L EMISSION !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
MAJ 19/12/06
Avis intéressant
Pas de sanction à la RTBF, qui estmaintenant soutenue par les internautes
16 décembre 2006 - 08:54
Le "canular" de la RTBF continue à alimenter le débat. Mais le courant change. De plus en plus de Belges réagissent à présent pour féliciter la chaîne publique et dénoncer les critiques de nos politiciens. Vendredi soir, le conseil d'administration de la RTBF a décidé de ne pas prendre de sanction à l'égard des responsables du faux JT. Même si, selon le CA, des erreurs ont été commises. Le conseil d'administration a présenté ses excuses aux téléspectateurs, et a décidé l'instauration d'un Comité de déontologie et d'éthique de l'information.
RTBF: pas de sanctionPhilippot assume le choix de la fiction 514.800 téléspectateurs pour l'émissionChoc médiatique pour la Belgique De Brigode démissionne : info ou fiction ?Interview de François De BrigodeInterview de Jean-Claude Defossé
Vous êtes nombreux depuis mercredi à régir concernant le faux flash spécial de la RTBF. Mais aujourd'hui, le ton semble avoir changé de manière assez rigoureuse. Jeudi, la plupart des hommes politiques dénoncaient cette émission, suivi par plusieurs citoyens, choqués par les méthodes de la RTBF. Aujourd'hui, par contre, la majorité des réactions que nous avons reçues sont des messages de soutien au travail qui a été réalisé par la chaîne publique. Et ce sont nos politiciens à présent qui ramassent au visage le retour de flamme.
Comment expliquer le choc du faux JT ?
Cela n'empêche : l'émission de la RTBF a été un choc. Normal. A longueur d'années, on nous agite cette menace: le pays va exploser ! C'est une source d'anxiété qu'on tait, qu'on minimise, qu'on enfouit en soi. Et puis mercredi, boum, ça y est. On vous a dit d'un coup : vous n'êtes plus Belge. C'est terminé !"
En supprimant la Belgique, on a coupé les bases sur lesquelles on est assis. "C'est quelque chose de terrible à vivre, explique Bernard Rimé, professeur de psychologie à l'UCL et spécialiste des émotions. Tout d'un coup, on a dit aux gens : "votre identité sociale n'existe plus."
L'identité sociale, c'est ce qui donne à chacun des clés pour faire face à la vie. Le sentiment d'appartenance sociale nous tient très fort à cœur, sans que nous le sachions toujours. Une Brabançonne résonne et soudain on frissonne. L'équipe belge gagne un match et on respire la joie. Un étranger critique notre pays et, nous voilà vexés. Ce sont des signes, des émotions, qui affluent parfois à la surface. Et mercredi, l'annonce en télévision de la fin de la Belgique, a joué comme un détonateur de ce sentiment d'appartenance à une nation.
Les Flamands ont une identité de rechange, la fierté d'être flamand. Pas les francophones qui sont paumés. Plus que jamais, on n'est pas fier d'être wallon, avec les "affaires" qui pourrissent le tableau.
"En fait, les gens ont été surpris de la violence de leurs propres sentiments. Ils ont perdu leurs repères. Ils en sont devenus agressifs et accusent la RTBF. C'est la vieille histoire du porteur de la mauvaise nouvelle. Qui est le coupable ? Le porteur ou la mauvaise nouvelle ?", conclut enfin Bernard Rimé.
(Catherine ERNENS)
> Les moments forts du faux flash spécial
"J'attends des sanctions fortes"
Didier Reynders (MR) ne mâche pas ses mots à l'égard du "coup" de la RTBF. Il ne comprendrait pas qu'on passe l'éponge sur cette "faute lourde".
Devoghel
En marge du conseil d'administration de la RTBF, vendredi, nous avons rencontré le président du Mouvement Réformateur (MR), Didier Reynders.
Quarante-huit heures après le "coup" de la RTBF, et les réactions virulentes de leaders politiques (vous-même, Guy Verhofstadt, Elio Di Rupo, etc.) contre le docu-fiction, quel est votre état d'esprit ?
La RTBF nous dit qu'elle a lancé un débat de fond sur l'avenir de la Belgique. Le débat qu'elle a lancé, c'est celui de la déontologie et de la crédibilité de ses journalistes et de l'information. Comment peut-on, dans un pays comme le nôtre, diffuser une fausse information à travers tous les codes de référence du Journal télévisé d'une chaîne publique ? Il est là le débat.
A travers son docu-fiction et le débat, la RTBF a mis sur la place publique des questions importantes sur l'éventualité d'une scission du pays, non ?
C'est ce que les responsables de la RTBF tentent de nous faire croire depuis 48 heures. Mais vous pensez que la population ignorait l'existence des débats institutionnels et communautaires en Belgique ? Etait-il nécessaire de balancer au grand public une fausse information pour attiser ces débats ? C'est un procédé tout à fait injurieux. Je suis, comme beaucoup d'autres, assez abasourdi qu'on utilise des moyens publics conséquents octroyés à la RTBF, pour fabriquer une fausse information. C'est irresponsable. Une faute lourde a été commise.
Par qui, précisément ?
Il faut le déterminer. J'entends l'administrateur général de la RTBF, Monsieur Philippot, dire qu'il assume tout. Les parlementaires MR ont demandé que lui et la ministre de tutelle, Fadila Laanan, soient convoqués pour expliquer leur faute. J'attends que l'audition ait lieu (NdlR : jeudi prochain), mais je ne comprendrais pas qu'on passe l'éponge.
Des têtes doivent tomber ?
Des sanctions fortes doivent être prises à l'égard de la RTBF. Je ne comprendrais pas que rien ne se passe au regard des réactions politiques fortes, tous partis confondus, dont celle de la ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan. Alors, soit des choses bougent, soit le gouvernement de la Communauté française couvre la RTBF. Mais si tel est le cas, cela signifie qu'on peut désormais tout faire et que le discours politique n'a plus le moindre contenu.
La RTBF plaide l'utilité d'un électrochoc au sein de la population pour la sensibiliser à l'avenir de la Belgique. N'est-ce pas salutaire ?
La RTBF, en fait, est parvenue a réveillé deux extrêmes : ceux qui, paniqués, sont sortis dans la rue avec un drapeau belge et l'extrême droit flamande, très satisfaite de l'émission. A ce propos, j'essaie encore de comprendre comment la RTBF est parvenue à faire jouer Filip Dewinter dans sa fiction. Je pensais qu'elle refusait de nouer des contacts directs, et c'est le cas ici, avec tout leader d'extrême droite. C'est inacceptable.
Ce qui vous gêne, c'est d'avoir été écarté du débat de la RTBF, mercredi soir ?
On ne m'a pas invité... Et je vois que depuis mercredi soir, la RTBF confisque l'antenne pour se justifier à longueur de journaux en minimisant les réactions du monde politique, dont celles du Premier ministre et du président du PS. Dans le Journal parlé de 7 heures, jeudi, pas une mention de la réaction du MR. On n'existe pas ! Le soir même, au JT, quelques réactions politiques ont été relayées vers 19h55 après un long plaidoyer de Monsieur Philippot. TF1, elle, ouvrait son "20 heures" sur les réactions politiques. Cela revient, de la part de la RTBF, à prendre les responsables politiques pour des moins que rien incapables d'expliquer aux gens la portée des débats en cours. © La Libre Belgique 2006
http://www.mr.be/News/14-12-06-MR-Didier-Reynders-RTBF-Emission-Flandre-Reactions.php
Défossé : les gens croient n'importe quoi
14 décembre 2006 - 15:14
Jean-Claude Defossé, qui a accepté d'interrompre son émission pour le faux flash spécial de François De Brigode, s'étonne de la crédulité de certains téléspectateurs. Et pourtant, il a l'habitude...
Cela vous surprend que les gens aient cru aussi vite à cette déclaration d'indépendance de la Flandre et à la fuite du Roi à l'étranger?
Que les gens puissent croire dur comme fer à cela et réagir aussi rapidement, c'est hallucinant. Le téléspectateur gobe n'importe quoi ! Notez que j'ai l'habitude. Ce sont les plus gros de mes poissons d'avril qui ont le mieux fonctionné. Par exemple : j'ai annoncé une fois que Bruxelles devenait un paradis. Et une autre fois qu'on privatisait l'armée. Nombreux sont ceux qui y ont cru et qui ont réagi vivement...
Avec le recul, que pensez-vous de cette émission?
Je suis solidaire avec toute l'équipe de la RTBF qui a monté ce projet. Et je les félicite d'ailleurs d'avoir pu garder le secret. Moi, on ne m'a mis au courant qu'il y a 15 jours. La haute direction, par contre, était au parfum depuis plus d'un an.
On a l'habitude de critiquer la RTBF en disant qu'elle est "poussiéreuse". Ici, nous avons fait l'événement ! Et pas avec n'importe quel sujet... Nous avons sensibilisé des milliers de personnes à un débat très sérieux sur le séparatisme en Belgique. Cela n'aurait certainement pas été possible sans certains artifices.
Ne trouvez-vous pourtant pas la manière critiquable?
On peut effectivement discuter de l'ambiguïté avec laquelle l'information a été présentée par un journaliste, avec les moyens et les décors du JT. Mais cela a permis d'ouvrir le débat sur quelque chose qui pourrait effectivement arriver un jour. N'oublions pas que les élections législatives sont proches.
C'est un coup médiatique?
Si c'était le cas, nous aurions fait davantage de publicité. Il n'y a d'ailleurs pas eu de pubs en plus hier soir. C'était tout sauf une pompe à fric !
(Propos recuillis : Rodolphe MAGIS)
De Brigode s'excuse
14 décembre 2006 - 12:39
François De Brigode, l'un des acteurs principaux du faux flash spécial sur l'éclatement du pays, s'excuse auprès des gens qui ont été vexés par l'émission. Il s'agissait d'une "volonté pédagogique".
François De Brigode, vous êtes étonné par l'émoi incroyable qu'a suscité votre émission fiction ?
Oui, mais je veux surtout rappeler qu'il y avait une volonté pédagogique. Le séparatisme est un débat qui existe, surtout chez les Flamands. Nous avons donc voulu sortir de la langue de bois par rapport à un sujet qui existe.
Ce qu'on reproche surtout à la RTBF, c'est la forme du programme...
C'est vrai que c'est une forme inhabituelle et que ça avait un côté provoc. Mais je crois que nous avons rempli une mission de service public et nous avons fait notre travail de journaliste à savoir, dire ce qui est une vérité (les discussions sur le séparatisme), tout en donnant aux spectateurs des explications
Mais beaucoup ont été choqués tout de même...
Sincèrement, ce n'était pas le but. Si certains ont été vexés par l'émission, on s'en excuse. Mais il faut aussi savoir que beaucoup, lors de leurs coups de fil au call center, nous ont remerciés en disant que grâce à l'émission ils avaient pris conscience de la situation.
(Propos recueillis par Martial Dumont)
Le public n'a pas sanctionné la RTBF (15/12/2006)
Lien documentaire
La RTBF présente ses excuses
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Le JT de jeudi n'a pas enregistré de baisse d'audience. Au contraire!
La fausse émission en entier sur le site de la VRT
Le journal télévisé de la RTBF a réalisé un "bon score" jeudi soir, attirant environ 670.000 téléspectateurs au lendemain du documentaire-fiction qui mettait en scène l'indépendance de la Flandre, a indiqué un porte-parole de la télévision publique francophone."Le bon score réalisé par la RTBF prouve que le journal télévisé et son présentateur, François De Brigode, n'ont pas perdu en crédibilité. Il n'y a pas eu de sanction de la part de notre public", a ajouté le porte-parole.Au contraire, l'édition de ce jeudi soir a fait "significativement mieux que les JT des jeudis soirs précédents, lesquels marchent traditionnellement bien ce jour de la semaine", a-t-il poursuivi. Ainsi, le journal télévisé du jeudi 7 décembre a attiré un peu moins de 500.000 téléspectateurs.Par ailleurs, 721.700 personnes (44,8 pc de parts de marché) ont regardé le journal télévisé sur RTL-TVi jeudi soir, "ce qui est dans la moyenne", selon la chaîne privée.
Le débat de fond mis en avant par la RTBF
En compagnie de l'équipe chargée de la réalisation du faux JT, l'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, a défendu hier les choix de la RTBF de diffuser cette émission-fiction sur l'indépendance de la Flandre.
Il souhaite que le débat sur la forme de l'émission-fiction diffusée mercredi n'escamote pas le vrai débat, à savoir la question de l'avenir de la Belgique. Justifiant le recours à une fiction non avouée, Jean-Paul Philippot a indiqué qu'il y avait "un choix, qui est celui de toute une équipe, et donc un risque d'opter pour une forme particulière que permet la télévision à l'heure actuelle", a-t-il justifié. "L'objectif de ce docu-fiction n'était pas de jouer sur l'émotion et j'espère maintenant que le débat de fond va reprendre le dessus" a-t-il ajouté.
Le présentateur du journal télévisé de la RTBF, François De Brigode, qui présentait également le JT factice de l'émission, a indiqué que si c'était à refaire, il n'hésiterait pas quant au fond de l'émission. Sur la forme toutefois, "on baliserait certainement au début et mieux", a-t-il précisé en s'exprimant à titre personnel. "Mais on a mis un débat important sur la table. La première partie de l'émission a certes été un peu provocatrice mais je reste fier de notre projet", a-t-il poursuivi. Interrogé sur la perte de crédibilité des journalistes que pourrait entraîner une telle mise en scène, le présentateur s'est contenté de répondre que le ton adopté dans l'émission de mercredi était particulier et différait du style propre à un réel direct. La chaîne publique a également précisé que c'était elle qui avait décidé de mettre un bandeau "Ceci est une fiction", une demi-heure après le début de l'émission.
Quant aux vives réactions adressées à la chaîne publique, Benoît Moulin, chef de la rédaction du journal télévisé à la RTBF, analyse les commentaires des spectateurs en trois temps: de l'incrédulité d'abord, de l'indignation sur les moyens ensuite et une réflexion enfin, ajoutant même que dans la matinée d'hier déjà la proportion de réactions positives était beaucoup plus importante que la veille.
En savoir plus : Un faux JT polémique
L'Association des Journalistes critique la démarche de la RTBF
Le "docu-fiction", ou plutôt la technique du "poisson d'avril" utilisée par la RTBF hier, pose de graves questions quant à la crédibilité de l'information et l'indispensable confiance du public à l'égard du travail journalistique, selon l'Association des Journalistes professionnels (AJP).
"L'absence de marquage fictionnel du JT, le dangereux mélange des genres à l'oeuvre dans le reportage, l'exploitation commerciale qui en est prévue (un livre devrait être publié par la RTBF) ne sont pas de nature à favoriser cette confiance du public", a ajouté l'AJP dans un communiqué. "Des règles journalistiques de base ont été ignorées, comme l'indication d'images d'archives ou la mention des reconstitutions. Si la démarche journalistique peut emprunter les voies de la fiction, de la reconstitution ou même de la farce, c'est à condition d'assurer, clairement et sans ambiguïté pour le grand public, la transparence du procédé", a ajouté l'association regroupant les journalistes francophones.
L'AJP a rappelé, par la voix de sa secrétaire nationale, Martine Simonis, son souhait de voir se créer un conseil de déontologie, à l'image de ce qui existe déjà en Flandre.
La Sûreté de l'Etat critique la RTBF
La Sûreté de l'Etat n'a pas été informée a priori de la diffusion du docu-fiction de la RTBF annonçant la déclaration d'indépendance de la Flandre.
"La direction de la Sûreté de l'Etat n'a été mise au courant à aucun moment et de quelque manière que ce soit de cette émission, ni de son contenu", selon un communiqué. La Sûreté de l'Etat regrette la "légèreté dont on fait part certains journalistes, à l'occasion d'un reportage-fiction, en confirmant ou en reprenant des informations fictives", souligne-t-elle encore.
Philippe Geluck a été piégé (15/12/2006)
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Le papa du Chat a appris le canular par son papa de 83 ans
BRUXELLES Phillippe Geluck, qui était en France au moment des faits, a directement eu vent des événements. Il raconte :
"Mon père, qui regardait la télévision, m'a directement appelé. Il a 83 ans et était complètement secoué. Il m'a raconté que la Flandre avait voté à l'unanimité la scission de la Belgique. J'ai compris ce matin que j'avais aussi été piégé car j'ai été interviewé, il y a quelques mois, au mois de mai, sur le sujet. Je pensais à l'époque qu'il s'agissait d'une émission d'humour et cela m'est complètement sorti de l'esprit après. C'était pour cette émission... Je trouve cette blague à la limite de l'inadmissible. On utilise un instrument d'information pour donner une idée fausse au public. On brouille le code de la déontologie de l'information. On ne peut plus être crédible après cela. Ils jouent avec des choses sérieuses. Lorsque Orson Welles avait déclaré sa guerre des mondes dans les années 30, il y a eu des suicides. Je n'aurais pas aimé être dans sa peau... Je suis un ami du gag et j'aime les blagues, mais je trouve qu'il y a des sujets avec lesquels il ne faut pas jouer..."
S. Lag.
© La Dernière Heure 2006
Réaction du Palais sur l'émission-fiction
jeudi 14.12.2006, 14:45"Ce n'est pas le rôle du Palais de commenter ou de condamner des programmes TV ou des initiatives de presse. Nous constatons simplement que ce programme avait les caractéristiques d'un canular de mauvais goût", a indiqué le porte-parole du Palais en réaction à la diffusion hier soir de l'émission-fiction de la RTBF sur l'indépendance de la Flandre. Ce constat du Palais porte sur l'ensemble de l'émission et non pas uniquement sur la manière dont la famille royale a été mise en scène, a précisé le porte-parole, ajoutant également que le Palais n'avait pas "d'état d'âme particulier, ni sur le fond ni sur la forme de l'émission".
Philippot assume
jeudi 14.12.2006, 15:50"Le choix d'une émission de fiction a été fait par l'ensemble des responsables de l'information, de la télévison, des rédactions, dans le respect de la procédure interne de la RTBF: il n'était donc pas improvisé et je l'assume", a déclaré l'administrateur général de la radio-télévision publique à la sortie de sa rencontre avec la ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan. Interrogé par les journalistes, il a aussi réitéré ses excuses "à titre personnel, par rapport à la surémotivité qu'on a pu déclencher".
L'administrateur général de la RTBF s'excuse et assume
Un faux JT de la RTBF crée l'émoi
"Le choix d'une émission de fiction a été fait par l'ensemble des responsables de l'information, de la télévision, des rédactions, dans le respect de la procédure interne de la RTBF: il n'était donc pas improvisé et je l'assume", a déclaré aujourd'hui l'administrateur général de la radio-télévision publique à la sortie de sa rencontre avec la ministre de l'Audiovisuel Fadila Laanan suite à la diffusion du faux JT sur le séparatisme hier soir. Il a aussi réitéré ses excuses "à titre personnel, par rapport à la surémotivité qu'on a pu déclencher".
Au cours de sa rencontre avec la ministre, Jean-Paul Philippot (accompagné du chef de l'information et de l'éthique Yves Thiran) a commencé à répondre à une série de questions de Mme Laanan sur l'émission-fiction. Il a été averti par la ministre des différentes enquêtes et informations en cours, dans l'optique des débats qui auront lieu la semaine prochaine au sein de la Commission de l'Audiovisuel du Parlement de la Communauté. Il s'attachera donc à répondre à ces questions au cours des prochains jours. "Nous n'avions pas l'intention de créer une telle émotion mais plutôt d'aborder une vraie question, qui préoccupe les citoyens dans leur attachement à la Belgique", a-t-il précisé, admettant avoir été étonné par l'ampleur de certaines réactions.
Quant à la ministre, qui avait elle-même convoqué M. Philippot à son cabinet, elle a souligné à l'issue de la rencontre qu'une série de questions se posent après les réactions, parfois de panique, déclenchées par la RTBF. Des questions qui concernent notamment le moment où la signalétique (indiquant qu'il s'agissait bien d'une fiction) est apparue à l'écran. Si ses questions ont reçu des débuts de réponses, celles-ci ne sont pas suffisantes, a-t-elle dit.
Le soir où la RTBF explosa
La RTBF a mimé l'éclatement de la Belgique en temps réel.
Extraordinaire « coup » médiatique et énorme polémique.
Le secret avait été bien gardé. Deux ans durant, une équipe de journalistes de la RTBF a travaillé sur l'idée la plus folle jamais née dans les couloirs du boulevard Reyers. Nom de code : « Karine et Rebecca », les deux gamines qui chantaient le répertoire de Saint-Nicolas...
Hier soir, à 20 h 21, les téléspectateurs viennent de regarder le JT. Ils s'apprêtent à suivre deux reportages de « Questions à la une » à forte connotation communautaire (« Va-t-on supprimer les indemnités de chômage en Wallonie ? » et « Les Flamands sont-ils plus corrompus que les Wallons ? ») puis l'émission devant présenter les résultats d'un sondage sur l'avenir du pays réalisé par Ipsos dans le prolongement de l'émission « Moi, Belgique ». Mais ils tombent de leur chaise ou sautent hors de leur canapé.
Jean-Claude Defossé introduit son émission. La mire apparaît sur l'écran. Puis c'est l'annonce d'un flash spécial présenté par François De Brigode : le Parlement flamand vient de voter la sécession de la Flandre du Royaume de Belgique. Une heure et demie durant, se succèdent, autour du présentateur du JT et d'Alain Gerlache, directeur de la télévision, des journalistes qui interviennent en direct, qui du Parlement flamand, qui du Palais royal déserté par Albert II, en fuite à l'étranger (la rumeur prétend qu'il a pris la direction de Kinshasa où l'annonce Elisabeth Burdot), qui du Parlement wallon, qui de l'Atomium où se sont réfugiés les ministres du gouvernement bruxellois.
De nombreuses réactions évidemment. Jean-Marie Dedecker, le trublion de la politique flamande, Herman De Croo, le sage président de la Chambre, Etienne Davignon, Axelle Red, Jean-Luc Fonck, José Happart, Annie Cordy, le ministre-président de la Communauté germanophone Karl-Heinz Lambertz...
Les reportages sur le terrain montrent les conséquences de la décision du Vlaams Parlement : le Ring de Bruxelles est paralysé, des trains sont bloqués à la frontière linguistique, des avions sont détournés sur Bierset, le siège de l'Otan est en état d'alerte, des scènes de joie éclatent à Anvers, des policiers inspectent la frontière linguistique à Flobecq, des militants catalans se réjouissent au Parlement européen et, cerise sur le gâteau, un tram bruxellois de la ligne 44 est bloqué au moment de quitter la Région de Bruxelles-Capitale pour Tervuren, en Flandre...
Tout ça, bien sûr, n'était qu'un gigantesque bluff, un périlleux mais tellement vraisemblable exercice de politique-fiction. Périlleux car effectué entièrement dans les conditions du direct et sans trucage. Autrement dit, tous les intervenants savaient dans quelle pièce ils jouaient. Et tous ceux arrivés pour participer à un « Mise au point » spécial étaient au parfum. Au début de la soirée, était apparue une mention précisant que l'émission pouvait très bien être une fiction. A 20 h 50, un second insert précisant qu'il ne s'agit pas de la réalité apparaît. Manifestement, c'est dû au nombre des appels - une centaine en une demi-heure. En fin de soirée, après un écroulement symbolique de la tour Reyers, un autre insert reprécisait que ceci n'était que fiction.
Réagissez sur notre chat ainsi que sur le blog du Swarado.
Comment réagit-on au nord du pays? Le Standaard a créé un débat sur son site.
L'idée de cette soirée événement est celle d'un membre de l'équipe de « Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) », Philippe Dutilleul. Il en a tiré un livre, Bye-Bye Belgium (Labor), qui paraîtra vendredi.
La fiction de la RTBF inquiète
La Une a interrompu ses émissions ce mercredi soir pour diffuser une émission spéciale annonçant que la Flandre avait déclaré son indépendance. Il s'agissait d'une émission fiction qui a créé l’inquiétude.
13 déc 2006 23:20
Alors que Jean-Claude Defossé introduit son émission, la mire apparaît sur l'écran avant l'annonce d'un flash spécial présenté par François De Brigode: le Parlement flamand vient de voter la sécession de la Flandre du Royaume de Belgique. Dans cette émission, il est question du roi Albert II quittant le pays pour faire part de son désaccord à l'égard de cette pseudo-décision unilatérale flamande. Le sénateur flamand Jean-Marie Dedecker a participé à cette évocation en donnant une interview, de même que le président du Parlement wallon José Happart et d'autres personnalités politiques.
Différentes personnalités politiques ont joué le jeu. En revanche, d'autres ont très vivement critiqué le concept, dont le Premier ministre Guy Verhofstadt. Le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a, en effet, qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût", a-t-il encore ajouté.
Des méthodes indignes selon Leterme
jeudi 14.12.2006, 09:23Selon le ministre-président flamand, Yves Leterme (CD&V), l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a mis en scène l'indépendance de la Flandre, constitue "une caricature d'un certain nombre d'exigences flamandes". M. Leterme y voit un jeu politique qui rend impossible un bon débat sur l'avenir de la Belgique. "C'est une manière très douteuse de soi-disant susciter le débat. Il s'agit seulement d'une recherche de sensationnalisme et d'une caricature d'un certain nombre d'exigences flamandes. J'y vois aussi une intention politique cachée", a déclaré le ministre-président flamand sur les ondes de la radio publique flamande VRT. "Ces méthodes sont indignes dans une société démocratique qui fonctionne bien", a-t-il ajouté.
Ni responsable, ni opportun selon Milquet
jeudi 14.12.2006, 00:03La présidente du cdH, Joëlle Milquet, a estimé que l'initiative de l'émission-fiction de la RTBF, diffusée mercredi soir, n'était ni responsable, ni opportune et estime qu'elle mérite des explications sans délai. On ne joue pas avec l'avenir du Pays et l'attachement des Belges à son égard, a ajouté Joëlle Milquet dans un communiqué.
Dewinter salue l'émission
jeudi 14.12.2006, 10:36Filip Dewinter, chef du groupe Vlaams Belang au Parlement flamand, a salué l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a mis en scène, la veille, l'indépendance de la Flandre. "Grâce à ce reportage, on peut désormais parler librement de l'indépendance de la Flandre et de la Wallonie", a indiqué M. Dewinter. "Grâce à ce reportage, tous les Wallons -y compris Elio Di Rupo et Laurette Onkelinx- ont désormais conscience que l'indépendance de la Flandre n'est pas une utopie romantique ou une chimère, mais un scénario réaliste qui deviendra inéluctable si la Wallonie n'est pas disposée à consentir à certaines exigences flamandes essentielles, comme une fiscalité propre, la scission de la sécurité sociale et une autonomie plus poussée pour la Flandre et la Wallonie", a-t-il relevé.
Le vice-premier ministre et président du MR, Didier Reynders, a également réagi dans le même sens que le premier ministre à l'émission-fiction. Il qualifie l'émission d'irresponsable et ajoute qu'elle décrédibilise totalement l'institution. Didier Reynders s'est dit scandalisé par le fait qu'on présente dans l'émission la fin de la Belgique au cours d'un faux journal télévisé avec des éléments comme la fuite du Roi. "On annonce aussi la réaction des présidents de parti. Je n'accepterai pas qu'on me cite dans cecontexte".
Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". "A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie", souligne M. Di Rupo.
Le ministre de la Défense, André Flahaut, se dit "scandalisé". "C'est révoltant, intolérable, inacceptable, scandaleux", a-t-il affirmé alors qu'il se trouvait à Namur pour une réunion avec les institutions wallonnes. "On ne joue pas avec les institutions", a ajouté M. Flahaut. Il a exprimé son souhait que le ministre de tutelle rappelle la chaîne publique à l'ordre.
Et c’est ce que fera la ministre de l'Audiovisuel de la Communauté française, Fadila Laanan, qui convoquera l'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, et demandera qu'une enquête interne soit effectuée au sein de la RTBF. "Je trouve le procédé tout à fait douteux", a expliqué la ministre. "Et je me pose des questions déontologiques concernant les journalistes qui ont participé à cela, car c'est contraire à la réglementation de la Communauté française."
André Antoine, vice-président du Gouvernement wallon et Ministre du Logement s'est dit surpris et choqué par l'émission de la RTBF. Il déplore le manque de précautions pris par la chaîne publique. André Antoine estime qu'il s'agit ici d'une manipulation de l'information hautement regrettable de la part d'un média public habituellement crédible.
Au boulevard Reyers, on précise que l'émission était préparée de longue date avec les hommes politiques apparus à l'écran. Ces réactions démontrent la force de la télévision et de la problématique évoquée, dit-on encore. Le chef de l'information Yves Thiran a justifié cette émission par la nécessité de lancer un débat dans l'opinion publique à propos d'un des thèmes majeurs des prochaines négociations institutionnelles, l'avenir de la Belgique.
En tout cas l’émission a marqué. De 20 heures 30 à 21 heures, la RTBF a été inondée mercredi soir d'appels téléphoniques, saturant rapidement le central. Le site Internet de la RTBF était par ailleurs inaccessible pendant une partie de la soirée en raison vraisemblablement du nombre important d'internautes essayant de se connecter. La Police a également reçu de nombreux appels de personnes inquiètes. La police de Charleroi a été débordée et à Bruxelles, le Numéro 101 a été saturé.
La RTBF fait mourir la Belgique (mourir de rire)
mercredi 13 décembre 2006, 23:20
La RTBF a mimé l'éclatement de la Belgique en temps réel, ce mercredi soir, dans une émission de Jean-Claude Defossé. N'est-ce qu'un énorme coup de bluff ou une prédiction funeste?
Le Soir de ce jeudi vous décryptera cette soirée télé hors du commun.
Le monde politique fustige la RTBF
Les téléspectateurs branchés sur la une (RTBF) pensaient vivre une soirée tranquille, mercredi. Avec un menu somme toute classique : “Questions à la une”, suivi d’un prolongement de l’émission à succès “Moi, Belgique”.
Sur le coup de 20h20, on a bien eu droit au générique de “Questions à la une”... A 20h21, l’image se brouille. On se retrouve brutalement projeté dans le studio du Journal télévisé pour une “émission spéciale”, avec un François De Brigode d’humeur grave. En prélude, une brève mention barre l’écran : “Ceci n’est peut-être pas une fiction”.
Dans un coin du même écran, les plus attentifs auront peut-être déjà flairé la supercherie en repérant le logo du magazine “Tout ça (ne nous rendra pas le Congo)”. Le présentateur du JT balance alors l’info justifiant cette interruption des programmes : "La Flandre a proclamé unilatéralement son indépendance”. En direct du Palais royal, le journaliste Frédéric Gersdoff enchaîne : le roi Albert II aurait annoncé son impossibilité de régner. Voire quitté le pays. “La Belgique a cessé d’exister”, annonce un de ses collègues depuis le Parlement flamand. Le séparatiste flamand Jean-Marie Dedecker fait des petits bonds. Le wallingant Jean-Marie Happart n’est pas en reste.
A l’écran, un numéro d’appel est incrusté. Il sera pris d’assaut durant plus d’une heure. A la rédaction de “La Libre”, des dizaines de coups de téléphones de gens ébahis. Et forcément crédules. Un forum lancé sur notre site Internet est, lui aussi, pris d’assaut. Les réactions sont très majoritairement indignées. Les premiers communiqués de presse de personnalités politiques tombent, avec la même indignation.
Peu avant 21 heures, un bandeau apparaît en bas d’écran : “Ceci est une fiction”. La rumeur parle d’une intervention du Palais; on nous assure plutôt que le Palais a été averti quelques minutes avant la diffusion de la nature du programme…
“Pas un canular”
Tout a été rondement mené. Et pour cause : l’opération, tenue secrète jusqu’à 20h21, était en préparation depuis plusieurs mois au sein de la RTBF. Sa réalisation est l’œuvre de Philippe Dutilleul, habitué de reportages dans les magazines “Strip-Tease” et “Tout ça”. “Ce n’est pas un canular mais un documentaire-fiction ayant pour but de susciter le débat”, assurera-t-il plus tard lors d’un débat. Jean-Paul Philippot, patron de la RTBF, abondera dans le même sens : “Notre travail est de décoder, montrer, donner des clés pour se faire sa propre opinion. La démarche est journalistique”. Au même moment, la ministre de l’Audiovisuel Fadila Laanan (PS) annonce la convocation de M.Philippot. La bombe ertébéenne pourrait encore faire des dégâts.
REACTIONS
Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a présenté mercredi soir l'indépendance de la Flandre, par le biais d'un communiqué de la chef de groupe du MR à la Communauté française Florence Bertiaux, et du président de la Commission "audiovisuel" de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet.
"Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse", ont-ils expliqué.
Les deux mandataires MR mettent cette émission en rapport avec les récentes discussions concernant le contrat de gestion de l'opérateur public. Cela démontre que les inquiétudes du MR étaient légitimes quant au manque de contrôle du parlement sur le contrat de gestion de la RTBF", précisent-ils.
Dès jeudi matin, le MR annonce qu'il demandera des comptes à la ministre Fadila Laanan en commission "audiovisuel" du Parlement de la Communauté française. "Pour le MR, la ministre portera toutes les conséquences politiques de cette émission", ont-ils conclu.
Interrogé, le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. "Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de télévision de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes", a-t-il commenté. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût", a-t-il encore ajouté.
Le ministre de la Défense, André Flahaut, se dit "scandalisé". "C'est révoltant, intolérable, inacceptable, scandaleux", a-t-il affirmé alors qu'il se trouvait à Namur pour une réunion avec les institutions wallonnes. "On ne joue pas avec les institutions", a ajouté M. Flahaut à l'agence BELGA, annonçant une probable réaction du Premier ministre Guy Verhofstadt. C'est triste "si la RTBF n'a rien trouvé de mieux pour faire de l'audience", a encore dit le ministre de la Défense, qui a été assailli de coups de téléphone. Il a exprimé son souhait que le ministre de tutelle rappelle la chaîne publique à l'ordre pour cette "émission spéciale" qui avait pour fil conducteur une déclaration unilatérale d'indépendance de la Flandre par le parlement flamand. Ce n'est qu'après une bonne demi-heure que la RTBF a présenté son émission comme étant une fiction, sous la forme d'un bandeau affiché dans le bas de l'écran.
Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays comme c'est le cas dans l'émission. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". "A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie", souligne M. Di Rupo.
"En agissant de la sorte, les responsables de cette émission abusent de la confiance que le citoyen accorde à la RTBF", ajoute le ministre-président wallon. "Le PS estime que les citoyens francophones ont le droit d'être informés par le service public en toute objectivité, impartialité et avec la plus grande rigueur. Les canulars de ce genre n'ont pas de place dans notre pays. Tout le monde connaît trop bien l'ampleur réelle des tensions communautaires", conclut le communiqué du président du PS.(Belga)
La ministre de l'Audiovisuel de la Communauté française, Fadila Laanan, va convoquer l'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, et demander qu'une enquête interne soit effectuée au sein de la RTBF au sujet de l'émission-fiction qui mettait en scène dans des conditions de direct l'indépendance de la Flandre, a-t-elle annoncé mercredi soir à l'agence BELGA.."Je trouve le procédé tout à fait douteux", a expliqué la ministre. "Et je me pose des questions déontologiques concernant les journalistes qui ont participé à cela, car c'est contraire à la réglementation de la Communauté française."La ministre a découvert l'émission à la suite de nombreux appels et SMS "paniqués" reçus en début de soirée. Ce n'est qu'après que la mention "Ceci est une fiction" est apparue à l'écran à la demande du cabinet de la ministre, a-t-elle précisé. "Je trouve douteux l'utilisation d'un tel procédé qui a plongé les citoyens dans une crainte incroyable", a encore déclaré la ministre.
Marc Uyttendaele qui demande des excuses à la RTBF.
Isabelle Durant se dit estomaquée
mercredi 13.12.2006, 23:44La secrétaire fédérale d'Ecolo Isabelle Durant s'est déclarée ce soir estomaquée par l'émission "Questions à la Une" de la RTBF-télé. On ne banalise pas ainsi l'avenir du pays, a-t-elle commenté. J'ai été estomaquée par cette émission et la façon dont elle a traité d'un sujet important, à savoir l'avenir du pays. Sans prévenir, on monte une fiction sur le sujet avec le risque de le banaliser", a déclaré Mme Durant. Enormément de gens y ont cru. Je comprends qu'on recherche des façons originales de présenter un sujet mais celui de l'avenir du pays mérite un autre traitement, a encore dit Mme Durant.
La RTBF inondée d'appels téléphoniques
mercredi 13.12.2006, 22:28De 20h30 à 21h00, la RTBF a été inondée ce soir d'appels téléphoniques, saturant rapidement le central, à la suite de la diffusion d'un faux JT annonçant l'indépendance de la Flandre. Le service de presse de la radio-télévison publique francophone a été débordé d'appels provenant de journaux francophones et flamands mais aussi de France et d'autres pays voisins. Au boulevard Reyers, on précise que l'émission était préparée de longue date avec les hommes politiques apparus à l'écran. Ces réactions démontrent la force de la télévision et de la problématique évoquée, dit-on encore. Le site internet de la RTBF était par ailleurs inaccessible pendant une partie de la soirée en raison vraisemblablement du nombre important d'internautes essayant de se connecter. Vers 22h00, plus de 2.600 appels téléphoniques étaient parvenus au numéro mis en place dans le cadre de cette émission suivie d'un débat.
Elio Di Rupo condamne
mercredi 13.12.2006, 22:10Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays comme c'est le cas dans l'émission "Questions à la Une" diffusée mercredi soir par la RTBF, indique-t-il dans un communiqué. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie, souligne M. Di Rupo.
Le MR consterné et indigné
mercredi 13.12.2006, 21:43Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a présenté ce soir l'indépendance de la Flandre, par le biais d'un communiqué de la chef de groupe du MR à la Communauté française Florence Bertiaux, et du président de la Commission "audiovisuel" de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet. Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse, ont-ils expliqué.
Des capitales étrangères en émoi
mercredi 13.12.2006, 21:32Des ambassadeurs étrangers envoient des télégrammes à leur capitale alors que la RTBF diffuse mercredi soir une émission spéciale fictive annonçant que la Flandre a déclaré son indépendance, selon la présidente du Sénat Anne-Marie Lizin qui parle d'émission "inadéquate". "Je demande formellement que cette émission soit remise dans un cadre plus approprié", insiste la présidente de la Haute assemblée. "Dans les capitales étrangères, l'émoi est très grand", précise Mme Lizin.
Irresponsable, dit Verhofstadt
mercredi 13.12.2006, 21:21Interrogé à propos de "Questions à la Une" diffusée ce soir par la première chaîne de la RTBF télévision, le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de télévision de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes, a-t-il commenté. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût, a-t-il encore ajouté.
Flahaut scandalisé par l'émission de la RTBF
mercredi 13.12.2006, 21:20L'émission "Questions à la Une" de La Une-télé (RTBF) présentant - sous forme de fiction - la fin de la Belgique a provoqué ce soir des réactions jusqu'au sein du gouvernement fédéral, le ministre de la Défense, André Flahaut, se disant scandalisé. C'est révoltant, intolérable, inacceptable, scandaleux, a-t-il affirmé alors qu'il se trouvait à Namur pour une réunion avec les institutions wallonnes. On ne joue pas avec les institutions, a ajouté M. Flahaut à l'agence BELGA, annonçant une probable réaction du Premier ministre Guy Verhofstadt.
Le secret avait été bien gardé. Des mois durant, une équipe de journalistes de la RTBF a travaillé sur l'idée la plus folle jamais née dans les couloirs du boulevard Reyers. Une idée portant le nom de code de « Karine et Rebecca » pour ceux qui se souviennent de ces deux gamines chantant le répertoire de Saint-Nicolas...
Et, mercredi soir, à 20h15, alors que les téléspectateurs qui venaient de regarder le JT et s'apprêtaient à suivre deux reportages de « Questions à la une » à forte connotation linguistique (« Va-t-on supprimer les indemnités de chômage en Wallonie? » et « Les Flamands sont-ils plus corrompus que les Wallons? ») puis l'émission devant présenter les résultats d'un sondage sur l'avenir du pays réalisé par Ipsos dans le prolongement de l'émission « Moi, Belgique », sont tombés de leur chaise ou ont sauté hors de leur canapé.
Alors que Jean-Claude Defossé introduit son émission, la mire apparaît sur l'écran avant l'annonce d'un flash spécial présenté par François De Brigode. C'est que l'événement est à la hauteur de l'émoi qu'allait provoquer dans le pays l'information diffusée par la RTBF: le Parlement flamand vient de voter la sécession de la Flandre du Royaume de Belgique.
Une heure et demie durant, se succèderont, autour du présentateur du JT, les journalistes intervenant en direct, qui du Parlement flamand, qui du Palais royal déserté par un Albert II en fuite à l'étranger (la rumeur prétend qu'il aurait pris la direction de Kinshasa où l'annonce Elisabeth Burdot), qui du Parlement wallon, qui de l'Atomium où se sont réfugiés les ministres du gouvernement bruxellois. De nombreuses réactions aussi, celle de Jean-Marie Dedecker, le trublion de la politique flamande, de Herman De Croo, le sage président de la Chambre, d'Etienne Davignon, d'Axelle Red, de Jean-Luc Fonck, de José Happart, d'Annie Cordy ou du ministre-président de la Communauté germanophone Karl-Heinz Lambertz.
Des reportages sur le terrain aussi, montrant les conséquences de la décision du Vlaams Parlement: le Ring de Bruxelles paralysé, des trains bloqués à la frontière linguistique, des avions détournés sur Bierset, un siège de l'OTAN en état d'alerte, des scènes de joie à Anvers, des policiers inspectant la frontière linguistique à Flobecq, des militants catalans se réjouissant au Parlement européen et, cerise sur le gâteau, un tram bruxellois de la ligne 44 bloqué au moment de quitter la Région de Bruxelles-Capitale pour Tervuren, en Flandre...
Tout ça, on l'aura compris, n'est qu'un gigantesque bluff, un périlleux mais tellement vraisemblable exercice de politique-fiction. Périlleux car effectué entièrement dans les conditions du direct et sans trucage. Autrement dit, tous les intervenants savent dans quelle pièce ils jouent. Et tous ceux qui arrivent dans la soirée à la RTBF pour participer à un « Mise au point » spécial ont été mis au parfum. Au début de la soirée, était apparue une mention précisant que l'émission pouvait très bien être En fin de soirée, après un écroulement symbolique de la tour Reyers, un autre insert dira que ceci était une fiction.
Cette idée tordue est née dans l'esprit d'un membre de l'équipe de « Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) », Philippe Dutilleul, qui en a tiré un livre, "Bye-Bye Belgium" (Labor), qui paraîtra vendredi. Reste une question: et si le scénario se répétait vraiment, mais pour de vrai cette fois?
Jean-François Lauwens
La Belgique existe toujours ! (13/12/2006)
© DE TESSIERES
La RTBF sème la panique dans le pays. Le monde politique incrimine la chaîne dont le patron est déjà convoqué chez le Ministre !BRUXELLES Il était environ 20 h 20 hier soir quand La Une a effrayé - c'est le mot - des centaines de milliers de téléspectateurs. D'autres ont ri peut-être, mais, au vu des réactions que nous avons reçues hier au sein de notre rédaction vous étiez très nombreux à vous être laissé prendre au piège. Car nous n'étions pas le 1er avril et le docu-fiction présenté par la chaîne publique était paniquant de réalisme.
Un JT spécial, François De Brigode aux commandes... En-dessous, le bandeau émission spéciale. Le téléspectateur est interpellé. En direct devant le Palais royal, un journaliste annonce la nouvelle: le Roi, choqué par la décision que vient de prendre le Parlement flamand, à savoir la séparation pure et simple de la Belgique, vient de prendre l'avion, direction on ne sait où...La Belgique est en train de vivre un moment historique. Et pourtant...
Pourtant, tout ceci n'est qu'un canular. Un canular magnifiquement monté - il faut bien l'admettre puisqu'on y a tous, ou à peu près, cru - mais qui est loin d'être du goût de tous les téléspectateurs. La RTBF, contactée par nos soins, nous a expliqué que si les réactions ont mis un peu de temps avant de parvenir jusqu'à leur standard téléphonique, en quelques minutes, ce fut le déluge (2.600 appels étaient enregistrés à 22 h )! Si bien qu'au bout de 30 minutes d'émission, la chaîne de télévision s'est sentie obligée de faire défiler un bandeau signalant qu'il s'agissait bien là d'une fiction.
Trop tard? A cette heure, vous étiez nombreux à nous avoir joint pour nous faire part de votre mécontentement. Ainsi, René n'a d'autre mot que "c'est crapuleux, scandaleux! Cela va provoquer une réaction du côté flamand!" Eric, lui, était prêt à se rendre à la RTBF qui, avec son émission-canular a fait pleurer la maman, bouleversée, du jeune homme. Jean-Louis, lui, a juré que c'était la dernière fois qu'il regardait la RTBF. "D'ailleurs, je coupe cette émission tout de suite", a-t-il dit.
La délivrance est arrivée, pour ceux qui en doutaient encore, vers 22 h 05, quand François De Brigode a clairement dit qu'il s'agissait d'une fiction et que la question méritait d'être posée. Oui, elle le méritait. La RTBF avait-elle prévu un tel chambardement chez ses téléspectateurs? Orson Welles avait déjà fait le coup, en 1938, dans une émission radio durant laquelle il avait fait croire aux Américains que les martiens débarquaient chez eux. N'est pas Orson Welles qui veut...
REACTIONS
Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction dans laquelle la RTBF a présenté mercredi soir l'indépendance de la Flandre, par le biais d'un communiqué de la chef de groupe du MR à la Communauté française Florence Bertiaux, et du président de la Commission "audiovisuel" de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet.
"Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse", ont-ils expliqué.
Les deux mandataires MR mettent cette émission en rapport avec les récentes discussions concernant le contrat de gestion de l'opérateur public. "Cela démontre que les inquiétudes du MR étaient légitimes quant au manque de contrôle du parlement sur le contrat de gestion de la RTBF", précisent-ils.
Dès jeudi matin, le MR annonce qu'il demandera des comptes à la ministre Fadila Laanan en commission "audiovisuel" du Parlement de la Communauté française. "Pour le MR, la ministre portera toutes les conséquences politiques de cette émission", ont-ils conclu.
Interrogé, le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. "Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de télévision de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes", a-t-il commenté. Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles. C'est de mauvais goût", a-t-il encore ajouté.
Le président du PS et ministre-président wallon, Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays comme c'est le cas dans l'émission. Il condamne ce type d'émission au goût "plus que douteux". "A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et ce qui plus est, en mettant en cause la monarchie", souligne M. Di Rupo.
"En agissant de la sorte, les responsables de cette émission abusent de la confiance que le citoyen accorde à la RTBF", ajoute le ministre-président wallon. "Le PS estime que les citoyens francophones ont le droit d'être informés par le service public en toute objectivité, impartialité et avec la plus grande rigueur. Les canulars de ce genre n'ont pas de place dans notre pays. Tout le monde connaît trop bien l'ampleur réelle des tensions communautaires", conclut le communiqué du président du PS.
Le vice-premier ministre et président du MR, Didier Reynders, a réagi mercredi dans le même sens. Il qualifie l'émission d'irresponsable et ajoute qu'elle décrédibilise totalement l'institution. "C'est totalement irresponsable dans le contexte actuel de la part d'une chaîne publique de se lancer dans ce genre d'émission. Celle-ci a d'ailleurs provoqué beaucoup d'émoi parmi les téléspectateurs", a déclaré Didier Reynders qui a demandé à Françoise Bertieaux, chef de groupe MR au Parlement de la Communauté française, et à Pierre-Yves Jeholet, qui président la Commission de l'audiovisuel au sein de ce parlement, d'interroger le gouvernement de la Communauté française et la hiérarchie de la RTBF pour savoir s'ils cautionnent cette émission.M. Reynders s'est dit scandalisé par le fait qu'on présente dans l'émission la fin de la Belgique au cours d'un faux journal télévisé avec des éléments comme la fuite du Roi. "On annonce aussi la réaction des présidents de parti. Je n'accepterai pas qu'on me cite dans ce contexte"."Cette émission décrédibilise totalement une institution à laquelle la Communauté française consacre beaucoup de moyens. Avant de pouvoir mener un débat serein sur la question, nous devons d'abord savoir si le gouvernement de la Communauté et la hiérarchie de la RTBF cautionnent ce genre d'émission", a encore dit M. Reynders. Et d'ajouter qu'il suppose que cela doit être le cas pour la hiérarchie puisque celle-ci est déjà intervenue jadis en imposant des coupures préalables pour des émissions de la même série ce qui laisse supposer qu'elles sont visionnées avant diffusion.
Charlotte Vanbever
Alain Gerlache : « Prendre des risques pour prendre ses responsabilités »
TV 13 décembre 2006
Alain Gerlache a expliqué ce mercredi soir, à l’issue de l’émission spéciale – et fausse – annonçant la fin de la Belgique que la RTBF avait voulu poser un acte pédagogique et profiter de la puissance de la fiction pour expliquer des choses importantes. Selon lui, raconter des histoires, ça sert aussi à faire passer des messages et faire réfléchir : « Il faut parfois prendre des risques pour prendre ses responsabilités » a déclaré le directeur général de la télévision. Sur le plateau de "Mise au point" spécial, un responsable de la RTBF a expliqué sa volonté de mettre les pieds dans le plat et de vouloir susciter le débat. Jean-Paul Philippot a pour sa part expliqué que ce « scénario » avait été imaginé par l’ensemble des journalistes de la chaîne : « Le documentaire de fiction, la mise en scène d’éléments probables et réels nous permet de se projeter dans les jours d’après » a-t-il expliqué. « C’est un problème qui concerne tout le monde et c’est cela que nous voulions mettre en exergue ». Interrogé par Olivier Maroy, il a ajouté : « Il ne s’agit pas d’un canular, mais d’une fiction. Nous ne pouvons parler du futur et des conséquences d’une décision que si nous nous projetons dans le futur. Cette fiction a fait réagir vivement les citoyens. Nous nous excusons pour l’émotion de chacun. Celle-ci n’est pas perdue puisqu’elle suscite maintenant le débat ». Jean-Paul Philippot est aussi revenu sur la mise en cause par un téléspectateur de la crédibilité de la RTBF après la diffusion d’une telle émission : « Avant de lancer cette émission (2 ans de préparation), nous avons mené le débat au sein de nos rédactions pour se demander ce que nous étions en train de faire. Notre travail c’est de donner des clés à nos spectateurs. Chacun d’entre nous a fait un réel travail de journaliste ». L’administrateur délégué de la RTBF a également été interpellé à propos de l’audience… « Il ne s’agissait pas de faire de l’audience avec ce programme. Aucune annonce n’était d’ailleurs mise en place. Une certaine impertinence, une certaine audace et la volonté pour la rédaction d’apporter un débat - non pas de rédaction mais de chacun - sur le thème ‘Que va devenir la Belgique ?, c’était ça notre volonté». Ce mercredi soir, des dépêches d’agence de presse répercutaient les différentes réactions (souvent négatives) des partis politiques. Plus inquiétant, il apparaît que des ambassadeurs étrangers aient envoyé à leur capitale des télégrammes pour les avertir de la fin de la Belgique… On risque encore entendre parler de cette histoire… belge !
L’émission qui a choqué le pays (14/12/2006)
Émoi à l'étranger et en Wallonie Yves Leterme: "une caricature des exigences flamandes" L'Association des Journalistes professionnels critique La RTBF partagée De Croo: "un peu involontairement guidé"
La RTBF a frappé un grand (trop grand?) coup...
BRUXELLES Il était environ 20 h 20 hier soir quand La Une a effrayé – c’est le mot – des centaines de milliers de téléspectateurs. D’autres ont ri peut-être, mais, au vu des réactions que nous avons reçues hier au sein de notre rédaction vous étiez très nombreux à vous être laissé prendre au piège. Car nous n’étions pas le 1er avril et le docu-fiction présenté par la chaîne publique était paniquant de réalisme. Ecouter la réaction de José Happart sur les antennes de Ciel Radio.Ecouter la réaction de Didier Reynders sur les antennes de Ciel RadioUn JT spécial, François De Brigode aux commandes... En-dessous, le bandeau émission spéciale. Le téléspectateur est interpellé. En direct devant le Palais royal, un journaliste annonce la nouvelle: le Roi, choqué par la décision que vient de prendre le Parlement flamand, à savoir la séparation pure et simple de la Belgique, vient de prendre l’avion, direction on ne sait où...La Belgique est en train de vivre un moment historique. Et pourtant...Pourtant, tout ceci n’est qu’un canular. Un canular magnifiquement monté – il faut bien l’admettre puisqu’on y a tous, ou à peu près, cru – mais qui est loin d’être du goût de tous les téléspectateurs. La RTBF, contactée par nos soins, nous a expliqué que si les réactions ont mis un peu de temps avant de parvenir jusqu’à leur standard téléphonique, en quelques minutes, ce fut le déluge (2.600 appels étaient enregistrés à 22 h )! Si bien qu’au bout de 30 minutes d’émission, la chaîne de télévision s’est sentie obligée de faire défiler un bandeau signalant qu’il s’agissait bien là d’une fiction. Trop tard? A cette heure, vous étiez nombreux à nous avoir joint pour nous faire part de votre mécontentement. Ainsi, René n’a d’autre mot que “c’est crapuleux, scandaleux! Cela va provoquer une réaction du côté flamand!” Eric, lui, était prêt à se rendre à la RTBF qui, avec son émission-canular a fait pleurer la maman, bouleversée, du jeune homme. Jean-Louis, lui, a juré que c’était la dernière fois qu’il regardait la RTBF. “D’ailleurs, je coupe cette émission tout de suite”, a-t-il dit.La délivrance est arrivée, pour ceux qui en doutaient encore, vers 22 h 05, quand François De Brigode a clairement dit qu’il s’agissait d’une fiction et que la question méritait d’être posée. Oui, elle le méritait. La RTBF avait-elle prévu un tel chambardement chez ses téléspectateurs? Orson Welles avait déjà fait le coup, en 1938, dans une émission radio durant laquelle il avait fait croire aux Américains que les martiens débarquaient chez eux. N’est pas Orson Welles qui veut...
Charlotte Vanbever
Irresponsable et inacceptable!
BRUXELLES Un scandale total ! Les partis sont unanimes devant cette piètre émission de la RTBF. Le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt a qualifié l'émission d'irresponsable et de mauvais goût. "Dans le contexte actuel, il est irresponsable pour une chaîne publique de diffuser une telle émission dans laquelle on annonce la fin de la Belgique comme une réalité présentée par de vrais journalistes" . Et de regretter que l'émission crée la confusion dans l'esprit du téléspectateur. "C'est du très mauvais Orson Welles ".
Le MR s'est déclaré consterné et indigné par l'émission-fiction. La chef de groupe du MR à la Communauté française, Françoise Bertiaux, et du président de la Commission audiovisuel de la Communauté française Pierre-Yves Jeholet. "Nous sommes consternés et indignés du fait qu'une chaîne de service public soit assez irresponsable pour traiter de cette façon un sujet fort sensible pour la Belgique à une heure de grande écoute et dans une émission réputée sérieuse . Cela démontre que les inquiétudes du MR étaient légitimes quant au manque de contrôle du Parlement sur le contrat de gestion de la RTBF." Dès jeudi matin, le MR annonce qu'il demandera des comptes à la ministre Fadila Laanan en commission audiovisuel. "Pour le MR, la ministre portera toutes les conséquences politiques de cette émission".
Elio Di Rupo, juge inacceptable que l'on joue avec les institutions et avec la stabilité du pays. Il condamne ce type d'émission au goût plus que douteux. "À un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire aux téléspectateurs du service public que les Flamands ont unilatéralement voté leur indépendance. Et qui plus est, en mettant en cause la monarchie. En agissant de la sorte, les responsables de cette émission abusent de la confiance que le citoyen accorde à la RTBF. Les canulars de ce genre n'ont pas de place dans notre pays."
Chez Ecolo, Jean-Michel Javaux trouve que le service public ferait mieux de réaliser une émission sur le réchauffement climatique.
© La Dernière Heure 2006
''Nous n'avons eu l'autorisation de diffusion que lundi'' (16/12/2006)
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Après le faux JT, un livre
Des réflexions plus personnelles aussi dans son livre
BRUXELLES "Ce livre, c'est aussi le récit de choses apprises dans l'enquête. J'englobe un peu le making-of de l'émission", dit Philippe Dutilleul, journaliste de son état. Et à voir son CV, on ne peut pas trop s'étonner de la polémique qu'il a créée, malgré lui (?). Striptease, Tout ça (ne nous rendra pas le Congo), autant de magazines télé qui ont, à un moment ou à un autre, interpellé.
Un coup de pub, ce livre ? Philippe Dutilleul s'en défend. "Ce n'est pas une opération commerciale. Que les gens qui donnent des conseils s'en prennent à eux-mêmes d'abord ! Quand je lis le communiqué de l'AJP, je suis scandalisé. J'étais conscient des problèmes que ça poserait. Je suis content d'avoir ouvert le débat."
Mais Dutilleul l'avoue aussi : "Je suis le premier surpris par les réactions. Mais il faut le dire : il n'y a qu'à la RTBF qu'on permet de faire ce genre de choses, dans un service public". Et de préciser : "Nous avons visionné l'émission lundi (le 11, deux jours avant sa diffusion sur La Une, NdlR) et c'est seulement lundi qu'on a eu l'autorisation de passer l'émission à l'antenne".
"On avait de toute façon décidé qu'elle serait diffusée entre les élections communales et fédérales, afin de mettre le débat sur la table. Et, c'était une volonté de ma part, je souhaitais que le livre sorte en même temps que le film."
Mais pourquoi, justement, sortir un livre ? "Parce qu'un journaliste est frustré dans un film. Il ne peut pas tout mettre. L'écrit est donc un prolongement. Dans l'enquête mais aussi dans une réflexion plus personnelle. Je donne certaines considérations. Et je dois dire que, durant tout le temps du reportage, je n'ai jamais ressenti aucune hostilité de la part des Flamands."
"Oui, j'ai eu plein de contacts avec le mouvement nationaliste, mais je ne comprendrais pas que, dans un film sur le séparatisme, il n'y ait pas de séparatistes."
Ch. V.
© La Dernière Heure 2006
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Imaginez le docu-fiction signé RTL/TVI
Stéphane ROSENBLATT
Mis en ligne le 21/12/2006
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Le responsable de la chaîne privée réécrit à sa manière la dernière histoire belge des médias. Et dans son scénario parano-catastrophe, le méchant c'est l'appât du gain et la victime la déontologie... La fin, elle, justifie-t-elle le moyen ?
Directeur de l'Information et des Programmes de RTL/TVI
Mercredi 13 décembre. Il est 20h30. RTL-TVI, les "Experts Miami", saison 4, épisode 10. 20h31, au moment où un mystérieux tueur masqué abat de sang-froid les propriétaires d'un night-club de Miami... Un panneau sibyllin apparaît à l'écran, coupant l'épisode en pleine action : "ceci n'est peut-être pas une fiction" sur fond noir. 4 secondes plus tard, le générique Edition Spéciale orange et bleu du journal sort les 500 000 téléspectateurs de la délectation passive de leur série préférée. Florence Reuter, d'un air gravissime, la voix tremblante et le regard imprégné de l'empathie et de l'émotion sincère qui la caractérise tant, annonce une prise d'antenne prioritaire pour des événements mettant en jeu l'avenir du pays.
La suite du scénario est connue... Le roi en fuite... l'extrême droite flamande à l'antenne... les trams arrêtés à la frontière linguistique.
Immédiatement, des milliers de téléspectateurs fondent sur le call-center mis en place par la chaîne privée. Le 4343, numéro qui recueille les avis du public est instantanément saturé d'appels teintés de peur, d'indignation, de quelques larmes et de beaucoup de colère, tant l'information est proprement suffocante et annoncée avec toute la puissance reconnue du journal qui regroupe chaque jour quelque 700 000 téléspectateurs.
Il faut attendre 32 longues minutes pour qu'apparaisse enfin un panneau, en superposition du plateau chatoyant du journal. Il indique..." ceci est une fiction".
Mais le rouleau compresseur est lancé... impossible de l'arrêter. Les premiers manifestants, ulcérés, descendent dans les rues de Bruxelles.
Le choc dans l'opinion est terrible. Les réactions ne se font pas attendre, elles sont violentes. Un communiqué du porte-parole du premier ministre met en cause l'irresponsabilité totale d'une chaîne privée, qui plus est sous "licence étrangère", à utiliser sa puissance d'audience pour apeurer l'opinion publique. Les partis politiques francophones, dont les responsables y ont cru un instant, mettent immédiatement en cause la course effrénée à l'audience, le coup médiatique voulu par des responsables cyniques, seule justification envisageable d'un tel comportement. Rien ne justifie selon eux, sauf sans doute l'appât du gain d'une société commerciale, cette rupture frontale et définitive de toute déontologie journalistique. Ils interrogent les mobiles d'une rédaction ayant mis tant d'année à construire sa légitimité et sa crédibilité à la détruire en quelques minutes sur un sujet aussi grave.
Déjà, les observateurs académiques et scientifiques, invités dans un "Controverse" spécial par Pascal Vrebos après le faux journal, soulignent à quel point l'emballement médiatique a trouvé là l'estompement ultime de ses normes. Seule une chaîne commerciale, sans garde-fou, pouvait en être l'auteur. Ils soulignent à quel point la thématique de ce faux journal - la fin du pays - ne pouvait être qu'un prétexte futile au regard de l'impact traumatisant de la forme choisie. Ils dénoncent les choix éditoriaux laissés entre les mains d'apprentis sorciers irresponsables. Ils n'y voient ni autodérision, ni humour, ni créativité journalistique dont seul le service public aurait pu sans doute se prévaloir. Ils voient là un dommage durable et profond aux liens ténus entre le citoyen et le travail d'information dont l'ensemble des médias audiovisuels, y compris la RTBF, vont devoir payer le prix.
Imaginez un instant un faux journal sur une rupture à la centrale nucléaire de Tihange pour sensibiliser l'opinion aux dangers du nucléaire, un faux journal annonçant l'instauration de la loi martiale et l'arrestation d'opposants progressistes pour sensibiliser l'opinion au risque qui pèse sur les libertés publiques suite à la lutte antiterroriste,...
Réuni en urgence au début de la nuit, le conseil d'administration de RTL qui n'était pas au courant du montage confidentiel de l'opération, exige la démission immédiate des responsables de l'information qui, sans la moindre concertation, y compris au sein des rédactions, ont choisi de mettre en péril le positionnement de toute l'entreprise en se lançant dans une telle aventure. Ils expriment leurs plus profondes excuses au nom de la société envers l'opinion.
Le gouvernement fédéral, par la voix de ses vice-premiers ministres francophones annonce le soir même, une plainte formelle auprès du gouvernement luxembourgeois, détenteur de la licence de diffusion de la chaîne privée. Ils exigent des mesures disciplinaires draconiennes ou menacent de suspension temporaire l'entreprise privée. En guise de réponse, le gouvernement luxembourgeois exige et obtient le limogeage de l'ensemble de l'équipe dirigeante afin d'éviter un gravissime incident diplomatique entre les deux pays.
Lors d'une conférence de presse impromptue au milieu de la nuit, la direction générale d'RTL tentera de souligner l'électrochoc que constitue ce qu'elle appelle un "docu-fiction" afin de sensibiliser le public aux enjeux de la scission du pays. Rien n'y fait, tant l'événement est sans précédent dans les annales du journalisme télévisé.
Le lendemain matin, les titres de la presse quotidienne, pourtant actionnaire de la chaîne privée, sont sans la moindre équivoque..." irresponsable", "inexcusable", "insultant", "ahurissant". Les éditorialistes soulignent à leur tour à quel point tout cela signifie le point ultime d'un journalisme télévisé guidé par la caricature, le mépris du public censé décrypter lui-même la vérité du mensonge et la permissivité du mélange des genres. Les journaux soulignent à quel point cela prouve par l'absurde la nécessité de préserver à tout prix le positionnement d'une chaîne publique dont les codes, les documents déontologiques et les niveaux d'arbitrage auraient rendu impossible un tel dérapage. Ils prônent la création immédiate d'un organe public de régulation déontologique afin d'empêcher à l'avenir une telle catastrophe journalistique.
48 heures plus tard, les chiffres d'audience sont sans appel. Les journaux télévisés d'RTL ont perdu un tiers de leur public et pour la première fois en 5 ans, les journaux de la chaîne publique retrouvent les chemins de leadership.
Bien sûr, tout ceci n'est qu'une fiction. Le mercredi 13 décembre, RTL-TVI diffusait les Experts Miami, saison 4, épisode 10.
... A 20h25, la RTBF interrompait son programme avec un panneau sibyllin "ceci n'est peut-être qu'une fiction" sur un fond noir.
S'ensuivirent quelques excuses, beaucoup d'autosatisfaction et enfin l'absolution.
Certains d'entre vous ont peut-être encore en mémoire la grande leçon de déontologie de François De Brigode, acteur émérite du faux journal du 13 décembre, dénonçant ouvertement il y a quelques mois, au beau milieu du journal télévisé de la RTBF la brèche déontologique qu'aurait été l'enregistrement en léger différé d'une interview du premier ministre Guy Verhofstadt, sans remontage et réalisée dans les conditions du direct et dont RTL avait omis de spécifier qu'il s'agissait de différé.
Mais nous sommes en Belgique, un pays en tout point particulier et dont les normes publiques ont le bonheur d'être marquées de l'empreinte du surréalisme, donc... où rien n'est impossible.
Bien sûr, les événements de la semaine dernière nous interpellent en tant que chaîne de télévision leader sur ce marché. Ils exigent, y compris au sein de notre rédaction, un travail d'introspection sur les méthodes journalistiques. Comment concilier la nécessaire sensibilisation du public avec des méthodes créatives et originales. Nous nous battons depuis des années pour défendre une exigeante autorégulation, meilleure manière d'après nous d'assumer nos responsabilités devant le public. Malgré une concurrence forte, avec nos imperfections et nos manquements, nous tentons de construire, pierre après pierre, une information complète et impartiale marquée par un profond respect du public. Personne ne nous a demandé de jouer de rôle dans la fiction journalistique actuelle. Malgré nous, nous aurons pourtant un rôle à jouer. Espérons qu'il ne sera pas celui de média décidément trop remuant et dont certaines autorités publiques pensent qu'il était temps d'en assurer la reprise en main.
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