12 septembre 2007

Dans les coulisses financières du palais royal

Une fortune personnelle de 12 millions d'€

La fortune personnelle du roi Albert II s'élève à quelque 12,4 millions d'euros, a indiqué mercredi le palais royal en réaction à des chiffres "fantaisistes" parus dans la presse. Le montant diffusé en 2001 par le palais royal à ce sujet reste d'actualité. "On reste dans le même ordre de grandeur qu'à cette époque", a tenu à préciser le porte-parole du palais.
"Toutes les autres estimations de la fortune personnelle du roi sont fantaisistes. Elle reposent probablement sur des confusions entre la fortune du roi et la donation royale ou les bâtiments que l'Etat met à disposition du souverain (comme, par exemple, le château de Laeken ou le palais royal de Bruxelles)", a expliqué Pierre-Emmanuel De Bauw.
La fortune personnelle du Roi se compose essentiellement d'une propriété immobilière à Châteauneuf de Grasse (France), d'un yacht dénommé Alpa et d'un capital financier d'environ 12,4 millions d'euros.
Le palais royal souhaitait faire une mise au point sur la fortune du roi à quelques heures de la diffusion sur la RTBF de l'émission "Questions à la Une" consacrée au coût de la monarchie.

« Questions à la Une » Le mystère du coût de la monarchie belge

C’est un travail d’investigation comme un autre. » Marc Bouvier, responsable de Questions à la Une, l’assure. Pourtant, à la vision du double reportage de l’émission d’actualités de la RTBF, proposé ce mercredi soir sur la Une, on se rend compte qu’il n’en est rien. Car mener un véritable travail d’investigation journalistique, lorsqu’il s’agit de la monarchie belge, est tout sauf une entreprise médiatique comme une autre…
Or, pour sa rentrée, Questions à la Une a choisi deux sujets, certes d’actualité, mais délicats dans un pays toujours frileux lorsqu’il s’agit de monarchie. Avec deux questions impertinentes : « La famille royale touche-t-elle trop d’argent ? » et « L’entourage du prince Laurent, au-dessus de tout soupçon ? » Dans les deux cas, particulièrement dans le premier, grandit, au fur et à mesure du reportage, un énorme malaise. Malaise face au manque de transparence en ce qui concerne l’argent de la monarchie belge, fût-il versé par l’Etat.


Sylvie Duquenoy a tenté, trois mois durant, de percer le mystère financier de la famille royale. Qui, certes, touche une liste civile (dans le cas du Roi : 9,542 millions d’euros, dont 1,6 % en « frais de ménage »), ou une dotation (dans le cas des enfants du Roi et de Fabiola : 3 millions d’euros). Mais dont bien des dépenses sont prises en charge par d’autres organismes officiels. Et là, pour en connaître le détail, c’est la galère…
Une réception au Palais pour 300 invités ; une mission économique princière en Chine ; la fortune personnelle de la famille royale : pas moyen, ni dans un cas ni dans les autres, d’obtenir d’estimations officielles. Reste à la journaliste, pour la réception à l’occasion d’un concert au Palais en juin, à additionner le prix par personne du champagne, des boissons et petits fours ; puis de multiplier par 300 pour tenter d’approcher la vérité... Sans savoir, non plus, combien de réceptions sont organisées par an.
Faute de transparence, la fortune royale est d’ailleurs l’objet de bien des hypothèses : entre 12 millions et… 2 milliards d’euros.
Une opacité d’autant plus lourde que le reportage la compare à la limpidité néerlandaise ou britannique. Où toute dépense royale est comptabilisée, publiée. Aux Pays-Bas, le coût global de la monarchie est ainsi précisément calculé chaque année, depuis 1972.
Côté belge, rien de tout cela. Et le reportage le prouve : les dotations sont loin de couvrir tous les frais royaux ou princiers. Mais sur ces dépenses aussi, le brouillard règne. Et il fait d’autant plus frissonner que l’on apprend qu’aux Pays-Bas (où la dotation est deux fois moindre que chez nous), les dépenses supplémentaires, assumées par les différents départements, multiplient par… 15 le coût initial (6 millions de dotation, 90 millions de dépenses) ! S’il en était de même chez nous, que les différentes dotations étaient in fine multipliées par 15 (sachant cependant qu’aux Pays-Bas, seuls le Roi et son héritier ont une dotation), on atteindrait des sommes plutôt astronomiques. Mais impossible de le savoir, puisque ces budgets sont largement secrets…
Par contre, des dépenses royales ou princières sont effectivement prises en charge par divers ministères. Ainsi, Herman Matthijs (VUB) explique-t-il que, lors de voyages royaux officiels, une ligne budgétaire est prévue aux Affaires étrangères (la visite de Béatrix en Belgique a ainsi coûté 38.000 euros) ; que 240 personnes sont détachées de la police fédérale pour assurer la sécurité du Roi (600.000 euros rien qu’en salaires, sur le budget de la police) ; ou qu’un avion de la Défense est mis à la disposition du Roi (400.000 euros).
Ce spécialiste ne peut cependant pas, lui non plus, chiffrer le coût de notre monarchie. Et lorsque des parlementaires désirent en savoir plus, et interpeller sur le sujet, ils se font parfois gentiment rappeler à l’ordre par le Premier ministre. Ce qui arriva par exemple à Koen T’Sijen (Spirit).
Voilà qui risque de raviver un débat : faut-il supprimer la dotation des Princes ? Entre partis politiques, au nord mais aussi au sud, une idée a fait son chemin : au prochain changement de règne, seuls le Roi et son héritier devraient encore disposer d’une dotation. Les autres Princes pouvant recevoir des indemnités pour des missions précises (comme la présidence de la Croix-Rouge dans le chef d’Astrid).
Ce Questions à la Une devrait susciter des réactions. Elles sont attendues : sur le blog de l’émission, lancé depuis la mi-août (www.la1.be).

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