12 décembre 2006

VW dossier "Le Soir"

MAJ 11/12/2006

Volkswagen Forest, un séisme social


Le mardi 21 novembre, le couperet tombe, après plusieurs semaines d'incertitudes, la direction de Volkswagen Forest annonce la suppression des deux tiers des emplois sur le site de Forest, soit près de 4000 emplois directs. Ces suppressions d'emplois sont en partie dues au départ de la fabrication du modèle Golf vers deux usines allemandes. Le nombre d'emplois indirects qui seront touchés pourrait également atteindre plusieurs milliers de personnes.

Le succès des primes de départ chez VW Forest inquiète

Le seuil des mille candidats au départ volontaire a été franchi vers 12h30 chez Volkswagen Forest, avec à la clé une prime qui pourra atteindre jusqu'à 144.000 euros par travailleur concerné. 1.200 salariés s'étaient déjà porté candidats vers 13H30 et quelque 300 autres attendaient leur tour.
Tout comme hier, l'affluence était importante devant les portes de l'entreprise. Tous les salariés ayant fait le déplacement ne signent cependant pas le registre des départs volontaires, certains venant juste s'informer. Hier, sur quelque 1.200 salariés s'étant présentés, 769 l'ont signé.
Les syndicats commencent à s'inquiéter de l'énorme succès des primes de départ volontaire. "Si ça continue comme ça, on va dépasser dès aujourd'hui, les 1.500 personnes prévues", a estimé Hedwyn De Clercq (FGTB). "C'est beaucoup plus que prévu et nous ne pourrons peut-être pas redémarrer (le travail)", a-t-il poursuivi, précisant que les candidats au départ venaient de tous les départements de l'usine. "Si on continue comme ça, bientôt il n'y aura plus que quelques centaines de personnes qui resteront", a renchéri Pascal Van Cauwenberghe (CSC). En raison de l'incertitude qui plane toujours sur l'avenir de l'usine, les travailleurs optent massivement pour ce qui apparaît certain: l'argent, ajoute-t-il. "La direction doit informer rapidement car nous voulons continuer à préserver l'emploi pour 2009", a-t-il conclu.


Déjà 700 candidats au départ volontaire

Pour les salariés ayant plus de 25 ans d'ancienneté, cela signifie 144.000 euros, une prime historiquement élevée pour la Belgique.

Quelque 700 travailleurs de Volkswagen s'étaient déjà porté candidats au départ volontaire ce lundi, a-t-on appris auprès de Wim De Cubber (CSC). Ces travailleurs toucheront selon leur ancienneté une prime allant de 25.000 à 144.000 euros brut. 60 pc d'entre eux sont néerlandophones et 40 pc francophones.
Selon le responsable syndical, à 17H, environ 650 salariés s'étaient déjà inscrit. "Il en reste encore une cinquantaine dans la file, donc on va arriver à environ 700 candidats au départ volontaire", a-t-il estimé.
"Nous nous attendions à ce chiffre étant donné le niveau élevé des primes. Nous pouvons difficilement dire que nous sommes satisfaits, mais nous évitons bien sur des licenciements secs", a-t-il ajouté.
Selon les cas, les primes de départ pourront atteindre jusqu'à 144.000 euros. Les travailleurs intérimaires toucheront les montants les plus faibles, soit 25.000 euros. Pour les travailleurs de Volkswagen, le règlement prévoit une prime équivalente à un mois de salaire brut par ancienneté, sur base du salaire de nuit.
Pour les salariés ayant plus de 25 ans d'ancienneté, cela signifie 144.000 euros, une prime historiquement élevée pour la Belgique.

VW doit intervenir pour salariés sous-traitants(syndicats)Les représentants syndicaux des sous-traitants de Volkswagen ne nourrissent guère d'illusion sur le montant des primes qui seront accordées aux salariés qu'ils représentent mais estiment que Volkswagen devrait intervenir financièrement, a expliqué Guy Heyrman (FGTB), qui fait un parallèle avec les travailleurs intérimaires de Volkswagen."Les employeurs ont déjà été clairs sur le fait qu'ils ne pourront jamais payer les primes que VW va accorder. Nous essaierons d'obtenir le maximum pendant les négociations et nous plaiderons en outre pour que Volkswagen prenne ses responsabilités pour ces travailleurs", explique le représentant syndical.L'avenir des fournisseurs du site de Forest apparaît toujours aussi incertain. La plupart ont annoncé leur intention de restructurer leurs activités sans pouvoir détailler le nombre de suppressions d'emploi à escompter. Pour l'heure ces entreprises continuent à payer une prime, qui varie d'une entreprise à l'autre, en plus du chômage technique, à leurs salariés.





Prime historique pour les départs volontaires


Les travailleurs de VW Forest, qui quitteront l'entreprise sur base volontaire, se verront octroyer une prime d'un montant historiquement haut. Aussi bien les ouvriers que les employés bénéficieront en effet d'un mois de salaire brut par année d'ancienneté. Soit, pour les plus anciens, une prime qui dépasserait les 100.000 euros.
Les travailleurs de VW Forest qui quitteront l'entreprise sur base volontaire se verront octroyer une prime d'un montant historiquement haut, ont indiqué les syndicats vendredi soir à l'issue d'une rencontre avec la direction du constructeur allemand.
Aussi bien les ouvriers que les employés bénéficieront en effet d'un mois de salaire brut par année d'ancienneté, sur base du salaire de l'équipe de nuit. Ce qui veut dire, selon les syndicats, que les plus anciens parmi les travailleurs se verraient octroyer une prime qui dépasserait les 100.000 euros.

Il s'agit d'un montant particulièrement élevé au vu des normes en vigueur en Belgique, se sont félicités les syndicats.
Les travailleurs intérimaires recevront également une prime de départ qui tournera autour des 25.000 euros.
Une réunion est prévue la semaine prochaine afin de fixer les primes attribuées à chacun.
D'ici là, la grève se poursuit.
(D'après Belga)



La prime de licenciement dévoilée vendredi

La direction de Volkswagen Forest soumettra vendredi une proposition de prime de licenciement pour les travailleurs qui perdront leur emploi. La stratégie des syndicats dans les semaines à venir dépendra en grande partie de la hauteur de cette prime.
A l'issue d'une première réunion de discussions avec la direction, sur le contenu du plan social, Jan Vanderpoorten, représentant syndical de la FGTB, a déclaré: Nous voulons une compensation aussi élevée que possible. Il évoque la somme de 200.000 euros, un montant "aux normes allemandes", tout en ajoutant ne pas vouloir se fixer à un chiffre précis.
Mercredi, les syndicats espéraient également obtenir plus d'informations sur le sort des travailleurs qui souhaitent quitter l'entreprise. Il y aura un registre où tous ceux qui veulent partir pourront s'inscrire, a commenté Pascal Van Cauwenberghe. Nous y aurons accès régulièrement, ce qui nous permettra de savoir de combien de personnes on parle. Tous ceux qui seront partis depuis le 21 novembre, bénéficieront de la même prime de départ, comme convenu. L'objectif est que tous ceux qui veulent partir puissent le faire réellement, a-t-il ajouté.

Selon les syndicats, les discussions de ce mercredi, qui ont duré six heures, n'ont pas porté sur des mesures d'économies au sein de l'entreprise. Cela na jamais été dit explicitement mais nous partons du principe que 3.000 personnes resteront, a encore indiqué M. Vanderpoorten.
Nous avons évoqué différentes pistes concrètes, mais nous n'avons pas parler d'un effort de 20 pc sur les salaires, a de son côté indiqué le directeur du personnel de l'usine, Jos Kayaerts. Il y a également d'autres possibilités, comme l'allongement du temps de travail, a-t-il précisé. Nous n'avons pas évoqué la période de transition 2007-2009, car nous ne disposons pas encore nous-même des chiffres de production possibles pour cette période. Les véritables décisions n'ont pas encore été prises, a ajouté le responsable VW. Un pas en avant a été franchi, mais les négociations sont pénibles comme nous nous y attendions.
Jeudi, Jan Vanderpoorten et son homologue de la CSC Pascal Van Cauwenberghe, doivent se rendre en Allemagne pour assister à un nouveau conseil d'entreprise européen, où ils espèrent obtenir plus d'informations. Il est également important que jeudi, tous les syndicats européens soient sur la même ligne, estime le responsable FGTB.
Une nouvelle rencontre entre syndicats et direction est prévue ce vendredi, avant le prochain conseil d'entreprise qui aura lieu mardi. Une réunion est également prévue jeudi prochain.
A la demande des syndicats, la fréquence des réunions a été revue à la hausse.
(D'après Belga)






20% de réduction des coûts salariaux (04/12/2006)

La CSC-Métal semblait resserrer les rangs ce lundi après-midi. La direction souhaite la reprise du travail
BRUXELLES La direction de l'usine Volkswagen de Forest entend voir réduit de 20 pc le coût salarial du site bruxellois du constructeur automobile, ont annoncé les syndicats à l'issue du conseil d'entreprise, le deuxième consacré à la restructuration envisagée du site.
Cette baisse des coûts pourrait passer par un allongement du temps de travail, qui passerait de 35 à 38 heures par semaine, sans compensation salariale, "comme dans le reste du secteur automobile en Belgique", a indiqué de son côté le porte-parole de la direction de VW Bruxelles, Norbert Steingräber.
Les dirigeants du site bruxellois ont également appelé les travailleurs à reprendre le travail "au plus vite".La direction de Volkswagen a par ailleurs confirmé que 3.000 travailleurs pourraient garder leur emploi dans l'usine après la réorganisation, sans toutefois préciser s'il s'agirait d'emplois à temps plein.
"Nous avons des perspectives claires pour le site. Mais nous devons répondre encore à un grand nombre de questions avec les délégués du personnel afin d'assurer une construction économique de la nouvelle Audi A1 à l'usine de Bruxelles", a précisé M. Steingräber dans un communiqué diffusé à l'issue de la réunion.Pour réaliser ce projet, la "condition essentielle" serait une réduction du coût salarial horaire, précise la direction, qui prône l'application de la semaine de 38 heures à l'usine de Forest, "comme dans le reste du secteur automobile en Belgique", et une modification de l'organisation générale du travail.
"De telles mesures sont inéluctables", a souligné M. Steingräber. Pour ce qui concerne la phase transitoire avant 2009, la direction fait état d'"une première série d'idées concrètes sur une organisation possible jusqu'à 2009 pour 3.000 employés au maximum"."Nous voulons pour cela combiner divers instruments, comme par exemple la formation continue ou la mise à disposition via AutoVision", la filiale du groupe Volkswagen chargée de l'exploitation de l'Automotive Park, précise le communiqué de Volkswagen.
A la sortie, les représentants syndicaux ne cachaient pas leur déception, le conseil d'entreprise n'ayant une nouvelle fois guère fourni d'informations concrètes. Le mouvement de grève se poursuivra à coup sûr tant que ce ne sera pas le cas, a-t-on précisé de source syndicale.
Du côté de la direction, on continue de miser sur un "dialogue constructif" avec les délégués du personnel. "Mais pour cela, il faut que le travail reprenne au plus vite dans les conditions normales", ont précisé les responsables de Volkswagen
Une reprise du travail ne sera envisageable dans l'usine Volkswagen de Forest que lorsque les travailleurs auront reçu "des garanties concrètes et officielles sur l'avenir" du site, a fait savoir lundi après-midi la CSC-Métal.Contestant certaines informations faisant état du souhait de certains travailleurs de reprendre le travail, le syndicat chrétien rappelle, dans un communiqué, que "toutes les décisions syndicales ont été prises en front commun et continueront de l'être à l'avenir".
"Les discussions en cours actuellement au conseil d'entreprise sont d'une importance capitale", ajoute la CSC-Métal, qui rappelle dans la foulée que "les délégués attendent la confirmation officielle du licenciement de 2.200 travailleurs".
"Ce n'est que lorsque nous aurons des garanties concrètes et officielles sur l'avenir que nous pourrons envisager une reprise du travail", conclut le communiqué.
Un rapport confirme les bons résultats de Forest
Un rapport économique confidentiel, datant de mars 2006, confirme les résultats performants du site de Volkswagen Forest, a annoncé la RTBF lundi. Ces informations financières, certifiées complètes, émanent de la direction générale de VW Forest. Le rapport met en avant la flexibilité des travailleurs de Forest. Depuis 2003, la valeur ajoutée par travailleur n'a en effet pas cessé d'augmenter, de même que le chiffre d'affaire par travailleur, qui est passé de 354 euros en 2003 à 504 euros en 2005.
VW Forest a clôturé l'exercice 2005 avec un résultat bénéficiaire de plus de 28 millions d'euros, dont 21,9 millions ont été investis dans l'expansion de l'usine et l'optimisation de la production, indique encore la RTBF. De plus, d'après ce document, plus de 305 millions d'euros d'investissements étaient prévus pour les cinq années à venir. Ce rapport pointe malgré tout du doigt la dépendance du site par rapport aux commandes de VW et le risque lié à la production d'un seul modèle.


VW veut les 38 heures (05/12/2006)

La direction demande la reprise du travail. Les syndicats exigent des garanties pour l'emploi à Forest
" On passe de 1.500 à 3.000 emplois sauvés, mais à part ça, on n'a pas appris grand-chose". Deux jours après avoir manifesté dans le centre de Bruxelles, Jan Vanderpoorten (FGTB) se retrouvait à la table d'un nouveau conseil d'entreprise consacré à l'avenir de VW Forest. Aucune nouvelle concrète n'en est sortie, ce qui a suscité un nouveau sentiment de déception chez les travailleurs et leurs syndicats.
On y a par contre discuté de la venue de l'Audi A1 en 2009 et la direction a confirmé le maintien de 3.000 emplois sur le site bruxellois du constructeur allemand. Tout en demandant la reprise du travail à VW Forest. "Mais nous n'avons reçu aucune garantie, réagit Jan Vanderpoorten. Donc la grève continue jusqu'à nouvel ordre". De son côté, la direction de VW communiquait également à la sortie de la réunion. Elle a présenté une série d'idées pour réduire les coûts salariaux à Forest, condition sine qua non pour les aligner à ceux pratiqués à l'usine allemande de Mosel et qu'un nouveau modèle soit confié à l'usine forestoise. Parmi celles-ci : "L'application de la semaine des 38 heures/semaine dans l'usine comme dans le reste du secteur automobile en Belgique", a indiqué Norbert Steingräber, porte-parole de la direction de VW Bruxelles. Celui-ci insiste également sur une réorganisation générale du travail. "De telles mesures sont inéluctables", lâche encore le porte-parole.
La transition entre 2007 et 2009 a également été abordée. La direction a manifesté son souhait de maintenir 3.000 postes de travail "au maximum" via la formation continue et la mise à disposition des travailleurs. La direction souhaite réduire les coûts du travail d'environ 20 %. La question du paiement des travailleurs de VW Forest reste par ailleurs en l'état. La direction maintien sa décision de la semaine dernière et les travailleurs devront vivre avec les 25 euros par jours que leur versent les syndicats.
Une situation qui risque de déstabiliser la mobilisation des grévistes à la veille des fêtes de fin d'année, synonyme de dépenses pour les ménages. Cette perte de salaire incite certaines voix à en appeler à une reprise du travail, a indiqué hier Pascal Van Cauwenberge, délégué CSC." Mais ce n'est que lorsque nous aurons des garanties concrètes et officielles sur l'avenir que nous pourrons envisager une reprise du travail", a-t-il tout de suite précisé. Chez les rouges, on assurait que le front commun syndical n'était pas menacé.
Ma. C.
La direction demande la reprise du travail à Forest. Les syndicats refusent et exigent des garanties pour l'emploi
FOREST " On passe 1.500 à 3.000 emplois sauvés, mais à part ça, on n'a pas appris grand-chose". Deux jours après avoir manifesté dans le centre de Bruxelles, Jan Vanderpoorten (FGTB) se retrouvait à la table d'un nouveau conseil d'entreprise consacré à l'avenir de VW Forest. Aucune nouvelle concrète n'en est sortie, ce qui a suscité un nouveau sentiment de déception chez les travailleurs et leurs syndicats.
On y a par contre discuté de la venue de l'Audi A1 en 2009 et la direction a confirmé le maintien de 3.000 emplois sur le site bruxellois du constructeur allemand. Tout en demandant la reprise du travail à VW Forest. "Mais nous n'avons reçu aucune garantie, réagit Jan Vanderpoorten. Donc la grève continue jusqu'à nouvel ordre".
De son côté, la direction de VW communiquait également à la sortie de la réunion. Elle a présenté une série d'idées pour réduire les coûts salariaux à Forest, condition sine qua non pour les aligner à ceux pratiqués à l'usine allemande de Mosel et qu'un nouveau modèle soit confié à l'usine forestoise. Parmi celles-ci : "l'application de la semaine des 38 heures dans l'usine comme dans le reste du secteur automobile en Belgique", a indiqué Norbert Steingräber, porte-parole de la direction de VW Bruxelles. Celui-ci insiste également sur une réorganisation générale du travail. "De telles mesures sont inéluctables", lâche encore le porte-parole.
La transition entre 2007 et 2009 a également été abordée. La direction a manifesté sont souhait de maintenir 3.000 postes de travail "au maximum" via la formation continue et la mise à disposition des travailleurs. La direction souhaite réduire les coûts du travail d'environ 20 %.
La question du paiement des travailleurs de VW Forest reste par ailleurs en l'état. La direction maintien sa décision de la semaine dernière et les travailleurs devront vivre avec les 25 euros par jours que leur versent les syndicats. Une situation qui risque de déstabiliser la mobilisation des grévistes à la veille des fêtes de fin d'année, synonyme de dépenses pour les ménages.
Cette perte de salaire incite certaines voix à en appeler à une reprise du travail, a indiqué hier Pascal Van Cauwenberge, délégué CSC." Mais ce n'est que lorsque nous aurons des garanties concrètes et officielles sur l'avenir que nous pourrons envisager une reprise du travail", a-t-il tout de suite précisé. Chez les rouges, on assurait que le front commun syndical n'était pas menacé.


L'espoir persiste à Forest (04/12/2006)

Entre 15.000 et 25.000 personnes, selon la police ou les organisateurs, ont défilé samedi à Bruxelles pour protester contre la décision de Volkswagen de supprimer 3.500 emplois dans son usine d'assemblage de Forest.
La manifestation, à laquelle participaient évidemment de nombreux Belges, mais aussi des Français, des Allemands, des Luxembourgeois, des Italiens, des Espagnols et des Portugais, n'a pas égalé la mobilisation de celle de 1997 contre la suppression de 3.100 emplois avec la fermeture de Renault Vilvorde. À l'époque, quelque 90.000 personnes avaient fait le déplacement pour soutenir les ouvriers licenciés.
Des salariés d'autres entreprises, de DHL, de Caterpillar, de Carrefour, du port d'Anvers et de Delhaize notamment, s'étaient pourtant joints au cortège samedi pour témoigner de leur solidarité.
Les manifestants agitaient des drapeaux et des bannières sur lesquelles on pouvait notamment lire : Les gens en premier, le profit en dernier , Touche pas à ma Volkswagen , ou encore Victimes de Wolfsburg , en référence à la ville allemande abritant le siège du constructeur automobile.
Volkswagen a annoncé mardi l'arrêt de la production de la Golf en Belgique dans le cadre d'un plan de restructuration qui conduira à 20.000 suppressions de postes en Europe.
Mais après des discussions avec le Premier ministre belge Guy Verhofstadt (VLD), le constructeur a annoncé vendredi que quelque 3.000 employés pourraient produire le dernier modèle d'Audi dans l'usine située dans la banlieue de Bruxelles jusqu'en 2009, ce qui compensera partiellement les suppressions d'emplois annoncées la semaine dernière. L'espoir d'une potentielle reprise du travail renaît chez les travailleurs de VW. Même si beaucoup avouent ne pas y croire dans le fond, ils se disent souvent "on ne sait jamais" .
S'adressant aux manifestants, des syndicalistes ont affirmé qu'ils n'étaient pas sûrs que cette promesse serait respectée et qu'ils continueraient à se battre afin d'obtenir le meilleur accord pour les employés. "Au cours de la dernière décennie, on a demandé aux employés de VW d'être extrêmement flexibles. Mais il s'avère désormais que cette flexibilité ne nous a rien amené", a déclaré Erwin Declerck, du syndicat CGSP. L'usine belge produit actuellement 204.000 véhicules par an, dont 190.000 Golf.
Mateusz Kukulka


© La Dernière Heure 2006
25 euros par jour
FOREST À partir d'aujourd'hui, les 5.200 travailleurs de Volkswagen Forest devraient être payés par les caisses de grève des syndicats. Ceux-ci espèrent par ailleurs qu'un quota de production de 60.000 Golf pourra être attribué à Forest pour 2007. La direction de l'usine avait promis de payer les salaires jusqu'à la fin du mois de novembre (et le vendredi 1er décembre). Les travailleurs devraient donc émarger aux caisses syndicales dès aujourd'hui (les équipes du week-end sont soumises à un autre régime), à moins que la direction n'en décide autrement, au cours d'une réunion qui doit avoir lieu lundi. Tous les syndiqués, soit 90 à 95 % du personnel, toucheront dès lors 25 euros par jour. Par ailleurs, l'incertitude plane toujours sur la production qui sera assurée à Forest d'ici à l'arrivée du nouveau modèle Audi A1 en 2009. Les syndicats font toutefois remarquer qu'un quota de production de 60.000 modèles de l'actuelle Golf n'a pas encore été attribué. S'il l'était à l'usine de Forest, cela représenterait, avec les 60.000 Polo prévues, un total de 120.000 véhicules pour 2007 sur le site.
© La Dernière Heure 2006


MAJ 29/11/2006








Volkswagen investit en Inde
mercredi 29.11.2006, 13:18Le géant allemand de l'automobile a annoncé un investissement de 410 millions d'euros en Inde pour y construire une deuxième usine de production de 110.000 petites voitures par an à partir de 2009, pour un marché local en pleine expansion. L'Inde est l'un des marchés d'avenir les plus intéressants pour l'industrie mondiale de l'automobile. Nous sommes déterminés à développer sans attendre le potentiel de ce marché, a déclaré le directeur financier de Volkswagen Hans Dieter Poetsch. La nouvelle usine Volkswagen située à Pune emploiera 2.500 personnes.

Des ouvriers allemands de VW solidaires
mercredi 29.11.2006, 11:30Des représentants du syndicat IG Metall, de la maison-mère Volkswagen de Wolfsburg, en Allemagne, participeront ce samedi à Bruxelles, à la manifestation des salariés de Forest, en signe de solidarité. "Nous savons que la solidarité n'est pas seulement un mot mais signifie également une co-responsabilité", indique le communiqué. "C'est pourquoi les 70.000 membres d'IG Metall Wolfsburg veulent souligner leur solidarité avec leurs collègues de Forest. Nous sommes à leurs côtés et nous voulons nous battre et manifester ensemble pour la défense des emplois en Belgique".

L'adhésion de la Turquie en suspens
mercredi 29.11.2006, 08:35La Commission européenne va recommander ce mercredi aux 25 de décider d'un gel partiel des négociations d'adhésion la Turquie à l'Union européenne, du fait du refus d'Ankara d'ouvrir ses ports aux navires chypriotes, a-t-on appris de source communautaire.



VW Forest: VW condamné en référé pour non-respect de la loi Renault


Le tribunal de Première instance de Bruxelles a rendu hier/lundi une ordonnance en référé, condamnant Volkswagen pour non-respect de la loi Renault, selon une information diffusée par Radio Contact. Côté syndical, on confirme l'information tout en soulignant que la procédure n'émane pas des syndicats et n'a pas reçu leur soutien. C'est un cabinet d'avocat, le bureau Bird 2 Bird, qui serait à l'origine de la procédure. Selon des témoignages de délégués présents sur les lieux, des représentants du bureau se sont rendus samedi sur le site de Forest pour y proposer leurs services. "Les délégués présents sur place ont décliné la proposition", arguant notamment du fait que les organisations syndicales disposent de services juridiques ad hoc, a expliqué André Langendries (FGTB). Les avocats se seraient ensuite adressés directement aux travailleurs présents sur les lieux. Quatre d'entre eux auraient accepté leurs services. (GFR)


VW devra payer (23/11/2006)

L'écoeurement accable les ouvriers qui veulent des compensations financières
FOREST Les ouvriers de VW Forest attendaient de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés. Une nouvelle fois, c'est eux qui resteront sur leur faim. Les syndicats n'ont pu communiquer quoi que ce soit sur un plan social dont les négociations n'avaient pas encore commencé. "J'espère que ce plan sera valable, nous confiait Luc Vangeyten, depuis 20 ans chez VW. Et qu'on arrête de dire qu'on a sacrifié 20.000 emplois en Allemagne. Là-bas, les gens sont partis sur base de primes. Selon certains échos, ils ont eu 5.000 euros par année d'ancienneté. Certains sont partis avec 6 millions. Qu'on nous donne la même chose."
Et les pensées allaient aux 1.500 travailleurs qui vont rester à VW Forest, selon les promesses de la direction allemande de VW. "Je les plains, poursuivait Luc. On ne sait pas dans quelles conditions de travail ils vont travailler, et pour quels salaires. Je suppose qu'ils devront signer de nouveaux contrats."
Malgré le peu d'illusions qui régnait à l'assemblée générale quant au maintien de l'usine à moyen terme, certains y croyaient encore. "Il faudra essayer de garder un maximum d'emplois, commentait Mickaël Lebrun, ouvrier qui vient de Courcelles tous les jours pour travailler. Apparemment, il ne faut pas trop s'inquiéter d'après Agoria, ironisait-il suite aux déclarations de la Fédération de l'industrie technologique qui affirmait mardi soir qu'il y avait de l'emploi à pourvoir à Bruxelles. Mais dans l'état actuel des choses, l'usine n'est pas viable, on nous parle de 200 voitures par jour."
Rappelons que VW Forest, c'est un site de 52 hectares dont 21 sont bâtis. Difficile de l'imaginer fonctionner avec si peu d'effectif. "Il n'y a aucune usine VW qui fonctionne avec 1.500 personnes", lançait un travailleur la rage au ventre.
Ma. C.
© La Dernière Heure 2006


10.000 € par travailleur
La Commission européenne
a indiqué mercredi qu'elle autoriserait une grande flexibilité dans la répartition des fonds structurels européens en Belgique afin de soutenir au mieux les travailleurs victimes de la restructuration de l'usine Volkswagen à Forest. "Nous allons ainsi introduire une plus grande flexibilité dans les instruments (financiers) européens pour faire face à ce triste événement", a-t-elle ajouté. Des experts belges et de la Commission européenne se retrouveront à cette fin le 30 novembre pour étudier les glissements qui pourront être opérés au sein des différents fonds structurels actuellement opérationnels en Belgique pour faire face aux conséquences de la restructuration de VW-Forest. Selon l'accord sur le budget européen intervenu en décembre dernier, la Belgique doit normalement recevoir au cours des 7 années à venir quelque 1,425 milliard d'euros au titre de l'Objectif 2 consacré à soutenir la compétitivité et l'emploi en Europe.
Cette enveloppe destinée à la Belgique ne peut nullement être augmentée. La seule chose possible est la réorientation de budgets déjà promis à certains programmes au profit des victimes de la restructuration de VW. "On va à présent chercher les programmes moins prioritaires en Belgique pour réaffecter cet argent vers des programmes de reconversion des travailleurs de Forest. Les programmes initiaux auront l'argent promis, mais sans doute un peu plus tard", indiquait mercredi soir un participant belge à la réunion. Même si les critères d'attribution doivent encore être finalisés, le projet déposé par la Commission européenne au printemps dernier prévoyait l'octroi d'une aide ponctuelle plafonnée à 10.000 euros par travailleur, et limitée sur une période de 18 mois. Plusieurs responsables belges rencontreront d'ailleurs le commissaire européen à l'Emploi, Vladimir Spidla, ce jeudi à 13 h 30 pour obtenir plus d'informations sur l'aide apportée éventuellement par le Fonds d'ajustement à la mondialisation.

Tsunami à VW Forest : 13.000 familles touchées


En vue de préparer l'accompagnement des 4.000 travailleurs de l'usine bruxelloise de VW

Les ministres régionaux et communautaires de l'Emploi et de la Formation ont mis en place jeudi, avec le soutien du ministre fédéral de l'Emploi Peter Vanvelthoven, la cellule de crise Volkswagen qui sera chargée d'accompagner les quelque 4.000 travailleurs de l'usine forestoise de VW qui subiront un licenciement.La cellule de crise constituera également "un point d'entrée unique en terme d'information" pour les partenaires sociaux parties aux négociations, a expliqué le ministre bruxellois de l'Emploi, Benoît Cerexhe."L'objectif de la cellule n'est pas de se substituer au dialogue social entre partenaires sociaux au sein de l'entreprise, mais de centraliser l'information pour les négociateurs et de coordonner l'action des régions en vue d'un accompagnement plus rapide et efficace" des travailleurs licenciés, a-t-il ajouté.Pour le volet accompagnement, "nous demandons aux partenaires sociaux de tenir compte de tous les membres du personnel licenciés, et pas seulement de ceux qui sont encadrés par des dispositions légales. Tout le monde doit bénéficier d'un accompagnement", a encore dit le ministre bruxellois.Il sera procédé aussi à une analyse de la situation des entreprises sous-traitantes, "car un emploi dans le secteur automobile représente deux emplois indirects", a souligné M. Cerexhe. Un inventaire des sous-traitants et des emplois concernés sera établi et il sera réfléchi à l'extension des mesures à ces derniers, a-t-il ajouté.La cellule de crise Volkswagen est la première mise sur pied dans le cadre de l'Accord de coopération du 24 février 2005 relatif à la mobilité interrégionale des chercheurs d'emploi. Elle se réunira au minimum une fois par semaine.Elle se compose du ministre fédéral de l'Emploi, Peter Vanvelthoven, de ses homologues bruxellois, Benoît Cerexhe, wallon, Jean-Claude Marcourt, et flamand, Frank Vandenbroucke, de la ministre wallonne de la Formation, Marie Arena, et de Françoise Dupuis, secrétaire d'Etat bruxelloise, chargée notamment de la formation professionnelle. Les services régionaux de l'Emploi (Forem, Orbem et VDAB) y prennent également part, de même que l'Office national de l'Emploi (Onem).Le ministre Marcourt a par ailleurs exigé que VW Forest fasse preuve de davantage de clarté quant à son plan industriel. "L'entreprise doit préciser comment elle compte maintenir au travail 1.500 personnes avec une production de 60.000 Polo par an, alors qu'un tel scénario n'est pas viable selon les experts", a-t-il déclaré."Il ne faut pas laisser d'espoirs vains aux travailleurs", a-t-il ajouté. Et son homologue flamand, Frank Vandenbroucke, d'approuver. "VW doit préciser ses intentions et prendre ses responsabilités dans le plan social qui sera négocié", a-t-il dit.

Une cellule de crise interrégionale pour VW
jeudi 23.11.2006, 09:45Les ministres régionaux et communautaires de l'Emploi et de la Formation ont mis en place jeudi, avec le soutien du ministre fédéral de l'Emploi, Peter Vanvelthoven, la cellule de crise Volkswagen, en vue de préparer l'accompagnement des 4.000 travailleurs de l'usine bruxelloise de VW qui perdront leur emploi. "L'objectif de cette cellule de crise n'est pas de se substituer au dialogue social entre partenaires sociaux au sein de l'entreprise, mais de coordonner les actions des régions en vue d'un accompagnement plus rapide et efficace" des travailleurs licenciés, a déclaré le ministre bruxellois de l'Emploi, Benoît Cerexhe. Il s'agit de la première cellule de crise mise sur pied dans le cadre de l'Accord de coopération du 24 février 2005 relatif à la mobilité interrégionale des chercheurs d'emploi.

Peut-être un Objectif 2 pour VW-Forest
mercredi 22.11.2006, 14:00La commissaire européenne en charge de Politique régionale, Danuta Hübner, devrait rencontrer ce soir les responsables gouvernementaux en charge du dossier de la restructuration de VW-Forest. La rencontre portera sur la manière d'utiliser au mieux les fonds structurels européens dits de l'Objectif 2 pour la reconversion de l'ensemble des travailleurs qui perdront leur emploi. Mme Hübner devrait s'entretenir avec les ministres régionaux de l'Emploi, ainsi que le ministre fédéral.

Débat sur VW Forest à la Chambre
mercredi 22.11.2006, 13:00La séance plénière de la Chambre commencera jeudi à 14h15 par un mini-débat sur la restructuration à VW Forest, a décidé la conférence des présidents de la Chambre qui s'est réunie aujourd'hui. L'heure des questions se tiendra après ce mini-débat.


La résistance s'organise

Les syndicats ont confirmé, au cours d'une assemblée générale, que 4.000 emplois seront supprimés chez VW Forest, alors que des piquets de grève seront installés dès lundi sur le site. A l'issue de l'assemblée, un cortège de manifestants a entamé une "marche pacifique" en direction du centre de Forest.

la direction nous a annoncé hier (mardi) en conseil d'entreprise que 3.500 ouvriers et 500 employés devront quitter l'usine, ont déclaré les responsables syndicaux devant plus de 2.000 personnes rassemblées sur un parking de l'entreprise bruxelloise.
C'est une baffe dans la gueule pour tous les travailleurs, ont-ils ajouté, régulièrement interrompus par des cris de déception et de colère. Quelque 1.500 emplois seront maintenus et de 60.000 à 80.000 Polos seront produites à Forest en 2007, a également annoncé la direction lors du conseil d'entreprise.
Le flou demeure cependant quant au montage éventuel de nouveaux modèles ou de Polos supplémentaires, ont indiqué les syndicats. Tout en lançant un appel au calme, ils ont dit vouloir "mobiliser tous les moyens" pour contrecarrer la décision de la direction, tant sur le plan politique que par un appui soutenu à la construction d'une Europe sociale.
Une première rencontre avec la direction aura lieu demain/jeudi afin d'entamer le plus rapidement possible les négociations sur les prépensions et les primes de départ.
Des piquets de grève seront installés dès lundi devant l'usine. La foule s'est dispersée dans le calme à la fin de l'assemblée générale, peu après 11 heures.
Préparer un dossier solide
De leur côté, le premier ministre, Guy Verhofstadt, et le ministre de l'Emploi, Peter Vanvelthoven, ont rencontré ce mercredi matin les syndicats de l'usine VW de Forest. Une telle rencontre avait déjà eu lieu mardi soir.
Gouvernement et syndicats comptent préparer ensemble un dossier solide pour obtenir quelque avancée lors de la future rencontre avec la direction de Volkswagen, a-t-on appris auprès du cabinet du ministre de l'Emploi. Rien n'a filtré du contenu de la discussion, afin de ne pas nuire à la faible chance qui persiste.
Sur base d'un dossier solidement préparé, il est question, dit-on au cabinet Vanvelthoven, de prendre contact dans le courant de la semaine prochaine avec une personne qui pourra peser sur le dossier. Un conseil des ministre restreint s'est également tenu ce matin. Les ministres ont dressé un état de la situation.
Mini-débat à la Chambre
Parallèlement, la séance plénière de la Chambre commencera ce jeudi à 14h15 par un mini-débat sur la restructuration à VW Forest, a décidé la conférence des présidents de la Chambre qui s'est réunie mercredi. L'heure des questions se tiendra après ce mini-débat.
Allemagne
Enfin, la commissaire européenne en charge de Politique régionale, Danuta Hübner, devrait rencontrer ce mercredi soir les responsables gouvernementaux en charge du dossier de la restructuration de Volkswagen-Forest.
La rencontre portera sur la manière d'utiliser au mieux les fonds structurels européens dits de l'Objectif 2 pour la reconversion de l'ensemble des travailleurs qui perdront leur emploi.
Mme Hübner devrait s'entretenir avec les 3 ministres régionaux de l'Emploi, ainsi que le ministre fédéral en charge du dossier. Des membres du cabinet du commissaire Vladimir Spidla, en charge de l'Emploi, devrait également assister à la réunion.
Vladimir Spidla, n'a d'ailleurs pas exclu que la Belgique puisse bénéficier du futur Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour soutenir la reconversion des travailleurs victimes de la restructuration de l'usine VW à Forest.
La Belgique pourra peut-être en bénéficier. Mais je tiens à insister sur le peut-être, a indiqué lors d'une conférence de presse le commissaire tchèque.
Avancé l'an dernier par le président de la Commission européenne, le Fonds européen d'ajustement à la mondialisation aurait normalement dû être effectif dès le 1er janvier 2007, mais sa procédure d'adoption en codécision (NDLR: par le Parlement et le conseil des ministres européens) n'est pas encore achevée.
Doté d'un budget annuel de 500 millions d'euros pour toute l'UE, ce nouveau fonds européen est théoriquement destinés aux seuls travailleurs victimes de délocalisations en dehors de l'Union, ce qui n'est pas le cas de la restructuration à VW Forest. Interrogé mercredi, le commissaire Spidla n'a toutefois pas exclu qu'il puisse servir aux travailleurs touchés par la restruction de VW-Forest.
Il faudra examiner les critères, a-t-il dit. Ces déclarations du commissaire constituent cependant une inflexion notable par rapport à la destination originale de cet instrument.
La Commission européenne a toutefois insisté mercredi sur la nature de ce fonds qui n'a pas vocation à remplacer, mais compléter, les autres aides fournies. Le fonds est conçu comme un filet de sécurité, a ainsi rappelé le porte-parole de M. Barroso.
(D'après Belga)

Des places vacantes dans la construction
Au moins 450 travailleurs qui risquent d'être licenciés de l'usine VW de Forest pourraient être embauchés dans le secteur de la construction, affirme ce mercredi la Confédération flamande de la Construction (VCB), qui se base sur les résultats d'embauche enregistrés à la suite de la suppression de 3.000 emplois chez Ford Genk en 2003.
Les anciens travailleurs de Ford Genk ont retrouvé du travail dans des entreprises métallurgiques (32 pc) en premier lieu, et en second lieu dans le bâtiment (12 pc), selon les statistiques dont dispose la VCB.
La confédération flamande de la construction se dit prête à collaborer pour chercher des solutions au profit des futur ex-travailleurs de VW Forest et des entreprises sous-traitantes. Par ailleurs, le constructeur d'autobus Van Hool dispose aussi de quelques dizaines d'emplois vacants pour des travailleurs expérimentés tels que ceux de VW Forest, a-t-il annoncé mercredi dans un communiqué.
Il s'agit surtout de fonctions opérationnelles et techniques, tant pour des ouvriers que pour des employés.
Mardi, la SNCB avait déjà annoncé disposer de quelques centaines de postes vacants que des ouvriers de VW Forest seraient susceptibles de pourvoir.
(D'après Belga)

Mort d'une usine






blockquote>Verdict catastrophique : 4.000 emplois directs
perdus. La Golf quitte bel et bien VW Forest. L'usine est réduite à très peu de
chose. Viable ? Rien n'est moins sûr.

I l ne pouvait guère être de scénario pire que celui-là. Les chiffres des licenciements chez Volkswagen Forest sont enfin tombés. Et ils sont terrifiants. 4.000 personnes vont perdre leur emploi, soit trois quarts du personnel. Le couperet est tombé mardi matin, suite à une réunion du conseil d'entreprise. La Golf, le modèle qui a fait les beaux jours de l'usine, quitte la Belgique. Il ne sera plus assemblé que dans deux usines allemandes : au siège du groupe, à Wolfsburg, et à Mosel. Il représentait 95 % de la production de Forest...
Aux 4.000 licenciements, il faut ajouter les nombreux emplois perdus chez les sous-traitants de l'usine. On parle de 10.000 emplois... Des mots résonnent dans la tête : Renault Vilvorde, Sabena, Ford Genk... c'est l'une des pires catastrophes sociales que le pays ait connues.

La direction de VW invoque la surcapacité qui règne en Europe de l'Ouest, la nécessité de rationaliser la production et de ramener sur deux sites au lieu de trois la production de ce modèle. « A un problème structurel, il faut prendre des mesures structurelles, explique Evelyne Helin, porte-parole. Mosel et Wolfsburg peuvent reprendre sans frais les volumes de production de Forest car ils ont de la capacité suffisante. Ce sera économiquement plus rentable de produire la Golf dans ces deux usines, notamment pour des raisons logistiques : 60 % de nos pièces viennent d'Allemagne, dont les tôles de carrosserie. »
Que restera-t-il à Forest ? On n'en sait rien pour l'instant. Tout ce que l'on a appris, c'est que VW entend maintenir environ 1.500 emplois sur le site. Il n'y a aucune certitude sur la Polo.
Sera-t-elle toujours assemblée l'année prochaine ? Le volume de production, 11.000 en 2006, va-t-il être augmenté ? Mystère. En l'état, il est de toute façon inconcevable de faire tourner une usine pour seulement 11.000 voitures.
Pour beaucoup, cette restructuration massue n'est qu'une fermeture déguisée. « Avec 1.500 salariés, VW Bruxelles n'est pas viable. C'est la première étape avant la fermeture », estime Pascal Van Cauwenberge, délégué de la CSC. La direction dément. « La fermeture du site n'est pas envisagée, même à plus long terme, insiste Reinhard Jung, président du conseil d'administration de VW Forest. Nous essayons de trouver une solution constructive. »
Dès demain, la direction belge va entamer des discussions avec les syndicats... pour évoquer toute une série de scénarios. « Nous avons des idées. Et la direction allemande aussi, sinon elle aurait fermé l'usine, explique la porte-parole de l'usine. Grâce à de nouvelles activités et à des réductions du temps de travail, nous pourrons maintenir 1.500 emplois et faire mieux peut-être. Quant à ceux qui seront licenciés, nous ne laisserons tomber personne. Nous nous engageons vis-à-vis de tous nos collaborateurs. »
Dès l'annonce des licenciements, les réactions politiques ont fusé. Le Premier ministre Guy Verhofstadt a pris la parole, se déclarant déçu « de voir que des considérations essentiellement nationales ont constitué le fondement de cette décision. Cela me choque. D'autant que tant d'efforts ont été consentis ces dernières années pour transformer cette implantation en l'une des plus productives d'Europe. Je comprends l'amertume et la colère des travailleurs et des familles touchées par ces mesures ».
Le Premier ministre a rencontré hier après-midi les syndicats et la direction de Forest. Il a également eu un entretien avec Wolfgang Bernhardt, le patron de la marque VW, responsable de la restructuration. Il s'attelle à organiser une réunion entre le gouvernement et la direction allemande du constructeur début décembre. « Les chances que ces discussions aboutissent sont minces », avertit-il néanmoins.
Une cellule de crise réunissant les trois ministres régionaux Yves Leterme, Jean-Claude Marcourt et Benoît Cerexhe a également été créée pour tenter de trouver une solution de reclassement pour les travailleurs licenciés. Elle se réunira demain.
Aussi bien du côté politique que syndical, on insiste néanmoins sur le fait que la priorité pour l'heure, ce n'est pas le reclassement et l'accompagnement des travailleurs touchés. C'est plutôt la nécessité d'obtenir de la direction un plan industriel solide qui garantit la pérennité du site à long terme et tenter de réduire au maximum le nombre de licenciements.
C'est seulement dans une seconde phase de la loi Renault, quand syndicats et patrons seront tombés d'accord, qu'il sera question du reclassement.
A l'usine même, la situation est restée calme. La plupart des travailleurs sont restés chez eux comme le leur avaient demandé les délégués syndicaux. Ils se réuniront en assemblée générale ce mercredi matin pour évoquer la stratégie et les actions à mener dans les semaines à venir.

Le personnel se réunit dans le calme
Le personnel de l'usine Volkswagen à Forest s'est réuni mercredi matin devant l'entrée principale de l'entreprise, au boulevard de la Deuxième Armée Britannique. Vers 09h30, près de cinq cents ouvriers et employés s'étaient rassemblés dans l'attente de l'assemblée générale du personnel qui doit avoir lieu à 10h00 sur un grand parking à proximité.
Lors de cette assemblée, les syndicats comptent exposer à l'ensemble du personnel, près de 5.200 personnes, les licenciements à venir, leur stratégie et les actions éventuelles. Ils devraient aussi dévoiler ce qui figure à l'agenda pour les prochains jours. Il est notamment prévu que les syndicats entament jeudi les négociations avec la direction.
Les militants distribuent entre-temps des chasubles aux couleurs des syndicats et des drapeaux. L'atmosphère est calme et résignée. Un grand feu crépite devant l'entrée principale de l'usine.
(d'après Belga)

L'économie du futur : développer les services

V W aura eu raison de Charles Picqué. Le ministre-président de la Région bruxelloise a dû renoncer à s'envoler pour Madrid, où il devait participer aux Brussels Days. Les Bruxellois ne lui auraient pas pardonné une escapade madrilène alors que Bruxelles traverse une crise majeure.
Les Brussels Days madrilènes n'ont pourtant pas trop souffert de l'absence de Charles Picqué. La manifestation a pu compter sur la présence de Freddy Thielemans, le bourgmestre de Bruxelles. Les sérieux problèmes qui agitent sa majorité n'ont apparemment pas altéré sa sérénité. Le maire de Madrid, M. Gallardon, a souligné l'importance des relations bilatérales entre les deux capitales. Pour lui, le XXI e siècle sera celui des grandes villes.
Paradoxe : VW perd entre 3.500 et 4.000 emplois, mais Bruxelles organise un défilé de mode (le clou des Brussels Days) à Madrid. Choquant ? Non. Expression de la dure réalité économique plutôt : l'avenir de Bruxelles ne réside sans doute plus dans l'assemblage des voitures, mais bien dans le développement de son industrie tertiaire et l'exportation de ses services. « La nouvelle économie bruxelloise mise sur les investissements tertiaires », déclarait un membre de Brussels Export.
Présence massive
L'événement a été longuement préparé et les 37 entreprises composant la délégation bruxelloise avaient déjà leurs agendas bien remplis avant même de quitter Bruxelles. C'est que depuis la régionalisation du commerce extérieur, Bruxelles a tissé petit à petit un important réseau pour promouvoir ses exportations. La Région possède 33 représentations à l'étranger et partage une cinquantaine d'autres avec la Wallonie et la Flandre. Madrid est gâtée : un représentant bruxellois, un flamand et un wallon. Cette présence massive produit ses effets lors de grands événements comme les Brussels Days.
Que font ces entreprises à Madrid ? Elles prennent des contacts, voient du monde, profitent du prestige de la manifestation. Quelque 80 sociétés espagnoles se sont rendues, à l'invitation de Bruxelles, aux séminaires et workshops du Westin Palace où se tiennent les Brussels Day. Une partie d'entre elles travailleront avec Bruxelles.
C'est surtout la « meeting industry » qui doit profiter des Brussels Days. Chez nous, elle représente un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros et procure 22.000 emplois. En 2005, Bruxelles a été le cadre de 65.000 réunions et événements... Ceci dit, cette année, c'est la mode bruxelloise qui est mise en avant. Elle a beaucoup à recevoir de l'Espagne. La mode y est une industrie dynamique. Elle comptait plus de 4.000 entreprises en 2005 et occupait 130.000 personnes.


Economie « Une série de projets pourraient ne plus être subsidiés »
















Le crash de VW secoue Forest
A Forest, les commerçants et la commune sont
inquiets. A Madrid, on mise sur le développement de services.
Catastrophe. » Un seul mot pour résumer le sentiment qui habite le président de l'Union des commerçants du centre de Forest, basée à quelques tours de roue du site VW. Même s'il sait que la grande majorité des ouvriers engagés par le constructeur allemand n'est ni forestoise ni même bruxelloise, « de ce côté-là, je ne pense pas que nous perdrons beaucoup de clients », Guido De Bie est toutefois convaincu que la petite commune du sud de Bruxelles sera frappée de plein fouet par la vague annoncée de licenciements. « Je pense notamment à tous les fournisseurs et autres sous-traitants de VW dont l'éventuelle faillite aurait un impact certain sur nos commerces. »

Autre angoisse pour le président : le manque à gagner évident pour une commune dont le budget est déjà dans le rouge. « Aujourd'hui, il est encore possible de réaliser certains projets de rénovation ou d'entretien. Mais demain ? Que fera la commune si elle est privée des taxes et impôts de VW ? Il y a peu, on se réjouissait de bénéficier d'un contrat de quartier pour rénover la place Saint-Denis. C'est un vrai plus mais avec la fin annoncée de VW, on peut dire qu'on repart à zéro. »
Du côté de la commune, le futur échevin (PS) de l'économie et de l'emploi n'est pas moins inquiet : « C'est plus qu'une catastrophe pour Forest, réagit Gregor Chapelle. Si l'on ne prend que VW, on peut parler d'un manque à gagner de plus de 5 millions. Mais il faut hélas ajouter à cela tous les sous-traitants. On arrive alors à plus de 10 millions d'euros de pertes pour une commune qui tourne avec un budget total de 60 millions ! »
Si certains estiment que la fermeture de Forest n'aura pas ou peu d'incidences sur les habitants, très peu d'entre eux y travaillant, Gregor Chapelle pense tout le contraire : « A terme, c'est toute une série de projets qui pourraient ne plus être subsidiés pour des raisons financières. Ajoutons à cela les dégâts collatéraux sur le petit commerce du quartier Saint-Denis, par exemple, un lieu souffrant déjà d'une certaine morosité économique. »

La direction : « Nous n'avons été informés que ce mardi »

ENTRETIEN

Alain Lenaerts, vous êtes secrétaire général de l'usine de Forest. Quand la direction belge a-t-elle appris le nombre de pertes d'emplois ?
Nous avons reçu l'information officielle ce mardi matin.
La police bruxelloise a pourtant été avertie dès jeudi soir de risques de débordement.
Cette restructuration n'était pas une surprise. Il y a surcapacité, la suppression de 20.000 emplois en Allemagne a été annoncée, une augmentation du temps de travail a été acceptée par les travailleurs allemands. Tout cela nous faisait craindre de mauvaises nouvelles. Nous avons pris des précautions. Mais je vous assure qu'on ne savait pas avant mardi quelle allait être l'ampleur de cette restructuration. La direction belge n'a donc pas pu plaider sa cause et défendre le maintien de la Golf ? Non. Nous n'avons pas encore pu faire valoir nos arguments. Nous allons voir ce qui est envisageable.
Wolfsburg pourrait revenir sur sa décision ?
Je l'ignore. Mais la surcapacité est ce qu'elle est.
Avez-vous un sentiment d'injustice, vu la très bonne productivité de l'usine de Forest ?
C'est une décision économique qui a été prise. Face au problème de la surcapacité, il a fallu faire une analyse globale de la situation, quelle que soit la productivité des usines. L'important maintenant, c'est de regarder ensemble avec les syndicats les alternatives possibles pour créer des activités sur le site. Rapidement.

Forest se meurt, mais ne se rend pas

Une à une, les palettes de bois valsent dans le brasier, provoquant une gerbe d'étincelles. Une poignée de délégués syndicaux entretiennent le feu, entourés par une horde de caméras, de micros et de stylos. Ce mardi matin, le personnel de VW Forest a massivement suivi le mot d'ordre des syndicats : rester chez soi en attendant le dénouement. Rendez-vous est fixé pour l'assemblée générale de mercredi, à 10 heures. Ambiance faussement décontractée : le site retient son souffle. Avant le coup de massue. La Golf est perdue. Seuls 1.500 emplois sur plus de 5.000 devraient subsister.
VW Forest est en deuil. Ne comprend pas. Oscille entre consternation et colère. Derrière les grilles, fermées, quelques carcasses de voitures à divers stades de fabrication sont bombardées. Tous les moyens sont bons, des morceaux de sucre au gros pot de sauce cocktail. Au fil de la journée, les travailleurs affluent. Ils sont maintenant plusieurs centaines, rassemblés par solidarité. « Personne ici ne pense à son propre emploi. Nous sommes une grande famille qui se serre les coudes », explique l'un d'entre eux. Ils campent devant l'entrée et investissent le site. Blocus, il faut montrer patte VW pour rentrer.

La faute à Angela
A 14 heures, les gardiens Securitas lèvent le camp et abandonnent aux délégués leur local, sorte d'aquarium qui contrôle l'entrée. « Ce sont des ouvriers comme les autres, explique-t-on à la CSC. Il ne faudrait pas qu'ils soient l'objet de provocations. » Le feu prend de l'ampleur, les slogans fusent. De temps à autre, résonne la déflagration d'un pétard. Le grand drapeau frappé du sigle VW part en lourdes volutes noires. Des oeufs volants heurtent le fronton principal.
Personne ici ne croit aux 1.500 emplois conservés : « Pas viable. » Et d'y voir une fermeture en deux étapes, limitant le nombre de primes de fermeture à verser. « Ces 1.500 emplois, c'est juste un baxter. » Plus encore que la direction ou les syndicats allemands, c'est la chancelière allemande qui décroche la palme du nombre d'injures et le titre de « Reine du socialisme national ». La dauphine du concours n'est autre que l'Europe sociale, assassinée dans son berceau ou qui n'a jamais existé, c'est selon.
Pas de heurts majeurs à signaler. Quelques actes isolés, certains auraient soulagé leurs nerfs sur la chaîne de montage et la cafétéria. Mais le ciel de mercredi s'annonce nettement plus orageux.


« Qu'est-ce que je vais dire à ma fille ? »

Le soleil est cynique. Il est radieux. Il est bien le seul. Laurent, lui, est en deuil. Ce n'est pas une figure de style. Veste noire, tee-shirt noir, pantalon noir, chaussures noires, idées noires. « J'ai laissé plein de sueur ici, j'ai fait des efforts pour qu'on sauve l'usine, les emplois. Flexibilité, salaires bloqués, tout ça. Et voilà le résultat. Merci. » Laurent est en fin de trentaine. Il habite La Louvière. Il est massif comme un chêne.
Sa carrière défile, au pied du grand feu qui dévore des palettes avec la férocité d'un plan social. « Je suis rentré ici il y a 18 ans, après avoir obtenu mon diplôme de mécanicien machines outils. J'avais postulé à la Sabena et à VW. C'est Forest qui a répondu en premier. A l'époque, on gagnait 6.000 francs de plus que les maçons. Aujourd'hui, c'est 7.000 de moins. »


Laurent a commencé sur la chaîne de montage. « Je fabriquais des Golf et des Passat. On ne peut pas dire que j'étais passionné. Mais le salaire était attrayant. C'était ça qui nous tenait. »
Puis un jour, la machine a écrasé sa main. « Je suis devenu contrôleur. Je vérifiais que les véhicules qui sortaient étaient bien montés. » Horaires : boulot les vendredis et samedis matin, et les nuits de dimanche et de lundi.
Il tenait. Malgré les rumeurs de fermeture. « Depuis que je suis entré ici, on dit que l'usine va fermer. J'ai vraiment commencé à y croire l'an dernier, quand ils ont posé la première pierre de l'automotive park, un parc de sous-traitants, juste à côté. Petit à petit, ce qu'on faisait ici était fait par d'autres. Ça sentait la fin. Les cadres foutaient le camp. »
Laurent n'a jamais eu l'envie de quitter VW avant le cataclysme qu'il pressentait. « J'ai laissé tellement de choses ici. Il y a des gens, je les voyais plus que ma famille. Ce n'est pas spécialement de l'affection. Mais on n'est quand même pas responsable de ce qui se passe. Ce n'est pas la faute des ouvriers, quand même ! », dit-il, dans un éclat de voix.
Puis la fermeture est devenue chaque jour plus vraisemblable. « Les syndicats nous ont dit qu'il ne servait à rien de faire grève. Alors on n'a rien fait. Ils n'ont plus de pouvoir, les syndicats. Tout le monde a peur de perdre son job, alors c'est chacun pour soi. »
Laurent se demande aussi à quoi servent les hommes politiques dans des moments pareils. « On les voit quand il est trop tard. Est-ce qu'on attend que la maison soit détruite pour appeler les pompiers ? »
Laurent pense aux autres. Aux 500 intérimaires. « Ils sont dehors, sans indemnités. Ils ont aussi une famille, que je sache. » Il pense aux plus pauvres d'entre les ouvriers de VW. « Moi, je crois que je vais pouvoir m'en sortir pour la maison, tout ça. Mais eux ? Quand on n'a plus rien à perdre, on est capable de tout. Et je les comprends. »
Il pense à ses deux enfants, aussi. « J'ai un poney. Enfin, ma fille a un poney. Et si je dois lui dire qu'il faut le vendre ? » Son regard marron s'embue. Il tourne la tête, pour cacher cette larme qui ne demandait qu'à descendre. « Ils peuvent pas foutre la paix à nos gosses, non ? »


« La vie est ébranlée, mais il faut repartir »
entretien
L e ministre-président flamand (CD&V) appelle à un sursaut, malgré tout...



Pour un petit pays comme la Belgique, c'est un coup très dur...
Frapper comme ça entre 3.500 et 4.000 travailleurs, c'est un des coups les plus durs de notre histoire économique et sociale. Sans compter les emplois indirects. C'est très grave. Franchement, je pense à eux avec souffrance : les travailleurs qui vivent ça, leurs familles... Que ressentent-ils à cette heure ? Que se disent-ils entre amis, entre parents ? Un drame humain. Ça me révolte. Aucune analyse économique, aucune considération sur la surproduction de véhicules automobiles, aucune « raison » ne justifiera cela.
Et le « nationalisme » allemand ? Certains en Flandre ont écrit : « Deutschland über alles ! »
Passons sur cette expression... Il faut connaître tous les éléments du dossier avant d'utiliser de tels arguments. Soyons prudents. Les choses sont complexes. Il est vrai qu'on avait fait beaucoup d'efforts à Forest pour être performants. Pour autant, le site était-il compétitif ? Il semblait que oui. Bon, maintenant, il faut réagir positivement.
C'est-à-dire...
Trois choses pour moi. Un : veiller à ce que nos ministres de l'emploi, flamand, wallon, bruxellois et fédéral, travaillent ensemble dans la cellule de crise et de reconversion. Qu'ils coordonnent parfaitement leurs efforts.
Deux : nous avons en Flandre une bonne expertise en matière d'accompagnement des travailleurs qui ont perdu leur emploi. On va faire fonctionner nos instruments à plein régime, le plus efficacement.
Trois : je souhaite qu'on relance une table ronde sur l'industrie automobile. Que faire pour qu'elle reste attrayante dans notre pays ?
Mais la confiance est rompue.
Je le sais, je le comprends. La vie est ébranlée après un événement comme celui-là. Difficile de retrouver la confiance dans la société qui nous entoure, dans les institutions, dans les politiques... J'en suis conscient. Mais je sais aussi que notre volonté est forte, que la mienne est sans faille. Je veux qu'on s'en sorte ! Soyons concrets. Prenez le Brabant flamand, il y a beaucoup d'emplois inoccupés, nous devons redonner leur chance à un maximum de gens.
Le risque d'un dérapage social ?
Je comprends le désarroi, les frustrations, mais il faut garder son sang-froid. C'est plus facile à dire qu'à faire. C'est juste. Mais ça ne sert à rien d'en rester là, il faut regarder devant soi. Moi, je veux qu'on travaille à de nouveaux investissements, à redonner du travail, et de l'espoir.

« Je suis furieux contre tous les conservateurs ! »

Entretien
L e ministre-président wallon (PS) accuse
et appelle...


Le choc...
Evidemment, mais je suis furieux également. Furieux de voir que le capitalisme peut provoquer de tels drames. Furieux contre tous les conservateurs qui à travers le monde ont défendu à tous crins l'économie comme une valeur en soi, et ont freiné, partout, les volontés de régulation. Résultat : on se retrouve avec un énorme problème de gouvernance. Vous pensez : les seuls interlocuteurs de la direction de VW en Allemagne ont été les pouvoirs publics allemands, les syndicats allemands... Et l'Europe dans tout ça ? On est typiquement face à un problème européen et international, et il n'y a aucune gouvernance européenne ! C'est aberrant.
La faute à ?
Aux conservateurs, je l'ai dit. Aux partis de droite, qui ne veulent pas de la régulation, ni en Europe ni à l'échelle planétaire. Bien sûr, ce n'est pas facile à faire, et le monde est complexe, mais eux, ils agissent à contresens.
Mais il n'y a pas d'alternative au marché...
Je n'ai rien contre le marché ; simplement, il doit évoluer dans un cadre régulé. C'est la seule perspective. Aujourd'hui, les patrons d'entreprises vivent à l'heure de la globalisation, pas les politiques, ni les organisations des travailleurs. La droite veut maintenir ce décalage, et l'amplifier.
On a parlé de « protectionnisme » allemand, de « nationalisme ».
Je n'ai pas suffisamment d'éléments pour affirmer cela. En tout état de cause, attention à garder le contact avec l'Allemagne, à ne pas rompre le dialogue, ni avec la direction de VW, ni entre travailleurs.
Maintenant, ici, chez nous ?
Surtout, la Belgique doit parler d'une seule voix. Quelle erreur ce serait si l'une ou l'autre Région voulait faire cavalier seul, et défendre ses chances devant la direction de VW sans ses partenaires.
Quoi, il y a un risque ?
Les choses se passent bien. Mais je veux mettre en garde, c'est tout. Soyons tous derrière le Premier ministre fédéral. Il a des contacts avec VW, il va avancer, soutenons-le. Quant aux Régions, faisons ensemble notre travail pour l'accompagnement des travailleurs, et le reclassement.
J'ai demandé à Guy Verhofstadt qu'il organise une réunion commune, avec tout le monde, pour qu'on y voie clair. Dans un moment comme ça, nous devons rester unis entre Belges.
Et la colère sociale ?
Je la comprends. Mais je dis aux travailleurs qu'il faut maintenir leur outil de travail, car ce serait donner un argument à ceux qui veulent détruire Forest complètement.

Quel avenir pour les 1.500 rescapés ?


Q uel est l'avenir de Forest, une fois qu'elle aura été amputée de 95 % de sa production, de deux tiers de son personnel ? C'est le flou total. A l'inverse de Ford, qui lors de la restructuration à Genk avait annoncé l'arrivée de trois nouveaux modèles, VW n'a rien balisé du tout pour le futur de l'usine. Tout ce que l'on sait, c'est que la Golf ne sera plus produite à Forest. Même la production de la Polo n'est pas assurée pour 2007.
Que va faire VW avec 1.500 personnes ? Pieter Donck, directeur automobile chez Agoria, la fédération de l'industrie, voit difficilement l'usine recevoir un nouveau modèle. « Volkswagen n'est pas un constructeur de luxe qui produit de petits volumes. C'est un généraliste qui a besoin de grosses usines. Que va-t-il faire avec 1.500 personnes dans une usine gigantesque, avec une capacité de production de 230.000 véhicules ? 1.500 personnes, c'est l'équivalent d'une équipe ! Il n'y a quasiment plus aucune usine d'assemblage qui produit moins de 200.000 voitures par an. » Pieter Donck voit plutôt VW Forest suivre le même chemin que Renault Vilvorde. Une équipe de travailleurs a été maintenue sur le site et fabrique, pour les usines d'assemblage de Renault, des modules et des pièces.


« Pour maintenir une usine rentable, il faut de gros volumes de production, estime également Bernard Jullien, directeur du Gerpisa, un réseau international de recherche sur l'industrie automobile. C'est d'autant plus vrai si les espoirs de VW Forest reposent sur la Polo. Ce sont de petits modèles où le prix de vente est un élément concurrentiel déterminant, donc aussi les coûts de production. Le constructeur cherche à faire des économies d'échelle en produisant dans de grandes usines et dans des pays à bas salaires, comme les pays de l'Est. Volkswagen dit qu'il ne ferme pas Forest. Mais ce n'est guère différent. »
Même pessimisme chez John Wormald, consultant automobile chez Autopolis. « Avec si peu d'emplois, VW ne va sans doute plus jamais renouveler les installations de l'usine. Ce site va devenir une antenne du groupe constamment en porte-à-faux par rapport au reste. Le seul espoir, c'est que les ventes de VW rebondissent spectaculairement. Mais le marché est peu porteur. »
La direction belge de VW Forest veut, elle, croire dans les chances du site. « Si Wolfsburg n'avait pas de projets pour le site de Forest, il l'aurait fermé, insiste Evelyne Helin, porte-parole. Nous aussi, nous avons des idées concrètes, mais nous ne pouvons pas les dévoiler pour l'instant. La priorité, c'est de se mettre à table avec tous les partenaires : syndicats, pouvoirs publics, direction allemande, parc fournisseurs, pour envisager les scénarios possibles et voir s'ils sont réalistes. Nous pouvons sauver cette usine, mais il faut se battre. »

Charles Picqué et Benoît Cerexhe au CHARBON

charles Picqué, ministre-président (PS), dirigera ce jeudi matin un conseil économique et social réunissant politiques, patronat et syndicats, tandis que Benoît Cerexhe, ministre régional de l'Emploi (CDH), réunira sa première « cellule de crise » interrégionale, avec Jean-Claude Marcourt pour la Wallonie, et Frank Vandenbroucke pour la Flandre.
Comme tous, les Bruxellois sont « consternés », et pour eux aussi, le sort de VW à Forest reste largement une inconnue.

Charles Picqué ne s'en cache pas :














« Qui peut dire s'il restera demain une activité industrielle sur le site
de Forest ? Ne faudra-t-il pas réfléchir à une reconversion complète, à la
création d'un nouveau zoning ? Je ne m'avance pas. Mais ces questions sont
ouvertes, malheureusement. J'ai demandé à Guy Verhofstadt un tour de table
général, fédéral et Régions ensemble. A cette crise exceptionnelle, il faudra
peut-être trouver une réponse exceptionnelle. »
Même questionnement pour Benoît Cerexhe : « Il faut d'abord que la direction et les syndicats se mettent d'accord sur un plan industriel. On verra... Nous, on fera tourner au mieux la cellule de crise, dès jeudi matin. En plus, on entreprend des démarches auprès de la Commission européenne pour décrocher un soutien financier. »
Egalement : des juristes étudient dans le détail la décision de « restructuration » prise par la direction de Volkswagen en Allemagne, frappant de plein fouet la Belgique, et la possibilité éventuellement d'une plainte à la Cour de justice européenne.

« Nous ne laisserons tomber aucun site de production »

Dans un communiqué, Bernd Osterloh, président du comité d'entreprise européen de VW, a assuré ses collègues de Bruxelles de sa solidarité.
« Nous restons en contact étroit avec nos collègues syndicalistes belges. Ils ont tout notre soutien dans les négociations en cours avec l'entreprise. Nous ne laisserons tomber aucun site de production. Nos collègues syndicalistes belges sont les mieux placés pour trouver des solutions puisqu'ils savent quelles sont les mesures les mieux adaptées à leur site de production. Nous les assurons de la solidarité des représentants des salariés de tous les sites européens. »
« Il est nécessaire d'offrir une perspective d'avenir à Forest. Comme pour Wolfsburg, la Golf est vitale pour Bruxelles. C'est pourquoi il doit y avoir, en compensation, un produit de remplacement sur le site belge. Le plus important est de trouver un modèle qui assure la pérennité du site sur le long terme. Nous attendons de la direction qu'elle fasse des propositions concrètes. Jusqu'à présent, nous ignorons les sites qui assembleront les futurs modèles et les quantités produites. »

Comment sauver 4.000 salariés de la mort sociale

La colère, la rage, l'écoeurement. L'annonce du séisme social a fait craquer les rudes métallos, pleurant dans les bras les uns des autres. Après le choc défilent les questions. Quel sera le sort des 4.000 salariés de Volkswagen Forest destinés à la casse ? Celui des 1.000 personnes employées chez les fournisseurs au seul service de VW en « just in time » ? Et celui de centaines de fournisseurs ? Comment ces familles pourront-elles échapper à la malédiction du chômage ?
Garantir un avenir. Tenter de sauver un maximum de gens, c'est l'objectif. Mais avant de parler prépensions, accompagnement, reconversion, une priorité : empêcher que la mégarestructuration ne soit qu'une fermeture déguisée. Ce serait le cas si l'usine forestoise doit se contenter d'assembler et peindre des Polo (la tôlerie est faite à Bratislava).
Le scénario noir, c'est ça. On ne garde que 1.500 salariés, affectés à la Polo. Avec 60.000 voitures par an, l'usine n'est plus rentable. La fermeture totale ne tarde pas.
Le scénario « rose » ? La venue à Forest d'un des nouveaux modèles annoncés en 2008. C'est le bonheur qu'a connu Ford-Genk. Après sa restructuration, qui a coûté 3.000 emplois, l'entreprise limbourgeoise a hérité de la Mondeo et de la S-Max. Elle a pu réembaucher.
Les états-majors syndicaux comptent se battre pour sauver la viabilité, garantir un projet industriel. « On doit produire au moins 175.000 voitures. Sinon Forest n'est plus viable », dit la FGTB. Garantir la survie de l'entreprise, c'est aussi la priorité du gouvernement. Guy Verhofstadt annonce une rencontre, début décembre, entre son gouvernement et la direction allemande de VW. Mais il reconnaît lui-même : « Les chances que ces discussions aboutissent sont minces. » De fait, les contacts qu'il a entretenus, ces derniers jours, avec la chancelière Merkel et le ministre-président de Basse-Saxe n'ont servi à rien. L'impuissance politique s'illustre cruellement dans les tragédies de la mondialisation.
Il reste l'espoir de recours juridiques, évoqués par Laurette Onkelinx. « Volkswagen fait l'objet d'un recours devant la Cour européenne de Justice. La Commission n'admet pas que la loi VW de privatisation préserve une minorité de blocage au land de Basse-Saxe. » Un espoir bien ténu.
Limiter la casse sociale. Avec l'annonce du licenciement s'ouvre la procédure de la loi Renault. On va négocier. Double objectif : sauver un maximum d'emplois, faire payer le plus cher possible la perte des autres.
En 1997, Renault-Vilvorde, qui avait programmé la mort de 3.000 emplois, en a finalement sauvé 600. Elle a continué à payer pendant deux ans les autres travailleurs, en cellule de reconversion. Presque tous ont été reclassés. Sauvés, souvent au prix d'une perte de salaire.
Dans les restructurations, la première bouée de sauvetage, c'est le recours à la prépension. Plus il est important, moins lourde sera la facture des licenciements secs. En cas de restructuration, l'âge de la prépension descend à 50 ou 52 ans (le gouvernement tranche). Mais chez VW, seuls 600 salariés ont plus de 50 ans. Ils auront droit à une allocation de chômage augmentée d'un complément de l'employeur. Une convention VW prévoit que le prépensionné garde 100 % de son salaire net. Sera-t-elle pérennisée ?
La facture comprendra donc 3.400 licenciements. Pour la plupart, des gens difficiles à recaser. Chez VW, qui n'embauchait plus, la moyenne d'âge des ouvriers dépasse les 40 ans.
Depuis peu, le « pacte des générations » restreint l'accès à la prépension. Les quinquas sont obligés de passer six mois en cellule de reconversion, à tenter de se reclasser, avant d'avoir droit à leur bon de sortie. En théorie, ils ont même le devoir d'accepter tout « emploi convenable » qu'on leur proposerait, jusqu'à leurs 58 ans. Des ouvriers de Forest disaient, hier, renâcler à se lancer dans une aventure aussi risquée.
Tester le pacte des générations. VW Forest sera la première expérimentation, à grande échelle, et à vif, du « pacte des générations ». Peut-il prouver ses vertus au milieu d'une telle tragédie ? N'a-t-il pas été conçu en chambre ? On jugera sur pièces. On testera l'efficacité de l'outplacement, obligatoire pour les plus de 45 ans. Et les chances de reconversion des plus jeunes, avec l'aide des cellules montées par les Régions. La Belgique essaiera de puiser dans le Fonds européen pour les licenciements massifs.
Canaliser la colère. Les travailleurs dont les efforts s'avèrent vains ressentent une immense révolte. Les syndicats devront la canaliser, pour sauver l'outil de travail, pour conserver l'appui de la population, pour la transformer en revendications positives. Une tâche extrêmement délicate.

VAES,BENEDICTEmercredi 22 novembre 2006














Les raisons de l'échec ? A chercher à Wolfsburg

Peut-on tout dire, écrire à propos de VW Forest, alors que 4.000 travailleurs et autant de familles pleurent, la rage au coeur, un emploi perdu ? Le constat est d'autant plus amer que les motifs des licenciements échappent aux premières victimes, lesquelles ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour maintenir la sacro-sainte compétitivité avec les usines allemandes du groupe.
Les raisons de cette catastrophe sociale sont dès lors à chercher ailleurs, mais toujours chez Volkswagen. Doit-on les attribuer à la longue vie de la Golf marquée par une success story qui n'est plus d'actualité ? En partie seulement, le temps d'évoquer la concurrence élargie qu'a dû affronter un modèle phare qui a fini par souffrir d'une évolution trop timide et d'un manque d'originalité. Faute de disposer comme Volvo Gand ou Ford Genk d'une gamme de modèles élargie, Forest a été frappé de plein fouet par le succès relatif de la Golf V.

Quelques années d'or...
Mais surtout, l'usine bruxelloise est victime de la politique de la maison mère qui a usé et abusé d'une position dominante inspirée par le génie technique de son mentor Ferdinand Piëch. Dans une Europe tournant progressivement au rythme des diesels, VW a été le premier à offrir le moteur « TDI » (pour Turbo Diesel Injection). A l'origine en 1976, le premier TDI ne développait que 50 ch mais il a progressé, avant le lancement des premières versions à injection directe aussi puissantes que sobres qui ont valu quelques années d'or au groupe VAG. Son avance technologique doublée de l'image dont bénéficiait la Golf, VW l'a fait payer d'autant plus cher que les concurrents ne disposaient pas de produits équivalents. Ses bénéfices lui ont permis en outre de financer le très généreux modèle social allemand, au moment où d'autres groupes se préoccupaient davantage des coûts de production.
Jusqu'au jour où d'autres modèles turbodiesels sont apparus en Europe puis en Asie, de qualité comparable ou supérieure, et à des prix souvent moins élevés.
Moins performant commercialement, commettant des erreurs de stratégie dont une arrivée très tardive sur le marché des monovolumes, VW a ainsi dû affronter en parallèle de coûteux écarts de productivité, y compris vis-à-vis d'autres constructeurs européens et notamment français.
Invincible à une autre époque, le groupe Volkswagen est aujourd'hui dos au mur et les mesures tardives prises en Allemagne et aujourd'hui Forest sont inéluctables pour rétablir la compétitivité. Le seul reproche que pourrait se faire VW Forest repose sur quelques noyaux durs qui lui ont valu à Wolfsburg la réputation d'une usine « grévicole ». « Vous êtes belge, nous avait dit il y a une dizaine d'années le patron des usines VW. Essayez de faire savoir à Forest que la politique sociale suivie n'est pas toujours la bonne. » Qui oserait blâmer aujourd'hui les travailleurs d'une usine dont le sort fut trop longtemps en suspens ?


« Quel intérêt a VW à garder l'usine ? »

Ferdinand Dudenhöffer est professeur d'économie à l'université de Gelsenkirchen et grand spécialiste en Allemagne du secteur automobile.
La Golf était-elle vraiment plus chère à produire à Bruxelles ?
Dans l'état actuel des choses, oui. Une possibilité aurait été de trouver de nouveaux produits pour augmenter la production. Mais, actuellement, c'est inimaginable. Volkswagen n'a pas de nouveau modèle pour l'usine de Bruxelles.
Transférer la production de la Golf à Wolfsburg était logique ?
Du point de vue économique, oui. Forest a beaucoup de désavantages par rapport aux autres usines d'Europe. Elle est vieille - elle date des années 70. Elle est trop petite et ne tourne pas à plein régime - elle produit à 57 % de ses capacités de production, selon mes calculs. Si VW avait continué à y produire la Golf, ce chiffre devait encore baisser à 130.000 véhicules par an d'ici 2008, soit 45 % des capacités de production. On savait depuis longtemps que Bruxelles était sur la liste rouge.
VW a pesé aussi l'aspect syndical dans sa décision ?
Je pense que l'attitude des syndicats a été un élément. En Belgique, il y a toujours eu des négociations salariales très difficiles. Nous avons affaire à des situations que l'on rencontre en France : souvent, des grèves et des arrêts de travail spontanés. Ça n'a pas joué en faveur de Bruxelles.
VW prétend ne pas vouloir fermer l'usine. C'est crédible ?
Non. A terme, l'usine fermera. VW va la faire tourner en réduisant lentement la production de la Golf, puis laissera une petite production, jusqu'au jour où on n'aura plus du tout besoin de cette unité. Je ne vois aucun intérêt pour VW de conserver cette usine. La direction de Volkswagen ne ment pas : elle a dit qu'elle la conservait pour l'instant.
La Belgique est la première grande victime des délocalisations vers l'Est ?
Elle n'est pas la seule victime. L'Allemagne aussi ! Regardez combien d'emplois ont disparu dans ce secteur. Chez Volkswagen, 20.000 emplois sont menacés. Opel et Ford ont réduit considérablement leur capacité. La baisse de la production automobile s'observe dans toute l'Europe de l'Ouest. Tous les grands constructeurs ont de nouvelles usines modernes à l'Est. Les coûts y sont inférieurs. Dans les dix prochaines années, l'Europe de l'Ouest perdra encore des emplois au profit de l'Est.
Comment voyez-vous l'avenir de l'industrie automobile en Belgique ?
Après le départ de Renault et de VW, il n'en restera pas grand-chose. A Anvers, Opel peut être inquiète : même avec la prochaine Astra, elle ne pourra pas tourner à plein régime. Or, le constructeur a lui aussi des usines en Europe qui ne sont pas utilisées à pleine capacité. Il est probable qu'il n'y ait plus d'industrie automobile belge dans dix ans.


Un plan industriel est nécessaire

mardi 21 novembre 2006, 20:49
Syndicats et gouvernements sont d'accord: un plan industriel - prévoyant notamment quels modèles de Volkswagen pourront être produits à Forest après 2009 - est nécessaire pour garantir l'avenir de l'usine bruxelloise après l'annonce de quelque 4.000 licenciements.
Notre priorité, c'est de maintenir une activité suffisante sur le site afin de garantir l'emploi restant", a déclaré Anne Demelenne, la secrétaire générale de la FGTB, au terme d'une rencontre avec le premier ministre Guy Verhofstadt. "Actuellement, on parle d'une production de 60.000 Polos par an. Ce n'est pas assez!", a-t-elle ajouté.
Son de cloche identique du côté du monde politique bruxellois, où tant Charles Picqué, le ministre-président de la Région, que Benoît Cerexhe, le ministre régional de l'Emploi, ont plaidé pour un "plan industriel qui permette de pérenniser l'activité".

"La direction de Volkswagen a avancé de manière assez brutale qu'il n'y avait pas d'alternative aux licenciements annoncés", a notamment expliqué Charles Picqué. "Si nous obtenons un plan industriel comportant des précisions sur quels modèles pourraient être produits après 2009, nous pourrons définir une stratégie dans le domaine social", a-t-il poursuivi.
"Les autorités politiques ont posé très clairement la question: y a-t-il un avenir pour Volkswagen à Forest", a de son côté indiqué Luc Cortebeeck, le président de la CSC.
Ce dernier a par ailleurs souhaité que "tous les moyens, y compris juridiques" soient utilisés. "Volkswagen respecte-t-il les règles fixées par l'Union européenne? Et celle de l'OCDE?", s'est ainsi interrogé le responsable du syndicat chrétien.
Egalement présent ce mardi soir au 16, rue de la Loi, le secrétaire général de la CGSLB, Bernard Noël, a quant à lui appelé à "une solidarité au-delà des frontières de la Belgique" afin que "cesse le cynisme".
C'est dans ce contexte difficile que devrait avoir lieu, mercredi prochain, une nouvelle réunion entre responsables politiques et syndicats. Quant à la direction du groupe, elle discutait toujours avec le premier ministre, mardi sur le coup de 20 heures. Arrivée peu après les syndicats, elle n'a toutefois pas rencontré ces derniers.
(D'après Belga)


La plus grosse catastrophe
mardi 21 novembre 2006, 12:53
La direction du constructeur automobile allemand Volkswagen a décidé de supprimer autour de 4.000 emplois dans son usine bruxelloise de Forest, où travaillent quelque 5.200 personnes, a-t-on appris de source syndicale bruxelloise.
Après avoir annoncé "entre 3.500 et 4.000 suppressions d'emplois", les responsables syndicaux ont fini par évoquer le chiffre de 4.000, annoncé pendant la réunion d'un conseil d'entreprise extraordinaire mardi matin.
Selon eux, la direction compte conserver autour de 1.500 salariés, faisant courir un doute sur la survie à terme de l'usine. C'est la plus grosse catastrophe qu'on ait vécue jusqu'à présent, a déclaré notamment Pascal Van Cauwenberge, délégué du syndicat chrétien CSC chez Volkswagen. A mon avis, avec 1.500 salariés, Volkswagen Bruxelles n'est pas viable. C'est la première étape avant la fermeture, a-t-il estimé.


Devant l'usine de Forest, une cinquantaine de militants seulement s'étaient donnés rendez-vous dans la matinée pour attendre des nouvelles de leurs délégués, les différents syndicats ayant appelé les salariés à rester chez eux mardi avant une réunion d'information mercredi matin.
Après l'annonce des suppressions d'emplois massives, le calme régnant devant l'usine pourrait s'avérer n'être que provisoire, les salariés devant tous se réunir mardi après-midi devant l'usine à l'initiative des syndicats. "On va faire venir tout le monde. Ca va chauffer!", a lancé un syndicaliste FGTB.
A l'annonce par leurs collègues de ces mauvaises nouvelles, les quelques salariés présents se disaient dégoûtés. On a l'impression d'avoir été lâchés par tout le monde. Si on licencie 4.000 personnes, c'est qu'on ne compte pas !, réagissait notamment Joseph De Geyter, 43 ans.
Pour le syndicaliste FGTB, 4.000 suppressions de postes ça veut dire qu'à brève échéance l'usine ferme; et ça, même pas dans un an. Si on n'a plus la Golf, c'est la mort de Forest, a renchéri un de ses collègues. Les coupes claires annoncées mardi devraient avoir un impact considérable sur l'emploi en Belgique, Volkswagen faisant travailler plus de 10.000 employés chez ses sous-traitants.
C'est une catastrophe nationale, économique et sur l'emploi, a réagi la bourgmestre de Forest, Corinne de Permentier. Notre objectif c'est que cela fasse le moins de mal possible. J'ai enfin eu un contact avec l'entreprise ce matin, mais elle n'a pas été capable de fournir une idée des volumes de production annuelle à l'avenir, a-t-elle poursuivi. La bourgmestre a "appelé au calme, mais n'a pas exclu des risques de débordement dans l'après-midi, lorsque les salariés se réuniront en masse devant l'usine à partir de 14 heures.
(D'après AFP)















Aucun commentaire: