06 septembre 2007

La Commission, rue de la Loi

La Commission sur le site Josaphat ?

mercredi 12 septembre 2007
Immobilier. Où l'Europe grandira-t-elle ? Avec Delta, le site de la gare ferroviaire de Schaerbeek semble le mieux placé pour accueillir les extensions futures de la Commission Européenne.
Séminaire De Hemptinne, ce mardi matin à Bruxelles. S'y est rassemblé l'essentiel (350 personnes) du petit monde immobilier bruxellois qui a débattu de l'avenir urbanistique de la capitale. Invité vedette, le ministre-président Charles Picqué. Il a précisé le projet de redéploiement rue de la Loi de la Commission à Bruxelles. « Redéploiement (voir Le Soir du 6 septembre), insiste-il, qui ne remet pas en cause les extensions futures de l'Union. »
Plusieurs sites sont d'ailleurs à l'étude. Charles Picqué a admis que les sites de Josaphat (Schaerbeek-Evere) et Delta (Auderghem) avaient la cote. De deux, celui de Josaphat semble le plus adéquat (ce qui ne veut pas dire qu'il sera choisi par la Commission). Situé entre les boulevards Wahis et Léopold III, le site ferroviaire développe 25 hectares dont 16,5 en zone d'intérêt régional (ZIR). La proximité des Institutions UE et un site relativement vierge plaident en sa faveur. En outre, son PPAS est dans sa dernière ligne droite, a confirmé Cécile Jodogne (MR), échevine de l'Urbanisme de Schaerbeek. Il privilégie la version « tertiaire », un potentiel de près de 100.000 m2. A cela s'ajoute une bonne desserte en transports : halte RER et ligne de tram.

Le terrain, propriété de la SNCB, ne fait pas l'objet d'un schéma directeur mais son avenir est précisé dans l'arrêté ZIR. Le site a fait l'objet de deux études : l'une par la SNCB (Clerbeaux-Pineau) et l'autre par la Région (Cerau). Les deux communes ont désigné le bureau Clerbeaux pour dessiner le PPAS qui serait finalisé cet hiver. Outre les bureaux, il prévoit 180.000 m2 de logements (fonction la plus importante) dont le village durable cher à Isabelle Durant. Enfin, le PPAS prévoit 35.000 m2 d'équipements collectifs. De quoi accueillir une école européenne, une école communale et une crèche.

Kallas et Picqué construiront l'Europe ensemble. Un concours d'architectes pour redessiner le périmètre. On y mettra 230.000 m2 de bureaux en plus.
Après deux ans et demi de travail, la Commission européenne dévoile ses ambitions urbanistiques sur Bruxelles. Hier, lors d'une conférence de presse commune, Siim Kallas, le vice-président de la Commission chargé de la politique immobilière, et Charles Picqué, ministre-président de la Région, ont présenté le futur des implantations européennes dans la capitale. Il n'est pas anodin : au sein du quartier Schuman, se dessinera un périmètre où se concentreront les bâtiments de la Commission. Elle y disposera de 400.000 m2, soit 230.000 de plus qu'aujourd'hui.
Il a fallu 20 ans pour que la Région bruxelloise et la Commission parlent et surtout agissent de concert. Siim Kallas compte même renforcer la collaboration avec la Région. Il annonce une stratégie en trois points. D'abord la création d'un périmètre pour les bâtiments de la Commission. Loin, très loin d'être négligeable. Rappelons que sur le 1,5 million de mètres carrés de bureaux européens (soit 45 immeubles dispersés dans Bruxelles), 800.000 abritent des fonctionnaires de la Commission. « Ce n'est pas une gestion saine », estime Kallas.

Ces bâtiments seront regroupés dans le périmètre (notre infographie). « Ce regroupement, précise le vice-président, ne signifie pas que l'Europe renonce à terme à créer des pôles supplémentaires. Les bâtiments seront à la fois esthétiquement réussis et symboliques. En tout cas, ils feront systématiquement l'objet de concours internationaux d'architecture. La Commission sera aussi soucieuse des deniers des citoyens. Si la Commission poursuivra sa politique d'achat de bâtiments, elle négociera les meilleurs prix. »
Siim Kallas garantit enfin que ce développement se fera sous le signe de la mixité : le logement aura sa place dans le quartier européen. De même, les bâtiments de la Commission ne seront pas des ghettos. Au rez, les nouveaux immeubles abriteront des commerces, si c'est conciliable avec l'impératif de la sécurité. La tour Madou répond déjà à ce nouveau concept de mixité.
Après Siim Kallas, Charles Picqué a rappelé le chemin parcouru en vingt ans : « Il fut un temps où des groupes privés discutaient de l'implantation des bâtiments européens sans en référer à la Région. » Ce travail commun, le ministre-président entend le répéter avec le Conseil des ministres et le Parlement européen. « Mais travailler d'abord avec la Commission tombait sous le sens. Il y avait urgence. En outre, la Commission pèse bien plus lourd à Bruxelles (elle représente plus de la moitié des bureaux) que les autres instances européennes. »
Concrètement, les futurs bâtiments de la Commission seront des entités de plus de 50.000 m2 (soit une des deux tours Belgacom, pour donner un ordre de grandeur), et ils disposeront d'excellentes connexions avec les transports en commun. Le périmètre, dit de restructuration, s'intégrera dans le tissu urbain et sera conforme au schéma directeur, pratiquement achevé.
Ce périmètre, structuré par la rue de la Loi, contient déjà une forte concentration de bâtiments de la Commission : 170.000 m2 sur les 490.000 construits. On ajoutera 230.000 m2 neufs (l'équivalent de cinq tours Belgacom) pour la Commission et 110.000 m2 de logements sont prévus le long des rues Lalaing, Orban et Guimard.
Cela donne un PS (densité de construction par rapport à la superficie) de huit, contre quatre actuellement. Un tel PS implique une augmentation des gabarits. Charles Picqué rassure : « On ne construira pas des gratte-ciel à Bruxelles. Si les bâtiments seront plus hauts, ils devront s'intégrer dans le tissu urbain. » Quant aux 230.000 m2 quittés par la Commission, ils seront reconvertis en logements (30 %) pour 70.000 m2. Seront également créées une école européenne (25.000 m2) ainsi qu'une nouvelle crèche de 5.000 m2.
Quand ? Un concours international d'urbanisme et d'architecture sera lancé. Il conceptualisera le périmètre. La désignation du lauréat est attendue pour 2009. Le projet retenu formera la base de la confection d'un PPAS (2011), outil fondamental qui permettra les expropriations. Charles Picqué estime que ce plan peut redévelopper de façon harmonieuse les implantations communautaires et éviter le piège du ghetto administratif.

Picqué veut élargir et refinancer Bruxelles

Charles Picqué: "On veut nous faire passer pour des nains alors que Bruxelles est indispensable au pays".
Dans un entretien accordé à La Libre Belgique et à L'Echo, le ministre-président de la Région Bruxelles-Capitale affirme jeudi que Bruxelles doit obtenir des moyens supplémentaires pour assurer sa vocation internationale qui profite d'ailleurs à la Flandre et à la Wallonie, souligne-t-il. Une négociation institutionnelle doit également aboutir à l'élargissement de la Région bruxelloise et à une meilleure gestion de son hinterland économique. "En contrepartie de la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde il y a deux minima", selon Charles Picqué.

Il faut d'abord "des garanties pour les droits des francophones de la périphérie" et aussi "l'élargissement de la Région bruxelloise, associé à des garanties permettant son bonfonctionnement. Ce qui implique son refinancement. C'est le prix à payer par les Flamands".Pour le ministre-président bruxellois, "BHV représente le dernier espace institutionnel qui relie encore Bruxelles à son hinterland qui relie Bruxelles à la Wallonie. Si BHV disparaît, on est à coup sûr dans le scénario d'un enclavement historique et irréversible de Bruxelles en Flandre", estime Charles Picqué. Le ministre-président affirme encore: "on veut nous faire passer pour des nains alors que Bruxelles est indispensable au pays". Il considère qu'"on ne ne peut pas rater le train des réformes" et affirme qu'il "faut objectiver la pérennité régionale, un financement plus adéquat et une cohérence au développement de Bruxelles et de son hinterland". Le ministre-président bruxellois pense qu'"il y a encore des gens raisonnables qui comprennent l'importance stratégique de Bruxelles en Flandre et en Wallonie". (belga)

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