Di Rupo compose ses équipes pour 2009
Le PS redéploie ses ministres en Wallonie et à la Communauté française. La Région pour Demotte, la Communauté pour Arena. Magnette et Tarabella en plus.
Et Di Rupo dit : « En marche ».
Communauté française – Marie Arena, ministre-présidente, en charge de l’Enseignement obligatoire – Michel Daerden, vice-président et ministre du Budget, en charge du Sport et de la Fonction publique – Fadila Laanan : ministre de la Culture et de l’Audiovisuel – Marc Tarabella : ministre de la Jeunesse et de l’Enseignement de promotion sociale Région wallonne – Rudy Demotte, ministre-président – Michel Daerden, vice-président et ministre du Budget, des Finances et de l’Équipement – Jean-Claude Marcourt, ministre de l’Économie, de l’Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine – Philippe Courard, ministre des Affaires intérieures et de la Fonction publique – Paul Magnette, ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances – Marc Tarabella, ministre de la Formation
Honneur aux ministres-présidents. Après le point presse de 17 heures au Boulevard de l'Empereur autour du locataire, Rudy Demotte, le promu (il prête serment ce vendredi chez le Roi), et Marie Arena, la confirmée, pétillaient d'aise devant les micros et les calepins. Le nouveau ministre-président wallon pour rendre hommage à son prédécesseur, et cadrer au passage sa mission : « Avec son équipe, Elio a donné son âme et son énergie pour sauver la Wallonie. Aujourd'hui, on récolte les fruits du travail accompli : le chômage baisse, les investissements arrivent. Il faut accompagner ce mouvement. La Wallonie revient parmi les nations qui se développent. La composition des gouvernements montre qu'il ne fallait pas de rupture. »
A deux pas, la ministre-présidente de la Communauté française conçoit les deux dernières années de sa législature comme une ligne droite de campagne vers les élections régionales et communautaires de 2009, et se dit prête au supplément d'engagement politique : « Avec le gouvernement fédéral qui se prépare, confie Marie Arena, il faudra une grande vigilance par rapport aux francophones, et veiller de près aux intérêts de la Communauté française, c'est mon rôle. C'était d'ailleurs déjà le sens de la note soumise au début juillet à l'informateur, Didier Reynders. ». Sinon, abattue, elle, après la défaite du 10 juin ? Voire, pire : partante de son poste de vigie du gouvernement communautaire, comme le soutenait la rumeur ? « Quand il y a un coup dur, soit on est KO, et on se traîne, soit on redouble d'envie de se battre. C'est mon cas. Vous le voyez ».
Le « bleu » de l'étape, Paul Magnette, professeur à l'ULB et redresseur de torts à Charleroi, répond invariablement qu'il va réunir ses équipes, se mettre au travail, non sans s'inquiéter auprès de la porte-parole du parti, Florence Coppenolle : « Je fais quoi maintenant ? Dis, comment je gère les médias ? ». L'autre « surprise du chef », Marc Tarabella, se la joue détendu, lui est de la famille : « J'avais prévu un week-end à la mer, inutile de dire que je vais rester. » Giovanna Corda le remplacera au Parlement européen.
Un pied à l'étrier, l'autre en vacances, Laurette Onkelinx a passé jeudi matin le cap de son deux centième conseil des ministres sous une violette en affaires courantes prolongées – où elle croisera désormais Didier Donfut, qui reprend les compétences de Rudy Demotte. La future « cheffe » de groupe socialiste à la Chambre est tout sourire, hyperdétendue, elle recharge les accus : autant dire que les partenaires présumés de l'orange bleue ne paient rien pour attendre.
Au fait : et les Liégeois ? Frustrés, boudeurs, fâchés ? Pressenti à la ministre-présidence, Jean-Claude Marcourt affiche un petit air de désillusion, non ? Non : Elio Di Rupo ne le comprendrait pas. Le président esquive : « Le PS ne travaille pas sur la base de sous-régionalismes, il est un parti multipolaire. » Oui, mais : trois Hennuyers à la présidence du parti, à la Région wallonne, à la Communauté française Elio Di Rupo argumente : « Quant à Liège : sa fédération a les deux ministres avec les portefeuilles les plus importants (Marcourt et l'Economie, Daerden et le budget, NDLR). En plus, vous comptez José Happart au perchoir du parlement wallon. Et si vous prenez la province de Liège au sens large, alors vous avez aussi Marc Tarabella, bourgmestre d'Anthisnes, et Jean-François Istasse, de Verviers Je vous invite à calculer le poids de tout cela, et vous verrez qu'il y a un équilibre global dans le parti ».
Plaidant la cause Marcourt, Elio Di Rupo explique aussi que ses compétences ministérielles, consacrées à faire advenir le « plan Marshall », nécessitaient un « connaisseur » : « On ne peut pas se permettre de donner les dossiers à quelqu'un qui mettrait au moins six mois à comprendre et à maîtriser les choses., nous dit le président du PS. Et à cet égard, Jean-Claude est un ministre de l'Economie qui peut déjà faire valoir un sérieux bilan. » Car, soutient l'ex-ministre-président : « J'entends parfois que la Wallonie a les plus grandes difficultés. Or, jamais depuis 1966 elle ne s'était autant redressée ! »
Résumons : le redressement wallon (« avec Rudy comme grand coordonnateur »), la défense des francophones (« Marie s'y consacrera, au moment où s'accroît la pression de certains leaders flamands »), et le front fédéral en sus (« sous la houlette de Laurette, expérimentée, 8 ans à la tête des socialistes au gouvernement ») : le président du PS tient ses trois angles d'attaque pour la campagne de 2009.
Relégitimé à la présidence après son élection par les membres du parti le 11 juillet, auteur du remaniement ministériel deux semaines plus tard (que sa porte-parole décode en ces termes : « Un remaniement sous le signe de la stabilisation et de la revitalisation, avec du sang neuf mais des piliers renforcés »), Elio Di Rupo soutient : « Voilà, le PS a tiré les leçons de ce qui s'est passé, et maintenant, il se met en ordre de marche ». Fini les « affaires », la descente aux enfers ? « Après les problèmes, les projets », tranche Rudy Demotte, qui écrit sa partition de chef.
Elio di Rupo, le choix des armes
Ce n'est pas le geste qui est fort mais le symbole qu'il laisse apparaître en filigrane. En installant Rudy Demotte à la ministre-présidence wallonne, Elio Di Rupo, adresse un signal politique clair sur les intentions du PS. Mais aussi, et surtout, sur l'orientation qu'il semble vouloir donner à son troisième mandat présidentiel tant en interne que vis-à-vis du monde extérieur.
Car imposer Demotte au détriment de Marcourt à la tête de la Région, c'est à l'évidence adresser un message qui n'a rien de subliminal à la Flandre. Le redéploiement économique wallon n'est pas encore une réalité mais il y a comme un frémissement. Visible. Il suffit de scruter les indicateurs. Et les Flamands savent lire. Il fallait donc leur donner un gage. Banco ! Demotte bénéficie d'une excellente image au nord du pays. Son bilinguisme parfait, son profil de gestionnaire, son sérieux, son excellent bilan aux Affaires sociales et à la Santé publique, le transforment ainsi d'un seul coup en meilleur ambassadeur de la cause wallonne. Bien vu !
Mais l'arrivée de Demotte à Namur permet aussi, et peut-être surtout, à Di Rupo d'imposer sa marque présidentielle. De prouver, à peine réélu, que son engagement formel à réduire le poids excessif et paralysant des fédérations est bien réel. Depuis l'annonce de son départ de la ministre-présidence, les Liégeois revendiquaient le poste. Il impose un Hennuyer. Une manière de faire comprendre à ceux qui, au sein de son parti, l'estimaient affaibli par trop d'années de pouvoir, qu'il n'a rien perdu de sa capacité d'action.
À l'évidence, Di Rupo pense wallon et francophone. Son GPS est fixé sur 2009. Avec un seul objectif : faire en sorte que les socialistes reprennent le leadership au MR. En choisissant Marcourt ou Daerden, le risque était grand – voire inéluctable – de mettre le feu à la fédération liégeoise. Inimaginable face à un Reynders survitaminé à l'Orange bleue. Le président a arbitré, choisi les armes. Sans états d'âme.
Ce choix radical marque sans doute la fin d'une ère : celle du règne absolu des dinosaures et des équilibrages géographiques. Et laisse entrevoir les prémices d'une nouvelle : plus politique et stratégique. Celle d'un PS
Demotte : « La Flandre attend un signal »
Entrevue de Bénédicte Vaes avec Rudy Demotte, le nouveau ministre président de la Région wallonne.
Quand avez-vous appris votre nomination ?
Aujourd’hui ! Lors de la réunion qui s’est tenue... une heure avant la conférence de presse ! Après avoir entendu les uns et les autres, Elio Di Rupo a assemblé toutes les pièces du puzzle, dans la transparence.
Voilà le PS dirigé (outre Picqué à Bruxelles) par trois Hennuyers : deux ministres-présidents plus le président du parti. Votre fédération est très gâtée. Celle de Liège ne risque pas de se révolter ?
Non ! Dans la répartition des compétences, le président n’a pas joué la carte des fédérations. Il n’a pas voulu récompenser ou sanctionner en fonction des scores électoraux. Il a suivi une seule logique : les profils et les compétences. Ce que veulent les militants, c’est que le parti se redresse.
Quant aux Wallons , ils se foutent des fédérations du PS... Sauf lorsque ça se passe très mal dans l’une d’entre elles.
Transcender le vieux PS, avec sa guerre des fédérations, c’est ça, votre ordre de mission ?
Oui. Moi, je serai un gardien de la Wallonie qui transcende ses différences. J’ai réussi à doter les soins de santé de règles transversales, identiques entre Nord et Sud. Je ferai de même comme ministre-président, d’un bout à l’autre de la Wallonie.
Votre programme ?
Représenter la Wallonie, dans ses murs et en dehors.
Vous voulez dire en Flandre ?
Bien sûr. Wallon atypique, je comprends les Flamands, dans la lettre et dans l’esprit. Ce n’est pas par hasard que j’ai donné mes quatre premières interviews en néerlandais. La Wallonie est souvent mal cotée en Flandre parce qu’on y a le sentiment que les Wallons ne travaillent pas assez.
La Flandre décrit souvent la Wallonie sous des traits très caricaturaux. Que répondez-vous à ces clichés ?
Moi, je suis du PS, du parti travailliste. C’est le parti des gens qui travaillent. Il a pour mission de créer des emplois et toutes les richesses qu’ils apportent. Toute la Sécurité sociale est d’ailleurs dérivée du travail. Cette Wallonie qui travaille, le plan Marshall l’a mise en marche, et l’on en récolte les premières preuves. Les investissements augmentent. Le chômage décroît. Pas assez, mais c’est un début. La Flandre attend un signal de la Wallonie.
Vous êtes un frontalier, comme l’est Yves Leterme. Que pensez-vous du formateur et de la tâche qui l’attend?
Il va devoir se consacrer à une politique très périlleuse : marier l’eau et le feu. Voyez les dernières déclarations du FDF et de la N-VA. Aucun ne veut bouger d’un nanomètre. Aucune alchimie n’est possible. L’on va vers de très longues négociations. Ou alors (c’est l’autre scénario possible), on aura droit à un accord plus rapide, qui dissimulerait la poussière sous le tapis. On nous préparera un agenda caché qui se déroulerait plus tard, après les régionales.
Dans les rounds communautaires à venir, je pense que la toute première ligne de feu, ce sera le comité de concertation. Je pense avoir été choisi parce que je connais à la fois le fédéral, la Flandre et le comité de concertation. J’aurai aussi pour mission de détecter les leviers flamands, les lieux où se préparent les décisions.
Demotte et Arena aux rênes
Le président du PS Elio Di Rupo a révélé ce jeudi les remaniements ministériels en Région wallonne et en Communauté française. C’est Rudy Demotte qui le remplace à la tête du gouvernement wallon. Marie Arena garde la présidence de la Communauté française. Deux surprises : l’arrivée de Marc Tarabella et de Paul Magnette.
Rudy Demotte sera donc ministre-président du gouvernement wallon en remplacement d’Elio Di Rupo, a annoncé jeudi après-midi le président du PS au cours d’une conférence de presse au boulevard de l’Empereur. Marie Arena reste ministre-présidente de la Communauté française, ses compétences régionales, à savoir la formation, étant reprises par un nouveau venu, Marc Tarabella, député européen et bourgmestre d’Anthisnes.
Ce dernier sera également ministre à la Communauté, reprenant la Jeunesse à Fadila Laanan qui conserve la Culture et l’Audiovisuel, et l’Enseignement de promotion sociale à Marie Arena qui conserve l’Enseignement obligatoire.
Autre nouveau venu, le politologue Paul Magnette devient ministre wallon de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances.
Au gouvernement wallon, Jean-Claude Marcourt conserve l’Économie, l’Emploi, le Commerce extérieur et reprend le Patrimoine à Michel Daerden. Ce dernier reste vice-président, ministre du Budget, des Finances et de l’Équipement. Il conserve sa double casquette, restant vice-président du gouvernement de la Communauté où il reste ministre du Budget et reprend le Sport et la Fonction publique à Claude Eerdekens.
Philippe Courard reste ministre des Affaires intérieures et de la Fonction publique au gouvernement wallon.
Elio Di Rupo avait fait savoir, au lendemain de la défaite électorale du PS aux élections législatives du 10 juin, qu’il quitterait son poste de ministre-président s’il était réélu à la tête du parti socialiste. Elio Di Rupo a été réélu président du PS le 11 juillet.
« Consolider les piliers »
Jeudi, il a justifié le remaniement opéré en Région wallonne, et en Communauté française, par sa volonté de « consolider les piliers », rappelant les enjeux du plan Marshall de relance de l’économie wallonne et la nécessité de défendre les intérêts des Francophones.
Jean-Claude Marcourt et Michel Daerden sont les deux ministres « aux compétences les plus importantes », a souligné Elio Di Rupo. Interrogé par des journalistes, le président du PS a indiqué n’avoir pas retenu comme moteur du remaniement l’équilibre entre les fédérations du parti. « Le parti ne travaille pas avec un esprit sous-régional. Ce temps-là est révolu », a-t-il indiqué, disant préférer à cela le « développement multi-polaire » en vue de faire émerger « les projets ».
L’absence des Liégeois
Interrogé plus particulièrement sur l’absence des Liégeois aux fonctions de ministre-présidents ou de président du parti, Elio Di Rupo a mis en évidence le rôle dévolu à Jean-Claude Marcourt et Michel Daerden, « les ministres aux compétences les plus importantes ». Le président du PS a également relevé qu’outre la présidence du parlement wallon, entre les mains de José Happart, la province de Liège se trouvait bien représentée avec Jean-François Istasse au perchoir du parlement de la Communauté et Marc Tarabella, bourgmestre d’Anthisnes, désormais ministre à double casquette.
Longtemps pressenti pour reprendre la ministre-présidence wallonne, Jean-Claude Marcourt a abondé dans le sens de son président de parti. « De plus, en jugeant ma candidature crédible, la presse a reconnu le travail que j’ai accompli depuis 3 ans. Cette reconnaissance vient également du parti qui m’octroie une compétence supplémentaire (le Patrimoine, NDLR) », a indiqué Jean-Claude Marcourt.
Le PS a donc choisi de confier la ministre-présidence wallonne à Rudy Demotte qui « symbolise, à la sortie du gouvernement fédéral, avec Laurette Onkelinx, ce qu’il y avait de meilleur », a dit Elio Di Rupo.
« Le PS en marche… »
Gardant la confiance du parti, Marie Arena est confirmée à la ministre-présidence de la Communauté française. Elle pourra se concentrer sur l’enseignement obligatoire, a dit Elio Di Rupo, sa compétence « Formation » à la Région étant reprise par Marc Tarabella.
Outre Marc Tarabella, Elio Di Rupo a également choisi de lancer Paul Magnette dans l’arène gouvernementale. Le politologue a été formateur de la nouvelle majorité à Charleroi. Commentant son rôle d’analyste de la vie politique, le président du PS a estimé qu’il fallait « parfois prendre des braconniers pour en faire des garde-chasse ». Reconnaissant notamment la pertinence de sa méthode de travail, le PS lui confie le pilier social du plan Marshall.
Les élections internes qui ont conféré à Elio Di Rupo une nouvelle légitimité, ainsi que la nouvelle répartition des rôles à la Région wallonne et à la Communauté française, ont fait dire jeudi au président que « le PS a commencé à tirer les leçons de ce qui s’est produit le 10 juin ». Et Elio Di Rupo de réitérer jeudi que « le PS est à nouveau en ordre de marche ».
Ecolo dubitatif
Pour Ecolo, la nouvelle composition des exécutifs régional et communautaire relève plus de comptes d’apothicaires internes entre les fédérations du PS que d’un réel souci de donner un nouveau souffle à la Région wallonne ou à la Communauté française Wallonie-Bruxelles.
Ecolo relève aussi « la détresse » des femmes membres de ces gouvernements qui, selon les Verts, lorsqu’elles ne sont pas purement et simplement évincées de leur exécutif, voient leurs compétences amenuisées.
Au passage, les verts estiment qu’il apparaît clairement que la fédération du Hainaut du PS n’est pas la plus mal servie dans la répartition des portefeuilles.
Quoi qu’il en soit, Ecolo attend surtout des engagements sur le fond de la part des futures éminences et souhaite que ces remaniements permettent à chacune des deux entités de revoir fondamentalement son programme de travail, en se concentrant davantage sur des enjeux jusqu’ici sinon oubliés, au moins négligés, indique encore le communiqué diffusé par Ecolo.
En particulier en Région wallonne, les Verts attendent du nouveau ministre-président qu’il fasse des questions d’environnement et de filières d’emploi dans l’économie verte d’une part, des enjeux de gouvernance d’autre part, de réelles priorités stratégiques, plutôt que des axes de marketing politique jamais concrétisés, afin d’entreprendre enfin la rupture nécessaire au redéploiement de la Wallonie.
(D’après Belga)
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