD&V se fait fort de convaincre les partenaires de la toujours hypothétique Orange bleue d'en rabattre et de mettre sur pied le gouvernement chrétien-démocrate/libéral qui succéderait à Verhofstadt II et sa violette libérale-socialiste, toujours aux commandes, en affaires courantes.

L'« explorateur » poursuit-il la seule piste de l'Orange bleue ? Un observateur CD&V attirait hier notre attention : dans son communiqué de désignation mercredi, le Roi a chargé Herman Van Rompuy de « trouver une solution à la crise politique actuelle ». Le champ d'investigation n'est donc pas borné politiquement. D'où, hier, les rumeurs sur l'hypothétique entrée en matière des socialistes, en soutiens extérieurs (au parlement, pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaires à la réforme de l'Etat), ou en partenaires à part entière, par exemple au sein d'une tripartite (MR-CDH-PS) du côté francophone, alors qu'un duo CD&V-VLD demeurerait au Nord. Une telle majorité disposerait de 101 sièges au parlement, sur 150. D'aucuns évoquaient encore le retour de la violette MR-PS, au détriment du CDH. Autant de spéculations, ou de ballons d'essais lâchés depuis les états-majors.
Nouveau look
Invité hier soir sur les plateaux de RTL-TVI et de la RTBF, Elio Di Rupo a pressé l'Orange bleue d'advenir après une trop longue crise qui, dit-il, répand l'« inquiétude » dans la population au sujet de l'éclatement du pays. « La situation s'est beaucoup dégradée depuis le 10 juin », juge le président du PS. « Je lance un appel solennel pour que l'Orange bleue dise ce qu'elle veut faire pour les gens, l'emploi, les pensions » Le PS est-il prêt à appuyer une quelconque réforme de l'Etat ? Elio Di Rupo se referme : « Si on veut élargir Bruxelles et relier territorialement Bruxelles à la Wallonie, alors ce sera oui ; si l'on veut régionaliser des compétences pour appauvrir les gens ce sera non ». Si l'Orange bleue échoue ? « Il faudrait d'autres formules ». Nous n'en sommes pas là.
Elio Di Rupo martèlera ce discours plusieurs jours durant : télé, radio, presse et université d'été du PS samedi et dimanche à Floreffe. Son look en plus, après son tunnel de 3 ans et la défaite du 10 juin : la mèche au front, les lunettes reprofilées, et la chemise ouverte : « Je ne suis pas né avec un nœud papillon, je ne dors pas avec, disons qu'il est en vacances. »

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