24 juillet 2007

Demotte garde l’accent fédéral

MAJ 24/07/07

Demotte voit une volonté de défédéralisation dans la note de Leterme

Le ministre-président wallon, Rudy Demotte, juge très vague la note de l'informateur Yves Leterme. Le seul point qui se détache, à ses yeux, est le risque d'une défédéralisation latente de certaines matières, a-t-il expliqué mardi. "Il y a eu beaucoup de distractions. Après un mois et demi d'information et de médiation, on en arrive à un document relativement creux. La seule chose qui se démarque, c'est une philosophie sous-jacente de défédéralisation latente. On veut agir sur des leviers, comme une carotte que l'on aurait attaché au bout d'un bâton", a souligné M. Demotte. Sous réserve d'un examen plus attentif, M. Demotte a pris l'exemple des soustractionnels à l'impôt des sociétés que pourrait appliquer les Régions. L'idée peut être intéressante, pense-t-il, mais elle est conditionnée à la non-déductibilité des aides aux entreprises. "Dans une région qui a des difficultés, cela handicape que de ne pas pouvoir aider temporairement des entreprises. On sent que l'argument est taillé pour une région qui a une forte prospérité économique", a souligné M. Demotte. Le ministre-président a répété son credo prononcé vendredi devant le parlement wallon. "Tout ce qui permet le développement de la Wallonie est bon à prendre. Mais je me battrai contre tout ce qui pourrait constituer une entrave à son développement", a-t-il dit. (belga)

Tout juste rentré de Bruxelles où il venait de prêter serment devant le Roi, Rudy Demotte a eu droit à une immersion wallonne dont le parlement a le secret.
Avec un José Happart plus à cheval que jamais sur la montre – le nouveau ministre-président a eu 20 minutes pour essayer de convaincre, pas une de plus – et une série de députés à l’esprit, disons…, dissipés (un euphémisme).
Ce premier exercice officiel grandeur nature a d’ores et déjà permis de constater deux choses qui, sur le plan politique, sont loin d’être neutres :

1. Demotte garde manifestement ses accents fédéraux.
2. Le PS, à travers son ministre-président, a clairement montré qu’il ne jouerait pas son rôle d’opposition qu’au fédéral. Namur lui servira également de tour de guet et d’éventuelle rampe de lancement si d’aventure l’Orange bleue (CD&V - Open VLD - MR - CDH) annoncée s’avérait être déraisonnablement antisociale pour reprendre une expression chère à Elio Di Rupo. Voilà qui n’aura certainement pas dû échapper au CDH.
Sur le fond, en dehors de la traditionnelle « loyauté fédérale » et du couplet sur le fait que la Wallonie n’est demandeuse de rien sur le plan institutionnel, Rudy Demotte met en garde : « Nous veillerons particulièrement au respect des droits et des intérêts légitimes des Wallons et des Francophones. ».
Pour ceux qui n’auraient pas compris, il ajoute que son gouvernement veillera à maintenir l’équilibre budgétaire de l’Etat « pour autant que le gouvernement fédéral ne remette pas en cause les mécanismes de la loi de financement ou les politiques au bénéfice des Wallons. » Et de préciser, dans la foulée : « Nous refuserons toute diminution des dotations des Régions. Et plus encore, nous nous opposerons à toute mesure qui aurait un impact financier négatif, tant sur la Région que sur les pouvoirs locaux. »
On a déjà connu des discours plus neutres pour une entrée en matière, il est vrai que le calendrier politique ne l’est pas. Plus régionaliste aussi, ce qui fera dire à Serge Kubla (MR) : « J’ai le sentiment que vous vous êtes trompé de rôle. Vous êtes à la Région ici. » Puis, nettement plus sérieusement : « Je vous demande de ne pas transformer la Wallonie, son gouvernement et son parlement en opposition d’une coalition fédérale qui ne vous convient pas. »
Si, en élève appliqué, Demotte a pris note, on doute que ce brillant esprit retienne cette fois la leçon. Il est, a-t-il fait savoir, « déterminé. » Ceux qui, depuis le 10 juin, auraient été en orbite géostationnaire, auront tout de suite compris que le PS a les crocs.
Bernard Wesphael (Ecolo) a donc profité de l’occasion pour apporter au Premier wallon un panier durable qu’il aura le temps de digérer d’ici la rentrée politique. En demandant qu’un avenant à la déclaration de politique régionale soit présenté par le gouvernement. Avec trois revendications : une refonte complète de la gouvernance wallonne, une intégration, dans le plan Marshall, des filières vertes et d’un cluster énergie et en dopant le budget de la politique sociale.
Demotte n’a pas fermé la porte. Il n’a pas, non plus, créé de courant en d’air dans sa majorité. Juste fait comprendre qu’il n’était pas là pour faire de la figuration : « Même si le PS devait revenir au fédéral, je resterai dans ma fonction à la Région. »

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