13 juillet 2007

Elio III prêt au décollage

Après avoir recueilli 89,5% des voix à l'élection présidentielle du PS, Di Rupo doit remanier (« avec Joëlle ») les exécutifs au Sud. Et relancer son parti à la rentrée.

Quand il parle de l'Orange bleue, il dit invariablement « antisociale ». Il ajoute : « Dominée par les partenaires flamands ». Elio Di Rupo est de retour. Le dépouillement des votes et la proclamation des résultats de l'élection présidentielle au suffrage universel des membres, durant la nuit de mercredi à jeudi, ont eu pour effet de le dérider pour la première fois depuis la claque du 10 juin.
On ne l'y prendra plus à dire qu'il est « hyperserein ». Il a dégusté. Mais là, jeudi matin, à l'issue d'un « bureau » exceptionnel, il savoure : sur 78.365 affiliés qui pouvaient prendre part au vote, 23.079 se sont rendus dans les sections pour déposer leur bulletin dans l'urne, parmi lesquels 2.425 ont choisi Jean-Pierre De Clercq, et 20.654 Elio Di Rupo, alors qu'on dénombrait 412 bulletins blancs et 256 nuls. Di Rupo recueille ainsi 89,5 % des voix, contre 10,5 % à son adversaire.

Réélu pour quatre ans, il peut se prévaloir de son score personnel comme du taux de participation, bon pour un mois de juillet, supérieur à celui d'octobre 2003. Un socialiste confie : « Merci Jean-Pierre. » En provoquant l'affrontement, le Carolo a soufflé sur les braises du 10 juin et d'une défaite électorale cuisante qui eût pu, sans lui, donner lieu à une campagne interne à l'odeur de cendres froides. Vous imaginez : Di Rupo contre personne... Au lieu de cela : les militants ont pris d'assaut les six soirées débats, Elio Di Rupo a pu mobiliser son camp pour cause de force majeure, et sortir relégitimé de l'exercice démocratique. Il entame son troisième mandat présidentiel. Et reprend les armes : « Quand la situation politique est celle que nous vivons, on peut partir en vacances, mais on n'est pas vraiment en vacances. Je devais partir en Amérique du Sud, j'ai changé mes plans, je vais au sud, mais pas loin d'ici. C'est une année où il faut rester sur le pont. » Pour deux raisons.
La fédérale : Dehaene cherche à lancer l'Orange bleue, le MR a posé son veto à toute participation du PS, et ne veut pas d'une coalition tripartite (bleu-rouge-orange), mais rien n'est joué. L'écart Milquet/Reynders et le fossé Nord/Sud sont loin d'être résorbés. Et puis, qui a dit qu'Elio Di Rupo était infréquentable au Nord ? Lui tient cette anecdote : « Mardi soir, près de la Grand-Place à Bruxelles, j'ai croisé un groupe qui revenait de la fête flamande. Je n'ai reçu que des marques de sympathie. J'ai dû faire au moins 20 photos avec eux. J'ai vu leur fête du bon côté : festif et humain. »
La seconde raison : relancer son parti. Objectif 2009, les élections régionales : il y a le risque d'une réplique du choc subi aux législatives du 10 juin, et, partant, le besoin d'une revanche sur les libéraux. Barrer le leadership de Didier Reynders : c'est l'obsession d'Elio Di Rupo. Quand s'installera-t-il à plein-temps au Boulevard de l'Empereur pour organiser la contre-offensive ? Le temps de désigner son successeur à l'Élysette, et de recomposer les gouvernements dans entités fédérées. « Laissez-moi au moins en parler avec Joëlle Milquet, avec qui nous travaillons en Wallonie, à la Communauté française et à Bruxelles », insiste Elio Di Rupo à propos d'un CDH tiraillé entre le partenaire socialiste et le prétendant libéral. Le président du PS s'envole aujourd'hui pour un bref séjour en Italie. Il sera de retour lundi. « Le remaniement aura lieu au grand plus tard pour la formation du gouvernement fédéral », dit-il. Peut-être la semaine prochaine.
En attendant, « le PS est en ordre de marche », prétend le président réélu. Pas si vite : l'état-major socialiste consulte tous azimuts depuis le 10 juin, sur les causes de la défaite électorale. Les « affaires », à Charleroi en particulier, ont plombé la campagne, c'est entendu. Mais plus personne ne croit qu'elles expliquent à elles seules la contre-performance. Aussi, Elio Di Rupo a réuni discrètement et successivement les nouveaux parlementaires, les non élus, puis, lundi à Nivelles, les bourgmestres, échevins et présidents de CPAS. À la rentrée, après l'Université d'été des 1 et 2 septembre, qui se déroulera à Floreffe, les fédérations seront sollicitées pour s'engager dans des « contrats de renouveau », un projet vieux de deux ans mais qui était resté sans effet. On annonce également une opération « ateliers-débats ». Et un congrès dans la foulée. Avec la possibilité d'une réforme au grand-angle des statuts du parti, après les fausses notes de ces dernières années.

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