Le gouvernement néerlandais s'apprête à supprimer 13 000 emplois dans l'administration.
"Pourquoi aux Pays-Bas et pas ici ?"
Une économie colossale
Si le monde politique n'a pas - encore ? - fixé d'objectifs chiffrés de réduction du coût de la fonction publique, la Fédération des entreprises de Belgique a aligné les siens juste avant les élections. S'appuyant sur une étude de la société d'audit McKinsey, elle en a conclu qu'une économie équivalente à 2,6 pc du Produit intérieur brut - soit environ 7,7 milliards d'euros - pouvait être réalisée dans la fonction publique belge à moyen terme. Tous les niveaux de pouvoir devraient participer à l'effort. " C'est dans les administrations communales et provinciales , avance Rudi Thomaes, que le nombre d'emplois a le plus augmenté ces dernières années ."
L'administrateur de la FEB a évoqué un jour - mais se montre plus prudent aujourd'hui - l'opportunité de supprimer 30 000 emplois dans la fonction publique. Il fait remarquer que de nombreux fonctionnaires sont proches de la pension.
Les patrons belges se montrent impressionnés.Ils estiment que la Belgique devrait elle aussi mettre son administration à la diète.
Le Parlement des Pays-Bas est appelé à se prononcer, ce mardi, sur une mise à la diète de la fonction publique. C'était attendu : le gouvernement de Jan Peter Balkenende l'avait inscrit dans son programme.
L'opération devait forcément trouver un écho en Belgique. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) plaide, en effet, depuis deux ans pour une réduction du coût global de l'administration. Mais butte régulièrement sur l'opposition des syndicats et l'indifférence plus ou moins prononcée de la classe politique. L'initiative du gouvernement néerlandais lui permet de relancer son lobbying.
Lundi, la FEB a invité Roel Bekker, le secrétaire général du programme de modernisation des services publics aux Pays-Bas, à venir exposer le plan de dégraissage. Pour le coup, l'organisation patronale avait convié un certain nombre de hauts fonctionnaires belges. Aucun, dit-on, ne s'est effrayé des propos tenus par leur collègue néerlandais.
La réforme qui sera initiée aux Pays-Bas tient en quelques chiffres. Les secrétaires généraux de l'administration néerlandais avaient convenu qu'une économie de 750 millions d'euros pouvait être réalisée dans la fonction publique en 4 ans. Après négociations, l'objectif a été revu à la baisse. Légèrement. La réorganisation devrait conduire finalement à une économie de 630 millions d'euros dès 2011.
Une perte de 13 000 emplois
Pour atteindre ce montant, quelque 13 000 emplois - sur un peu plus de 700 000 au total - disparaîtront au cours des quatre prochaines années. Tous les départements seront touchés. Mais pas forcément de la même manière. Le ministère néerlandais des Finances sera relativement épargné. Il compte actuellement 30 000 fonctionnaires. Il ne devrait en perdre que 600-700. " En revanche , explique Roel Bekker, les services chargés de contrôler la législation - inspecteurs sociaux, etc. - vont perdre jusqu'à 20 pc de leur effectif ."
D'après le haut fonctionnaire, la classe politique néerlandaise partage l'objectif du plan. Et les syndicats n'y sont pas opposés. Il est vrai qu'aucun licenciement sec n'est à craindre. Il y a de la marge : 30 000 départs naturels sont attendus au cours des 4 prochaines années. Par ailleurs, un budget de 500 millions d'euros a été dégagé. Cet argent permettra de moderniser certains départements et de former les fonctionnaires qui devront changer de service. " Nous voulons moins de fonction publique , avance Roel Bekker. Mais aussi mieux de fonction publique ."
Les dirigeants de la FEB ont désormais leur modèle hollandais. " Pourquoi la classe politique belge est-elle incapable de fixer un objectif chiffré de réduction du coût de la fonction publique ?, tonne Rudi Thomaes, l'administrateur-délégué de la FEB. Il y a chez nous autant sinon plus de fonctionnaires qu'aux Pays-Bas alors que nos voisins sont plus nombreux. Quelque chose ne va pas. Nous ne sommes pas les seuls à le dire. L'OCDE vient de rédiger une étude sur notre administration. Ses conclusions sont évidentes : notre système est trop coûteux ."
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