10 septembre 2007

Scission ou non ?

Un scénario plausible, la disparition de la Belgique ? En prélude au "Mise au point" (RTBF) de dimanche remettant sur son métier la bonne [?] question, Marie-Claire Houard elle-même en convient : "Plus j'y pense, moins j'y crois". C'est elle qui, en "simple citoyenne", a lancé une pétition pour l'unité qui dépasse à ce jour les 82500 signatures...

Pour la plupart des signatures francophones, c'est vrai. Il faut dire que le site a été lancé en français. Et ensuite "mal traduit en néerlandais", enchaîne Mathias Storme, politologue à la KUL dont on sait l'engagement flamand pointu. Il y trouve de quoi fourbir sa grande théorie : "Vous ne parlez pas de la Belgique, mais d'un Etat francophone où on peut rester unilingue, sans respecter les frontières linguistiques, sans réelle réciprocité. Dans ce sens-là, ce sont les francophones qui sont des séparatistes".
Mais ces sondages récents qui témoigneraient d'une radicalisation de l'opinion flamande ? Confirmation précieuse : il n'y a pas d'unanimité néerlandophone. Sven Gatz (Open VLD) : "Cette radicalisation est conjoncturelle. Gardons notre sang-froid. L'indépendance, pour quoi faire ? C'est un leurre, un discours romantique. Moi, je suis fédéraliste". À l'inverse, Jean-Marie Dedecker (parti éponyme) : "On n'a pas besoin de sondages. Vous n'avez pas encore compris ? Il n'y a qu'à voir les résultats des élections : les belgicistes (Open VLD et SP.A) ont perdu. Moi, je dis : la Belgique si possible; pas de Belgique si nécessaire. Et je ne comprends pas les francophones qui sont le seul peuple au monde à avoir peur de sa propre autonomie". Nous n'avons pas peur, le coupe son presque homonyme (MR) Armand De Dedecker (les accointances, décidément, s'arrêtent là). "Si les médias flamands expliquaient les conséquences d'une scission, les citoyens comprendraient qu'elle est un suicide collectif et les sondages seraient tout autres".
Plusieurs francophones abondent, et listent les multiples problèmes qui seraient à résoudre : délimitation des frontières, identification des collectivités, statut de Bruxelles, répartition de la dette, complications pour les entreprises, reconnaissance internationale, protection des minorités, armée, justice, fiscalité perçue au "pays" du travail, etc.
Clarifier l'agenda nordiste
Serait-ce si évident, pourquoi cela coince-t-il tant ? Au moins deux explications sont apportées sur le plateau. Un : "Le CD & V, rappelle Armand De Decker, a amené une N-VA qui en tame cette négociation comme étant l'avant-dernière avant la liquidation de l'Etat belge". Haut fonctionnaire flamand atypique, Rudy Aernoudt prolonge, avec le sens de la formule que l'on a appris à lui connaître : "Si la N-VA ne s'intéresse qu'à la Flandre, qu'elle ne s'intéresse pas à des négociations belges ! Quand on ne croit pas en Dieu, il ne faut pas vouloir devenir pape". Deux, poursuit De Decker (on parle bien d'Armand, le président du Sénat) : "S'il y a un agenda caché flamand, ça peut durer des mois. S'il y a un projet pour la Belgique, on peut vite avancer dans les négociations".
En constitutionnaliste (Saint-Louis), Hugues Dumont renchérit et résume : "Il y a beaucoup d'ambiguïtés en Flandre. Une partie de l'opinion, qui monte en puissance, est favorable à la souveraineté. Une autre partie est constituée de fédéralistes loyaux qui veulent réformer le fédéralisme. Nous devons exiger une clarification des objectifs flamands finaux. Tant que ce n'est pas le cas, je comprends que les négociateurs francophones ne veuillent pas faire des concessions".

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