Raul Castro : les mêmes buts, autrement que Fidel
Après un an de pouvoir, Raul s'affirme
Président "provisoire" depuis un an, Raul Castro ne semble pas près de rendre la place à Fidel.Il est prêt à des réformes, pas à ce qu'elles déstabilisent le régime.Il est là pour prolonger la vie du castrisme.
Ce 31 juillet, cela fera un an que Raul Castro, ministre de la Défense, a succédé à son frère Fidel à la tête de l'Etat cubain, en vertu d'une "proclamation" signée par ce dernier.
Quelques jours plus tôt, le 26 juillet, jour de la fête nationale, le "lider maximo" avait dû être hospitalisé d'urgence, à l'issue des cérémonies officielles, pour une violente hémorragie intestinale dont les causes n'ont pas été dévoilées.
Depuis quelques semaines, "el comandante" se porte mieux, publie même des articles dans la presse - mais ne semble pas pressé de reprendre sa place. La semaine dernière, pour la première fois depuis 1959, Fidel Castro n'a pas présidé à la fête nationale. Les analystes ne l'interprètent cependant pas comme un signe d'aggravation de son état de santé mais plutôt comme la volonté d'affirmer que Raul est là pour rester.
Ce 26 juillet a d'ailleurs été l'occasion pour ce dernier d'un (rare) discours public, dans lequel il a annoncé - sans prononcer le mot, tabou - des réformes et fait, pour la troisième fois en un an, un pas vers les Etats-Unis.
Des réformes
Les réformes ? Cuba pâtit de "déficiences, erreurs et attitudes bureaucratiques indolentes" ; "il va falloir introduire les changements structurels et conceptuels qui s'avèrent nécessaires"; le salaire moyen (9 euros/mois) "est aujourd'hui clairement insuffisant " face à la hausse des prix et "il faut produire plus" pour pouvoir l'accroître.
Aux Etats-Unis, Raul a fait une nouvelle offre de "dialogue" - adressée au futur vainqueur des présidentielles - mais a prévenu tant Washington (qui exige des élections libres) que Bruxelles (qui veut des progrès en matière de droits de l'homme, ce qui ne s'est pas vu sous Raul) qu'il n'y aura "pas la moindre concession unilatérale".
Washington a répondu par une fin de non recevoir (" qu'il dialogue avec son opposition") , ce que certains analystes américains n'approuvent pas.
Vicki Huddleston, ex-chef du bureau faisant fonction d'ambassade américaine à La Havane, interrogée par l'AFP, estime ainsi que "si la "menace" américaine diminue, il y aura plus de responsables cubains pragmatiques qui arriveront sur le devant de la scène et il y aura plus de possibilités de réformes".
Selon un autre expert américain cité par l'AFP, Philip Peters (Lexington Institute), le passage du flambeau de Fidel à Raul n'a pas été anticipé par Washington, qui a basé toute sa politique sur une prochaine chute du régime et qui n'a, aujourd'hui, pas de plan de rechange.
Choix singulier
Ce choix en faveur de l'affrontement avec Cuba est d'autant plus singulier que les Etats-Unis se sont rapprochés de la Chine et du Vietnam, deux autres pays qui restent communistes et, pour le second, avec qui Washington a été en guerre.
Depuis 44 ans, la principale puissance mondiale maintient un embargo (renforcé en 1996) contre une île 86 fois plus petite et infiniment plus pauvre, située à 130 km de ses côtes. De quoi développer à La Havane un "syndrome Asterix" (guerrier gaulois dont le village est le seul à résister à la puissance romaine) qui, craint Mme Huddleston, pourrait se retourner contre les Etats-Unis lorsque le changement interviendra à Cuba : "Les Européens - en particulier l'Espagne - le Venezuela ou la Chine deviendront les principaux partenaires de Cuba. Ne serait-ce que pour cette raison, nous devrions être présents."
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