L'enseignement belge, champion de l'inégalité
26/09/2007
Enseignement: les Bruxellois, derniers de classe
Un élève sur quatre de la Communauté française à Bruxelles a déjà au moins une année de retard en 6e primaire!
L'enseignement francophone dans la capitale affiche un bilan plus négatif que les deux autres Régions du pays. Il y est loin de corriger les inégalités sociales avec lesquelles les enfants entrent à l'école, ressort-il d'une note politique du secrétaire politique d'Ecolo Bruxelles, Christos Doulkeridis.Ce constat s'appuie sur deux études produites au cours des trois derniers mois, l'une pour le compte d'Alter-Educ et l'autre, réalisée par un collectif emmené par le professeur André Rea, chercheur à l'ULB.Il en ressort notamment qu'à Bruxelles, 19,2 pc des 18-24 ans ont quitté prématurément l'école, n'ont pas de formation et ont au maximum un diplôme de l'enseignement secondaire inférieur, contre 12,6 pc en Flandre, et 16,3 pc en Wallonie.Autre constat: 25 pc des élèves de la Communauté française à Bruxelles ont au moins une année de retard en 6ème primaire (19 pc en Wallonie et 11 pc en Flandre).Dans l'enseignement secondaire, le taux moyen d'élèves qui redoublent atteint 16,7 pc (13,3 pc dans toute la Communauté française).On constate également l'existence d'une forte corrélation entre le niveau du diplôme des parents et les retards scolaires des enfants.Une des études citée par Christos Doulkeridis montre en outre que plus de 80 pc des mères d'élèves de l'enseignement général ont un niveau d'études supérieures, contre seulement 4,5 pc dans l'enseignement technique et professionnel.La surreprésentation des élèves d'origine étrangère dans l'enseignement technique et professionnel établie de longue date se vérifie elle aussi dans les études: ils y représentent 80 pc.Globalement, près de 80 pc de la population scolaire bruxelloise fréquente un des réseaux de la Communauté française (16,5 pc l'enseignement flamand, et 3,7 pc les écoles européennes).Selon Christos Doulkeridis les mécanismes mis en place par la Communauté française pour renverser la vapeur dans les écoles de certains quartiers fragilisés n'ont toujours pas réussi à combler le fossé social, ne serait-ce que parce qu'ils ne représentent qu'une part limitée du financement des écoles.Dans les quartiers où le taux de chômage est le plus important, on remarque une forte surreprésentation dans l'enseignement technique et professionnel et une faible proportion (15 pc) des 18-25 ans dans l'enseignement supérieur.Tous ces chiffres ne contredisent pas les inégalités sociales observées à Bruxelles: 27 pc des enfants vivent dans un ménage sans emploi rémunéré; 18 pc des 18-25 ans bénéficient d'allocations de chômage ou d'un revenu d'intégration; 28 pc des Bruxellois vivent dans la pauvreté (8 pc en Wallonie et 6 pc en Flandre).Au cours des prochains mois, Ecolo-Bruxelles compte mettre en oeuvre sept chantiers pour remettre ce dossier au centre d'un débat "sans tabou pour "faire tomber le mur de Berlin social de l'enseignement".Il s'agira notamment des chantiers "combattre l'inégalité liée à la maîtrise insuffisante de la langue de l'enseignement"; de "rendre à l'enseignement technique et professionnel la place qu'il mérite", et de "définir une nouvelle politique de lutte contre la dualisation des écoles et des étudiants".Les autres chantiers auront notamment trait à la pédagogie d'apprentissage des langues nationales, à la lutte contre la violence, le racisme et le sexisme à l'école et à une meilleure implication des parents à l'école.
La Belgique est le pays qui connaît le plus grand fossé entre les élèves qui réussissent le mieux et ceux qui réussissent le moins bien. Cet écart est en lien avec l'origine sociale des élèves, ont indiqué vendredi Ides Nicaise (Hoger Instituut voor de Arbeid), Dirk De Zutter (Christelijke Onderwijs Centrale) et Nico Hirtt (Oproep voor een democratische school).L'écart entre les résultats des élèves nantis et les plus pauvres n'est nulle part ailleurs que chez nous plus important. Le constat se base sur une comparaison entre quinze pays européens. "Notre enseignement n'amoindrit pas les inégalités avec lesquelles les enfants entrent à l'école, mais confirme et accentue cette inégalité", selon les auteurs.L'écart se manifeste déjà à l'école maternelle. Les enfants de 2,5 à 3 ans de mères ayant un diplôme de secondaire inférieur, fréquentent moins l'école que la moyenne. Déjà en première année, la probabilité est dix fois plus élevée pour les enfants de parents moins scolarisés de présenter un retard.
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