07 décembre 2006

Le PS s'y voit déjà

MAJ 07/12

Quand PS et MR jouent à se faire peur
ANALYSE FRANCIS VAN DE WOESTYNE


Libéraux et socialistes francophones passent leur temps à s'étriper. Le PS veut faire oublier la mauvaise passe qu'il traverse. Le MR tire dans tous les sens. Mais ce désamour est sans doute très stratégique pour ces vieux amants...

Est-ce cette fin d'automne exceptionnellement clémente qui a échauffé les esprits ? Ces derniers jours, les barons du MR et du PS, Charles et Louis Michel d'un côté, Elio Di Rupo et Philippe Moureaux de l'autre se sont envoyé des petites phrases assassines. Pourquoi ce coup de sang ? D'où vient cette nervosité ? Tentons de décoder ces colères du week-end.
Qui a commencé ? A la limite, peu importe. Aujourd'hui, chacun se rejette la responsabilité du premier coup. D'un côté comme de l'autre, ils se défendent : "C'est lui, m'sieur, qui a commencé". Est-ce Di Rupo qui a jugé que le libéralisme était responsable de la restructuration de choc chez VW Forest ? Est-ce Charles Michel qui, dans une interview au "Soir", raillait le PS : "Là où le PS détient tous les leviers des décisions publiques, c'est là que les indicateurs de bien-être pour les gens sont les plus calamiteux". Et Charles Michel d'annoncer l'implosion prochaine du PS, voire l'apparition de certaines dissidences.
Ce n'était là qu'une petite mise en bouche. Samedi, lors de l'investiture de Ségolène Royal à Paris, Di Rupo a mis les rieurs parisiens de son côté en lançant à la candidate du PS : "En Belgique, la droite libérale a tellement peur de ta victoire qu'elle envi sage de reporter en juin nos élections générales qui auraient pu se tenir à la mi-mai". La riposte de Didier Reynders n'a pas tardé : "Nous ne doutons pas que l'électeur francophone belge fera la différence entre Ségolène Royal, Lucien Cariat, Jacques Van Gompel, Georges Rovillard..."
Que se passe-t-il au MR ? Dans les rangs libéraux, la sortie de Charles Michel, appuyée au cours du week-end par... son père, Louis Michel, en a surpris et agacé plus d'un. Ce n'est pas tant le fond qui a été jugé en décalage, par rapport à la ligne du président Reynders - sur ce plan, rien à dire -, mais bien la violence de l'attaque et l'annonce de dissidences au PS. Un procédé jugé indigne, chez certains libéraux, qui voient dans l'attaque de la famille Michel, la révélation d'ambitions nouvelles à l'égard d'une présidence qui, pourtant, ne sera pas vacante de sitôt. Un détail a été jugé révélateur : Charles Michel a été présenté, dans l'interview au "Soir" comme le probable futur président du MR. Pour le clan Reynders, pareil plan de carrière n'a pu être suggéré que par Michel junior. "Il y a un manque de gestion des montures", dit ce poids lourd du MR, partisan de la ligne Reynders. Les dissidences au PS ? "C'est un coup de bluff de Charles Michel", dit un autre libéral. "Que feraient ces déçus de la ligne Di Rupo, s'ils existent : créer leur parti ? Passer au MR ? Ce serait bien embarrassant", poursuit ce libéral bon teint...
Que se passe-t-il au PS ? Les socialistes, c'est certain, cherchent, quant à eux, à trouver un thème de campagne électoral qui ne soit pas la gestion par le PS des innombrables affaires dans lesquelles certains de ses responsables sont empêtrés. Comme lors de la faillite de la Sabena, en 2001, Di Rupo a repris un thème qui lui convient : la dénonciation du libéralisme, responsable à ses yeux de toutes les dérégulations économiques auxquelles on assiste. Di Rupo tente aussi d'accrocher son parti et son image écornée au PS français en pleine mutation, d'apparence en tout cas. Le président du PS belge veut profiter du renforcement positif qu'il peut glaner en soutenant Ségolène Royal même si fondamentalement, il est plus proche de la sociale-démocratie prônée par Strauss-Kahn que de l'ennuyeuse logorrhée de la candidate "royaliste". Mais stratégiquement, le "devoir de victoire" de Ségolène est sans doute plus porteur. Di Rupo croit en la victoire de Mme Royal et compte sur elle pour doper son résultat : la présidentielle en France aura lieu le 6 mai. Quelques semaines avant les législatives belges.
Quand auront lieu les élections ? On l'a vu, Di Rupo accuse le MR de vouloir retarder la date des élections par peur de l'effet Royal. Cette remarque n'est pas très subtile. Si c'est Sarkozy qui l'emporte, ce sont plutôt les libéraux qui pourraient être favorisés... Ensuite, la querelle sur le calendrier électoral n'est pas vraiment politique. Après l'échec des négociations sur l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde, le Premier ministre avait annoncé que les prochaines élections législatives auraient lieu le dimanche 24 juin 2007, c'est-à-dire 4 ans après la désignation des sénateurs cooptés (article 105 du code électoral). Mais ce délai des 4 ans accompli est rarement respecté et l'on sait que le vote en juin indispose les jeunes électeurs, en examen, et ceux qui prennent des vacances anticipées. Ce sera donc plutôt en mai. Tout dépendra du vote de la liste des articles de la Constitution à réviser, qui entraînera automatiquement la dissolution des chambres et la convocation de l'électeur endéans les 40 jours.
La fin de la violette ? Les propos musclés entre libéraux et socialistes annoncent-ils la fin de cette coalition violette ? C'est de la pure musculation interne et externe. Et de toute manière, à l'heure actuelle, c'est le scénario de la tripartite traditionnelle, permettant aux partis flamands de mener une vaste réforme institutionnelle, qui tient la corde.
© La Libre Belgique 2006


L'effet Royal ferait trembler le MR

Reynders à Di Rupo : "la loi fixe le scrutin en juin"
Christian Laporte

Une petite phrase d'Elio Di Rupo à Paris fait bondir le président du MR.
En Belgique, la Droite libérale a tellement peur de ta victoire qu'elle envisage de reporter en juin nos élections générales qui auraient pu se tenir à la mi-mai"... Emporté par la vague d'enthousiasme qui a déferlé dimanche sur la salle de la Mutualité à Paris à l'occasion de l'investiture officielle de Ségolène Royal, qu'il a directement interpellée dans son discours, Elio Di Rupo a fait bondir le président du MR à qui nous avons appris la déclaration de son alter-ego présidentiel (de parti s'entend).
"La législature fédérale se termine en juin 2007; c'est bien en juin que les élections fédérales doivent se dérouler légalement. L'air de Paris donne sans doute un peu de fraîcheur aux socialistes wallons et bruxellois par rapport aux affaires de Charleroi, de Fontaine-l'Evêque, de l'Awiph et on en passe mais cela n'autorise certainement pas le président à dire n'importe quoi !" Et Didier Reynders de préciser que la stratégie de défense du PS devient de plus en plus énervante : "la semaine dernière lors de l'éclatement de la crise chez VW, M.Di Rupo s'est cru permis de devoir mettre en cause une responsabilité libérale alors que tout le monde savait pertinemment bien où se situaient les vrais responsables sur le plan économique et politique en Allemagne... Je peux comprendre que le PS soit aux abois après la révélation de tous les scandales qui touchent ses mandataires mais ce n'est pas une raison pour s'en prendre à ses partenaires politiques. Si l'on continue de la sorte, il ne nous reste plus qu'à demander au Parti socialiste quelle est la date idéale pour organiser les élections législatives. Cela devient grotesque..."
De là à dire que les libéraux ont peur d'un effet "Royal", il y a un pas que Didier Reynders refuse de franchir.
Pour l'heure le scrutin n'est pas avancé. Et s'il devait l'être, il y aura bien d'autres facteurs à prendre en considération comme les professions de foi ou les "ponts" de l'Ascension et de la Pentecôte qui tombent tous en mai...
© La Libre Belgique 2006

Charles Michel évoque l'implosion du PS

Dans un entretien au journal Le Soir, le député fédéral et "porte-parole" du MR Charles Michel réplique à Elio Di Rupo, qui avait ciblé la "droite" dans le dossier VW. M. Di Rupo avait accusé les "conservateurs" et les "partis de droite" de faire barrage partout à la régulation de l'économie. "Le PS est très mal placé pour donner des leçons de gestion publique", a déclaré M. Michel. Il fait observer que "là où le PS détient tous les leviers de décision publics, et depuis longtemps, systématiquement, c'est là que les indicateurs de bien-être pour les gens sont les plus catastrophiques, les plus calamiteux...".
Le député évoque aussi des dissidences éventuelles au PS. "Les turbulences que l'on connaît depuis quelques mois ne sont pas terminées. Les dossiers judiciaires vont entraîner des informations nouvelles, les éléments vont se succéder dans les mois qui viennent. Cela ne provoquera-t-il pas des questionnements en interne au PS? Et jusqu'à provoquer des dissidences?", s'interroge-t-il. Et d'ajouter que "dans les couloirs, un certain nombre de parlementaires PS expriment leur écœurement par rapport aux affaires et à la faiblesse de la réaction du PS".

Le président du PS Elio Di Rupo a été invité à prendre la parole lors du lancement de la campagne électorale de Ségolène Royal, officiellement investie ce dimanche candidate du parti socialiste français pour les élections présidentielles de 2007. Le PS est en ordre de marche pour remporter les présidentielles, a dit Elio Di Rupo, ce qui, selon lui, déboussole "la Droite libérale"... jusqu'en Belgique. En Belgique, la Droite libérale a tellement peur de ta victoire qu'elle envisage de reporter en juin nos élections générales qui auraient pu se tenir à la mi-mai, a-t-il dit.

Petite phrase assassine d'Elio di Rupo à Paris. La campagne belge a définitivement démarré en France. À l'artillerie lourde entre PS et MR.
M ais qui est donc cet homme assis au côté de Ségolène Royal ? Des millions de Français se sont peut-être posé la question, ce dimanche. Elio Di Rupo, par ailleurs vice-président du Parti socialiste européen, est tout simplement venu donner un coup de pouce à la candidate à l'Elysée. À moins que ce ne soit l'inverse ?
Fort de ce soutien médiatique « planétaire », le premier wallon n'a pas hésité à déterrer la hache de guerre belgo-belge : La droite libérale a tellement peur de la victoire de Ségolène qu'elle envisage de reporter en juin nos élections générales qui auraient pu se tenir à la mi-mai. Et toc ! La réponse de Charles Michel, "porte-parole" (et futur président ?) du MR, a fusé : L'électeur ne confondra pas Ségolène avec Van Cau et Cariat. Et re-toc !


L'un et l'autre (pour rappel, toujours partenaires au sein de la majorité) avaient déjà sorti l'artillerie lourde, se rejetant la responsabilité de la crise sociale à Forest. Il n'y a pas qu'en France que les hostilités sont lancées...

MR et PS se rentrent dedans

Les deux partenaires au fédéral ouvrent les hostilités. Michel attaque Di Rupo, Moureaux attaque Michel, tandis qu'à Paris, Di Rupo attaque le MR.

Les propos de Charles Michel, ex-ministre wallon et aujourd'hui « porte-parole » du MR, samedi, au Soir, annoncent, la dureté de la prochaine campagne des législatives, surtout si les « turbulences » (comme il les appelle) dues aux « affaires » devaient encore se poursuivre.
Pour rappel : contestant d'abord que le libéralisme puisse être tenu pour responsable de la crise sociale chez Volkswagen (Elio Di Rupo avait désigné du doigt « les conservateurs et les partis de droite »), Charles Michel avait prolongé le tir en accusant le PS d'avoir porté la Wallonie à une « situation cataclysmique ». Déplorant qu'une majorité alternative ne soit pas envisageable au parlement wallon entre MR-CDH et Ecolo, pour quelques sièges, ceux de l'extrême droite. Et jugeant enfin que le parti de Di Rupo était proche d'une crise interne, que des « dissidences » même pourraient se manifester, tant la gestion des « affaires » par le PS était décriée, « cela déjà actuellement, dans les couloirs, par certains parlementaires socialistes »...
A l'état-major du PS, les attaques de Charles Michel sont perçues comme une « agression », mais Elio Di Rupo, qui a ciblé pourtant les libéraux depuis Paris et le congrès de Ségolène reste de marbre ici : « Cela me laisse indifférent. »

Philippe Moureaux se charge de la contre-attaque. D'abord : « Pour ce qui concerne VW, comment peut-on affirmer que ce qui se passe n'est pas lié au fonctionnement du système libéral ? C'est vrai d'ailleurs, comme le dit Michel, que certains sociaux-démocrates font çà et là l'éloge de l'économie de marché. Pour tous, maintenant, c'est clair : on voit où elle mène. Quant à Charles Michel, on peut imaginer que ce qui se passe à VW le mette mal à l'aise, avec tous ceux de son clan qui avaient tant aimé se cacher derrière leur concept de libéralisme social. »
Le vice-président du PS ajuste ensuite : « Alors, pour ce qui concerne cette fois les affaires et les turbulences - qui vont continuer, à entendre M. Michel... Cela signifie-t-il qu'il y a des liens entre son parti et la Justice ? Qu'il sait comment les choses vont se passer ? Cela m'interpelle. Quant au risque de dissidences : c'est vrai que le PS vit de grosses difficultés, et qu'en son sein, il y a des gens moins ancrés idéologiquement, socialistes plus alimentaires, qui sont perturbés, mais c'est tout. En fait, c'est une vieille technique de la mouvance Michel, cette idée des dissidences ou des débauchages chez l'adversaire. »
Moureaux conclut : « Avec cette interview, même si la mouvance Michel vit dans une certaine animosité vis-à-vis de nous depuis qu'ils ont été écartés du pouvoir en 2004 en Wallonie et à Bruxelles, et que cela peut expliquer en partie les propos tenus par le fils, je constate que pour 2007, le MR prépare une campagne très antisocialiste. Les conséquences peuvent être diverses. La première : rendre impossible une éventuelle participation commune au prochain gouvernement fédéral. La seconde : que le PS se retrouve dans l'opposition, ce qui n'est pas impossible, et ne serait pas une catastrophe pour le parti, mais bien pour les gens socialement, et pour les francophones face à la Flandre. »

Bref : l'interview du « porte-parole » des libéraux-réformateurs, qui a certes la réputation d'aimer cogner, mais pas celle d'être un franc-tireur ou un marginal au MR, cette interview, donc, est le signe d'une dégradation des relations entre libéraux et socialistes, et aussi sans doute d'une anxiété des premiers en vue d'une échéance électorale primordiale. Pour trois raisons.
Un : ce sera le premier grand test pour Didier Reynders en président de parti.
Deux : ce sera aussi le premier grand rendez-vous électoral depuis que les libéraux se sont fait évincer des majorités francophones (après les régionales de 2004), de sinistre mémoire dans leurs rangs.
Trois : MR et PS sont au coude à coude à la Chambre, avec 25 sièges chacun, et les libéraux peuvent espérer « passer devant » les socialistes, ce qui serait proprement historique.
D'où l'âpreté de la compétition.



audio

07:43 >> L'invité de Matin Première
Jean-Pierre Jacqmin reçoit ce matin deux invités : Philippe Moureau, un vétéran "rouge", et Charles Michel, un jeune "bleu" aux dents longues. Au centre du débat, les tensions entre la gauche et la droite sur fond de conflits sociaux.

JPJA - Un débat ce matin parce qu'au cours du week-end, par média, presse écrite, audiovisuel interposés, vous vous êtes lancés plus que des piques comme je le disais tout à l'heure. Donc la fin des idéologies, ont dit certains. Pour commencer, je propose qu'on respecte le droit d'aînesse, Charles Michel. Philippe Moureaux, Elio di Rupo a dit que c'est le libéralisme qui avait engendré les 10.000 pertes d'emploi à VW Forest et alentours, on oublie souvent les sous-traitants. Ce libéralisme selon vous, c'est celui du MR, de Charles Michel ?
PHM - Mais écoutez, je pense qu'il ne faut jamais parler en termes trop caricaturaux. Je pense que c'est le libéralisme sauvage et je pense, puisque je vais être court pour permettre au débat de se dérouler, que le parti le plus proche de cette thèse dans notre configuration dans la Belgique francophone, c'est le MR. Mais ça ne veut pas dire que le MR est l'équivalent d'un libéralisme sauvage qui veut ne respecter rien. Mais il est évident que dans l'équilibre politique, on entend de ce côté-là régulièrement des appels à diminuer les protections sociales sauf quand les élections approchent, alors la famille Michel ressort le libéralisme social. Mais en dehors de ces périodes-là, c'est eux les plus proches. Ça ne veut pas dire qu'ils sont les représentants purs et durs de ce libéralisme sauvage.
JPJA - Et c'est ça qui est la cause des pertes d'emploi ?
PHM - Le libéralisme sauvage, oui, c'est tout une atmosphère mais là, on ne va pas dire que c'est la faute du MR, c'est un problème tout à fait général, il faut rester les pieds sur terre mais c'est évident que le vent dominant pour le moment au niveau mondial et ce qui fait bien et je l'ai dit parce que j'essaie, moi, d'être objectif, que certaines Sociaux Démocrates tiennent un langage de ce genre, une espèce de déification du marché, moi, je n'ai pas cette thèse-là, la majorité des Socialistes ne l'ont pas. Et je crois que là, il y a une différence idéologique. Vous savez, ce n'est pas, on ne devrait pas être gêné d'avoir des différences. Moi, j'ai encore connu Jean Gol qui disait devant l'électeur au contraire, il faut bien montrer que nous ne sommes pas tout à fait les mêmes.
JPJA - C'est devant l'électeur qu'on va montrer la différence, Charles Michel, réponse ?
CHM - Sur ce point, je suis parfaitement d'accord. Je pense effectivement qu'il faut assumer le fait que le PS, c'est pas le MR en terme valeur prioritaire, en terme d'idéologie et moi, je n'ai pas de honte à assumer la dimension idéologique des formations politiques. Alors évidemment, je ne peux pas rejoindre l'analyse qui est faite, c'est dans la mesure où je pense délibérément côté PS, on entretient régulièrement l'idée de la confusion entre le libéralisme authentique qui a réellement une dimension sociale indiscutable et d'autres situations qui sont l'inverse du libéralisme. Quand on parle de libéralisme sauvage, d'ultra libéralisme, de néo-libéralisme, c'est exactement comme si moi, comme porte-parole du Mouvement Réformateur, je faisais délibérément et systématiquement l'amalgame entre le socialisme, l'ultra socialisme, le marxisme. Je ne fais pas cela par honnêteté intellectuelle, je sais que le socialisme ça n'est pas le marxisme. Moi, je revendique l'idéologie libérale comme étant une idéologie éminemment emprunte d'humanité et de dimension de générosité et de dimension sociale.
JPJA - Et quand Philippe Moureaux dit que vous ressortez cela, "les Michel" au moment des élections ?
CHM - Je pense personne, personne ne doute de la conviction sincère que nous avons quant à la volonté d'une société qui soit la plus juste possible, qui prenne en considération la dimension de générosité mais aussi de responsabilité, mais aussi de liberté. Vous savez, il y a un économiste libéral indien qui a reçu un Prix Nobel il y a quelques temps qui dit, moi, je me retrouve bien dans ce libéralisme-là, qui est le libéralisme du Mouvement Réformateur, qui dit, le succès d'une économie ne se mesure pas seulement aux chiffres du PIB ou pour dire les choses différemment, aux chiffres des bénéfices des entreprises. Le succès de l'économie se mesure aussi à la qualité de vie pour le plus grand nombre, à l'accès à l'éducation, à l'accès à la culture. Mais je pense, cette dimension-là, c'est une dimension qui est authentiquement libérale dans laquelle, je me retrouve parfaitement.
JPJA - Alors, on reste avec vous, vous dites, vous ne faites pas la confusion entre en gros, le communisme et le socialisme mais ce matin, Richard Miller dans "Le Soir" qui est quand même quelqu'un de chez vous, Charles Michel, a dit qu’il n'entend rien du PS, sauf les "rengaines marxistes et martiennes" de Philippe Moureaux ?
CHM - Mais on a eu le sentiment effectivement ces derniers jours et à rythme régulier et c'est un rôle qui est parfaitement assumé parfois même avec un certain humour par Philippe Moureaux, que Philippe Moureaux est quelque part le porte-voix du PS quand il s'agit de cogner dur et parfois avec peu de nuances. Et je me réjouis qu'aujourd'hui dans ce que j'ai entendu, il y a une dimension beaucoup plus nuancée.
JPJA - Ce n'est peut-être pas fini ?
CHM - Je suis peut-être trop optimiste !
JPJA - Philippe Moureaux ?
PHM - Mais écoutez, on est ce qu'on est d'abord. Et on l'est d'abord dans une formation politique. Moi, j'assume pleinement ce que fait le PS. Je trouve d'ailleurs que quand j'entends le MR et la famille Michel, la galaxie Michel critiquer le PS d'une façon aussi,
CHM - J'ai parlé trop vite !
PHM - D'une façon aussi violente avec le beau travail qui est fait, regardez, Rudy Demotte qui a redressé les finances de la Sécurité sociale, je sais que ça ne plaît pas aux Libéraux parce que eux, ils aimeraient que ce soit en déficit pour pouvoir taper dedans. Mais quand on a dû faire le budget, on a dû reconnaître que ce que les Socialistes avaient fait au niveau fédéral, était bien, tout était en équilibre. Et les difficultés venaient plutôt de certaines faiblesses dans l'administration fiscale dont je ne rends pas, moi, je ne suis pas, je ne vais pas dire que c'est le Ministre qui est totalement responsable de ça, mais enfin, c'est une réalité, ça, c'est une première chose. D'autre part, je suis aussi Philippe Moureaux et j'ai aussi ma tonalité et moi, je l'ai depuis toujours, je l'espère la garder, je ne suis pas quelqu'un qui change d'avis en fonction des saisons et en fonction, je dirais, des opportunités. Je conserve ce que j'appelle une analyse marxiste ; ce n'est pas, l'analyse marxiste n'a rien à voir avec le soviétisme comme essaie de le faire croire y compris Monsieur Miller qui parle de marxisme et de martien, c'est une analyse simplement qui part des réalités socio-économiques et qui considère et je constate d'ailleurs que, sans s'en rendre compte, certains Libéraux partent du même type d'analyse que le socio-économique est déterminant. Et sur ce plan-là, le socio-économique, c'est aussi justement le bien être, le bien être des gens et quand vous mettez la Sécurité sociale en équilibre, que vous ne permettez pas à la droite d'exiger qu'on supprime tel soin de santé, qu'on fasse telle chose, vous faites un merveilleux travail social et je crois que les Socialistes au Gouvernement avec d'ailleurs le MR, avec le MR qui, ce n'est pas lui qui évidemment défend ces valeurs, mais je reconnais qu'on a pu faire de bons compromis sur ce plan-là, je trouve que si on avait en face de nous des gens qui avaient un peu de bonne foi, ils devraient reconnaître le succès socialiste en cette matière. Il est fondamental pour les gens, pour la majorité des gens, leurs soins de santé, leurs difficultés quand ils sont au chômage, ça, c'est ce que nous portons. Et il me semble que quelqu'un qui est respectueux de la vérité, qui ne dit pas tout le temps que les choses sont incontestables quand il sait qu'elle sont contestables, devrait le reconnaître.
JPJA - Charles Michel, réponse ?
CHM - Moi, je suis d'accord avec Philippe Moureaux. Il n'y a pas assez de Rudy Demotte au PS. Rudy Demotte effectivement avec l'ensemble du Gouvernement, réussit me semble-t-il et j'ai déjà eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, une gestion que je crois exemplaire dans son département. Maintenant là où, je ne peux pas suivre Philippe Moureaux, c’est quand il induit,
PHM - Heureusement, tout de même, heureusement !
CHM - …quand il induit l'idée que le MR serait systématiquement en situation de plaider pour la suppression de protection sociale, ça n'est pas vrai, c'est contraire à la vérité. Systématiquement dans tous ces débats-là, nous avons été en soutien pour soutenir l'idée d'une croissance des moyens financiers pour les Soins de santé, pour les protections sociales et c'est l’essentiel.
PHM - C'est un scoop,
CHM - Deuxième, deuxième, mais non, ce n'est pas un scoop,
PHM - Un scoop ! C'est merveilleux d'entendre ça !
CHM - Vous ne pourriez pas, vous ne pourriez pas démontrer l'inverse. Par contre, il y a des choses que l'on ne peut pas dire, moi, j'ai voulu le mettre en évidence et je le fais avec beaucoup de sobriété sans donner, sans faire la leçon mais est-ce exact, oui ou non, que dans un certain nombre de grandes Villes en Wallonie, particulièrement en Wallonie où le PS depuis des décennies, occupe tous les leviers de décisions publiques est-ce exact oui ou non, que c'est là que les indicateurs de bien être pour les gens, sont les plus négatifs, sont les plus cataclysmiques.
JPJA - Liège et Charleroi par exemple.
CHM - Quand vous voyez, mais je prends un exemple, Monsieur Jacqmin, un seul exemple, quand vous voyez qu'à Charleroi, 42% des jeunes de moins de 25 ans sont aujourd'hui au chômage, c'est un séisme social.
JPJA - Faute au PS alors ?
CHM - Mais en tout cas,
PHM - Ça, c'est, ça, c'est extrêmement grave comme accusation. En réalité dans quasi tous les pays du monde, si on regarde la carte politique, que ce soit en France, que ce soit en Allemagne, que ce soit en Belgique, il est exact que les mouvements de gauche qui portent les intérêts des plus faibles, sont généralement plus forts électoralement là où il y a plus de faibles qui reconnaissent, qui savent qui est leur avocat. Alors mélanger la catastrophe de la gestion de Charleroi, que je ne nie pas. Pour moi, je reprendrai volontiers la phrase de Laurette Onkelinx : "j'ai mal à mon Charleroi", c'est vrai que c'est une catastrophe, ce qui apparaît et je crois que les responsabilités doivent être pleinement assumées par ceux qui ont commis ces fautes au moins politiques et parfois malheureusement plus que politiques, mais faire ce genre de raisonnement que je viens d'entendre de Monsieur Michel, être d'une mauvaise fois plus grande, donc si je comprends bien, c'est parce que le MR est au pouvoir à Lasnes, que les gens sont plus riches, mais non ! Le MR est au pouvoir à Lasnes parce que les gens riches se reconnaissent dans le MR!
CHM - Est-il exact, est-il exact que depuis des décennies, le PS prend les décisions et donc traduit l'idéologie socialiste dans la gestion publique à Charleroi, à Mons, dans certaines grandes Villes et qu'on n'observe pas d'amélioration de la situation des gens, qu'on n'observe pas dans la politique qui est mise en oeuvre, des baisses significatives du chômage, des hausses de la qualité de vie ? Est-ce que ça, c'est exact, oui ou non, de se dire ça ?
PHM - Voilà, alors encore,
CHM - Est-ce que dire ça, c'est offensant ?
PHM - Non, ce n'est pas offensant, c'est mensonger !
CHM - Je voudrais, je voudrais ajouter,
PHM - Comme si c'était les Communes, comme si c'était les Communes qui avaient le pouvoir de lutter contre le chômage !
CHM - Communes, Communes,
PHM - Vous avez été membre du Gouvernement wallon, vous avez eu la tutelle sur ces Villes, vous n'avez rien foutu, ça, tout le monde le sait, mais ça, vous êtes du style à occuper des fonctions avec joie, avec une certaine aisance mais surtout ne pas toucher aux dossiers difficiles. Vous rentrez dans l'opposition, vous découvrez huit jours après qu'il y a des problèmes.
CHM - Le naturel revient au galop, j'observe ça. Est-ce exact oui ou non, que l'Europe en 12 ans, a mobilisé plus de 1,5 milliard d'Euros, plus de 1,5 milliard d'Euros pour la solidarité avec le Hainaut ? Est-ce que ça, c'est exact, oui ou non ?
PHM - Oui.
CHM - Donc il y a une mobilisation de moyens financiers et quand vous dites, ce n'est pas les Communes qui peuvent gérer ce genre de difficultés, je ne parle pas que des Communes, la Région Wallonne est dominée depuis fort longtemps par le PS.
PHM - Et qu'est-ce que vous avez fait au Gouvernement wallon ?
CHM - Les Provinces sont dominées depuis fort longtemps par le PS.
PHM - Vous êtes passé au Gouvernement wallon pour toucher un traitement ! Et pas pour travailler !
CHM - Les Intercommunales sont dominées depuis fort longtemps par le PS, moi, j'observe ça, point.
JPJA - Quand on vous entend là tous les deux, est-ce qu'on se dit, bon, PS-MR, ça peut continuer. Hier, c'était déjà Philippe Courard qui sur cette antenne, disait que dans l'opposition n'avait pas bien fait son travail à Charleroi et c'est vrai que les bilans non rendus de la Régie foncière, permettaient quand même de se demander, de se poser des questions sur la Commune et dans la journée, Olivier Chastel parle de duplicité du Ministre-président de la Région wallonne, qui avait demandé qu'on garde le calme, qu'on regarde l'avenir et pas le passé. Quand on utilise des mots comme ceux-là " duplicité", "malhonnêteté", on peut encore travailler ensemble, Philippe Moureaux ?
PHM - Oh, écoutez, je crois que, j'ai entendu le Président Bush dire pour une fois quelque chose d'intelligent, c'était peut-être la première fois que j'entendais ça, au lendemain des élections, quand on lui dit, comment, est-ce que vous invitez la personne qui vous a attaqué le plus et que vous avez attaqué le plus, un futur président de la Chambre, il a dit, il y a un temps pour les élections et il y a un temps pour gouverner. C'est vrai que ce n'est pas parce qu'on se frotte durement qu'on ne peut pas faire des choses ensemble. Maintenant la galaxie Michel a visiblement choisi, elle, pas nécessairement le MR, parce qu'on a d'ailleurs vu...
JPJA - Vous dites, la galaxie Michel, c'est Louis Michel, c'est ..
PHM - C'est toute la famille qui occupe à peu près tous les types de fonctions qui existent en Belgique. Cette galaxie a choisi, elle, la rupture avec le PS. Mais je n'ai pas l'impression, je viens de lire, Monsieur Miller dans "Le Soir" en arrivant pour avoir le plaisir de vous rejoindre et j'ai vu que lui, il allait même à contre-sens, il plaide pour un axe francophone PS-MR, MR-PS. Il est donc tout à fait dans une autre optique. On verra peut-être un jour ce que le MR,
JPJA - Est-ce que ce n'est pas, Philippe Moureaux, un axe francophone par rapport aux Flamands ?
PHM - Ah oui, bien sûr, mais il dit, on doit travailler ensemble, on doit gouverner ensemble au Fédéral, on doit chasser le CDH et gouverner ensemble à la Région et à la Communauté après les élections fédérales, si vous n'appelez pas ça une volonté d'un axe politique, je ne sais pas ce qu'il faut ! Mais, il a le droit de penser ça. Moi, au niveau francophone, je pense plutôt qu'il faudrait qu'on se mette d'accord entre toutes les formations politiques francophones importantes et pas uniquement le PS et le MR. Je pense que le CDH a sa place dans cette discussion, mais,
JPJA - Une date de réunion ?
PHM - Comment ?
JPJA - Est-ce qu'il y a une date déjà fixée pour une réunion entre les partis francophones ?
PHM - A Bruxelles, nous l'avons fait et nous allons le continuer et au niveau plus général, les contacts ont certainement lieu et des réunions pourront se faire. Mais c’est surtout essayer d'avoir sur les tout grands dossiers, des attitudes qui peuvent être cohérentes. Vous savez, le grand dossier au niveau communautaire, ça va être le social, ça va être la Sécurité sociale et là, j'ai un peu peur que certains Francophones soient un peu plus faibles quant à défendre les intérêts qui ne sont peut-être pas les intérêts des gens de Lasnes justement mais plutôt ceux des endroits où c'est un peuple qui ne vote pas bien, à entendre Monsieur Michel.
JPJA - Charles Michel, la dernière réponse avant de passer aux questions des auditeurs tout à l'heure ?
CHM - J'entends bien, j'entends bien la nervosité côté PS. Maintenant, ce qui est tout à fait certain et vous l'avez, Monsieur Jacqmin, dit avec beaucoup de justesse, c'est que, ce qui est essentiel dans le débat qui s'annonce sur le plan électoral en 2007, c'est qu'il y a un axe francophone solide parce qu'il y a là un enjeu socio-économique à travers les questions communautaires,
PHM - Oui, là, on est d'accord, Monsieur Michel.
CHM - Qui est capital pour ce qui concerne, qui est capital pour ce qui concerne les Francophones. Donc notre volonté au niveau du Mouvement Réformateur, c'est d'être pleinement acteur d'un axe francophone solide qui prépare les négociations sans agressivité par rapport à la Flandre mais avec une certaine solidité parce qu'on mesure bien qu'il y aura, venant de la Flandre et particulièrement du CD&V, de la famille sociale chrétienne, des clous de boutoir pour mettre en difficultés particulièrement sur le plan socio-économique.
JPJA - Un tout dernier mot, est-ce qu'il y aura un membre de la galaxie Michel à Bruxelles pour affronter le PS de Philippe Moureaux aux élections fédérales ?
CHM - Mais chacun a les fantasmes qu'il souhaite. Quand j'entends les fantasmes de Philippe Moureaux par rapport aux questions galaxiques, ...
PHM - Non, non, par rapport à la candidature de Louis Michel, ce n'est pas un fantasme de Philippe Moureaux, je n'en ai même pas parlé !
CHM - Non, mais je parlais de la galaxie,
PHM - Ce qui démontre votre manière de débattre, mais en revanche, la presse en parle, mais, voilà, Louis Michel visiblement s'ennuie à l'Europe, ou bien, il a atteint le principe de Peter, c'est qu'il n'est pas dans ses niveaux de compétences et qu'il veut revenir un peu plus modestement sans un cénacle national.
JPJA - Un mot de réponse Charles Michel ?
CHM - Je prends note des insultes habituelles et ad nominem de Philippe Moureaux, je prends tout ça bien sûr avec le sourire.
PHM - Bien sûr !
CHM - Il n'y a pas de galaxie Michel, il y a simplement effectivement une conviction pour un libéralisme authentiquement social et équitable.
JPJA - On attend les questions des auditeurs, 070 / 22.37.37. On se retrouve sur le coup de 8h35. A tout à l'heure…

Comme si de rien n'était, le PS ignore les scandales quotidiens et se voit déjà en haut de l'affiche ! Le PS serait prêt à une nouvelle réforme de l'Etat

Le PS est disposé, dans le cadre d'une coalition violette qui serait reconduite au gouvernement fédéral en 2007, à négocier une réforme plus poussée de l'Etat, à condition que l'on ne touche pas à la sécurité sociale, a appris à bonne source le journal De Morgen.
Tout porte à croire que le PS, en les circonstances actuelles, préférera une nouvelle coalition violette à une entrée du CD&V au gouvernement fédéral, par crainte d'une réforme de l'Etat qui abattrait le tronc fédéral de la sécurité sociale, selon plusieurs indiscrétions. Si le PS a conscience que la réforme devra être poursuivie après 2007, la méfiance reste de mise, dans l'entourage de son président Elio Di Rupo, à l'égard du cartel flamand CD&V-N-VA. Quelques mois avant les élections législatives de 2007, il n'est cependant pas encore question de contacts, même informels, en vue d'une ronde de négociations communautaires.
Les propositions communautaires du sp.a et de Spirit, concernant la régionalisation du marché du travail, ne sont pas non plus jugées acceptables par le PS, qui préférerait pourtant encore lancer une réforme de l'Etat avec le sp.a et le VLD qu'avec le CD&V.
Plus: le PS serait lui-même disposé à négocier une régionalisation partielle de la justice, tant que la solidarité socio-économique reste fédérale, affirme De Morgen.


Seuls 18 pc des Flamands voient Di Rupo Premier ministre

Seuls 18 pour cent des Flamands estiment que le président du PS et ministre-président wallon Elio Di Rupo a le profil d'un Premier ministre, selon un sondage effectué pour la VRT et De Standaard. Le cartel CD²V/N-VA conforterait sa première place avec 32,7 pc, le Vlaams Belang serait à 21,9 pc.
Selon ce même sondage, 18 pc des personnes interrogées pourraient voter pour un nouveau parti fondé par les sénateurs ex-VLD Jean-Marie Dedecker et Hugo Coveliers. Ces derniers prendraient surtout des voix au Vlaams Belang.
Le ministre-président flamand Yves Leterme reste le plus populaire avec 57 pc devant le Premier ministre Guy Verhofstadt à 44 pc et le bourgmestre d'Anvers avec 42 pc. Celui-ci dépasse désormais Steve Stevaert (41 pc).

Le CD & V n'a pas encore gagné le match de 2007 !

Les politologues de l'université de Gand ont analysé les communales.
Johan Ackaert, Herwig Reynaert et Tony Valke, politologues à la RUG ont voulu aller au-delà des bilans présentés par les différents partis flamands au lendemain des élections communales. Ils ont couché leurs réflexions sur le papier de la revue "Samenleving en Politiek" proche de la mouvance progressiste sans cependant être liée à un parti.
La lecture qu'ils ont faite du scrutin va quelque peu à contre-courant des analyses partisanes, au sens propre du terme : ainsi, s'il est incontestable que le CD & V était le premier parti aux provinciales (30,1 pc), son alliance avec la N-VA ne lui a guère rapporté.
Pas de grand effet N-VA
Pire, si l'on fait abstraction de leurs 26,8 pc de 2000, les chrétiens-démocrates sont en recul puisqu'ils y avaient réalisé seuls 30,7 pc des voix. Quand on compare alors les résultats des communales, il apparaît que le cartel avec les républicains de la N-VA n'est pas nécessairement synonyme de gain électoral : dans les communes où le CD & V s'est présenté seul, il avance mais dans celles où il a uni la destinée aux ex-Volksuniens, il apparaît que le recul avoisine les 2 pc ! Pour les politologues gantois, on peut même se demander si la N-VA n'est pas la seule à en tirer profit, en termes de mandats...
Par contre, ceux qui estimaient que le rapprochement entre le SP.A et Spirit était encore plus contre nature doivent revoir leur jugement. Le SP.A a progressé à la fois dans les provinces mais plus encore dans les communes.
Globalement, le parti socialiste flamand devient même la deuxième formation locale. Et là où il s'est présenté avec Spirit, les résultats sont encore meilleurs. Ackaert et ses collègues en déduisent que la N-VA n'est donc pas le seul parti à avoir récupéré les suffrages de l'ex-VU. Et le libéralisme de gauche incarné par Geert Lambert n'est donc pas en recul comme le laissaient volontiers entendre les ex-frères ennemis plus à droite sur l'échiquier politique...
Le diagnostic du trio gantois est plus catastrophique pour le VLD. Car les bons résultats de Gand et de Malines étaient en fait des arbustes qui cachaient la forêt : les libéraux n'avaient jamais connu pareil chiffre plancher depuis la création du VLD en 1992. Les écologistes flamands n'ont pas de quoi pavoiser non plus puisque Groen ! n'a fait que retrouver son niveau de... 1988.
Le progrès du Belang
Enfin, inversement, les démocrates auraient tort de crier victoire par rapport au Vlaams Belang : là aussi, on ne doit pas s'arrêter au résultat d'Anvers. S'il est vrai que le VB a perdu des plumes par rapport aux régionales de 2004, les néofascistes flamands ont progressé dans 98,5 pc des communes où ils étaient déjà présents en 2000.
Les conclusions de la recherche de MM. Ackaert, Reynaert et Valke sont dès lors surtout des mises en garde : à leurs yeux, le CD & V fait de meilleurs scores locaux que fédéraux.
A propos de ce petit jeu comparatif, ils font aussi remarquer qu'inversement le Vlaams Belang fait mieux à des scrutins nationaux ou régionaux. Ce qui est loin d'inciter à l'optimisme, on en conviendra pour les élections fédérales de l'an prochain...
L'article complet peut être obtenu auprès de "Samenleving en Politiek" au 09.267.35.31.


© La Libre Belgique 2006

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