Numerus clausus, un problème communautaire
Les difficultés liées au numerus clausus dans les études de médecine trouvent leur source dans un problème communautaire, estime le ministre des Affaires sociales, Rudy Demotte.
Le ministre Demotte regrette de s'être trouvé bien seul du côté francophone pour défendre face aux partis flamands un élargissement du contingentement des numéros Inami.
« C'est clairement un problème communautaire. J'ai pu au cours des 4 années écoulées donner de l'air au système mais cela a été difficile et j'ai été tout seul face à un SP.A et à un VLD très favorables au numerus clausus. Le MR s'est tu dans toutes les langues. Seul le PS s'est battu », a expliqué lundi M. Demotte.
Le ministre démissionnaire conteste l'argument selon lequel le coût des services médicaux est proportionnel à la quantité de médecins. Les chiffres montrent, d'après lui, que dans des zones où la densité médicale est forte, par exemple à Bruxelles, le coût de la médecine n'est pas plus élevé qu'ailleurs.
« Voir la question de la limitation des numéros Inami sous l'angle du rationnement des soins, c'est une stupidité », a-t-il ajouté.
M. Demotte se félicite d'avoir pu augmenter de 30% le nombre de numéros Inami par rapport à ce que l'accord du gouvernement sortant prévoyait. La suite du travail appartient maintenant, selon lui, au futur formateur. Il a exhorté à cet égard les partis francophones, et en particulier le MR, à faire preuve de plus de courage politique.
Mardi, le problème du numerus clausus instauré dans les études de médecine est revenu sur le devant de la scène avec la publication du nombre d'étudiants qui ont réussi leur première année mais n'ont pas été autorisés à s'inscrire en deuxième année parce qu'ils ne pourront pas bénéficier d'un numéro Inami à la fin de leur parcours académique
77 étudiants lauréats... recalés en médecine
Dans trois universités sur cinq, le quota d'autorisation en deuxième pour les médecins a été atteint dès juin.
C 'est la conséquence inexorable de la limitation de médecins autorisés à pratiquer avec un numéro Inami : 77 étudiants qui ont pleinement réussi leur première année de médecine à l'université ne seront pas autorisés à s'inscrire en deuxième année, parce qu'ils sont classés au-delà du quota. Dans trois universités (voir infographie), plus aucune place n'est disponible, ce qui condamne de la même façon ceux qui réussiraient en deuxième session. Ceux-ci devront soit recommencer leur année, sans report de cotes et en refaisant tous les exercices pratiques, ou pourront se réorienter en deuxième année dans une des vingt-trois filières qui leur sont ouvertes.
Après des périodes de libre inscription ou de limitation après trois ans, c'est le régime de la sélection après la 1 re année qui a été retenu comme étant le « moins cruel » par la ministre du Supérieur Marie-Dominique Simonet (CDH). Parce que faire perdre trois années à un jeune est du gâchis et qu'un examen d'entrée, solution prônée par le doyen de l'ULg, privilégierait certains élèves issus de bonnes écoles secondaires par rapport à d'autres.
« Il n'y a pas de solution parfaite. Le vrai problème est la limitation par le fédéral de l'accès à la profession de médecin, réagit mardi la ministre Simonet. Nous demandons au prochain gouvernement fédéral de réexaminer la planification de numéros Inami afin d'augmenter le nombre de médecins en formation. »
Si l'on trouve, à raison, le sort de ces 77 jeunes injuste, que dire des 500 à 1.000 jeunes en formation actuellement et qui seront certes diplômés de 2009 à 2011, mais sans aucune assurance de recevoir un numéro Inami, donc d'exercer normalement leur métier ? Une situation d'autant plus choquante que plusieurs études scientifiques indiquent que la Belgique commence à entrer en pénurie de médecins, du moins dans certaines régions et dans les hôpitaux. Toutefois, tant que la Flandre jugera que la seule manière de juguler une prétendue « surconsommation » des soins de santé par les francophones est d'étrangler l'offre médicale, la chance est ténue de voir la situation évoluer.
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