13 juillet 2007

L’euro a des pics à répétition

L’euro a franchi coup sur coup les seuils de 1,37 et 1,38 dollar cette semaine, pour la première fois de son histoire, la vigueur de la monnaie unique suscitant un vif débat entre la France, qui déplore des effets néfastes sur l’économie, et ses partenaires européens.
Chronologie
– 4 janvier 1999 : premier jour de cotation officielle. L’euro termine les échanges à 1,1837 $. – 27 janvier 2000 : pour la première fois, l’euro passe sous le niveau de parité, à 0,9882 $. – 26 octobre 2000 : l’euro à son plus bas historique à 0,8230 $. – 9 novembre 2000 : après une série d’interventions de la Banque centrale européenne, l’euro repasse au-dessus de 0,86 $. – 2 janvier 2002 : introduction des pièces et billets en euro ; la devise grimpe, un mouvement qui va se poursuivre doucement avec une économie américaine affaiblie. – 15 juillet 2002 : l’euro atteint la parité avec le dollar. À partir de cette date, la tendance de long terme restera à l’appréciation de l’euro face au $. – 30 décembre 2004 : l’euro grimpe à 1,3666 $. – 15 novembre 2005 : après presque un an de correction, l’euro recule jusqu’à 1,1640 $, avant de rebondir. – 27 avril 2007 : l’euro grimpe à 1,3682 $. – 10 juillet 2007 : l’euro franchit 1,37 $. – 13 juillet 2007 : l’euro atteint un nouveau record à 1,3814 $. (D’après AFP)
La devise européenne avait dépassé 1,37 dollar mardi, avant d’enfoncer le seuil de 1,38 dollar vendredi, culminant à 1,3814 dollar. Elle a pris 1,3 % au billet vert sur la semaine, et un peu plus de 4,5 % depuis le 1er janvier. Le billet vert est miné par la crainte de voir le secteur du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis, en pleine déliquescence, entraîner dans sa chute le reste du secteur financier.
Les marchés craignent aussi de voir la consommation des ménages, moteur principal de la croissance américaine, qui dépend étroitement de l’immobilier, faire les frais de cette crise et entraîner avec elle l’économie du pays.
La dernière impulsion de l’euro est ainsi venue vendredi du chiffre des ventes de détails américaines en juin, conformes au scénario de baisse de la consommation. Elles ont reculé de 0,9 % sur un mois en juin, alors que les économistes tablaient sur une stabilité.
Les pics à répétition de la monnaie unique cette semaine ont envenimé le débat sur la vigueur de l’euro, qui a pris une tournure politique en opposant la France à ses partenaires européens et aux institutions de la zone euro. Le président français Nicolas Sarkozy, qui a participé lundi à la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, y a encore critiqué la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), confiant ne pas être sur la même longueur d’onde que son président Jean-Claude Trichet. Ce dernier avait rétorqué mercredi en appelant les hommes politiques à faire des commentaires « aussi responsables que possible » sur le taux de change de l’euro, allusion à peine voilée à l’activisme de M. Sarkozy.
Le président français estime que la mission exclusive de maintien de la stabilité des prix de la BCE a des conséquences néfastes pour les exportations et la croissance de la zone euro, et met en doute le bien-fondé des hausses des taux auxquelles procède l’institut monétaire. De 2 % en décembre 2005, le taux directeur de la BCE a atteint 4 % et pourrait culminer à 4,50 % début 2008.
Vendredi, c’est le Premier ministre français François Fillon qui est monté au créneau, estimant qu’il y avait « un problème de parité entre le dollar et l’euro » et soulignant que la question des parités de changes n’était « ni dogmatique, ni religieuse ».
Mais les partenaires européens de la France, en particulier l’Allemagne, ne partagent pas cette analyse. Championne des exportations grâce à des produits plus différenciés, qui sont par nature moins affectés par les variations de change selon les économistes, cette dernière a relativisé cette semaine l’influence de l’euro fort sur un ton un peu provocateur. « J’adore l’euro fort », a en effet déclaré lu ndi son ministre des Finances Peer Steinbrück, alors que la chancelière Angela Merkel a fermement rappelé son attachement à l’indépendance de la BCE, garantie par le traité de Maastricht.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, a estimé vendredi que la montée de l’euro face au yen et au dollar n’avait pas un impact énorme sur l’économie des 13 pays ayant adopté la monnaie unique. « M. Sarkozy n’abandonnera pas si facilement sur la question de l’euro fort, mais il est très improbable qu’il reçoive du soutien en Europe, et surtout pas le soutien de l’Allemagne, qui serait crucial », observe Audrey Childe-Freeman, économiste de la banque CIBC.
La France « peut s’agiter, hausser le ton, muscler sa rhétorique, cela n’aura aucun impact du tout sur le taux de change », juge Marios Maratheftis, économiste de la banque Standard Chartered.
(D’après AFP)

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