05 septembre 2007

Cadeau atomique à Suez ?

"Les prix de l'énergie ne vont pas diminuer"
MAJ 6/09/07

Etienne Davignon:

"Tout le monde reste persuadé que la concurrence doit faire baisser les prix. Je
reste convaincu du contraire"
, déclare l'administrateur de Suez, Etienne Davignon, mercredi dans un entretien paru dans L'Echo et De Tijd. Mardi, Etienne Davignon et le directeur des opérations de Suez, Jean-Pierre Hansen, ont rencontré le ministre de l'Energie, Marc Verwilghen (Open VLD), afin de confirmer les intentions de GDF-Suez de respecter la Pax Electrica.La Belgique espère que les prix du gaz et de l'électricité resteront abordables. Pour M. Davignon, c'est une erreur de penser que la libéralisation engendre une baisse des prix de l'énergie. "Je suis convaincu que c'est le contraire", dit-il. "Selon moi, pour préserver les prix, il aurait fallu laisser à Electrabel ses 90% du marché. En tant que gouvernement, j'aurais eu plus de pouvoir sur un grand acteur que sur un petit qui, lui, peut justifier ses attitudes par le jeu de la concurrence." (belga)

Quelques ex-actionnaires du groupe Electrabel digéré par Suez sont mécontents. Ils estimaient probable un bénéfice caché dans l'entreprise Electrabel. Mais ils ne représentaient qu'une poignée de titres de l'ancienne société.
BELGA
Le groupe français Suez a-t-il berné les actionnaires du producteur belge d'énergie en leur offrant un prix trop peu élevé lors de l'OPA/E (offre publique mixte, échange d'action et cash) lancée en 2005 ? La question a été posée à de multiples reprises, et elle ressort maintenant que l'on évoque un rallongement de la durée de vie des centrales nucléaires en Belgique. Une éventuelle décision du gouvernement en formation en ce sens alimenterait en effet les caisses de Suez par des bénéfices supplémentaires, alors que les centrales atomiques belges sont déjà amorties.
Quoi qu'il en soit, la question a été posée à la justice belge par deux fonds d'investissement représentant d'anciens actionnaires d'Electrabel. On en saura plus en 2008, lorsque le juge aura analysé le problème et tranché la question.
C'est que principe d'une sortie plus lente que prévue du nucléaire n'est pas une surprise. Ni dans le monde politique, ni dans le monde financier. Les options actuelles débattues ont déjà été évoquées à l'étranger, en Allemagne, notamment, où la valorisation des entreprises du secteur de l'énergie a fortement fluctué en fonction des débats politiques locaux sur la question. Mais la situation allemande, avec une politique très offensive dans le domaine des énergies renouvelables, n'est pas aisément comparable à celle de notre pays, où cette réflexion n'en est qu'à ses balbutiements.
C'est donc dans ce contexte flou qu'il faut analyser l'action en justice de Deminor, un fonds d'investissement spécialisé dans les situations juridiques complexes potentiellement rentables. Deminor et un autre fonds, Trafalgar, qui représentent ensemble entre 50 000 et 100 000 titres. Notons immédiatement que Deminor a déposé ses conclusions le 4 juillet dernier, soit deux semaines avant la nomination du formateur, Yves Leterme. Or ce que l'on évoque à présent est en gros un cadeau du futur gouvernement à Suez... Qu'en penser ? Du point de vue de Deminor, il n'y a à voir là qu'une action juridique technique visant à savoir si, oui ou non, Suez a éludé des éléments d'information censés influencer le juste prix proposé en 2005 aux actionnaires d'Electrabel. On évoque un rapport rédigé par les spécialistes de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers qui aurait pu mentionner une valorisation du potentiel bénéficiaire d'Electrabel lié au maintien en vie des centrales nucléaires. Ce sera au juge de déceler dans ce rapport technique ce qui aurait pu "échapper" à Suez. Pas évident. Pas évident, d'autant que le prospectus de l'offre initiale mentionnait la possibilité d'une modification de l'environnement légal régissant la vie des centrales... Mais on parle déjà de quelque 8 milliards d'euros de bénéfices supplémentaires pour Suez.
Et pour Deminor, alors que la procédure de squeeze-out (expropriation technique des actionnaires n'ayant pas répondu à l'offre initiale) vient de toucher à sa fin, au prix unitaire de 590 euros, il semble que l'actionnaire réticent aurait pu toucher 200 euros de plus. Ceci ne concerne que quelque 100 000 titres au plus (soit 20 millions d'euros). Sauf si le juge devait estimer que le traitement égalitaire des actionnaires nécessite un élargissement de ces conditions. Par exemple, aux détenteurs des 755 403 actions visées par la procédure de squeeze-out (soit un surcoût pour Suez de 151 millions d'euros). Mais on n'en est pas encore là. Pour Deminor, cette dernière option n'entre même pas en ligne de compte d'ailleurs, qui se contenterait d'un bon accord amiable avec le groupe français...

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