25 septembre 2007

Sécurité routière : le réveil wallon ?

Les premiers Etats généraux de la sécurité routière en Wallonie ont eu lieu lundi.Rien de vraiment neuf n'en est sorti. Si ce n'est le début d'une prise de conscience ?...


Ne faisons pas trop la fine bouche. Si la première édition des Etats généraux de la sécurité routière en Wallonie qui s'est déroulée ce lundi à Namur avait un petit parfum de "retour vers le futur", l'événement a au moins eu un mérite : celui d'avoir lieu. Certes, la plupart des intervenants n'ont fait que répéter des constats entendus depuis de nombreuses années, mais c'est néanmoins la première fois que les responsables politiques wallons, à l'origine de cette manifestation, accordent, quoi qu'ils s'en défendent, tant d'attention à un problème de société qui semble de plus en plus interpeller leurs administrés.
Difficile, vu la multiplicité des interventions, d'en dresser une synthèse exhaustive. On épinglera cependant une série de déclarations comme celle d'André Antoine dénonçant "le cliché d'une dichotomie entre Flandre et Wallonie, que d'aucuns se complaisent à véhiculer afin de justifier une régionalisation de la sécurité routière (.../...) et qui ne résiste pas à une analyse objective" ou encore son plaidoyer pour une "réconciliation des citoyens wallons avec les règles" qui valent souvent mieux "pour les autres que pour eux-mêmes".
Nord versus Sud
De fait, les facteurs entrant en ligne de compte dans les accidents de circulation sont multiples et changeants comme le soulignera l'administrateur-délégué de l'IBSR, Patrick Derweduwen, en mettant en avant le rôle important que joue la densité de population en matière d'accidentologie. Toutefois, certains chiffres méritent réflexion. Si le nombre de décès enregistrés sur les routes a connu une importante baisse entre 2000 et 2005 dans notre pays (de 1 600 à 1 089), les progrès enregistrés sont nettement supérieurs en Flandre et à Bruxelles qu'en Wallonie où la situation est très préoccupante dans les provinces de Namur et de Luxembourg, mais aussi dans le Hainaut. Certaines mesures de comportement font également état d'un moindre respect pour les limitations de vitesse en Wallonie qu'en Flandre, même si "l'acceptation sociale de ces limitations" est aujourd'hui beaucoup plus grande.
En ce qui concerne la conduite sous influence, exposera encore le représentant de l'IBSR, même si des progrès ont également été enregistrés, la situation reste là encore plus préoccupante en Wallonie qu'en Flandre. Singulièrement, c'est la tranche d'âge des 40-54 ans qui est la plus concernée par ce problème qui, à bien y réfléchir, n'est sans doute pas sans lien avec la situation économique et sociale difficile qui accable le sud du pays.
Prenant la parole à son tour, le représentant de la Conférence européenne des directeurs des routes insistera sur la nécessité de disposer de données précises en matière de sécurité routière, qui sont "essentielles afin de concevoir et décider des mesures efficaces et proportionnées qui doivent être adoptées pour y répondre". Ce qui, à l'heure actuelle, est loin d'être les cas dans notre pays.
Détaillant la stratégie mise en place dans son pays, un expert français insistera pour sa part sur l'importance d'une "prise en charge interministérielle de ce dossier". Une nécessaire coordination entre tous les acteurs de la sécurité routière également défendue par le patron du Met wallon, Marc Lemlin, qui plaide en outre pour la mise en place d'audits de sécurité systématiques réalisés par des consultants indépendants agréés pour tous les aménagements entrepris sur les routes. "Le rapport coûts-bénéfices des aménagements de sécurisation est très positif". Et d'ajouter : "Peut-être que l'instauration d'une vignette autoroutière nous apportera les crédits nécessaires pour réaliser ces travaux".
Francis Herbert, secrétaire général de l'association "Parents d'enfants victimes de la route", évoquera de son côté la grande frustration des familles wallonnes face à l'inertie de leurs responsables politiques. Il insistera également sur la nécessité de mettre en place des structures d'accueil et d'encadrement des familles de victimes après un accident, mais aussi sur le fait que ces Etats généraux ne devaient pas simplement être une "grand-messe", mais le coup d'envoi d'une politique de sécurité routière à moyen et long terme avec des objectifs chiffrés et un suivi constant.
Le manque de stabilité de la législation, les difficultés pour les communes de faire financièrement face à des décisions imposées par le gouvernement fédéral furent également évoqués, tout comme le manque de cohésion entre les actions menées par les différents niveaux de pouvoir. L'opportunité de pouvoir utiliser l'argent du Fonds des amendes routières pour des programmes d'éducation ou pour la réalisation d'infrastructures a également fait débat.
Un représentant de la Communauté française annoncera pour sa part qu'à la demande de la ministre-Présidente Marie Arena, des fiches pédagogiques abordant différents thèmes liés à la sécurité routière avaient été élaborées à l'intention des enseignants des écoles primaires et maternelles.
Un Conseil wallon...
Last but not least, c'est un Michel Daerden, aussi solennel que lui permet son fantasque caractère, qui conclut la journée par la ratification d'un protocole d'accord entre la Région et la Police fédérale, fixant les obligations de chacune des parties afin d'améliorer les contrôles autoroutiers. Avant d'annoncer qu'il allait proposer au gouvernement wallon l'installation d'un Conseil supérieur wallon de la sécurité routière, présenté comme une plate-forme de concertation, d'écoute et de propositions pour les acteurs wallons en matière de sécurité routière.
Soit une version régionale de la Commission fédérale en la matière où sont déjà représentés la plupart de ces acteurs.
Quand on vous disait que cette journée avait un air de "déjà-vu"...

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