Di Rupo vote pour lui-même
Elio Di Rupo réélu à la tête du PS
23.747 militants PS ont participé au vote.
Jean-Pierre De Clercq n'a récolté que 2.425 votes contre 20.654 pour Elio Di Rupo.
Elio Di Rupo a été réélu mercredi, pour quatre ans, à la présidence du parti socialiste avec un score considérable, récoltant 89,5% des suffrages valables exprimés par les militants en ordre d'adhésion et de cotisation. Le dépouillement a été clôturé jeudi peu avant 4 heures.
Large avance
Elio Di Rupo a récolté 20.654 votes valables contre 2.425 votes valables pour son challenger, l'ancien député permanent à la province du Hainaut Jean-Pierre De Clercq.
Au total, 23.747 militants (dont une poignée a voté blanc ou nul), soit 30,3% du nombre total d'affiliés, ont participé mercredi à l'élection du président du PS, la troisième du genre, après celles de 1999 et 2003, à être organisée au suffrage universel des membres. Sur les 82.000 membres du PS, 78.365 remplissaient les conditions pour être votants.CharleroiL'organisation de l'élection coïncidait avec la période des vacances. Cette élection intervenait par ailleurs après une série de scrutins, communal et législatif. Prévue pour le mois d'octobre, l'élection a été avancée au mois de juillet afin de clarifier la présidence du parti au lendemain de la défaite électorale du 10 juin qui devrait voir le PS rejoindre les rangs de l'opposition au fédéral.
Au Boulevard de l'Empereur, on attribue cette défaite au climat électoral délétère qui a précédé le 10 juin après qu'une série demandataires locaux socialistes se sont fourvoyés dans la gestion de leurs attributions, nombre d'entre eux étant sous le coup d'une inculpation, singulièrement à Charleroi."Parvenus"Le président du parti socialiste, Elio Di Rupo, a condamné ces agissements, égratignant le comportement de "parvenus" au rang desquels les chefs de file n'ont pas hésité à évoquer Jean-Pierre De Clercq, lui-même inculpé pour des faits liés à ses activités de curateur. Fort de son score, le président Di Rupo sera amené à entreprendre ce qu'il s'est engagé à réaliser durant la campagne présidentielle dont l'émergence d'un positionnement politique fort pour le parti appelé à redevenir une fabrique d'idées, la réunion des militants autour des projets et des valeurs socialistes et le respect de l'éthique.Gouvernement wallonRéélu à la présidence du parti socialiste, Elio Di Rupo quittera sa fonction de ministre-président du gouvernement wallon. Cette démission ne devrait cependant pas intervenir dans les prochains jours. Le président du PS attend de voir plus clair dans l'évolution du paysage politique notamment marqué par des négociations en vue de la formation d'un nouveau gouvernement fédéral. (belga)
Elio Di Rupo n'a pas voté Jean-Pierre De Clercq
L'actuel président du PS Elio Di Rupo a voté pour lui-même mercredi, lors de l'élection interne qui doit renouveler la présidence du parti socialiste. Il s'est refusé à tout commentaire sur son adversaire Jean-Pierre De Clercq, seul autre candidat à la présidence.
Arrivé à 18 heures au Grand Large, le port de plaisance montois où devaient voter les militants de la section locale Mons-Centre, le bourgmestre de la Ville affichait un air décontracté, en chemise et veston, mais sans son traditionnel noeud papillon rouge.
Malgré l'insistance des journalistes, il s'est refusé à tout commentaire sur son adversaire Jean-Pierre De Clercq, seul autre candidat à la présidence. Elio Di Rupo s'est borné à préciser qu'il ne voterait pas pour lui. Vingt minutes plus tard, après avoir glissé son bulletin dans l'urne, il a confirmé s'être octroyé le vote.
Plus tôt dans la journée, à midi, dans son fief de Goutroux, M. De Clercq avait par contre voté pour son concurrent. « Par élégance », a-t-il précisé, ajoutant en guise de boutade : « J'espère être le seul à avoir effectué ce choix. » L'ancien député permanent du Hainaut n'a hasardé aucun pronostic quant aux résultats de l'élection présidentielle, qui seront connus durant la nuit. « Mais quel que soit le nouveau président, il sera mal élu », a-t-il commenté, regrettant qu'une élection de cette importance se déroule alors que beaucoup des militants sont en vacances. « Même un club de fléchettes ne renouvellerait pas sa présidence en cette période ! », a-t-il ajouté.
De son côté, M. Di Rupo a souligné la vitalité d'un parti « capable de rassembler quelque 5.000 personnes pour des débats en plein juillet ». S'il est élu, sa « priorité absolue sera de recentrer l'action du PS et de rassembler autour de projets forts », insistant sur la défense des francophones.
Questionné dans la foulée sur son absence de mercredi à la fête de la Communauté flamande, à Bruxelles, le ministre-président wallon a nié tout boycott : « La journée était très chargée, et les francophones étaient après tout représentés par la ministre-présidente Marie Arena ».
Le PS retourne aux urnes
423 bureaux de vote sont ouverts de 12 à 21 heures aujourd'hui, dans les sections du PS wallonnes et bruxelloises pour l'élection du président du parti au suffrage universel des affiliés. En lice : Elio Di Rupo et Jean-Pierre De Clercq.
Crise de nerfs : après les « affaires »
Après la défaite, on se repasse le film à l'envers. Où, quand, par la faute de qui, le Parti socialiste s'est engagé sur la mauvaise pente ? Si c'était à refaire, aurait-il pu éviter de perdre, d'un coup, son aura de parti modernisé, créatif, dominant ?
Les affaires, bien sûr. En 1990, le PS, après la tourmente Agusta-Dassault, était descendu plus bas encore. Mais, évitant d'être dépassé par le MR, il n'avait pas perdu la main. Cette fois, des malversations, épinglées par la Justice, disséquées par les médias, se sont étalées deux ans durant. Le PS s'est fait dribbler.
De tous côtés, sourdent des regrets. Le G9, disent nombre de militants, cette garde rapprochée d'Elio Di Rupo, a réagi, trop tard. Le président a plaidé la présomption d'innocence ; Laurette Onkelinx défendait, elle, le principe de précaution. Elio Di Rupo a résisté, craignant une division du PS, une sécession carolo. Un fidèle du parti déplore : « Il a géré la crise carolo comme un leader hennuyer, plus que comme le président du PS. »
En campagne, tout s'est emballé. Le PS vantait son bilan, le MR lui répliquait « les affaires ». Le PS évoquait son programme, son adversaire lui serinait : « Charleroi ». Les ténors socialistes perdaient pied. Après la victoire de Sarkozy, Didier Reynders a pu pousser son avantage. L'ancien allié du PS s'est mué en adversaire, comme s'il était le ténor de l'opposition. Tirant profit de la toile carolo, sulfureuse à souhait, le MR a accusé les socialistes de pratiquer l'assistanat, dans le seul but de se maintenir au pouvoir. Pétrifiés par le reproche, les socialistes se sont révélés incapables de répondre. Une partie de la gauche éthique a filé vers Écolo, un pan de la gauche laborieuse s'est fait vamper par le discours sarkozien, recyclé MR, sur les mérites du travail. Patatras.
Crise de foi : c'est par où la gauche ?
« Comment apprivoiser un capitalisme qui n'est plus organisé strictement en « usines », mais en réseaux, qui n'est plus essentiellement question de production, mais de conceptualisation et de commercialisation, qui n'est plus limité par des frontières nationales ? » C'est le problème de la social-démocratie, soutient Paul Magnette, professeur en sciences politiques à l'ULB, militant socialiste, « médiateur » pour deux ans à Charleroi.
Pragmatique, rompu à l'exercice des responsabilités gouvernementales, le PS a mué idéologiquement. Son discours, d'habitude très radical, gomme les contraintes d'une économie ouverte. Son action, en revanche, se coule le plus souvent dans le moule du possible. Il est passé en douce du socialisme à la social-démocratie comme l'expliquait Vincent De Corebyter, dans nos pages Forum. Et ce, sans être passé par le tournant d'un congrès, comme le fit le SPD allemand à « Bad Godesberg ».
Pour autant, le PS doute idéologiquement, comme tous les partis socialistes d'Europe. Partout, le même défi : quand ils se frottent au pouvoir, ils ne marquent pas assez la différence. Di Rupo veut, dit-il, positionner clairement son parti « à gauche ». Magnette approuve : « Pour moi, explorer les territoires libéraux, c'est la mort de la social-démocratie. La recherche à gauche doit primer, non celle d'un grand "parti démocrate", à l'américaine, comme ils le projettent en Italie. Nos partis ne sont forts que lorsqu'ils sont bien implantés dans leur créneau. » Lequel ? « La gauche ne peut se reconstruire que sur la question sociale, qui tourne en grande partie autour du travail, mais plus seulement. Elle doit se construire une doctrine sur la famille, l'instruction, la jeunesse, le troisième âge. Trouver une pensée de l'intégration sociale qui ne tourne plus uniquement autour du travail. »
Crise de croissance :
gare à l'usure
La conquête du pouvoir remonte aux élections de 1987, triomphales pour le PS, qui décroche 44 % des voix en Wallonie. On sort des années Martens-Gol, leur austérité, leurs sauts d'index. Guy Spitaels promet le « retour du cur », quand José Happart ratisse les suffrages régionalistes. Le gouvernement Dehaene I, rouge romain, se met en place en 1988. Près de vingt ans plus tard, le PS rate les élections législatives du 10 juin 2007. Il est voué à l'opposition au fédéral, alors qu'une coalition de centre droit se dessine. Un cycle. Atteint par les « affaires », le PS l'est aussi par l'« usure », due à l'exercice du pouvoir sans discontinuer.
Le pouvoir est, en Belgique, question d'ingénierie politique, de donnant-donnant. Un coup social, un coup fiscal. Une largesse par ici, des sacrifices par là. Dans l'union violette, dite « contre-nature » par Laurette Onkelinx, le message se brouille.
Sous le double effet de la globalisation et de l'Europe libérale, la social-démocratie s'emploie à limiter la casse. À s'accrocher aux acquis, malmenés : la protection sociale, les droits des travailleurs, les services publics. Cette guerre de tranchées manque de séduction. Elle empile les petites défaites, les petits succès, sans déboucher sur une grande victoire. Le socialisme peut-il « changer la vie » ?
Les « affaires », les dysfonctionnements et les malversations dans l'exercice du pouvoir, à Charleroi par exemple, sont aussi des manifestations de l'« usure » au pouvoir, qui plus est quand il est exercé sans contrôle ni transparence.
Il y a l'âge enfin : 122 ans. Le Parti ouvrier belge (POB), ancêtre du PSB puis du PS, est né en avril 1885 122 ans ou l'âge de réfléchir à son avenir.
Di Rupo : « Chacun doit être ambassadeur de nos valeurs »
Vous affrontez un seul candidat, Jean-Pierre De Clercq. L'absence d'autres challengers, c'est un signe d'atonie du PS ?
Le fait qu'il n'y ait pas pléthore de candidats, c'est lié au fait qu'on conteste peu ma personne. Je ressens de la sympathie, de la confiance à mon égard. À la Chambre, j'ai fait le plus de voix, j'ai obtenu le meilleur taux de pénétration. On verra les résultats. Pour moi, à 50,1 %, c'est gagné.
L'enjeu est mince. Ces six rencontres entre les deux candidats, c'était pour amuser la galerie ?
Pas du tout ! Je ne me suis pas amusé. La fatigue d'une campagne est plus lourde encore si elle débouche sur un échec. Mais ces rencontres ont été très instructives. Elles ont attiré un monde fou. Beaucoup de militants sont venus exprimer leurs regrets, leurs revendications. J'ai pris bonne note de leurs analyses.
À quoi vont-elles servir ?
Le bureau du PS a indiqué la voie : rebondir, relégitimer la présidence, tirer les enseignements de la défaite.
Qu'en retenez-vous ? L'échec, c'est la faute à Charleroi ?
Le signal de l'électeur témoigne d'une sanction, aux causes multiples. On y réfléchit avec des tas de gens : les candidats élus et les non élus, bourgmestres et les échevins, les chefs de l'opposition, les militants. Nous avons reçu 2.000 mails et courriers. Beaucoup d'indications se recoupent.
Vous concluez quoi ? Le PS doit entrer en cure d'opposition ?
Nous ne devons pas avoir peur de l'opposition. Mais nous devons être responsables si on est convié au pouvoir. Le PS, malgré ses maladresses, est au service des gens. On répondra à l'invitation Si on nous invite. On n'a plus la main. Le MR veut faire un gouvernement antisocial, bleu orange. Un gouvernement de droite. À quel prix pour le citoyen ? Quelles concessions à accepter par les Wallons, par les francophones ?
Quels remèdes prescrivez-vous à votre parti ?
Les comportements de certains (pas Léon Casaert !) sont en cause. On exigera toujours plus d'éthique d'un socialiste. Chacun doit être ambassadeur de nos valeurs. Chacun des 2.500 mandataires porte le dossard PS. Gare : la chaîne casse par son maillon le plus faible. On doit pouvoir agir plus vite, plus fort si c'est nécessaire. Par rapport à la vague bleue européenne, au contre-exemple français, on doit se réaffirmer à gauche, et le démontrer.
De Clercq : « Di Rupo divise les socialistes »
Votre campagne a consisté presque exclusivement à attaquer Elio Di Rupo
Qu'il ait un antagoniste, c'est normal. Il a désigné anonymement un certain nombre de socialistes comme des « parvenus », dont j'étais l'archétype ! Qui visait-il ? Des gens qui se sont enrichis au PS ? Je n'en suis pas ! Pas plus que lui !
Vous avez collectionné les mandats...
Ils découlaient de mes attributions de député permanent. Cinq étaient rémunérés, pas les autres dans des ASBL. J'ai toujours signalé l'ensemble de mes mandats et de mes revenus à la commission de déontologie du parti, elle n'a jamais rien trouvé à redire.
Quel est le sens politique de votre candidature ?
M'élever contre un président qui divise le parti entre parvenus et non parvenus, archaïques et rénovateurs, « fils de » et les autres Il doit être le président de tous, il ne l'est pas. Il dirige du haut, sans démocratie.
Beaucoup de militants ont pris part aux débats dans les Maisons du Peuple, à Strépy, Chapelle, etc. Voilà un signe de « démocratie », non ?
Le problème n'est pas là, mais au quotidien : autrefois, les sections étaient alimentées par des documents de travail, elles étaient invitées à discuter, maintenant elles sont là pour applaudir l'artiste, elles ne comptent pas.
Votre programme présidentiel ?
D'abord, être le président de tous les socialistes, même si ce sera dur de raccommoder le patch-work après le régime Di Rupo. Ensuite, faire en sorte que les sections soient des lieux de réflexion sur des grands thèmes comme l'insécurité, la situation internationale, la place de l'Islam, etc. Enfin, nous redéfinir doctrinalement, alors qu'actuellement, quand Di Rupo dit qu'il est à gauche, c'est incantatoire.
Le « problème » carolo a pesé lourdement dans la défaite du 10 juin. Vous portez une certaine responsabilité politique
J'étais un député permanent, membre du comité directeur de l'Union socialiste de Charleroi, point. Pour le reste, les choses ont tourné mal à partir de 1995 et le départ de Van Cau pour l'Elysette, quand il n'y a plus eu de chef à Charleroi.
Vous êtes un candidat « anti-Di Rupo » ?
Anti-méthode Di Rupo, autoritaire, de marketing, sans égard pour les sections et le parti.
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