17 juillet 2007

Le Roi nomme Yves Leterme formateur


Yves Leterme est pressé d'en découdre

Le CV du formateur

6 octobre 1960. Naît à Wervik. Père francophone, mère néerlandophone.
1985. Licence en droit et en sciences politiques (Université de Gand).
1987-89. Auditeur auprès de la Cour des comptes.
1992. Expert-administrateur auprès de l'Union européenne.
1994-2001. Échevin à Ypres (logement, urbanisme, jeunesse, environnement).
1997-2004. Député CVP.2001-2003. Président de la fraction CD&V (ex-CVP) à la Chambre.
27 juin 2003. Président du CD&V.
Avril 2004. Noue l'alliance avec la N-VA, parti nationaliste flamand.
Juillet 2004. Ministre-président de la Région flamande.
17 août 2006. Déclare au quotidien français Libération qu'« apparemment les francophones ne sont pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais ».
10 juin 2007. Récolte 794.064 voix de préférence aux législatives dont il est, avec le CD&V, grand vainqueur.
26 juin 2007. Démissionne de la présidence flamande.
15 juillet 2007. Formateur.

Le candidat Premier s'installe à Val Duchesse après avoir précipité sa prise de pouvoir comme formateur du gouvernement. Le CDH se méfie, réserve sa réponse. Il attend la première « note »…

Avec son score de 796.521 voix aux législatives du 10 juin, un taux de pénétration de 61,27 % au Sénat, le plus important jamais réalisé dans son parti, même par Leo Tindemans aux européennes de 1979 (61,17 %), Yves Leterme était fait pour régner.
Plus d'un mois après les élections, il était temps de le voir prendre ses responsabilités. Dans les milieux politiques en Flandre, on s'impatientait. En substance : « A lui, enfin, de jouer ! ». Sa nomination par le roi, dimanche soir, comme « formateur » n'est pas moins intervenue anticipativement.
Jean-Luc Dehaene, dit-on, devait garder la main quelques jours encore, jusqu'à mercredi ou jeudi. Lui-même avait suggéré qu'il resterait en piste jusqu'au 21 juillet. Celui qui devait, selon ses propres termes, « ouvrir la voie » à son coreligionnaire, a sans doute jugé que les conditions étaient réunies pour que le Premier ministrable puisse inviter les partenaires de l'orange bleue à une vraie négociation. Mais il a aussi pris acte des limites de sa mission.
D'une part ses relations avec Yves Leterme ne sont plus au beau fixe. De leurs colloques avec Dehaene, certains rapportent son irritation après qu'Yves Leterme eut exprimé ici et là son souci de presser le pas, de conclure la mission de médiation avant la fête nationale, de former un gouvernement avant la mi-août.
Le nouveau Numero uno flamand avait tout juste toléré que l'« informateur » Didier Reynders tienne la vedette pendant trois semaines. Il supportait mal de se voir relégué encore au second rang, fut-ce par un chrétien-démocrate comme lui. Son parti en était convaincu : inutile de tergiverser plus longtemps, c'était l'heure d'Yves Leterme.
Ajoutez à cela que, absent de la scène intérieure depuis 1999, Jean-Luc Dehaene a une connaissance modérée de la nouvelle génération politique (Joëlle Milquet, par exemple), même s'il a pu, à force de « consultations », faire retomber les tensions, singulièrement entre son parti et le CDH. En même temps, une diplomatie parallèle s'est ébauchée derrière son dos. Mardi dernier, des délégations du CD&V et du VLD (dont tous les ministrables), se sont rencontrées au cabinet de Patrick Dewael.
Enfin, maintenue à l'écart des négociations (à l'instar du FDF), la NV-A commençait à bouillir. Ça tombe bien : Yves Leterme ne souhaitant pas apparaître comme une sorte de « notaire » d'un accord de gouvernement dont les bases auraient été jetées par Jean-Luc Dehaene, le voilà enfin qui entre en scène.
Il a livré déjà son modus operandi, et les délais sont courts. Hier, rencontre avec les présidents de la Chambre, Herman Van Rompuy, et du Sénat, Armand De Decker. Aujourd'hui, entretien avec les présidents des formations de la présumée orange bleue. A Val Duchesse : comme un air de restauration. Vendredi, premier « rapport » au roi. Et d'ici là, (mercredi, déjà ?) rédaction de la « note de formation », un canevas qui pourrait déboucher sur la première table de négociations réunissant chrétiens-démocrates et libéraux, peut-être lundi.
Cette note représentera le premier acte politique fort depuis les élections du 10 juin. Didier Reynders a consulté les « forces vives ». Dehaene a « ouvert la voie » au service de son prochain. Avec sa « note », Yves Leterme doit « sortir du bois », comme on dit. Donner un aperçu de ce que pourraient être les grands axes du futur gouvernement en matière socio-économique, livrer une épure d'équilibre budgétaire, mais surtout ébaucher le programme institutionnel.
On entre dans le cœur de la négociation. La promesse CD&V d'augmenter les allocations sociales de deux millions d'euros se marie bien avec la volonté CDH de relever les petites pensions et de les lier au bien-être. En revanche, comment la concilier avec l'exigence des partis libéraux de consacrer 3 millions d'euros à une nouvelle réforme fiscale ? Ardu. Car le prochain budget se présente au plus mal.
Quant à l'institutionnel Un compromis sur l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde est un préalable. Nécessaire mais pas suffisant. Le CD&V veut résolument engranger la réforme de l'Etat qu'il a promis aux citoyens de Flandre. Les francophones rétorquent, avec le même aplomb, qu'ils ne sont demandeurs de rien. Du coup, le lion flamand fait patte de velours. Il ne parle plus de scission, ni de régionalisation (de l'emploi, des soins de santé, des allocations familiales, de la fiscalité, etc). Il susurre aux oreilles francophones le terme tellement plus respectable de « responsabilisation ». Il évoque le maintien d'une solidarité fédérale (par les recettes), mais il veut imposer aux Régions et aux Communautés le partage strict des dépenses. La clé de répartition évoluerait d'année en année : un bonus pour les méritants, un malus pour les récalcitrants.
La manœuvre est habile. Comment refuser d'emblée de se conduire de manière « responsable » ? La nouvelle formule flamande est truffée de pièges. Cette fois, la tâche de déminage passe dans le camp francophone.


Le cdH est prêt à s'asseoir à la table des négociations

Le cdH est d'avis qu'avec la désignation d'Yves Leterme comme formateur, les négocations sur le programme peuvent enfin commencer. Les centristes disent cependant attendre une note du formateur pour décider d'entrer ou non dans un gouvernement orange bleue.
Le cdH s'est réuni ce lundi matin en bureau pour analyser l'actualité politique fédérale du week-end. Le Roi a désigné dimanche Yves Leterme comme formateur après que le médiateur Jean-Luc Dehaene eut fait rapport à Albert II de sa mission de médiateur de laquelle il a ensuite été déchargé.
Le Bureau du cdH s'est mis d'accord lundi sur une "communication" dont la présidente Joëlle Milquet a fait lecture à la presse, dans les deux langues."Avec la désignation d'Yves Leterme comme formateur, les négociations sur le programme et la réponse à apporter aux attentes des Belges, ce qui a toujours été la priorité du cdH, peuvent enfin commencer", énoncent les démocrates-humanistes.
"Ce n'est que sur base de la note d'un formateur et dans le cadre des discussions qui s'ensuivront que le cdH pourra décider d'entrer ou non dans un gouvernement orange-bleue. Il sera par ailleurs, comme toujours, d'une extrême vigilance en matière institutionnelle", poursuivent-ils.
Le cdH ajoute que "cette période de formation permettra également d'apprécier la capacité de l'ensemble des partenaires pressentis de créer le climat de confiance mutuelle, de respect réciproque et de détermination à agir pour un programme socio-économique fort".
"Maintenant arrivent vraiment les choses sérieuses", a commenté la présidente du parti, Joëlle Milquet, évoquant la discussion sur le programme et le budget.A cet égard, Mme Milquet a dit nourrir les plus vives inquiétudes. "L'état du Budget est encore plus préoccupant que nous le pensions", a-t-elle dit, parlant de sous-évaluation des coûts pour les intérêts notionnels, et de dépenses de l'ordre d'1,4 milliard qui ne seront sans doute pas compensées par la reprise de fonds de pension ou la vente de bâtiments comme prévu initialement.
"Vous comprenez notre extrême prudence qui n'a rien de psychanalytique", a-t-elle dit au sujet des réticences, prêtées à son parti, d'entrer dans une alliance orange bleue."Je ne suis pas sûr que le budget soit en capacité de subir une réforme fiscale de 4 ou autres milliards d'euros; nous avons des demandes importantes sur le plan social", a encore dit la présidente du cdH.
Les libéraux sont demandeurs d'une nouvelle réforme fiscale.Sur le plan institutionnel, Joëlle Milquet a indiqué que ce point avait l'objet de "contacts informels" uniquement avec le médiateur. "Il n'y a pas d'accord", a-t-elle précisé."Ce n'est qu'au terme d'une analyse sur le programme et le budget que nous pourrons dire si nous y allons ou pas", a dit Joëlle Milquet mais "on est bien prêts à s'asseoir autour d'une table pour commencer des négociations".


Yves Leterme poursuivra le travail entamé par Jean-Luc Dehaene.

Le palais a communiqué dimanche soir que le Roi a reçu successivement au château du Belvédère Jean-Luc Dehaene et Yves Leterme. Le négociateur a fait rapport de sa mission et a demandé à être déchargé de celle-ci. Le Roi a accepté sa demande. Il a ensuite chargé Yves Leterme de former un gouvernement. Celui-ci a accepté, ajoute le Palais.Dans un court communiqué, Jean-Luc Dehaene indique "qu'il a la certitude que, sur la base du travail accompli dans le cadre de sa mission, le CD&V/N-VA, le MR, l'Opend Vld et le cdH pourront répondre positivement à une invitation pour entamer des négociations, en vue de former une coalition orange bleue. Il ajoute qu'il a la certitude que, sur base du travail accompli dans le cadre de sa mission, la voie est ouverte pour la mise sur pied d'un gouvernement orange bleue. "Ce qui ne signifie pas que tous les obstacles soient levés, loin s'en faut. En effet, pendant cette phase, toutes les matières n'ont pas été abordées, notamment la délicate problématique budgétaire, et il n'y a eu ni négociation ni conclusion d'accords sur les matières examinées. Pour ces dernières, seules des pistes ont été ouvertes, dans le cadre desquelles des accords semblent possibles", dit encore M. Dehaene qui ajoute qu'il a transmis au formateur une série de "non papers" décrivant ces pistes. (belga)

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